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LE COFFRE DE TOBIE – YANIS, LOANE ET ÉLOÉ

Le coffre que nous avons découvert semble être une boîte à chaussures. Malgré son allure en apparence simple et classique, elle possède une histoire plus profonde. Lorsqu’on y réfléchit, dans le voyage, la vue, l’ouïe et l’odorat sont les sens les plus en éveil. Cependant, c’est avec l’aide de nos chaussures que nous parcourons des kilomètres. De plus, sa ressemblance avec une malle évoque les malles aux souvenirs qui sont souvent transmises de générations en générations.

Ainsi aurait pu être la réflexion de Tobie lorsque, revenu de son voyage, il voulut partager ses souvenirs avec les générations futures.

Une fois le coffre de Tobie remonté et ouvert, nous avons fait l’inventaire de tout ce qui se trouvait à l’intérieur.

Dans un premier temps, nous avons recensé cinq objets :

  • Un cheval noir faisant référence à celui d’Anna, la mère de Tobie. Il est, avec sa cavalière décapitée, le point de départ de l’aventure de notre héros.
  • Un gâteau symbolisant celui que Valentine partagea avec les femmes décédées de sa famille, un moment fort et émouvant du livre.
  • Un tricycle rouge, identique à celui de Tobie. Le livre s’ouvre sur cette vision du petit garçon roulant à vive allure sur ce tricycle parce que son père lui a dit « d’aller au diable ».
  • Un paon et un chien représentant les deux animaux présents tout au long du livre et de la vie de Tobie. Ils apparaissent presque comme un fil conducteur dans la vie de cette famille.

Nous avons également trouvé deux illustrations évoquant deux moments forts de l’histoire de Tobie : la première représente sa dernière danse avec son père et la seconde sa tante mangeant un gâteau sous un chêne. Ces deux moments sont évocateurs du sentiment de résilience des personnages. Théodore trouve enfin la paix après avoir retrouvé la tête de sa femme, Tobie accepte la fin proche de la vie de son père et Valentine trouve enfin le réconfort en compagnie des silhouettes de ses sœurs, mère et grand-mère disparues.  


Ces images ont été créées avec l’IA de Canva. 

Le coffre contenait aussi trois lettres écrites par Tobie ou qui lui étaient adressées.

Ma chère Déborah,

Alors que je m'enfonce davantage dans les mystérieux marais, je ne peux m'empêcher de penser à toi. Les marais, avec leur beauté envoûtante, sont une source d'inspiration constante, mais ils sont aussi un rappel poignant de ton absence. Tout ce que je vois et découvre ici, je le perçois à travers le filtre de notre connexion si profonde et singulière. Il m'offre de nombreuses expériences  — et j’en suis profondément reconnaissant — parmi ces multiples découvertes, il y a Meledje. 

Au début, elle était simplement une chèvre solitaire qui errait dans les marais, mais peu à peu, elle est devenue une compagne silencieuse et je la considère comme un symbole de notre lien.

Au fil du temps, Meledje est devenue ma complice, la sœur que je n’ai jamais eue, cet être si mystérieux qui semble me comprendre dans les profondeurs de mon âme. Actuellement et comme bien souvent elle broute paisiblement à mes côtés, se faufile aussi entre les roseaux, et, d'une manière assez étrange, elle me rappelle ta douce présence. Je ne sais pas d'où elle vient ni qui elle est vraiment, mais je sens qu'elle porte en elle une part de toi. — je m’accroche à l’idée que lorsque tu m’a dit « puisse Dieu te faire ressembler à Meledje »n tu me parlais d’un être si sensible et doué.

La nuit, sous un ciel étoilé, je partage ces moments avec Meledje, comme si elle était un lien entre toi et moi. Souvent, je me demande si elle peut ressentir notre connexion, si elle perçoit que tu es là, dans les étoiles, dans mes souvenirs, et dans mes pensées. Elle est là comme pour m’aider à devenir un adulte, pour poursuivre ton travail et celui de Maman. 

Nos vies sont séparées par la distance, mais Meledje est là, comme un fil mystérieux qui nous relie malgré tout. Elle est devenue un symbole de notre amour, une présence constante dans ma solitude, et j'attends avec impatience le jour où je pourrai te parler davantage de ma mystérieuse amie à quatre pattes.

Je t'aime profondément, prends bien soin de toi, Maman, et tous ceux que l’Ange de la mort est venu prendre, et garde à l'esprit que je pense à toi constamment, avec Meldeje comme témoin silencieux de nos souvenirs partagés.

