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MAIL DE SALVATORE A LA REINE D’AL-ZURAWAH

De : Salvatore.Piracci@gmail.com

A ou CC : Reine.Al-Zuwarah@gmail.com

Objet : Permettez moi de vous accorder quelques mots.

Date : 06/11/2006

Madame la reine d’Al-Zuwarah,

Il me tenait à cœur de vous envoyer ce mail suite à notre rencontre qui m’a fait beaucoup réfléchir.

Comme vous avez pu le remarquer, je ne suis pas revenu le lendemain de notre rencontre malgré votre demande, je suis parti le plus loin possible pour ne plus jamais vous revoir. Il aurait été contraire à mes valeurs et mes principes d’accepter votre offre de travail en tant que passeur malgré la promesse de l’argent.

Il y a quelques temps, j’ai quitté mon pays, l’Italie, car il était de plus en plus difficile pour moi de continuer à faire mon travail, c’est à dire de sillonner les mers pour rechercher des clandestins abandonnés en mer sur des barques trop petites pour le nombre d’humains à bord par les passeurs et voir dans leur regard l’espoir qu’ils placent en nous quand ils nous voient arriver face à eux pour les sauver. Sans qu’ils sachent qu’ils seraient remis aux autorités par la suite et n’auraient pas la vie qu’ils ont tant attendue au cours de leur long périple avant d’arriver là où ils en sont.

C’est pourquoi j’ai décidé de venir ici, en barque, seul, pour comprendre pourquoi ces innocents veulent tant quitter leur pays malgré la possibilité qu’ils n’arrivent jamais en Europe J’avais besoin de trouver mon Eldorado, c’est-à-dire trouver un sens à ma vie qui me permettrait de pouvoir la quitter en paix. Pourquoi veulent ils tant aller en Europe ? Pourquoi ont-ils cette vision de l’Europe comme un Eldorado c’est-à-dire quelque chose qui pourrait améliorer leurs conditions de vie? Durant mon périple, j’ai pu voyager avec des personnes qui elles n’essayaient pas de partir vers l’Europe mais étaient quand même curieuses de découvrir comment c’était là-bas, ils m’ont posé tout pleins de questions auxquelles je n’ai pas pu répondre positivement, il m’était impossible de faire l’éloge de là où je viens, où seul l’argent est nécessaire, partout on a tout le temps besoin de l’argent, celui qui n’a pas d’argent ne peut rien faire là bas. Le peu de personnes qui réussiront à arriver en Europe, seront vues pour la plupart comme des étrangers, pour les plus chanceux d’entre eux ils auront le travail que les européens ne veulent pas, ils seront très peu payés. Peut-on réellement appeler ça une chance ?  Ou même une fois arrivés en Europe, certains seront renvoyés dans le pays qu’ils ont tant voulu fuir car ils n’auront pas de papier ou alors seront maltraités et tués. J’ai aussi fait une rencontre bouleversante, après avoir eu l’intention de mourir, un homme est venu me voir et m’a demandé si j’étais Massambalo, vous savez, le dieu des émigrés, qui envoie ses ombres pour veiller sur les peuples en souffrance. Je n’ai pas su quoi lui répondre à part oui, que cela m’aurait apporté de lui répondre négativement? Rien. Mais par contre une réponse positive a sûrement tout changé chez lui. J’espère que ça lui a redonné de la force et de l’espoir pour continuer son périple, je voulais lui donner une chance de pouvoir accéder à son Eldorado. Pour ma part, je ne trouverai pas mon Eldorado, alors pourquoi empêcher les autres d’y accéder ?

Maintenant, je m’adresse à vous, je pense que vous êtes la plus grande criminelle de ce pays, vous avez pris à ces innocents tout leur argent en leur promettant de rejoindre l’Europe alors que vos passeurs les abandonnent seuls en mer, sans défenses, voués à eux-mêmes. Parfois, ils meurent au fond de l’océan sans que personne ne puisse faire quoi que ce soit, les autres personnes du bateau sont obligées de les laisser passer par dessus bord pour avoir plus de place et avoir une chance supplémentaire de survivre. Il n’y aura aucune preuve de leur mort à part des cadavres retrouvés sur les plages, mais il y en a tellement aujourd’hui qu’on n’y fait même plus attention. Les familles de ces personnes ne sont pas au courant qu’ils ont quitté ce monde, emportés par la faim, le froid ou même la mer déchaînée qui est très meurtrière. Ils sont abandonnés par la cruauté des passeurs qui ne pensent qu’à eux même car peu importe ce qu’ils font, il sont payés.  Vous avez du sang d’innocents sur vos mains et l’argent que vous avez n’est pas le vôtre ! Comme je l’ai déjà dit, je pense que l’Europe n’est pas la solution ultime, et c’est à vous, la  Reine d’Al-Zuwarah avec l’argent que vous avez eu jusqu’ici et le pouvoir que vous avez ici, de changer les choses, faire en sorte que les personnes se sentent en sécurité dans votre ville et même votre pays. Réussir à le faire changer, évoluer pour que plus aucune personne ne veuille le quitter, qu’ils s’y sentent bien, en sécurité et qu’il puissent y voir du rêve et trouver un bon travail qui leur permettra de subvenir à leur besoin.

Ces humains qui décident de tout quitter sont juste nés au mauvais endroit, dans un pays qui ne peut pas leur apporter ce dont ils ont besoin, parfois dans un pays en guerre où seul les plus riches et les plus forts peuvent survivre, ces gens là ne veulent pas toujours plus mais ils veulent juste un pays qui les accueillera et qui leur permettra de se reconstruire, de pouvoir aider ce nouveau pays et leur famille restés au pays qui n’ont pas eu la chance ou les moyens de partir. Ces gens là veulent se sauver et sauver leur famille pendant que vous vous les amenez tout droit vers la mort alors qu’ils ont confiance en vous, ils vous payent, donnent  tout leur argent pour pouvoir avoir une chance de s’en sortir, une chance que vous réduisez en poussière.

Cependant j’ai une question à vous poser : êtes-vous réellement heureuse avec votre argent ? Peut on être heureuse d’avoir de l’argent sachant que c’est de l’argent sali par la mort d’innocents auxquels vous aviez promis l’Europe.

Il m’était très important de vous contacter pour vous exprimer mon avis sur la situation et sur vos choix qui peuvent très facilement faire changer la vie de milliers d’émigrants qui veulent absolument rejoindre l’Europe alors qu’ils n’y connaissent que les bons côtés. C’est aujourd’hui à vous d’essayer de changer les choses et de les aider.

Respectueusement, 

Salvatore Piracci.

 

1 commentaire pour “MAIL DE SALVATORE A LA REINE D’AL-ZURAWAH”

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