EED : L ‘ Allemagne dans les relations internationales de 1945 à 1973. (TES1)

 

                   

1ere partie: questions

 1/ Quels bilans pouvez-vous faire de la situation en Allemagne en 1945 (doc.1 et 2) ?

A Yalta en février puis à Potsdam en juillet, les vainqueurs décident le découpage de l’Allemagne et de Berlin en 4 zones d’occupation. La situation est alors chaotique comme le rapporte E. Jünger dans son « journal de guerre et d’occupation » : Les routes du pays sont submergées par des populations errantes en quête d’un abri épargné mais aussi par des milliers d’Allemands expulsés de Tchécoslovaquie et des plaines d’URSS où le régime nazi les avait poussés à s’installer.

 2/ Quels arguments les Soviétiques invoquent-ils pour déclencher les deux crises de Berlin (doc.3 et 4) ?

La note de juillet 1948 envoyée par le gouvernement soviétique aux alliés occidentaux dénonce la violation  par ces derniers des accords de Potsdam et en particulier la réforme monétaire qu’ils viennent d’organiser en substituant le deutsche mark au reichsmark permettant ainsi aux zones d’occupation occidentales de bénéficier du Plan Marshall et d’espérer un relèvement économique rapide. Par ailleurs, le gouvernement soviétique dénonce le « démembrement de l’Allemagne » et l’unification des zones occidentales en juin 1948 qui fait suite au ralliement de la zone française à la bizone anglo-américaine créée dès janvier 1947.

L’éditorial du « Neues Deutschland »  13-14 août 1961, journal officiel du parti communiste est-allemand, justifie la mise en place la nuit précédente d’un réseau de barbelés isolant Berlin-ouest comme une riposte aux  occidentaux qui ont décidé de « ruiner » la RDA. De fait, la RFA, dont l’économie est en forte croissance, a attiré depuis 1949 près de 3 millions d ‘ Allemands de l’est  à la fois jeunes et qualifiés privant ainsi le pays d’une population active indispensable. L’article dénonce aussi la volonté de la RFA de dramatiser la situation et de favoriser volontairement les tensions à Berlin afin de maintenir les troupes occidentales dans la ville. Ainsi le « mur » permet tout à la fois de « sauver la paix » et au socialisme de s’épanouir en RDA.  

 3/ L’Accord quadripartite de 1971 modifie-t-il véritablement la situation (doc.5)?

L’Accord quadripartite sur le statut de Berlin de septembre 1971 maintient davantage le statu quo qu’il ne le fait véritablement évoluer. Les liaisons entre Berlin-ouest et la RFA sont certes facilitées mais il n’est pas question d’ouvrir de nouveaux corridors. Par ailleurs, Berlin-ouest  n’est toujours pas restituée à la RFA du fait du maintien de son statut quadripartite pourtant théorique à l’époque. Le statut de ville occupée définit en 1945 a finalement très peu évolué en 1971.

 

 2nd partie: Réponse organisée à la question :   « En quoi l’histoire de l’Allemagne de 1945 à 1973 témoigne-t-elle de la guerre froide ? »

 Depuis les grandes conférences de 1945 jusqu’à l’admission à l’ONU en 1973 de la RFA et de la RDA, l’Allemagne est le lieu privilégié de la confrontation Est-Ouest. Occupée, ruinée et sanctionnée en 1945, le pays est, en 1948 et 1961, le théâtre de crises majeures de la guerre froide mais aussi, à partir de la fin des années soixante, celui d’une certaine détente et d’un rapprochement.

