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« Comme invisible, je suis là,

accroché à ce mur,

n’attendant plus rien de ce monde si cruel auquel j’appartiens. »

Cette œuvre est une sérigraphie d’Ernest Pignon-Ernest réalisé en 1979. Elle s’intitule Expulsés, homme seul. Cette sérigraphie est faite sur du papier journal et est collée sur des immeubles en ruines dans des quartiers populaires de Paris vidés de leur population. Elle mesure 120 cm par 170 cm. Elle a pour sujet les personnes expulsés de chez elles pour des rénovations laissant des familles dans la précarité et en les humiliant en montrant leur intimité visible avec des bouts d’immeuble encore debout.

Ce que l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest a dit à Gwendoline (émission réalisée avec l’aide d’Emma B, Emma L et Justine)

Toi qui me regardes depuis de longues minutes, pourquoi ne me viens-tu pas en aide ?

 Pourquoi me prends-tu en photo ?

Ne vois-tu pas le malheur m’envahir ?

Cela fait déjà quelque temps que je suis là, les gens défilent et me regardent sans une once de compassion. Cette misère qui fait partie de moi et ne semble pas vouloir partir. Expulsé de chez moi. Mon foyer est détruit ainsi que mon honneur. L’humiliation que je subis suite à la destruction en partie de mon logement vous laissant ainsi entrer dans mon intimité sans me laisser le temps de comprendre. Ne vois-tu pas la violence à laquelle je suis confronté ?  Je suis seul, abandonné par la société qui refuse de me venir en aide et qui me repousse aux portes de la ville qui auparavant était mienne. Comme une histoire qui se répète avec les travaux Haussmann où la classe populaire dont je fais partie est repoussée de Paris sans aucun remords.

 Mon désarroi et la fatigue de devoir se battre pour survivre marquant par la même occasion son passage sur ce visage qui est le mien. Les rides et les cernes qui le jonchent ne vous permettent pas de comprendre à quel point la précarité est une souffrance qui concerne beaucoup ? Tant d’interrogations, mais toujours cette même réponse qui est le silence. Toujours, toujours et encore ce silence interminable dans lequel je suis plongé. Seul, accompagné de quelques affaires et d’un pauvre matelas, je regarde ces inconnus qui passent continuellement devant moi en me remarquant à peine. Ce sentiment de trahison venant d’une société censée être la mienne m’apparait comme ce que les juifs ont vécu lors de leur déportation vers la mort. Comme invisible, je suis là, accroché à ce mur, n’attendant plus rien de ce monde si cruel auquel j’appartiens.

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