Aller au contenu

CHANSON D’AMOUR ET DE DÉSIR

Cher roman, cher Alessandro Baricco,


Comment démarrer cette lettre? C’est la question qui m’a trituré l’esprit pendant un long moment avant de m’aventurer à vous livrer mes impressions de lecture. Il y a tellement de choses à évoquer à travers votre roman !

Tout d’abord, il me tient à cœur de vous dire que celui-ci est probablement l’une de mes plus belles lectures, qu’il ne faut absolument pas rater. Pour être honnête avec vous cher Monsieur, ce n’était pas du tout le style de livre que j’avais l’habitude de lire et pourtant ce dernier m’a beaucoup plu dès les premières pages, de par votre style d’écriture, la beauté et la finesse de votre plume. Comme quoi ne jamais dire jamais… Votre livre est aujourd’hui à mes yeux un trésor d’écriture qui renferme de nombreux non-dits et mystères pour lesquels il est nécessaire de trouver toutes les clés pour déverrouiller ce coffre et comprendre ainsi l’histoire et les personnages. C’est cette réflexion et ce jeu d’enquêtes qui m’ont énormément plu. Mais revenons à des arguments concrets qui vont me permettre de vous exposer pourquoi ce livre m’a passionnée et pourquoi je le conseillerai vivement à mes proches ma mère l’a d’ailleurs lu dans la foulée ravie de découvrir une œuvre qui lui avait échappé, grande lectrice pourtant !).

Votre livre se lit comme une nouvelle, voire se chante comme une longue chanson, au style d’écriture remarquable, dans laquelle les phrases sont courtes, fines, précises, et où il se dégage du récit une poésie et une beauté peu communes. On y retrouve comme des couplets et un refrain qui se répète 4 fois à travers les 4 voyages d’Hervé Joncour. En effet, à chacun de ses départs, la structure est la même et se met en place à chaque fois une longue description de son voyage, des lieux qu’il traverse notamment. Prenons l’exemple de son premier voyage qui commence par « Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest… » . Je m’arrête là, car cet extrait est particulièrement long et je suis sûre que vous voyez de ce dont je veux parler, après tout c’est vous l’auteur ! Revenons à ce que j’évoquais car étant de nature à m’emballer très vite, il peut m’arriver de faire un grand nombre de digressions… Pour être claire, votre roman sonne donc comme une chanson ou même comme une cantilène, dont la partition semble destinée à provoquer chez les lectrices et lecteurs de douces sensations, elles-mêmes renforcées par le climat rêveur, dans lequel l’histoire se déroule.

Parlons maintenant des thèmes de l’Amour et du désir que vous décrivez avec beaucoup de finesse et en peu de mots. Amour et désir qui submergent Hervé, tout ça dans une atmosphère de complet mystère où de nombreuses tensions entourent la gente féminine.


Tout d’abord évoquons Hélène, la femme de Joncour qui est pour moi le personnage le plus étonnant et remarquable du livre, en référence surtout à la lettre qu’elle écrira à la fin du roman pour son époux . Nous apprenons son existence pour la première fois à la page 11 et découvrons sa description pages 29 et 30 « C’était une femme grande, aux gestes lents, elle portait de longs cheveux noirs qu’elle ne rassemblait jamais sur sa tête. Elle avait une voix superbe. » Cette voix superbe sera mise en valeur par Madame Blanche à la fin du roman lorsqu’elle annonce que la lettre d’amour reçu par Hervé vient en réalité de sa femme, « Elle a même voulu me la lire, cette lettre. Elle avait une voix superbe. Et elle lisait ces phrases avec une émotion que je n’ai jamais pu oublier. » D’ailleurs en relisant la page 29 pour évoquer la description d’Hélène, une phrase m’a frappée, celle d’Hervé qui dit à sa femme « Tu ne dois avoir peur de rien », plutôt ironique comme phrase de la part de quelqu’un qui va se montrer infidèle.


Infidélité avec la jeune maîtresse d’Hara Kei, au visage non oriental, qu’il rencontre lors de son premier voyage au Japon et avec qui il va vivre une histoire d’amour virtuelle sans jamais vraiment pouvoir communiquer avec elle. Ils ne parlent pas la même langue et quand il croit avoir enfin déchiffré ce qu’elle pourrait lui dire, il découvre bien plus tard que c’est une autre qui lui a parlé, sa femme.

