Aller au contenu

IL ÉTAIT UNE FOIS LOÏSE

Il était une fois, au pays des langues, deux heureuses chloumies, de petites créatures magiques, habitant dans un grand royaume. Les deux jeunes parents avaient récemment donné naissance à une minuscule chloumie, prénommée Anna. Au pays des langues, chaque habitant parlait son propre dialecte, transmis de génération en génération. Ainsi, l’enfant, issue d’ancêtres communiquant en français, écorchait certaines appellations dès sa plus tendre enfance, comme toutes les jeunes chloumies de son âge. Les parents d’Anna luttaient sans relâche pour lui apprendre que la potion magique qui guérissait tous les maux s’appelait un Doliprane, et non un Doliprinte. De même, la recette royale préparée par les plus grands chefs du château était intitulée « crêpe au sucre », et non « pèp au cuque ». Sa mère, la reine des lieux, décida ainsi, dès le cinquième anniversaire de l’enfant, de lui enseigner la lecture et l’écriture de la langue du Royaume. La jeune enfant apprit, de cette manière, que le fourneau utilisé par le cuisinier royal s’appelait une « casserole », et pas une « castrolle ». Cet apprentissage manuscrit permit à Anna de comprendre et d’acquérir de meilleures notions du français.

Lorsque la jeune chloumie fut en âge d’assister aux bals organisés par les royaumes voisins et auxquels la famille française assistait, elle constata que d’autres idiomes étaient parlés ailleurs et fut émerveillée par cette découverte. La musique jouée par des musiciens de renom était chantée dans une langue nouvelle à chaque évènement, créant un singulier besoin d’apprendre chez l’enfant. Très curieuse et téméraire, celle-ci décida d’attendre son douzième anniversaire avant de partir à l’aventure et d’explorer les différents royaumes existant au pays des langues, dans l’objectif de s’ouvrir culturellement et de vivre une expérience aussi unique qu’enrichissante. Ses parents l’y encouragèrent, et elle se munit donc de son sac à dos pour partir explorer le pays.

Après plusieurs jours de marche, la chloumie trouva un premier palais, orné d’un grand drapeau rouge et blanc accroché à l’une des tours, sur lequel il était inscrit « Royaume Anglais ».

Elle s’approcha timidement et toqua à la grande porte du royaume. Cette dernière s’ouvrit après seulement quelques secondes, laissant apparaître un lutin qui devait avoir à peu près le même âge qu’elle. Le jeune enfant invita Anna à entrer dans le château d’un geste de la main, et celle-ci s’y engouffra. Une très grande famille de lutins était maîtresse des lieux, et Anna identifia rapidement la langue parlée par cette dernière : elle reconnaissant la chanson I Gotta Feeling qui était chantée lors des différents galas anglais auxquels elle assistait plus jeune.

La fillette demanda alors à la lignée royale la permission de séjourner quelques temps chez eux afin d’en apprendre davantage sur leurs coutumes et leur mode de vie, chose que la famille accepta grand plaisir. La petite chloumie commença ainsi à écouter les enfants voisins discuter entre eux pour essayer de comprendre quelques mots ou quelques notions. Très vite, elle se lia d’amitié et parvint à communiquer avec ceux-ci malgré les différences de langage de chacun. La fille française acquit, de cette manière, un bon niveau dans la langue anglaise. Elle comprenait de mieux en mieux les paroles chantées par les artistes, et cela la satisfaisait au plus haut point.

Un jour, lors de sa treizième année à vivre dans ce pays merveilleux, Anna se perdit sur le marché, auquel elle assistait en compagnie d’un lutin anglais. Déboussolée, la chloumie se fit alors approcher par une famille de gnomes très gentille, mais parlant une langue encore inconnue à l’enfant. Ayant soif d’apprendre, elle choisit de les suivre et d’habiter avec eux quelques mois, le temps d’en apprendre davantage sur les mœurs de leur royaume et de comprendre leur langage. La famille l’ayant abordée, parlait une langue qui n’était pas réellement inconnue à l’aventurière : l’allemand. La chloumie en avait, en effet, déjà entendu au sein de sa famille paternelle, et prit donc un grand plaisir à la découverte de ce nouveau langage et de cette nouvelle culture. Pendant trois mois, Anna découvrit ainsi un nouveau mode de vie, de nouveaux mots, dont un qu’elle affectionnait particulièrement : « Kopfkino ». Il s’agissait des films réalisés dans la tête, de tous les scénarios imaginés qui ne se produiraient sûrement jamais. La chloumie apprit également certains mots employés dans le cadre des bals organisés, tel que l’instrument de musique « Glockenspiel », qu’un grand nombre d’individus extérieurs à ce royaume prononçait d’une mauvaise manière. L’enfant apprit des mots, des expressions aussi bien orales qu’écrites, et trouva un réel charme à cette langue appartenant à la contrée voisine.

Après plus de quatre-vingt-dix jours passés auprès de cette famille, les yeux remplis d’étoiles et la tête chargée de rêves, Anna choisit de rentrer chez ses parents qu’elle n’avait pas vu depuis deux années. L’envie encore plus forte de découvrir le monde qui l’entourait l’accompagnant, la jeune fille retrouva ses Parents-chloumie, très heureux de la revoir grandie et épanouie après ce voyage.

Plusieurs années passèrent, années durant lesquelles Anna prenait beaucoup de nouvelles des royaumes où elle avait vécu durant son périple et la chloumie continuait d’exercer leurs langues en grandissant. Un beau jour de mai, la jeune femme décida de partir une fois de plus à l’aventure afin de retrouver sa soif d’apprendre les langues. Elle toqua alors aux portes de tous les royaumes voisins afin d’apprendre quelques mots, et elle parvint ainsi à dire « Bonjour » dans plus de sept langues. Elle découvrit de nouveaux paysages, de nouvelles cultures, de nouvelles spécialités culinaires, et surtout, de nouveaux univers aussi singuliers les uns que les autres, appartenant chacun à un royaume qui lui était assigné.

La jeune chloumie décida enfin de s’arrêter faire une pause dans un château de korrigans qui était moins peuplé que les autres : le château du Royaume Breton. Anna apprit que cette langue était anciennement parlée par de nombreuses personnes, mais son usage fut stoppé au fil des années. Curieuse, elle choisit de faire partie de ce petit nombre d’individus connaissant le dialecte. Après avoir appris à compter auprès de plusieurs Professeurs-korrigans, elle comprit que sa famille maternelle maîtrisait cette langue car elle reconnaissait là plusieurs expressions et mots quotidiennement utilisés par son Papi-chloumie. Elle envoya donc une luciole volante au Royaume Français pour apprendre la nouvelle à sa mère. La jeune chloumie décida ainsi de s’installer plusieurs années dans une petite source au creux d’une fontaine pour y parfaire son apprentissage.

Aujourd’hui, Anna s’y trouve toujours, et nous ne savons combien de temps encore elle y restera…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

buy windows 11 pro test ediyorum