Esther Duflo

 

Le prix Nobel d’économie a été décerné en octobre 2019 à Esther Duflo, conjointement à son époux Abhijit Banerjee et Michael Kremer, pour leur approche expérimentale de la pauvreté dans le monde.

• Qui est donc la plus jeune prix Nobel d’économie (46 ans) et la seconde femme française à l’obtenir ?

Née en 1972 à Paris, Esther Duflo entreprend des études brillantes en intégrant la prépa Henri IV. Elle entre en 1992 à l’Ecole Normale Supérieure où elle étudie l’Histoire et l’Economie, avant d’étudier à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Agrégée d’économie, elle est professeure au Collège de France.

En 1999, elle publie sa thèse Trois essais sur la démarche empirique de l’économie du développement.

En 2012, elle obtient la double nationalité américaine. Elle conseille en 2013 Barack Obama sur les questions de développement mondial, le qualifiant dans une interview en 2019 de « peut-être trop prudent ».

Elle est membre du MIT (Massachussetts Institute of Technology) de Cambridge aux Etats-Unis, où elle crée en 2015 un laboratoire de recherche pour la lutte contre la pauvreté, le J-PAL.

• Sa méthode d’étude : la recherche expérimentale

Elle décrit sa méthode de travail comme « vraiment micro. Mes projets portent toujours sur une question simple, épurée, qui a trait à la réaction des gens dans un contexte précis ». Au lieu de tenter de répondre à des questions trop larges, comme celle des raisons de la pauvreté, elle fractionne son étude selon plusieurs critères : santé, éducation, accès au crédit, et tente de comprendre les véritables problèmes des personnes pauvres, par exemple les difficultés d’apprentissage des enfants scolarisés.

Sa méthode de recherche est l’économie expérimentale. Sa mère, pédiatre, a participé à diverses missions humanitaires, ce qui lui aurait inspiré la réalisation d’études sur le terrain. Son équipe travaille avec les organisations de terrain, aussi bien avec les ONG et les gouvernements qu’avec des firmes privées. Elle réalise des expériences menées localement sur des échantillons de personnes, dont elle analyse rigoureusement chaque résultat. Ce côté économiste lui viendrait de son père, mathématicien.

Son but est de tirer des leçons de ces expériences afin de se rendre compte de l’utilité des programmes proposés par les pouvoirs publics et d’adapter leurs politiques de lutte contre la pauvreté. Si un concept est efficace à un endroit, il doit être applicable à une plus grande échelle et peut-être adopté par les gouvernements.

Pour cette raison, Esther Duflo critique les actions humanitaires menées au hasard, qui ne sont pas reliées à un programme général et organisé qui permettrait de tirer des conclusions concrètes sur l’efficacité de ces programmes.

Par exemple, elle s’est rendue compte que le soutien scolaire était plus efficace en termes de réussite des enfants et de coût que l’installation d’un ordinateur dans chaque école, au moyen d’une expérience aléatoire, le principe de randomisation, c’est-à-dire une expérience dont un seul facteur change. Dans ce cas-ci, son équipe a installé un ordinateur dans sept écoles d’une ville indienne. Dans sept autres écoles, ils ont mis en place du soutien scolaire, avant de voir la réussite des élèves.

• Repenser la pauvreté

Ses études l’amènent à écrire en 2012 un livre avec son mari : Repenser la pauvreté. Elle soutient fermement que « la pauvreté peut être éradiquée ». Cela passe par l’abandon de deux préjugés sur la pauvreté : d’abord, « le pauvre n’est pas fainéant, mais il cumule les désavantages (culturels, sociaux) ». Et à l’inverse, « tous ne deviendront pas des Bill Gates ».

Sources : vidéo Pour l’Eco, interview France info, Paris Match. Livre recommandé : « Repenser la pauvreté »

 

 

Arnaud de Robert Hautequère

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