Avec tout mon amour,

Ton Tobie.
Cher Tobie,

Depuis toujours, j'ai pensé être la seule au monde. Toutes les personnes que j'approchais trouvaient la mort dans la période qui suivait, soit à l'instant présent, soit au long de la nuit. Cette malédiction s'est manifestée lorsque je fêtais mes treize ans. C'est jeune pour une enfant, mais pas autant que toi à l'âge de cinq ans. J'ai appris l'accident qu'a dû subir ta famille avec la mort de ta mère, morte si jeune. De devoir vivre avec ça toute sa vie, ce n'est pas une partie de plaisir. Ton père a eu une attaque cérébrale juste après où il finit paralysé. Heureusement que ton arrière-grand-mère était présente pour s'occuper de vous deux. Moi, j'ai causé la mort de sept garçons. Ils sont morts car ils s'étaient trop rapprochés de moi. Penses-y que ce n'est pas facile tous les jours...

Le savais-tu que je suis reconnue comme une sorcière par les autres ? C'est sûr, lorsque je commence à m'attacher à une personne, la Mort ne veut pas de mon bonheur. Et le pire dans tout ça c'est que je dois vivre avec. On me traite de sorcière prête à me faire brûler au bûcher à la moindre occasion. Toutes les mères des garçons qui s'approchent veulent que je disparaisse. Je n'ai qu'une volonté à ce jour, c'est de me donner la mort. La corde accrochée au lustre de ma chambre me tend les mains. Cette corde attend que mon cou se place dans le trou que j'ai pu faire grâce au nœud coulant. Le nœud qui résiste à la fois au poids d'un humain mais aussi tous les problèmes qui l'accompagnent. N'est-ce pas l'effet que la mort peut faire lorsqu'un humain souhaite baisser les bras?

Pour éviter de rester entre ces quatre murs, entendre ses moqueries comme être une sainte nitouche, je préfère m'isoler de ce monde atroce avec moi. Mon endroit préféré, c'est la plage. En allant pied nus pour avoir le sable chaud ou froid, selon la météo, entre nos orteils, c'est un réel plaisir. Ce que j'aime par dessus tout, c'est de m'allonger sur les algues et entendre le bruit des vagues, des clapotis d'eau, des bestioles, et tout autre son qui rappelle le bien être. Si parfois tu te sens surmonté par tes émotions tu ne sais plus où aller. Isole-toi et prend du temps pour toi c'est important ! Et tu verras qu'au fil du temps, il y aura une amélioration chez toi.

Allez, Tobie, je vais te laisser. Je n'ai plus tant que ça de choses à dire et si ça me revient je t'écrirai une nouvelle lettre. En attendant ta réponse, je reste sur ma plage entourée d'algues. N'est-ce pas beau quand tout autour ça ne va pas ?

Au revoir Tobie,
SARRA
Mon très cher Raphaël,

Ne disposant d’aucune adresse à laquelle l’envoyer, je ne sais si cette lettre te trouvera un jour. J’espère que tu te portes bien et que tu continues de vagabonder à travers le monde, comme tu aimes tant le faire.

Si j’ai décidé de t’écrire aujourd’hui, c’est parce que j’arrive au terme de mon processus de guérison. Et ce processus, c’est grâce à toi que je l’ai entamé. Il me faudrait des pages et des pages pour décrire toute la gratitude que j’éprouve envers toi. Je vais donc essayer de te la résumer dans cette modeste lettre.

Lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a de cela dix ans, j’allais très mal. Je ne le montrais à personne, car Valentine et mon père, les deux personnes qui comptaient le plus pour moi, avaient besoin que je sois fort pour eux. Mais toi, dès l’instant où nous nous sommes rencontrés au bord de la mare, tu as su. Tu as compris que ce jeune homme, porteur d’une mission pour sauver sa famille, cachait en réalité un enfant brisé. Un enfant ayant dû grandir sans mère, partie brutalement et dans une extrême violence.

En effet, j’ai dû, à l’âge où on a plus que besoin de sa présence, me construire sans mère. Et pire encore, j’ai dû le faire tout en sachant que sa tête, qu’elle avait littéralement perdue, errait encore dans le marais, sans le corps auquel elle devait être attachée, sans sépulture. Cette perte en entraîna une deuxième : celle de la raison de mon père, emporté par son AVC. En une poignée de jour, je me suis retrouvé orphelin. J’ai eu la chance dans tous ces malheurs, d’être élevé par la plus douce des arrière-grand-mères, Déborah. Si je conserve un regret de notre rencontre, c’est que tu n’aies pu la rencontrer. Vous vous seriez entendues à merveille. Tu m’as immédiatement fait penser à elle, vous dégagiez toutes les deux quelques choses de mystérieux, de magique. Je pense que c’est ce qui a permis que je te fasse confiance si rapidement. J’ai pensé : « se doit être elle qui l’envoie ».

