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LE VRAI AMOUR

Dimanche 2 Octobre 2022

Je referme les pages de ce livre mais pas pour la dernière fois, car même si je l’ai terminé l’histoire ne s’arrête pas là. Je sens que quelque chose m’échappe, seulement je ne sais pas encore quoi. C’est pour ça que j’ai du relire plusieurs chapitres un certain nombre de fois. L’histoire semble simple : on suit les aventures d’un homme, Hervé Joncour, qui fait des aller-retours au Japon à des fins commerciales. Il rencontre un tas de personnes, achète des œufs et rentre chez lui. Il fera cela 4 fois en tout. Ce qu’il faut comprendre c’est que l’histoire ne s’arrête pas là, bien au contraire. Ce n’est qu’un fil conducteur pour réussir à placer les évènements dans l’ordre. 

Le premier événement qui m’a marquée est l’arrivée de Baldabiou, il est quelque part l’élément déclencheur du reste de l’histoire. C’est lui qui emmène pour la première fois Hervé Joncourt au Japon, alors qu’il n’est pas du tout destiné à cela puisqu’une carrière militaire se dessinait devant lui. C’est un personnage atypique, difficile à cerner. Au début de l’histoire, j’ai eu du mal à l’apprécier car je ne savais pas s’il voulait du bien ou du mal aux autres personnages. Puis au fur et à mesure de l’histoire, je me suis habituée à sa présence mais pas pour autant à l’apprécier. Son départ m’a donné l’impression qu’il voulait s’enfuir, un peu comme un voleur qui a trouvé ce qu’il recherchait. 

Un autre personnage qui m’a marquée est la jeune fille que Hervé Joncourt rencontre au Japon. Elle est un personnage important du livre et pourtant elle ne parle pas. D’après moi, son importance est grande à cause du mystère qui l’entoure : on ne sait pas ce qu’elle pense et on ne connaît rien de sa vie. Normalement, ce genre de personnage n’a que très peu d’importance dans un roman et pourtant ici elle est présente à chaque expédition d’Hervé. Cela m’a alors poussée à réfléchir : Quelle est sa place dans le roman ? Est-elle un personnage clé ? Si oui, pour quelles raisons ? J’ai gardé ces interrogations pendant toute la lecture du livre et même encore après. Je pense que je ne serais jamais capable de répondre à toutes les questions que le livre soulève, sûrement car l’écrivain n’en donne pas la possibilité. C’est pour cela que j’ai autant apprécié que détesté ce roman, Alessandro Baricco laisse beaucoup de place à l’imagination du lecteur. On peut s’imaginer beaucoup de choses au fil du roman et se poser beaucoup de questions : comment Hélène a découvert la liaison entre son mari et la jeune fille du japon ? Comment Madame Blanche et Hélène se connaissent ? Baldabiou et Hélène sont-ils amoureux ? Et à toutes ces questions… aucune réponse. Je pense qu’il faut laisser son imagination y répondre, se mettre à la place de l’écrivain et répondre nous même aux questions. Cela donne de suite un certain charme au roman de pouvoir être aussi acteur de l’histoire. 

Le chapitre 64 m’a particulièrement marquée, sûrement car c’est une révélation très importante dans l’histoire. Je n’avais jamais imaginé que la lettre pouvait provenir d’Hélène et encore moins qu’elle avait été voir Madame Blanche pour la traduire. L’étonnement était aussi éprouvé par Hervé Joncourt, il pensait que la lettre venait de la jeune fille. Ressentait-il de l’étonnement ou de la déception ? J’imagine un peu des deux mais surtout de la déception. Cette lettre lui donnait une sorte d’espoir qu’à l’autre bout du monde quelqu’un l’aimait, c’était une preuve qu’elle pensait à lui et attendait de le revoir. Cette lettre l’a manipulé de sorte qu’il continuait d’espérer de la revoir un jour. Seulement cette lettre venait de sa femme et non du Japon. Après cette révélation, Hervé ne quitta plus son village où il rendait souvent visite à sa femme maintenant décédée.

C’est comme s’ il avait compris que la vérité, le vrai amour, était chez lui à Lavilledieu et non ailleurs. 

Cher roman, je dois l’avouer… tu m’as torturé l’esprit. J’ai dû te relire à plusieurs reprises pour tenter de comprendre tes secrets, pour savoir ce que tu voulais cacher à travers tes courts chapitres. Je ne pense pas avoir compris chacun de tes mots mais ce que je sais, c’est que tu es un chef-d’oeuvre littéraire. Tu es un livre qu’on ne peut oublier si facilement, quand on arrive à te comprendre. Je t’avoue avoir eu quelques craintes en te découvrant. Tes chapitres sont très courts et pourtant ils révèlent tellement de choses qu’il faut rester concentré à chaque passage. J’ai donc pris mon temps pour te découvrir. Après plusieurs chapitres, j’ai commencé à ressentir un sentiment qui prouve que je t’ai vraiment apprécié : je ne voulais plus m’arrêter. Lorsque j’étais plus jeune, je lisais beaucoup de livres et de bandes dessinées et lorsque j’étais prise dans l’intrigue de l’histoire j’avais hâte que la journée se termine pour pouvoir la continuer. J’ai ressenti la même chose en te lisant, j’avais hâte de découvrir la suite de ton intrigue. Je voulais savoir où tu allais emmener Hervé Joncour et sa femme. Je souhaitais découvrir jusqu’à où tu étais prêt aller dans ces différentes histoires d’amour, je voulais savoir jusqu’à où tu étais prêt à aller pour les vers à soie. Mais au final, est ce que ton histoire était vraiment à la recherche de ces œufs ou à la recherche d’autre chose ? Tes intrigues arrivent à nous faire oublier l’élément principal de ton histoire, c’est pour cette raison que tu es un chef-d’oeuvre. Ce n’est qu’à la fin que je me suis rappelée de ton intrigue initiale, c’est aussi à ce moment là que je me suis rendu compte d’un de tes nombreux talents : tu as réussi à cacher la dimension du temps. Ton histoire commence en 1861 et se termine en 1897. Pourtant j’ai eu l’impression que tous tes événements se sont déroulés en quelque mois, en plusieurs semaines. Et pourtant non, 36 années se sont écoulées entre ton début et ta fin. Il faut dire que le temps passe vite quand on est captivé par quelque chose. À aucun moment je n’ai ressenti la lenteur du temps qui passe, la lenteur des saisons. J’étais même surprise de voir ta fin arriver si vite. Ce n’est qu’à ce moment là que j’ai réalisé le bout de chemin parcouru : l’arrivée de Baldabiou, le premier départ d’Hervé, son dernier retour, ses rencontres,… tout est passé très vite. Et avant que je le sache, je refermais tes dernières pages et tes secrets. 

Cher roman, je te remercie pour ces moments, doux comme de la soie, que tu nous offres à travers tes mots et tes rebondissements. C’était un réel plaisir de te découvrir.

Lucie

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