 L’Allemagne connait en 1945 une « année zéro » : plus de 7 millions de tués, 11 millions de réfugiés qui errent sur les routes « inondées par la misère » selon les termes d’E. Jünger (doc.2). Dresde, Berlin et la plupart des grandes villes sont détruites. A Yalta puis à Potsdam, les puissances victorieuses décident du sort du pays : amputation des territoires à l’est de la ligne Oder-Neisse,  politique des « 4D » : découpage en 4 zones d’occupation de l’Allemagne et de Berlin (doc.1), décartellisation des grandes entreprises, démilitarisation et dénazification par l’organisation, notamment, du procès de Nuremberg. Cependant les divergences apparaissent rapidement entre les vainqueurs : les Etats-Unis et la Grande Bretagne souhaitent reconstruire leurs zones pour faire pièce à l’influence grandissante de l’URSS alors que cette dernière exige du vaincu réparations et soumission et engage la soviétisation de leur zone. La dénonciation du « rideau de fer » par Churchill en 1946, la politique de containment décidée par Truman en 1947 et la réponse de Jdanov avec la création du Kominform précipite le sort de Berlin qui devient un enjeu majeur de la guerre froide naissante.

 En 1948, le gouvernement soviétique dénonce la réforme monétaire (substitution du deutschemark au reichsmark) ainsi que l’unification des zones d’occupation occidentales (doc.3). Staline riposte en imposant en juin 1948 le blocus terrestre de Berlin-ouest. Les alliés occidentaux organisent un  pont aérien qui permet, avec plus de 270 000 vols jusqu’en mai 1949, de ravitailler la ville. Mais la rupture est consommée et, à l’issue de la crise au mois de mai,est fondée  la République Fédérale d’Allemagne à l’ouest dont le premier chancelier est K.Adenauer et, au mois d’octobre, la République Démocratique Allemande à l’est. Les deux Etats intègrent progressivement les alliances militaires de leur bloc respectif : l’OTAN en 1954 pour la RFA, le Pacte de Varsovie pour la RDA en 1955. Pour autant le statut de Berlin-ouest demeure incertain car ne faisant pas partie de la RFA, ce territoire, au cœur de la RDA, est toujours occupé par les occidentaux. Cette situation de place forte avancée du camp atlantique est dénoncée par Khrouchtchev et relayée par le « Neues Deutschland » dans l’ éditorial du 13-14 août 1961(doc.4) qui accuse les occidentaux de ruiner la RDA en débauchant des milliers de jeunes travailleurs qualifiés et de spéculer sur la monnaie est-allemande. Pour stopper cette hémorragie, qui concerne depuis 1949 près de 3 millions d’Allemands, le gouvernement de W. Ulbricht décide au mois d’août  la construction d’un mur qui enserre Berlin-Ouest. Malgré un face à face tendu entre les chars américains et soviétiques aux points de passage de Berlin-Est vers Berlin-Ouest au mois d’octobre 1961, les occidentaux ne peuvent que constater les faits.  Au mois de juin 1963, Kennedy apporte son soutien à la population de Berlin en prononçant son fameux  « Ich bine ein Berliner » sans pourtant faire évoluer la situation.

 A partir de 1969, la détente entre les deux Grands et la volonté du chancelier W.Brandt de promouvoir un rapprochement avec l’est par la nouvelle « Ostpolitik », permet  de trouver quelques terrains d’entente. Plusieurs accords et traités sont conclus entre les anciens vainqueurs et les deux Allemagne. En 1970, la RFA et l’URSS signent le Traité de Moscou qui reconnait les  frontières établies en 1945 et l’inviolabilité de la ligne Oder-Neisse. L’année suivante,  l’accord quadripartite sur le statut de Berlin (doc.5) assouplit les entraves aux relations entre les parties est et ouest de la ville sans en modifier cependant le statut. Ces accords permettent la signature du traité fondamental entre la RDA et la RFA en décembre 1972 où les deux Etats reconnaissent l’inviolabilité des frontières communes et le respect de l’intégrité territoriale, autrement dit, se reconnaissent mutuellement. Cette normalisation des relations permet  aux deux États d’être admis conjointement à l’ONU en 1973. 

 De 1945 à 1973 l’Allemagne est une scène privilégiée des relations tour à tour conflictuelles et plus détendues  entretenues par  les deux Grands au cours de la guerre froide. Mais il faut cependant attendre le mois de novembre 1989 et la chute du mur de Berlin pour que tombe définitivement le « rideau de fer » et que l’Allemagne entame son processus de réunification.

 

représentation du mur de berlin 3D.

 

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