De cette rencontre a suivi un magnifique voyage. Que d’aventures nous avons vécues sur la route pour Bordeaux. Les repas d’huîtres chapardées sur les plages, les longues marches,… Je crois que l’élément qui m’a le plus marqué dans cette aventure, hormis ma rencontre avec Sarra (mais ça j’y viendrai tout à l’heure), c’est la nuit que nous avons passée dans ce cabanon abandonné. Bien que je fusse sceptique lors de sa découverte, j’ai apprécié la nuit passée à écouter le vent et observer les bouts de ciel à travers les trous du toit. Quelle sensation unique que de se déconnecter réellement de soi, de ses pensées pour ne se connecter qu’à la nature, revenir à l’essentiel !

Et puis, il y a eu Sarra, une rencontre unique, magique et inattendue. Et une nouvelle fois, cet amour qui nous unit désormais elle et moi, c’est à toi que je le dois. C’est toi qui m’a poussé à la rejoindre sur ce ponton et c’est grâce à toi ;  et à la langue et au cœur du poisson que tu avais conservé ; que j’ai pu l’approcher. Bien que cette partie de l’histoire me reste toujours incompréhensible. Et puis, comme tu estimais que cela n’était pas suffisant, tu as accompli seul la mission qui m’incombait pour me laisser le temps de profiter de sa présence et de construire notre histoire.

Je ne sais si tu es au courant, mais mon père est décédé le lendemain de la découverte de la tête de sa femme. Ce fut une mort paisible, préparée et attendue. Et puis, il y a déjà un an maintenant, ma tante Valentine connue également le repos éternel. Ces deux forces de la vie, ayant surmonté nombre de malheurs et de décès sont également une source d’inspiration énorme.

Mais malgré leurs morts, je ne suis pas seul, Sarra m’accompagne tous les jours depuis qu’elle m’a rejoint au Marais. Et cela, comme je l’évoquais plus tôt, c’est en grande partie grâce à toi.

Pour finir cette lettre, j’ai l’immense joie de t’annoncer que Sarra et moi sommes devenus parents d’une petite fille il y a quelques mois. Cela aura demandé beaucoup de temps pour que je sois capable et prêt à assumer ce rôle. J’ai dû surmonter mes peurs, faire la paix avec mon passé et accepter la vie telle qu’elle est, avec ses difficultés, mais surtout avec tout le bonheur qu’elle peut apporter. Et ce travail vers la résilience, c’est avec toi que je l’ai entamé. C’est pourquoi je ne te remercierai jamais assez.

J’espère un jour te revoir pour que tu puisses rencontrer notre petite Raphaëlle.

Avec mon amitié éternelle,
Tobie des Marais.

Enfin, au fond du coffre nous avons récupéré deux texte, une exégèse et une sorte de formule magique.

Ce roman de Sylvie Germain constitue une référence au mythe biblique du Livre de Tobie. Ce livre deutérocanonique, c'est-à-dire qui ne fait pas partie de la Bible Hébraïque, figure dans l’ancien testament.

On retrouve dans ce roman une trame identique à celle du texte religieux. Les évènements s'enchaînent dans le même ordre : l’arrivée de Raphaël pour accompagner Tobie dans son voyage, la capture du poisson, l’utilisation du cœur et de la langue du poisson pour délivrer Sarra de ses “démons”, la délivrance du père (en lui rendant la vue dans le texte original et en lui rendant la tête de sa femme dans le roman), le départ de Raphaël et enfin le dernier moment partagé entre Tobie et son père.

La conservation de cette trame passe également par les chapitres du roman qui sont semblables à ceux du livre original. Si la plupart sont identiques, certains ont subi quelques modifications dans leurs noms : “Le déporté” devient “Le fugitif”, “La tombe” devient la “Tombe océane” et “Les yeux” devient “Le regard second”.

Enfin, on retrouve les mêmes noms de personnages dans les deux ouvrages, à l'exception près du père de Tobie. En effet, ce dernier se prénomme Tobit dans le récit initial et Sylvie Germain a changé ce prénom pour Théodore. On peut penser que ce choix à été fait pour faciliter la compréhension de l’histoire.

“La vie est pleine de défis et de changements inattendus. La résilience commence par l’acceptation de ces réalités et la capacité à s’adapter aux circonstances.”

ELY

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