Aller au contenu

UN LIVRE A TOUT CHANGE

Je suis née dans une petite ville, Goudelin, ou plutôt un petit village, mais pas si petit puisqu’il s’y trouve une bibliothèque. Bibliothèque que je fréquentais le mercredi après-midi avec des amis simplement pour rire ou passer le temps. Le jeudi, une semaine sur deux, nous nous y rendions avec notre maîtresse, Sophie, pour emprunter des livres ou encore le vendredi en fin d’après midi parce que Véronique la bibliothécaire était toujours partante pour nous raconter des histoires. Toutes sortes d’histoires même telles que Regarde ! Elmer est là ou bien les Max et Lili. Je me rappelle un livre que j’aimais beaucoup mais dont je ne me souviens pas du titre mais simplement de l’histoire, et encore cette dernière est très vague. L’histoire d’une petite fille qui n’aimait pas lire, vraiment pas lire et qui un jour décida d’écrire son propre livre, ce qui lui donna le goût de la lecture.


Véronique me fascinait beaucoup et je ne me lassais jamais de l’écouter raconter des histoires, même celles qui ne me plaisaient pas. Elle pouvait avoir une grosse voix pour imiter le méchant d’un livre ou simplement être douce quant il s’agissait d’un autre personnage. Je pense que je ne la remercierai jamais assez pour avoir développé mon imagination et ma curiosité et pour avoir occupé une grande partie de mon temps libre. Elle nous faisait souvent participer a son histoire en nous laissant lire deux ou trois phrases du livre. Elle était la première a voir les progrès qui nous faisions grâce à Sophie, elle nous encourageait beaucoup a poursuivre nos efforts. Elle même nous apprenait a lire ou du moins a perfectionner notre lecture sans forcement que nous nous en rendions compte.


L’année suivante, en classe de CE1 j’ai du faire face à l’une des épreuves les plus difficiles de ma scolarité, le départ de Véronique qui avait décidé de déménager dans le sud. Cette dame m’avait réellement donnée l’envie de lire. Je pense sincèrement qu’une partie de cette envie s’est envolée avec elle. Je ne dirai pas que sa remplaçante n’était pas gentille ou agréable mais cela était simplement différent. Nous nous étions attachés et habitués a la présence et au soutien de Véronique.


Les années passent. Je grandis, mais je n’ai toujours pas retrouvé ce goût de lire. Puisque je n’ai pas cours le mercredi après-midi et que ma mère ne travaille pas c’est elle qui me force a lire pour « améliorer mon orthographe », dit elle. Je doit rentrer, manger, faire mes devoirs puis lire au moins une demi heure. Pour me motiver à lire, nous avons essayé toutes sortes de livres et d’histoires. J’ai commencé par lire les romans Chair de poule puis les bandes dessinées les sisters et encore les romans fantastiques de JK Rowling les fameux Harry Potter. Aucun des ces livres ne m’a réellement plus et je lisais par obligation : sans doute pour ça que les mercredis après-midi me paraissait particulièrement longs. Ce schéma a malheureusement duré plusieurs années, jusque la quatrième je dirais. Je lisais par habitude. Bien sûr, certains livres m’ont tout de même plu mais sans plus. Disons que j’ai plus le souvenir de livre auxquels je n’ai pas du tout accroché tels que Croc Blanc ou encore Sherlock Holmes.


Mon passage du collège au lycée s’est fait de manière très « agréable » je dirais. J’en avais besoin, besoin de grandir et d’être plus autonome. Je suis arrivée en Seconde très motivée à réussir. Je lisais les livres imposés avec plaisir. Le contexte et la façon de procéder au lycée (avoir une date butoir pour finir le livre) m’avait réellement motivées et redonné ce goût de lire. Dans mes souvenirs je n’avais pas de lecture personnelle ou du moins je ne me souviens que d’un seul livre : c’était La Mort est mon métier, livre que j’avais emprunté à mon papa et que j’étais fière de lire. J’étais heureuse de retrouver ce plaisir de lire même si ce n’étaient que des livres «imposés ».


Vient l’année du bac, et l’année du bac de français plus précisément. Année redoutable et redoutée. Stressante et marquante. Voir les livres tel que La princesse de Clèves de Madame de la Fayette, Les Contemplations de Victor Hugo ou encore le Malade Imaginaire de Molière griffonnés et empiler sur mon bureau. Les avoir tellement lus et relus que je connais même certains passages sur le bout des doigts. Année stressante et déplaisante. Je ne comprends toujours pas comment, dans un tel contexte , les professeurs de français et l’Éducation nationale s’imaginent pouvoir donner le goût de la lecture à des adolescents… Je passais mes soirées à lire des livres sans comprendre ni pourquoi ni comment, des livres qui ne me plaisaient pas et dans l’angoisse de ne pas comprendre un passage parce que cela est, d’après ce qu’on nous dit, important pour notre scolarité et l’obtention de notre bac. Je pense que cette année a véritablement changé ma vision de la lecture. Je suis passée du plaisir de lire à lire pour faire plaisir, un petit peu comme dans les dernières années de ma primaire.


Arrivée en terminale, je dirais qu’un livre a tout changé : Le monde de Sophie de Jostein Gaarder. Un livre de six cents pages sur l’histoire de la philosophie. Comment je suis arrivée à lire ce livre ? C’est bien simple. Notre professeure de philosophie, madame …, nous avait donné une liste de livres dans laquelle nous devions en choisir un, le lire et cela ferait l’objet d’une interrogation. A l’achat de ce livre, je ne m’attendais pas à voir ce nombre de pages si important et pourtant c’est un livre que j’ai lu très rapidement tellement il était passionnant. C’est l’histoire d’une jeune fille nommé Sophie qui un jour reçoit dans sa boite aux lettres une lettre qui dit « qui es tu, d’où vient le monde ». De là va commencer une certaine correspondance nous faisant découvrir la philosophie, les questions existentielle de la philosophie ainsi que des personnages importants tels que Socrate. Le jour de l’évaluation donnée par ma professeure, j’étais plus que confiante. Et j’ai bien fait puisque j’ai obtenu la formidable note de 20/20. Madame …. était d’une part choquée ( un 20/20 en philosophie, ça n’arrive pas souvent, il faut l’avouer) mais aussi très heureuse de me voir avoir apprécier et comprendre ce livre. Je le relis assez régulièrement sans m’en lasser pour autant.


Tout au long des dix huit années de ma vie, mon plaisir de lire a énormément changé. Parfois dans le positif, parfois dans le négatif. Je me rappellerai toujours certains livres qui m’ont marquée et mon parcours de lecture. Et j’ espère ne pas perdre ce goût de la lecture et même le voir s’accroître.

2 commentaires sur “UN LIVRE A TOUT CHANGE”

  1. Cet article nous offre une réflexion honnête sur son parcours de lecture.

    Cet article nous permet de comprendre qu’il ne faut pas se forcer à lire, ne pas lire pour faire plaisir.

  2. Nous avons particulièrement apprécié la relation entre Léa et Véronique qui lui a permis de développer son goût pour la lecture.
    Cet article nous montre que les livres scolaires ne sont pas toujours une corvée, certains peuvent même donner le goût de la lecture ou encore d’une matière, comme la philosophie dans le cas de Léa.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

buy windows 11 pro test ediyorum