UN MAUVAIS DÉPART ?

J’aimerais vous partager comment tout a commencé avec la lecture. Alors si cela vous intéresse de découvrir la Justine dès l’âge de 5 ans, je vous invite à suivre ces prochaines lignes.

  Je vais  commencer par la classe de grande section (le premier souvenir que j’ai avec la lecture). La majorité de mes camarades en grande section arrivaient très bien à relier les syllabes entres elles, pour moi ce  n’était pas si évident. A l’arrivée des bulletins en grande section, je me rappelle ne pas avoir réussi à lire ce qu’il y avait écrit. Seulement quelques mots comme le, la, les. Quant à  mes camarades de classe, ils savaient déjà déchiffrer beaucoup plus de mots. Je me suis déjà sentie en difficulté avant même d’arriver en cp. Mes parents avaient pourtant bien préparé  cette rentrée en m’achetant le livre Justine rentre en cp. Une fois le passage en cp fait, c’était direction l’orthophoniste pour m’apprendre à différencier le b et le d qui gênait ma lecture. Mon orthophoniste n’était pas autant bienveillante que ce que j’aurais aimé. Les séances étaient pour moi une punition, devoir faire des heures supplémentaires dans un cabinet à me focaliser sur les sons me déplaisait. Elle avait tendance à me faire des remarques vexantes lorsque j’avais un trou de mémoire. De plus j’étais déjà consciente de mes difficultés alors cela ne m’a pas aidé a prendre confiance dans la lecture. L’orthophoniste n’était pas la seule à m’accompagner, mon enseignante avait organisé du soutien aussi plusieurs midis par semaine. Cette enseignante avait guidé ma mère sur la manière de m’aider dans l’acquisition de la lecture.

Grâce au soutien  de certaines de ces personnes, j’ai réussi à lire à la fin de l’année mais aussi à passer en CE1 ce qui n’était pas gagné. L’acquisition de la lecture s’est concrétisée le soir de la kermesse. Je m’étais  mise à lire mon premier livre qui  me semble s’intitulait les Crockinous. Si contente d’arriver à comprendre une histoire sans bénéficier l’aide de quelqu’un. Ce soir là je me précipite prévenir mon frère, ma mère et mon père que j’allais leur lire une histoire.  C’est à ce moment que les rôles se sont inversés, j’ai pris la position de celle qui lisait aux autres. La fierté dans les yeux de mes parents à ce moment là,  tant de travail après l’école qui m’ont permis de progresser !

Après ce cap là passé, malheureusement l’histoire du soir  qui était très attendue étant enfant a commencé à disparaitre. Mes parents avaient l’habitude de me lire les monsieur madame  que je choisissais avec soin en fonction de la personnalité  qui me semblait le mieux à entendre. Malheureusement cela n’a pas continué, une fois que je savais lire, mes parents ne le faisaient plus et je trouvais ça vraiment dommage. Heureusement il y a des points positifs, après l’apprentissage de la lecture, ma mère et moi allons presque toutes les semaines à la médiathèque. J’ai pu commencer plein de livres sans jamais les finir. J’ai découvert  le plaisir de sélectionner mes propres livres. Parfois je lisais 3 pages et j’arrêtais ou jusqu’au milieu ou même de temps en temps jusqu’à la fin. C’est  la collection Martine qui m’a le plus marquée comme Martine au parc, Martine à l’école, Martine et ses amis …Des sujets du quotidien simples à comprendre avec l’héroïne Martine qu’on retrouve à chaque fois et qui a suivi mon enfance.

      Les livres scolaires en primaire ne m’ont pas intéressée, peut être du à la méthode suivi où on travaille tous sur le même texte au même moment. Il n’y avait pas de choix de livres à faire, ce qui ne me plaisait pas. La lecture était à ce moment là associée au travail et non au plaisir. Cependant je lisais régulièrement dans mon temps libre. J’aimais les histoires courtes comme “Max et Lily” mais aussi les livres animaliers. Il était nécessaire pour moi de connaitre les animaux qui m’entourent  mais encore plus tout savoir de mes propres animaux. En allant du dauphin à la souris, de la marmotte au cerf ce qui mettaient mes parents parfois en difficulté de devoir m’expliquer que ce n’est pas possible d’avoir une chèvre à la maison.

