Il était une fois, aux frontières bretonnes, Victoire, une jeune fille dans une grande famille heureuse. Durant ses premières années, elle essayait de parler la langue des siens qui était le français, mais tout ce que disait Victoire n’était ni du français ni n’importe quelle autre langue. Plus les jours passaient, plus elle commençait à répéter ce qu’on lui disait : “dada” devenait peu à peu “papa”.
Jusqu’au jour où elle rentra à l’école maternelle, peu avant ses trois ans. La jeune fille adorait aller à l’école, elle apprenait pleins de nouveaux mots et de nouvelles expressions. À ses six ans, elle rentra en Classe Préparatoire. Elle voyait cette étape comme un géant qui se dressait face à elle et qui l’empêchait de continuer son chemin. Apprendre à lire et à écrire lui paraissait soudainement insurmontable alors qu’elle attendait avec impatience de savoir lire les livres avec les belles images de sa bibliothèque. Plus l’année de ses six ans avançait, plus le géant rapetissait sans jamais disparaître car on ne peut pas connaître tous les mots d’une même langue. Mais elle savait lire ! En CE1, un nouveau géant apparut devant elle : l’anglais. C’était une langue que Victoire avait entendue avec sa grande sœur lorsque celle-ci regardait Dora l’exploratrice en anglais dans le salon. Intriguée, elle ne faisait que regarder les images qui défilaient sur la télévision sans comprendre ce qui était dit. Durant cette année de découverte, elle essayait de comprendre ce géant mais, il était bien trop grand pour elle.
À ses 11 ans, la jeune fille entra dans une nouvelle école “l’école des grands”. Le collège était une nouvelle aventure pour Victoire, de nouvelles matières et un nouveau géant qui se dressait devant elle : le choix de l’apprentissage d’une nouvelle langue. Elle avait deux chemins possibles : le chemin de droite vers une belle forêt faite de gâteaux et de bonbons qui était l’apprentissage de l’espagnol ou le chemin qui l’emmenait vers une forêt sombre qui était l’allemand. Vous vous en doutez… Victoire se dirigea vers la forêt qui faisait peur accompagnée d’une de ses copines. À deux on est plus fort, n’est-ce pas ? Les deux jeunes filles avançaient avec difficultés dans cette forêt mais, sur leur chemin, elle rencontra des amis, comme elles, qui ne savaient pas vraiment pourquoi ils avaient choisi le chemin vers la forêt angoissante. Néanmoins plus les petits collégiens avançaient dans la forêt, plus le ciel s’éclaircissait. Car oui, le début de la route était difficile, mais elle atterrissait sur une belle route droite. Durant sept années, Victoire avançait sur le chemin de l’allemand. Les différents professeurs qui l’aidaient à progresser étaient très gentils. Malgré les difficultés de Victoire, ils n’ont jamais perdu espoirs jusqu’à l’obtention d’une belle récompense à savoir sa note en allemand pour le bac. Cependant, le géant français était toujours à sa poursuite. Il arrivait à savoir exactement où Victoire se trouvait. Peut-être la repérait il à cause de sa peur pour lui ? C’était le plus grand et le plus difficile, bien que le français soit sa langue maternelle.
Mais voilà qu’un beau jour, on lui annonça qu’elle devait affronter ce géant en classe de première. Les peurs de Victoire commençaient à peser sur ses épaules, elle qui depuis son enfance n’avait pas de difficulté à l’école et n’avait pas peur d’échouer. Durant une année, elle ne relâcha pas ses efforts. Son professeur de combat contre les géants était toujours derrière elle, il l’aidait à mieux comprendre les points faibles du géant français. Puis c’était le grand jour : le 17 juin 2021 Victoire allait l’affronter. Après une lutte de près de trois heures, la jeune fille sortie de l’arène. Elle ne savait pas si elle l’avait achevé mais, elle en avait fini avec cette angoisse qui lui pesait sur le dos et qui la freinait dans son aventure avec les langues. Trois semaines plus tard, les résultats tombaient… Elle avait réussi à passer l’épreuve du géant français sans trop de dégât. Elle était fière d’elle et était prête à affronter de nouveaux géants des langues.
Alors, Victoire continua son chemin jusqu’à se retrouver face à l’examen ultime : la traversée de la grande rivière. Cette rivière qui retraçait toute sa scolarité jusqu’à sa majorité. La dernière difficulté dans cette grande aventure qui ne lui plaisait plus du tout. Elle avait hâte de pouvoir choisir son propre chemin vers un avenir dont elle rêvait depuis toute petite. Tout en gardant cet objectif devant les yeux, elle devait surmonter cette dernière épreuve. Alors, elle plongea dans ce cours d’eau. Elle avançait sans trop de difficultés. Quand soudain, le fleuve commença à s’agiter ! Victoire devait garder son calme. Elle essayait d’avancer tant bien que mal dans cette eau glaciale et houleuse. Elle devait éviter les obstacles qui passaient non loin d’elle. TOUT A COUP, un tronc d’arbre la heurta et l’emporta dans les eaux torrentielles. Ce tronc était la philosophie. Elle était de nouveau face au géant français, elle qui avait tant de mal à exprimer ses idées. À la force de ses bras et en pensant à tout le chemin qu’elle avait parcouru jusqu’ici, elle ne pouvait pas abandonner alors elle nagea, nagea jusqu’à atteindre la rive opposée. Victoire pouvait enfin souffler, elle avait terminé d’apprendre des choses générales et qui ne lui plaisaient plus.
Maintenant, face à elle se dressait le chemin qu’elle avait imaginé depuis petite. Un sentier à travers la montagne, la pente était rude, mais pas insurmontable quand on veut atteindre à tout prix le sommet. Alors, Victoire commença son ascension. Un beau jour, un korrigan vint à sa rencontre :
- “Bonjour, lui dit-il, c’est bien toi Victoire ?
- Oui, c’est moi. Je peux faire quelque chose pour vous ?
- Je viens pour t’annoncer qu’un géant avance vers toi. Tu ne pourras pas l’éviter alors je te donne ceci pour que tu puisses mieux le comprendre
- Mais … “
Et le korrigan disparut. Victoire trouva alors dans sa main un livre “la méthode Oulpan”. Elle ne savait qu’en faire, mais elle continua son chemin à travers la montagne. D’un seul mouvement, le géant breton apparut devant elle. Il était trèèès grand, tellement grand que Victoire n’arrivait pas à savoir s’il avait des cheveux sur la tête. La jeune fille ne connaissait pas un seul mot de cette langue. Personne dans sa famille ne le parlait, donc à quoi bon l’apprendre ? Mais la bretonne voulait se rapprocher de sa culture alors elle devait affronter le géant. Grâce à l’objet que lui avait donné le korrigan, la lutte était plus simple pour Victoire. Elle avançait pas à pas et réussissait à faire reculer le géant.
Toutefois, l’aventure était loin d’être terminée…
