Un Japon différent: le Japon de l’envers.

  Très souvent lorsque l’on évoque le Japon c’est pour mettre en avant sa puissance économique, sa réussite dans les secteurs de la haute technologie ou encore les arts martiaux, les mangas ou les groupes automobiles. Et pourtant, il existe un autre Japon « un Japon de l’envers », un Japon différent, moins connu.

  Ce Japon différent apparaît dans le dernier film de Kiyoshi Kurosawa « Tokyo sonata » actuellement à l’affiche au cinéma ( dont au Gallia à Saintes jusqu’à Mercredi) et dans le N° 103 du magazine « Manière de voir ».

   A partir de l’histoire d’une famille japonaise somme toute banale le réalisateur nous fait découvrir tous les maux dont souffre actuellement la société nipppone à la fois ouverte sur la modernité et prisonnière de valeurs sclérosantes dans une période de crise économique majeure.  On a devant nous ce père de famille, salaryman comme tant d’autres, qui a perdu son emploi et qui n’ose en parler ni à son épouse ni à ses enfants. On découvre les longues files d’attente dans les rues de Tokyo(?) devant l’agence pour l’emploi mais aussi pour recevoir un repas chaud. On a ce jeune Japonais qui vit de petits boulots et qui va s’engager dans l’armée des Etats-Unis.Ce portrait du Japon n’a plus rien à voir avec les caricatures ou les stéréotypes traditionnels que nous livrent régulièrement le cinéma américain ou européen ( Japonais en permanence avec leur appareil photo incapables de se débrouiller seul, friands de produits de luxe ) mais on touche une réalité bien plus profonde, un Japon qui doute de sa puissance.

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 Le dernier numéro du magazine du « Monde diplomatique » « Manière de voir »  est lui aussi consacré à ce Japon de l’envers « le Japon méconnu ». De nombreux articles évoquent pêle-mêle la question de l’égalité des sexes, les yakusas, ou encore la difficulté qu’a le Japon à faire son travail de mémoire. Ainsi vous trouverez un article qui rappelle les crimes commis par l’armée japonaise en Chine. A Nankin par exemple en décembre 1937 150 à 300 000 Chinois ont été massacrés par les troupes japonaises. Encore aujourd’hui les autorités japonaises se montrent très discrètes sur ce massacre et malheur à celui qui voudrait faire éclater la vérité. Un manga publié dans le magazine « Young jump » a abordé « le viol de Nankin » mais l’éditeur, d’après la revue « Manière de voir », a décidé de suspendre la publication lorsque plusieurs groupuscules d’extrême droite l’avaient en effet menacé de représailles s’il ne mettait pas un terme à la série.

  Ainsi le Japon est un pays plus difficile qu’on ne l’imagine à comprendre. A la fois le 1er pays victime de la bombe atomique et un Etat qui a devant lui un long travail d’histoire à réaliser. La société japonaise se veut consensuelle mais pour autant les femmes et les hommes sont écrasés par le poids des traditions.

  Pour autant, les jeunes Japonais semblent bien décidés à faire sauter les derniers verrous et en particulier les  femmes, jeunes ou moins jeunes – se souvenir de la réplique de la mère de famille à son mari dans le film de Kurosawa- qui ne veulent plus vivre dans l’ombre des hommes. Espérons qu’ils ou elles  réussissent.

En Illustration de cet article la couverture d’un des mangas de la série « Diaspolis » (11 volumes inédits en France) de Sugimura Shinichi et Richard Woo. Ce manga aborde la question de la main d’oeuvre étrangère au Japon et ses difficiles conditions de vie.

Pour en savoir davantage:

A lire: « femmes de réconfort, esclaves sexuelles de l’armée japonaise » de Jung Kyung-a. Disponible au CDI. C’est un roman graphique sous la forme d’un manga.

Sur « Tokyo Sonata »: http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/03/24/tokyo-sonata-une-famille-au-japon-c-est-aussi-un-film-d-epouvante_1171957_3476.html

Sur le « viol de Nankin »: http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19371213

Magazine « Manière de voir »:http://www.monde-diplomatique.fr/mav/

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