Les couvertures des livres à cet âge là tenaient  une grande place, je me rappelle l’album Arc-en-ciel, rien que pour ses couleurs qui rappellent l’enfance. D’autres livres connus  comme Les contes de Charles Perault, j’ai préféré Peau d’âne, je l’ai tellement aimé que je l’ai en livre, livre audio et le film! L’histoire d’une jeune princesse qui ne peut pas épouser son père. Un thème pertinent sur la  relation  père et  fille car étant plus jeune nous percevons  nos parents  comme  des héros et parfois même nos amoureux, ce qui n’est pas envisageable. Fin des années en primaire : je lisais Les petites princesses tous les mois, un abonnement que j’ai suivi pendant des années. Un magazine  où il y avait  thème précis pour apprendre à mieux se connaître, à partager entre copines des activités originales et créatives, des questions-réponses sur les petits tracas des lectrices mais également Un roman de 50 pages.

         L’entrée au collège se poursuivait  avec le magazine Les petites sorcières qui est la suite des petites princesses. C’est à ce moment là que j’ai développé mes gouts pour la bande dessinée. Studio danse, Lou , Melusine, Mamettes  pleins de petites histoires d’adolescentes en plusieurs tomes. Nous échangions souvent avec une copine sur nos lectures de la bande- dessinée Studio dance. On aimait bien s’emprunter ces bande-dessinées pour pouvoir en parler après. Au sein du milieu scolaire, Le Petit Prince en classe de 6e a retenu mon attention car je ne comprenais rien. J’aimerais aujourd’hui le relire pour ne plus avoir de mauvais avis sur ce livre et ainsi évaluer mon niveau de compréhension des années plus tard. 

En classe de 5e, la méthode n’était pas la même, nous devions tous choisir un livre sélectionné et le présenter à la classe. L’enfant du dimanche  est le livre que j’avais choisi, j’en garde un très bon souvenir, il m’a sensibilisé aux enfants qui n’avaient pas la chance de connaitre leurs parents et donc d’être placés dans un orphelinat, en attendant avec impatience l’arrivée de futures adoptants. J’ai apprécié l’élaboration de ce projet qui était de présenter à la classe des objets qui te rappelle la lecture, écrire ton passage préféré sur une feuille imbibée de café…

Une autre méthode qui m’a plu est celle de l’exposé en fin de lecture sur les livres de la collection Ceux qui ont dit non à …  un moyen de nous présenter les figures fortes qui ont su dire non à ce qui leur paraissait inacceptable.  J’ai choisi Non à la discrimination des femmes d’Olympe de Gouges. C’est à partir de ce moment que je me suis vraiment intéressée à la cause féminine. Ce livre a été ma première lecture féministe mais pas la dernière. Il y a une phrase qui m’a interpelé e dans ce livre c’est :

«  Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort. »

Olympe de Gouges

          Durant mes années au lycée, j’ai continué mes lectures féministes comme  Chère ijeawele, cette lettre s’adresse aux futurs parents pour mieux introduire l’égalité et casser les stéréotypes dès le plus jeunes âges D’ailleurs, un des conseils de cette lettre est d’encourager et de faire aimer la lecture à l’enfant. Ce livre m’a questionné sur l’éducation que j’ai reçue et j’en tiendrai compte pour les futures générations.  Il y a aussi «  la voix des femmes » ce sont des discours de femmes qui ont pris la parole pour faire avancer la cause, dénoncer des injustices… Ce livre m’a ouvert les yeux sur toutes les femmes importantes de ces dernières années. Par exemple sur  le discours de Simone Veil sur l’avortement qui est remis en débat aujourd’hui dans certains pays. Par la suite j’ai donc lu le récit autobiographique de Simone Veil Une vie. Ces discours m’ont montré le combat de toutes ses femmes qui nous concerne encore aujourd’hui mais souvent dans l’ombre des programmes scolaires.  J’aime beaucoup aussi les livres de développement personnel, le recueil de nouvelles Ceci est mon corps  qui nous rappelle le respect et les différences des corps féminins. 

