L’épargne pendant le COVID, frein ou atout pour la croissance ? par Héloïse DUFOUR et Solène COLLET

L’épargne pendant le COVID, frein ou atout pour la croissance ? par Héloïse DUFOUR et Solène COLLET

L’épargne pendant le COVID, frein ou atout pour la croissance ? 

La crise du coronavirus a bouleversé l’économie, en modifiant le comportement des Français vis-à-vis de leur épargne, ce qui a eu de fortes conséquences sur la croissance.

D’abord, le confinement, conséquence de la crise liée au coronavirus, est venu bouleverser le quotidien mais aussi les comportements des épargnants en France. En effet, devant rester chez eux, les Français ont logiquement baissé leur consommation alors que leur revenu est resté plus ou moins stable grâce aux amortisseurs sociaux de l’Etat (chômage partiel). Ainsi, ils ont globalement accumulé beaucoup d’épargne qui résulte donc d’une épargne forcée. Selon l’OFCE, les ménages ont accumulé 55 milliards d’euros d’épargne pendant le confinement (pour atteindre 75 milliards en 16 semaines). Selon le Ministère des Finances, l’épargne

S’ajoute à cette épargne forcée, une autre épargne volontaire de précaution liée aux incertitudes des ménages quant à leur avenir (risques de faillites, de perte d’emploi…). L’indice de confiance de l’INSEE est tombé de 103 avant le confinement à 95 en avril et stagne à 94 en juillet en dessous de sa moyenne de longue durée à 100).

Face à cette perte de confiance liée à l’incertitude quant à leur avenir, les Français ont choisi de placer leur épargne sur des supports liquides ou non risqués. La plus grande partie de l’épargne (44 %) a été laissée sur des comptes courants, une grosse part a été portée sur des livrets réglementés comme le livret A ou le LDDS (36%) et seulement 20 % ont été investis en produits long terme.

Or, toute cette épargne n’est pas sans effets sur la croissance. En effet, si les Français épargnent, cela signifie qu’ils choisissent de ne pas consommer une partie de leur revenu disponible. Donc, plus les ménages épargnent, moins ils consommeront. Or, si la consommation, donc la demande, diminue, l’offre, c’est-à-dire la production, va également diminuer. La valeur ajoutée des entreprises, par la même occasion, baissera également. Donc, la croissance économique va connaître un ralentissement.

Cependant, cela s’oppose à l’avis des néo-classiques, selon lequel l’épargne permettrait aux individus de faire des investissements, qui auront un effet positif sur la croissance à long terme. De plus, si la croissance s’accélère, les profits des entreprises vont augmenter, permettant donc encore plus d’investissements, ou une création d’emploi. Par ailleurs, les revenus des individus vont augmenter, et ils vont donc consommer plus, ce qui favorise la croissance. L’épargne est donc à l’origine de la croissance puisqu’elle influe positivement sur le progrès technique, l’offre et la demande.

S’oppose à cela la théorie de Keynes, qui affirme que l’investissement est préalable à l’épargne. En effet, les investissements sont favorables à la croissance, qui, entre-autre, entraîne une augmentation des revenus des ménages, donc une augmentation de leur revenu disponible. Ils auront donc plus de richesses à épargner. De plus, la croissance économique entraîne également une hausse de la qualité de vie, ce qui encourage les ménages à épargner.

Toutefois, dans le contexte actuel, les Français n’épargnent pas car la croissance s’accélère mais plus car ils n’ont pas confiance en l’avenir. Il faudrait donc que les ménages se remettent à consommer, ou du moins qu’ils investissent. Or, pendant la crise sanitaire, leur épargne est non productive pour la plupart : elle est soit dormante sur les comptes courants, ou reste tout simplement sur des livrets A.

C’est dans ce cadre que l’État met en place des mesures de relance, car l’importante épargne accumulée par les Français pendant cette crise est un des meilleurs leviers de la relance. Les 100 milliards d’euros d’épargne attendus à la fin de l’année correspondent à 4 à 5 points de croissance, soit une part conséquente, qui pourrait agir comme un levier de croissance.

 

Ainsi, la baisse du taux d’épargne des ménages constitue un enjeu fondamental pour le rebond de l’activité et la reprise de l’activité économique et de la croissance. En tout état de cause, cette baisse du taux dépendra de la reprise de la confiance des ménages (elle -même dépendante d’une solution médicale à la crise sanitaire) et des stimulus du gouvernement comme la proposition d’aide au déblocage de l’épargne salariale évoquée récemment par le ministre des finances Bruno le Maire.

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