Aller au contenu

MAIL AU PETIT GARÇON DU VITTORIA

De : Salvatore Piracci

A : Le petit garçon du Vittoria

Objet : Mail d’excuse

Date : 26/10/2004

Bonjour mon garçon,

J’écris ces mots sans que tu ne puisses les lire.

Mais c’est pour moi important que tu saches que ta mère était vraiment une personne incroyable.

La première fois que je l’ai vue remonte au jour on nous avions retrouvé le bateau dans lequel vous étiez. Elle était là immobile, accrochée à la rambarde, le regard vide comme si on lui avait retiré un morceau d’elle-même (je ne l’ai compris qu’après). Elle ne voulait pas quitter ce bateau avec lequel vous aviez quitté votre pays, votre famille …

2 ans après cela, je l’ai vue dans le rue de Catane… C’est là que tu aurais du être… En Italie, je suis sûr que tu aurais adoré.

Elle est venue chez moi nous avons pu discuter. C’est là qu’elle m’a parlé de toi. Je dis toi car je ne connais pas ton prénom et cela m’attriste énormément.

Dès son arrivée, elle s’est mise à travailler pour survivre d’abord, mais aussi car elle avait une idée en tête. Elle me l’a expliqué ce soir là. En me regardant dans les yeux, elle m’a demandé si j’avais une arme. J’ai d’abord pensé qu’elle voulait m’être fin à ces jour et qu’elle n’arrivait pas a vivre sa nouvelle vie sans toi à ses côtés.

Mais non.

Elle voulait partir. Repartir de là où elle venait. Chercher un certain Hussein Marouk. Le tuer… Oui je sais que tu penses comme moi que c’est de la folie, mais non, elle était belle et bien déterminée à le retrouver.

Je suis désolé, bonhomme…

Je l’ai laissé partir, j’aurais dû la retenir, la convaincre de ne pas le faire, lui faire entendre raison. Par ma faute, elle est partie, elle a fait machine arrière pour venger l’homme qui t’a donné la mort, qui vous a donné la mort sur le Vitorria.

Mais dis-moi ce que j’étais censé faire. Elle avait l’air plus déterminée que jamais. On le voyait dans ses yeux, ce qui me frappa comparé à notre première rencontre.

Tout cela m’a énormément travaillé et j’ai décidé de partir, de partir mais je ne savais pas où. Je ne voulais plus de cette vie où j’essaie seulement de sauver des vies dont je n’arrive pas tout le temps. De chercher toute la nuit des embarcations minuscules au milieu de l’immensité bleue qu’est l’océan.

Je suis finalement arrivé en Libye. Je me suis fais arrêter mais libérer à condition que je devienne passeur. Moi ? Passeur ? Moi qui ai consacré ma vie à essayer de sauver ces gens des mains de ces passeurs, me voilà maintenant dans l’obligation d’être l’un des leurs en échange de la vie. Je ne pus me résoudre à cette idée et dès que j’ai pu j’ai fui la ville d’Al-Zuwarah.

Je suis actuellement a Ghardaïa, c’est de là que je t’écris ce message. Je marche le long d’une route qui mène je ne sais où. Je suis à bout de force, mon moral et au plus bas. Tout à l’heure j’ai croisé un jeune homme, il m’a pris pour Massambalo qui est une sorte de dieu pour les migrants, il m’a offert son collier de perles vertes.

Mais bon, quoi qu’il en soit, j’espère bientôt être à tes cotés pour te raconter tout cela.

Amicalement,

Salvatore Piracci

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

buy windows 11 pro test ediyorum