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LA PORTE DES ENFERS

« On dit que le temps guérit tous les maux.

Je pense plutôt qu’il nous aide à accepter la réalité qui nous meurtrit. »

Ce mardi 24 novembre 2022, la classe de PPPE est partie visiter l’exposition d’Ernest Pignon-Ernest au fond Hélène & Edouard Leclerc. Nous avons découvert de nombreuses œuvres, aussi touchantes les unes que les autres, chacune ayant une histoire singulière.

Je me suis penchée sur l’œuvre L’Homme Portant un Cadavre, peinte avec des pierres du Vésuve. Cette œuvre bouleversante retrace le parcours de la Mort, et voici ce qu’elle a pu me raconter :

Ce que l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest a dit à Loïse (émission réalisée avec l’aide de Léa et Jérémy)

On dit que le temps guérit tous les maux. Je pense plutôt qu’il nous aide à accepter la réalité qui nous meurtrit. Toutes ces choses ne m’atteindront plus jamais, maintenant que je suis mort. Je me sens descendre, je me sens pénétrer vers un lieu encore inconnu. C’est à ce moment que je vois, que je me rappelle de cette mer tumultueuse qu’a été ma vie. Je me remémore les évènements, plus tragiques les uns que les autres, auxquels j’ai été contraint d’assister : l’éruption du Vésuve, l’épidémie du sida, et enfin celle de la peste dont je suis décédé. Je suis mort, et ma vie ne fait plus partie que d’un passé que le présent a déjà oublié.

Cette porte que vient de traverser l’homme qui me porte, ne mène certainement pas au Paradis. J’ai cette impression d’inachevé, accompagnée d’un sentiment de terrible frustration qui erre au plus profond de mon être. Ce parcours lent et douloureux qu’est la mort : quitter un enfer pour en vivre un autre… Ma main cogne le sol, se fracasse contre les marches, les unes après les autres. Étrangement, je ne ressens aucune douleur sur mes phalanges. Seul ce sentiment de frustration intense persiste dans mon ventre. J’entends que l’homme qui me soulève a du mal à me transporter, je sens ses cheveux chatouiller mes tibias nus. Je suis mort.

Je commence à avoir froid. La fraîcheur présente dans ces longs escaliers congèle mes membres, et je ne parviens pas à me réchauffer. Je n’arrive pas à bouger en réalité, mais je ne pense même pas en avoir l’envie. Mes pensées sont floues, mes souvenirs sont troubles. J’ai l’impression que je suis réduit à l’état de poussière, que les choses accomplies pendant ma vie n’ont jamais existé, que personne ne s’en souviendra une fois que l’homme m’aura déposé dans ce lieu sinistre où la mort me regardera et me rappellera à quel point ma destinée fut misérable. En refermant cette porte derrière lui, cet homme laissera mon humanité dépérir avec toutes les illusions qui m’auront bercé durant ma courte existence. Je suis bel et bien mort, et plus personne ne se rappellera jamais de moi, de l’esprit qui m’habitait, de l’âme qui me forgeait, une fois que Morphée sera venu me chercher pour me plonger dans le sommeil éternel qui éteindra définitivement toutes mes pensées.

Croquis de Loïse

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