Afficher l’image source
oiseau bleu: signe du bonheur, du rêve…

Les passages du livre qui décrivent cette jeune fille, son kimono, ses gestes, les rituels entre elle et Hara Kei, notamment avec les oiseaux, sont extrêmement beaux et sensuels, comme de la soie, titre du roman. Je me doutais qu’un mystère se cachait autour des oiseaux à la couleur bleue mais je n’ai pas tout de suite compris quel était ce secret alors je me suis tout simplement aidé d’internet et tapé dans la barre de recherche «signification oiseaux bleus ». Ces derniers représentent le bonheur et le plaisir et le bleu est aussi le symbole du rêve.

Alors associer la maîtresse d’Hervé à ces oiseaux est d’une logique. A ses côtés, ce dernier est rempli de bonheur, de plaisir, et devient un homme rêveur. Cela s’aperçoit dès leur première rencontre aux pages 33 et 34, au cours d’une conversation avec Hara Kei où Hervé se perdra dans les yeux de sa maîtresse, « Il gardait les yeux fixés dans ceux d’Hara Kei, et pendant un court instant, sans même s’en rendre compte, les baissa sur le visage de la femme ».

Une autre couleur vient compléter cette magnifique « fresque de l’amour », la couleur orange. Pendant mon année de première nous avions déjà évoqué cette couleur comme étant la couleur du point d’équilibre entre l’esprit et la libido. Mais si l’équilibre est rompu,

la couleur orange devient alors l’image de l’infidélité, de la luxure… Et cette couleur, nous la retrouvons à deux moments cultes du roman : lors de leur deuxième rencontre où la maîtresse d’Hara Kei est vêtue de cette couleur et lors de la nuit d’amour entre elle et Hervé la femme mystérieuse s’en va avec une lanterne orange « C‘était une lanterne orange. Elle disparut dans la nuit, petite lumière qui s’enfuyait ».

Ah l’infidélité d’Hervé ! Elle est présente à plusieurs moments du livre comme par exemple quand celui-ci se perd même dans le parfum des femmes lors de son passage à la demeure d’Hara Kei à la page 76 « il était assiégé par le parfum douceâtre des femmes qui l’entouraient et il souriait avec embarras aux hommes, qui se divertissaient à lui raconter des histoires qu’il ne comprenait pas ».

Un autre trait de caractère dépeint Hervé, son caractère indécis car même auprès de sa femme Hélène le parfum de cette dernière prend son importance, « Il vit sa femme Hélène accourir à sa rencontre ,et sentit le parfum de sa peau quand il la serra contre lui », à ses côtés celui-ci se sent aimé et l’aime aussi en retour. A chacun de ses retours, Hélène sait qu’Hervé lui est infidèle car son époux revient de ses voyages troublé. Elle sait qu’il y a une femme entre eux. L’attirance qu’Hervé ressent pour une autre lui donne paradoxalement plus de désir et d’amour pour sa femme. Hélène donnera à son mari la plus belle preuve d’amour avec la lettre qu’elle lui écrira à la fin du roman.

Afficher l’image source
Le Japon: « pays du soleil levant »

En plus du fait que votre livre m’a fait voyager dans le pays du soleil levant, vous l’avez saupoudré de suspens qui nous aura fait croire ou en tout cas m’aura fait croire jusqu’à la fin de la lecture de la lettre ( qui se tient quasiment sur 4 pages ) que nous avions affaire à la maîtresse d’Hara Kei alors qu’ il s’agissait tout simplement d’Hélène. Quelle plus grande preuve d’amour de la part d’une femme que d’écrire une lettre d’amour à la place de la maîtresse de son mari ?

Pour en finir avec toi, cher Soie, je n’hésiterai pas à te conseiller à mes proches en te dépeignant comme étant un roman, un véritable trésor à ne pas rater ! Il serait trop dommage de passer à côté de cent pages d’amour et de mystères. Pour tout te dire, n’étant pas moi-même la plus grande lectrice du monde j’ai eu le temps de relire plusieurs afin de percer tous les mystères que tu caches dans les pages et chacune de mes lecture était comme une première fois, tellement d’interprétations sont possibles ! Je reste cependant quand même sur ma faim concernant plusieurs points: Que cherchait Hélène en écrivant la lettre d’amour à Hervé et quels étaient ses vrais sentiments à son égard ? Quels ont été les joies, les souffrances et les sentiments d’Hervé et des autres personnages du roman ?

Afficher l’image source
Soie, roman d’Alessandro Baricco

SOIE, LE ROMAN QU’IL NE FAUT PAS RATER,

UN BONHEUR DE LECTURE ASSURÉ

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

buy windows 11 pro test ediyorum