ECD Des cartes pour comprendre le monde

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Les deux documents présentés sont des cartes analytiques par anamorphose d’échelle mondiale publiées en 2011 par l’ONU dans le « Human report development » pour l’une, et dans RAMSES 2012 de l’IFRI pour l’autre. Le premier document présente le RNB des pays (revenu national brut c’est-à-dire l’ensemble des revenus perçus par les agents économiques nationaux) en modulant leur superficie en fonction du niveau de cet indicateur. Les 4 groupes de l’IDH (indicateur de développement humain qui combine PNB/hab., taux de scolarisation et espérance de vie) sont présentés par des figurés de surface dans un dégradé du jaune au rouge. Le second document présente une anamorphose de la population des pays en 2012 ( la taille de chacun des pays est proportionnelle à sa population) ainsi que le taux d’accroissement naturel (taux de natalité moins taux de mortalité) par des figurés de surface selon 4 seuils et dans un dégradé de couleurs du jaune au rouge.En quoi ces cartes illustrent-elles les contrastes de développement dans le monde et quelles causes et évolutions probables permettent-elles de dégager ? Enfin, quelles limites peut-on apporter à ces choix cartographiques ?

 

En ce qui concerne le RNB, Les espaces représentées sont plus importants que les superficies réelles pour les pays du Nord et en particulier ceux de la Triade (EU, Europe occidentale, Japon, Corée du Sud), mais aussi pour les pays producteurs de pétrole du Proche et Moyen-Orient (Arabie saoudite, EAU, Koweït) ainsi que le Nigéria en Afrique. Il faut noter enfin le cas particulier de la cité –Etat de Singapour.
Un deuxième groupe est constitué de pays dont les superficies réelles sont relativement proches des aires présentées par l’anamorphose : les pays émergents d’Amérique du Sud (Brésil, Mexique, Chili) d’Asie (Indonésie, Chine, Malaisie, Inde, Thaïlande) ou d’Afrique (Pays du Maghreb et RSA).
Enfin des pays aux superficies réduites sur l’anamorphose : La Russie mais pour l’essentiel les pays en développement et notamment les PMA d’Afrique subsaharienne.
L’IDH, présenté par un dégradé de couleurs met aussi en relief, à l’échelle mondiale, la coupure Nord-Sud mais elle doit être nuancée par la diversité des situations : le bloc des pays du Nord (Amérique du Nord, Europe de l’UE exception faite des Balkans et de la Roumanie, Japon et Corée du sud, Argentine et Chili ou encore Israël) se distingue par un IDH > 0.8. Le deuxième groupe (IDH entre 0.7 et 0.Smilie: 8) comprend les pays émergents et intermédiaires d’Amérique du Sud (les « jaguars »), les Etats en transition d’Europe de l’est ainsi que la Russie et certains Etats du Proche et Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Iran). Enfin, deux autres groupes apparaissent, celui des Etats dont l’IDH se situe entre 0.52 et 0.7 : l’Asie du Sud (Inde, Pakistan), Chine et Afrique du Nord et celui des PMA subsahariens, IDH > 0.52.
Le second document présente la population mondiale en 2012 sous la forme d’une anamorphose. Elle met en avant le centre de gravité démographique asiatique qui concentre la moitié des surfaces présentées sur la carte. Le continent africain parait aussi légèrement surreprésenté mais le doit essentiellement à la situation du Nigéria et de l’Ethiopie. La plupart des pays émergents d’Amérique du Sud, d’Afrique du Nord, le Proche et Moyen-Orient ainsi que les pays européens ont des surfaces représentées conformes à leur taille réelles. Les exceptions sont les EU mais surtout la Russie et certains pays de l’Asie Centrale dont les superficies réelles apparaissent réduites.
Le taux d’accroissement naturel parait beaucoup plus discriminant dans l’analyse Nord-Sud. En effet, le seuil d’un T.A.N > 2% n’est franchi que par les PMA d’Afrique subsaharienne, certains pays du Proche et Moyen-Orient et le Pakistan. La fécondité y est très élevée et la transition démographique ne débute que sa phase 2. Les autres pays du Sud, notamment les PED et certains pays émergents sont déjà dans une phase avancée de la TD et le rythme d’accroissement de leur population se réduit (T.A.N entre 1.2 et 2%). La Chine, le Brésil ainsi que tous les pays du Nord ont un T.A.N < à la moyenne mondiale de 1.2% et ont donc achevé leur TD. Certains, notamment en Europe (Allemagne, Espagne, Italie), au Japon ainsi que la Russie ont des taux extrêmement faibles < 0.4%, voire négatifs (non précisé par la légende).

 

 

Ces deux cartes illustrent les contrastes de développement dans le monde. A l’échelle mondiale, elles opposent assez clairement encore un Nord et un Sud. Le premier groupe concentre les IDH et RNB élevés, une population relativement peu nombreuse et une transition démographique achevée. Le Sud rassemble les IDH et RNB plus faibles, les pays fortement peuplés et les taux d’accroissement élevés. Cependant cette césure Nord/Sud n’est plus aussi franche aux échelles continentales et régionales. Il n’y a plus un Sud mais des « Suds ». Les pays émergents côtoient à présent les Etats du Nord tant dans leur comportement démographique que dans leur développement humain. C’est aussi le cas de la Chine qui mécaniquement est « déclassée » par sa population nombreuse (PNB/hab. dans l’IDH, et effet de masse pour la population). Par contre les PMA d’Afrique subsaharienne cumulent les difficultés, faible RNB, faible IDH et fort taux de fécondité. Ces facteurs pouvant être fortement corrélés par une incapacité pour ces pays à répondre aux besoins de santé, d’éducation voire d’alimentation d’une population relativement trop nombreuse. Mais cette corrélation entre les indicateurs des cartes ne doit pas être trop rigide car l’Afrique demeure le continent le moins densément peuplé et concentre pourtant les plus faibles IDH. Les facteurs déterminants sont donc à rechercher dans les difficultés d’accès et de valorisation des ressources et plus généralement du développement économique ainsi que dans l’instabilité d’une partie du continent au cœur de l’arc des crises plutôt que rester sur l’idée que le très fort taux d’accroissement naturel est l’obstacle essentiel au développement humain.
Aujourd’hui, la richesse et le développement se concentrent là où les populations ont achevé leur transition démographique. Les pays émergents, intégrés à la mondialisation, connaissent une croissance continue de leur IDH. Les PMA, notamment d’Afrique subsaharienne, malgré des forts taux de croissance économique pour certains d’entre eux, restent ralentis dans leur développement humain par de fortes inerties, notamment démographiques.
Ces cartes montrent, en les nuançant, les contrastes de développement qui parcourent le monde. La coupure Nord/Sud, malgré moins de pertinence, reste une réalité à l’échelle mondiale. Mais c’est l’idée d’un « éclatement » du Sud qui s’impose. Le monde parait de plus en plus fragmenté .Ainsi aurait-il été intéressant de faire figurer sur ces cartes les flux migratoires, ou encore la forte métropolisation (voire les phénomènes de macrocéphalie) dans les pays du Sud. Enfin, le RNB et l’IDH ne sont pas les indicateurs les plus pertinents pour des économies qu’il est parfois difficile d’évaluer par des statistiques fiables ni pour apprécier les forts contrastes régionaux de certains pays tels la Chine ou le Brésil.  .
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