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LE COFFRE DE TOBIE PAR KETI ET MATHILDE

 

Le fer à cheval représenté est celui d’Obsidienne, jument qui a accompagné Anna jusqu’à la fin de sa vie et sur laquelle elle a perdu la tête.

Le pinceau symbolise un objet très important pour le peintre Ragouel, père de Sarra, qui réalise toute sorte de tableaux et particulièrement en lien avec la malédiction abattue sur sa fille.

L’eau du marais. Tobie a prélevé de l’eau des marais de Poitevin, marais dans lesquels il a été bercé. Symbole du roman qui se trouve dans le titre.

Le galet que Déborah a ramassé lorsqu’elle était en Pologne se trouve dans le coffre. Elle l’a gardé tout au long de sa vie et le jette avant de mourir dans la rivière du Mignon afin de se débarrasser de ses pêchés.

Cabane, au bout du ponton, où ont dormi Tobie et Sarra dans le chapitre « La tombe océane ». La première de couverture représentée au fusain par Mathilde.

Rivière du Mignon, où Déborah, l’arrière grand-mère adorée de Tobie, jeta son galet dans le chapitre « le transit ».

 

Lettre de Tobie à Anna

Chère maman,

Cela fait longtemps que tu n’es plus là, mais la douleur de ton absence est toujours aussi vive en moi. Les souvenirs de notre temps ensemble me hantent, me rappelant à quel point tu étais importante pour moi.

Depuis que tu es partie, tout a changé. Papa n’est plus le même. Les cris et les coups sont devenus une réalité effrayante que je dois affronter presque tous les jours. Quand la colère s’emparait de papa, il devenait féroce, ses yeux lançaient des éclairs de rage et ses mains se transformaient en poings destructeurs. Chaque coup semblait porter en lui toute la frustration du monde, frappant avec une férocité sans pitié. J’étais terrifié, mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Je courais me cacher, espérant que son emportement se calme, fermant les yeux et bouchant mes oreilles pour ne pas entendre les cris qui accompagnaient chaque coup, comme une symphonie terrifiante de douleur et de désespoir.

Ce vieux recueil de poèmes que j’ai trouvé parmi les étagères, il me rappelle à quel point la douleur peut être dévastatrice. L’un d’eux, intitulé « Morgue », résonne d’une manière si particulière en moi. Il me ramène à ce lieu où ton corps a reposé avant d’être emporté, et il me rappelle aussi un peu ce que papa est devenu. Il est devenu comme la morgue, un endroit froid et sombre où le corps et l’âme semblent se perdre. Un autre poème, intitulé « Mère », me rappelle cette impression que mon esprit et mon cœur saignent sans fin, comme une blessure ouverte qui refuse de guérir.

Quand je suis allé vous rendre visite au cimetière, j’ai lu ce poème de Jules Supervielle. Ses mots semblaient décrire avec précision ce que je ressens depuis que tu es partie. C’était comme si quelqu’un d’autre comprenait ma douleur, la tristesse qui m’envahit chaque jour. Après avoir lu ce poème, je me suis retrouvé à grimper aux arbres, hurlant dans le vent, cherchant désespérément un soulagement à ma peine.

Mais il y a eu un moment où tout a semblé trouver un semblant de paix. Rentrant de mon voyage en Nouvelle Aquitaine, où j’ai fait la rencontre de mon meilleur ami, j’ai retrouvé, ou plutôt notre chien, la dernière partie de toi que j’ai remise à papa, et c’est là que quelque chose a changé en lui. Il a enfin trouvé la paix, la paix en lui-même. Nous avons fini par danser, lui et moi, une valse comme nous le faisions en famille, autrefois. Les larmes coulaient sur nos visages, mélangeant le chagrin, la joie, et un profond sentiment de soulagement. J’avais l’impression que tu étais et que vous étiez tous parmi nous.

Je sais que tu aurais voulu que papa et moi soyons heureux, même en ton absence. Tu me manques tellement, maman. Je t’aime, et je t’aimerai toujours, où que tu sois.

Avec tout mon amour,

Ton petit garçon, Tobie.

