Un amour pas comme les autres

Boris Vian https://www.tempslibre.ca/boris-vian-un-touche-a-tout-de-genie/

L’Arrache-Cœur écrit par Boris Vian en 1953 a été le dernier roman qu’il a voulu écrire. En effet, ses romans dérangeaient de plus en plus, au point que même son éditeur privilégié, Gallimard, ne voulait plus publier ses œuvres. Quand on lit ce roman, on peut ressentir des sentiments différents comme la tristesse, l’incompréhension. Ce récit est l’histoire de Jacquemort, qui est psychiatre, et Clémentine, une jeune femme qui met au monde des « trumeaux » : Noël, Joël et Citroën. Le texte de Vian comporte beaucoup de néologismes comme des mois d’années qui se mélangent : « 27 juinet,135 avroût, 12 marillet »… Ces mots inventés apportent une touche d’humour en rendant le récit plus drôle et symbolisent l’excentricité de l’écriture de Boris Vian. Le titre L’Arrache-Cœur est lui-même un néologisme.

Une vie de famille pas comme les autres

Clémentine qui accouche de triplé en les aimant d’une manière différente aux autres parents. Elle ne veut pas du soutien de Angel, le père de ses enfants et lui fait quitter la maison. Au début Clémentine nous explique l’accouchement à l’aide d’un vocabulaire atroce « Ils vont sortir et me faire mal et ce sera seulement que le commencement. » Elle veut nous faire comprendre qu’elle regrette sa situation, qu’elle va être maintenant malheureuse à cause de ses enfants et qu’elle aurait préféré ne pas en avoir. La jeune femme n’accepte pas d’être mère et ne traite pas ses enfants d’un amour maternelle comme il le faut. De son côté Jacquemort, psychiatre assez bizarre, envisage l’accouchement comme une œuvre « il se pencha sur son œuvre et souffla sur la peinture pour qu’elle sèche plus vite ». Il a aussi une drôle façon de passer des entretiens avec certaines patientes puisqu’il propose des actes sexuels pour faire une psychanalyse de la personne ! Il essaye de les mettre en confiance en les manipulant, ce qui est interdit et peut être puni. Par ailleurs il aide énormément Clémentine dans les démarches du baptême des enfants ou en se rendant dans des usines pour leur obtenir des lits.

Les années passent et les enfants grandissent. Clémentine commence à les aimer de plus en plus. Elle est même « trop sur leur dos » et va jusqu’ à les étouffer pour qu’il ne leur arrive rien, par peur de les perdre. Elle les prive de liberté en les laissant enfermés et ils ne peuvent s’amuser comme ils le veulent. Cependant les trumeaux ont des pouvoirs magiques grâce a des limaces bleues et les conséquences vont arriver sans même qu’elle s’en aperçoit. En effet les trumeaux vont réussir à voler et à se libérer de cette « cage » domestique. Cela peut paraitres très imaginaire et impressionnant mais c’est ce qui caractérise l’écriture de Boris Vian.

https://www.librairiedialogues.fr/livre/629412-l-arrache-coeur-boris-vian-le-livre-de-poche

Cette histoire nous montre l’amour maternelle d’une mère envers ses enfants, lequel peut être oppressant.

J’ai aimé lire ce roman car son style est assez dynamique, il n’est pas ennuyeux et donne envie de connaître la suite de l’histoire. On comprend qu’au début Clémentine est extrêmement réticente à donner de l’amour à ses enfants mais qu’au fil des années elle comprend et prend conscience que ses enfants sont la meilleure chose qui lui soit arrivé. En les élevant seule elle donne l’impression d’être une femme forte. Paradoxalement cela nous montre aussi le côté négatif d’un amour maternelle étouffant.

Ce que j’ai moins aimé dans ce roman ce sont les mots assez compliqués à comprendre ou même le sens complexe de certaines des phrases également.

Dans cette histoire Boris Vian aborde de manière plutôt péjorative le monde de la maternité, un monde complétement différent d’aujourd’hui… A l’époque l’homme avait une grande place dans la situation familiale, c’était lui qui commandait et qui était, en quelque sorte, le « maitre ». Boris Vian nous montre complétement l’inverse avec Clémentine qui met dehors Angel, lequel n’a aucun contrôle sur la situation et sur son autorité envers ses enfants. C’est aussi un monde complétement absurde qui est très drôle et en même temps cruel comme l’atteste le passage de « la foire aux vieux » où sont loués des personnes âgées pour que les enfants puissent s’amuser avec eux comme des jouets. Nous pouvons retrouver  toute l’absurdité de l’écriture de Boris Vian, son humour et son côté incisif. 

Selon moi avoir un amour très fort envers ses enfants – ou même envers  d’autres personnes – peut se révéler néfaste. Ainsi dans ce roman Boris Vian évoque peut-être son cas personnel car sa mère a eu tendance à le surprotéger à cause de sa maladie ! 

Je vous conseille de découvrir ce roman surprenant. 

Bonne lecture !

Vian, Boris. L’arrache-cœur. Pauvert Jean-Jacques, 1983. 256 p. Livre de poche, 2398. ISBN 2-253-00662-9

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MAHAUT Yléna, 1ère ST2S1

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