Au sein du milieu scolaire, les livres choisis ne m’ont pas enthousiasmé par exemple La Princesse de Clèves, Thérese Raquin, La Ferme des animaux… Je peux quand même dire que les Contemplations de Victor Hugo m’ont tout de même plu. La diversité et l’actualité des thèmes ont fait la différence avec les autres. Le deuil, le travail des enfants, les premiers amours, la nature. Un recueil de poèmes bien choisis pour le lycée, les thèmes sont pertinents pour cette tranche d’âge. J’ai aimé étudier le recul qu’a eu le poète sur ses premières expériences amoureuses avec rose dans le poème «  Veille chanson du jeune temps ». C’est aussi pour cela que j’ai continué a lire des poèmes hors milieu scolaire avec l’écrivaine Rupi Kaur. J’ai commencé par «lait et miel » puis « le soleil et ses fleurs » et enfin « home body ». Ce sont des poèmes féministes souvent basé sur la reconstruction de soi. Elle arrive a faire passer des émotions avec très peu de mots et des croquis.J’aime le fait qu‘elle n’utilise pas de filtre et remet la poésie aux gouts du jour.

        

Maintenant, je ne dirai pas de moi que je suis une grande lectrice. J’aime lire de temps en temps sans y passer ma journée car je n’arrive pas à rester concentrée sur un livre plusieurs heures. Je suis persuadée que la lecture donne les clés pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. Comme le disait souvent ma professeure de philosophie, lire c’est avoir accès à plusieurs vies, notre existence sur terre est tellement petite que nous n’ avons pas le temps de tout découvrir mais que dans les livres ça nous donne cette opportunité. En ce moment, je me tourne surtout vers des témoignages comme Mes chères études qui est le dernier livre que j’ai lu. Ce livre met en lumière le coté obscure de la vie étudiante notamment par la prostitution afin de financer les études. Souvent ce sont des témoignages en lien avec les enfants comme la maltraitance et surtout l’adoption notamment le livre Tombée du nid qui traite de l’adoption d’un enfant atteint de trisomie 21 . Pourtant mon livre préféré est un conte philosophique de Lenoir Du bonheur un voyage philosophique. L’approche de la philosophie par des histoires fictives m’intéresse. De plus son style d’écriture  optimiste est inspirant . Si je devais conseiller à quelqu’un un auteur, je dirais Lenoir car on peut en retirer une leçon à la fin. Rien que le fait de vivre heureux simplement sans avoir à se comparer mais plutôt se focaliser sur la connaissance de soi. 

          A présent, je vais vous transmettre ma vision sur la lecture à voix haute qui me dérange encore aujourd’hui. Étant petite, je pense n’être pas la seule, je prévoyais à l’avance qu’elle phrase j’allais devoir lire à la classe. Un exercice stressant qui pouvait me faire oublier certains mots lors de ma lecture. Placer sa voix, mettre l’intonation, parler fort, bien respirer, voila ce qu’on nous demande et qui n’est pas simple à exécuter parfaitement. Pourtant cet été lorsque j’étais animatrice en centre de loisirs , j’ai adoré faire cela. Le public enfant est passionné et curieux ce qui m’a donné envie de commencer à leur lire des histoires et de communiquer des émotions.  Ils sont captivés sur nos mimiques, nos yeux et notre ton de voix.  Ainsi la première fois que j’ai pris en charge un groupe d’enfants en autonomie, c’est à la médiathèque que nous sommes allés. C’était une première pour certains, voir leur enthousiasme face à des livres était une grande satisfaction pour moi de les accompagner à la lecture. Si je devais choisir une classe pour enseigner, ce serait la classe de  CP notamment pour l’apprentissage de la lecture. Tout en  espérant offrir mon aide aux élèves en difficulté aussi bien que ma maitresse de CP l’a fait.