 

Lettre de Déborah à Tobie

Mon cher petit Tobie,

Je voulais prendre le temps de t’écrire ces quelques mots avant de partir. Je ne serai plus là lorsque tu liras cette lettre, l’ange de la mort sera passé. Il sera silencieux sans trompette et à l’heure qu’il s’est fixé, comme je te l’ai dit. Je sens que cette heure est venue. Je m’y suis préparée. J’espère que cette lettre te rappellera à quel point tu es spécial pour moi, mon petit.

Tout d’abord, je tiens à te dire combien je suis fière de toi. La vielle femme que je suis a eu la chance de te voir grandir et devenir la personne merveilleuse que tu es aujourd’hui. N’oublie jamais de croire en toi-même et de poursuivre tes rêves, peu importe les obstacles qui se dresseront sur ta route. N’oublie pas que Dieu veille sur toi.

Je voudrais également te transmettre quelques conseils que j’ai appris tout au long de ma longue existence. Apprends à pardonner, car la rancune ne fera que de te retenir dans le passé. Sois bienveillant et honnête avec les autres, car un simple acte de gentillesse peut changer la vie de quelqu’un. Et même si la vie est parfois difficile, promets moi de rester fort et de garder espoir.

Prends soin de ton père, Théodore, qui s’est éteint depuis la mort de ta mère, de ta tante, Valentina, qui dépérit de jour en jour, et de toi-même bien évidemment . Ne les laisse pas partir comme j’ai perdu ma propre mère, Mordechaï, Bolko, Wioletta, Rosa et Anna, ta mère. Eux, dont leur vie fut si courte alors que la mienne fut si longue.

Mon petit, tu es l’enfant le plus courageux que je connaisse et je sais que tu as encore un avenir radieux devant toi. Car oui, je sais que toi, tu seras capable de briser cette malédiction qui plane sur notre famille, ces morts brutales et sans sépultures. Je mets tous mes derniers espoirs en toi, mon petit.

Même si je ne suis plus là physiquement, mon amour en toi sera toujours présent. Je serai là dans ton cœur dans les souvenirs que nous avons partagés. Je veillerai toujours sur toi et je serai près de toi où que tu ailles.

Puisse Dieu te faire ressembler à Mejdele.

Déborah, ta chère arrière-grand-mère qui t’aime.

Exégèse : Lilith, l’épouse de Satan 

« Puis il s’était tout à fait tu, bouche grande ouverte et les yeux à demi révulsés. » Mordechaï s’est tue. Lilith prend possession de sa mère.

Lilith, personnage d’origine hébraïque, est une démone souvent associée à la féminité et à la sexualité. Dans la tradition juive et chrétienne, Lilith est mentionnée dans des textes comme le Talmud et le Zohar. Selon ces récits, Lilith est présentée comme la première femme d’Adam, créée en même temps que lui à partir de la poussière. Cependant, Lilith refuse de se soumettre à Adam et aurait été bannie du jardin d’Eden. Elle devient par la suite l’épouse de Satan. Elle est décrite comme une créature démoniaque qui cherche à séduire les hommes et qui tue les nouveaux-nés. Elle est souvent représentée comme une femme séduisante et sensuelle, qui incarne la liberté, le pouvoir et la rébellion des femmes. Lilith est donc un personnage de la Bible, à laquelle Sylvie Germain fait de nombreuses références. Lilith est une opposition directe à la mère de Déborah qui est décrite comme une Pietà : la tueuse de nouveaux-nées et une femme protectrice et pieuse avec ses enfants. Ici, Sylvie Germain se réapproprie la Bible avec une approche plus contemporaine.

 

Formules magiques

"L’amour humain est puissant face à la mort et révèle la finalité du désir ancré dans toute la nature. Il est une réponse essentielle au défi du mal, défi résonnant tout particulièrement avec la sensibilité de la conscience."
"Les liens d’amitié et d’amour parviennent à rompre ceux du malheur assaillant la famille. Ils se préservent des marais menaçants qui semblaient vouloir les engloutir. Ces marais, aussi redoutables que des enchantements invoqués par des forces malveillantes, se dissipent devant la force de leur dévouement."

 

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