les anciens articles sur le déficit de commerce extérieur de la France

déficit commercial de la France

le déficit extérieur de la France

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 en voici le texte

40milliards c’est beaucoup?

Le déficit du commerce extérieur de la France a approché en 2007 le chiffre vertigineux de 40 milliards d’euros, record historique. Si vous ne le savez pas, c’est probablement que vous revenez d’un déplacement à l’étranger, tant les médias nationaux se sont plus à répéter ce nombre et à le commenter, en s’intéressant d’ailleurs plus aux raisons du déficit et au contraste avec l’Allemagne qu’à ses conséquences. Ce qui a permis d’entendre une étonnante collection de perles. Plutôt que de les relever une à une, on voudrait ici rappeler en trois questions quelques données simples qui semblent ignorées des commentateurs, sans doute du fait du manque d’éducation à l’économie dans ce pays…

40 milliards, c’est beaucoup ?

Le déficit français est généralement comparé à l’excédent allemand, qui est pour 2007 d’environ 175 milliards d’euros. C’est impressionnant. Mais il n’y a pas que l’Allemagne : l’Espagne, le Royaume-Uni (120 milliards) et même la Grèce ont un déficit supérieur à celui de la France, sans même évoquer le gouffre américain.
Par ailleurs, il n’y a aucune raison de fond de concentrer l’attention sur la balance commerciale, c’est-à-dire le commerce des biens, en négligeant les services. La balance courante donne un résultat plus présentable : le déficit français n’est plus que de 15 milliards d’euros environ (les données définitives ne sont pas encore connues) et l’excédent allemand n’est plus que de 150 milliards.
Enfin, en proportion de la richesse produite, le déficit courant français représente 1,3%, contre 3,4% au Royaume-Uni, 8,9% en Espagne et 12,9% en Grèce, record d’Europe.
Conclusion provisoire : il n’y a pas de quoi s’affoler. Cependant, à la différence de l’Espagne ou du Royaume-Uni, la France connaît une croissance lente, ce qui prédispose en général à l’excédent. Il faut donc bien admettre que la performance française n’est pas excellente.

D’où vient le déficit ?

Comme le font remarquer perfidement les contempteurs de la performance française, notre déficit résulte principalement de nos échanges avec le reste de l’Europe. Le pétrole ou l’euro ne sauraient donc nous servir d’excuse ; d’autant que les Allemands, soumis aux mêmes contraintes, triomphent sur les marchés. Certes. On pourrait même dire que l’un explique l’autre : la zone euro étant à peu près à l’équilibre, l’excédent allemand est l’envers des déficits français, italien ou espagnol. Ces résultats ne doivent surprendre personne, car ils résultent d’une sorte de cycle européen catastrophique mais bien connu, que l’on peut résumer ainsi:

(1) Croissance élevée => (2) pressions salariales => (3) perte de compétitivité => (4) déficit => (5) politique de rigueur =>
(6) croissance réduite => (7) Compétitivité => (Smilie: 8) retour de la croissance

L’Allemagne, après les rigueurs de la politique impulsée par Gerhard Schroëder, est redevenue compétitive. Elle est aujourd’hui en phase 1, mais commence à migrer vers la phase 2, les syndicats ayant obtenu des hausses de salaires substantielles pour les trois ans à venir. La France est à peu près en phase 4 (ce qui aide à deviner ce qui pourrait se produire après les municipales…).
Ce cycle, qu’un esprit plus direct serait bien obligé d’appeler un jeu de cons, signifie que le corset monétaire et réglementaire européen transforme la croissance en jeu à somme nulle, la croissance des uns se faisant au détriment des autres, et incite chacun à exporter son chômage chez le voisin par la déflation salariale (appelée « vertu » en langage européen).
Au-delà de cette explication primordiale mais primaire, on peut s’essayer à des explications plus sophistiquées (attention ! L’une de ces explications est fantaisiste. A vous, lecteur, de trouver laquelle) :
– les Français tirent sur leur épargne pour maintenir leur consommation à un niveau décent. De ce fait, l’épargne nationale est en baisse et, comme le solde extérieur n’est rien d’autre que l’écart entre épargne et investissement, il se dégrade.
– La faiblesse de l’investissement en nouvelles technologies, en recherche et en enseignement supérieur fait que la spécialisation internationale de la France est médiocre : les pays émergents nous concurrencent dans les produits peu sophistiqués, les pays très développés nous distancent dans le haut de gamme.
– Les Français travaillent trop. S’ils passaient à 36 heures par semaine comme les Allemands, au lieu de travailler près de 38 heures en moyenne, ils seraient plus efficaces.
– La France n’a pas le réseau de grosses PME qui font la force de l’Allemagne (argument développé par le secrétaire d’Etat H.Novelli).

Est-ce grave, docteur ?

Bizarrement, les commentateurs se sont peu penchés sur cette question pourtant intéressante. Et pour cause : du point de vue du commerce extérieur, le déficit français est à peu près aussi significatif que celui de la région Poitou-Charentes (mille excuses à S.Royal et J.P.Raffarin). En effet, quel est l’intérêt d’isoler une partie de la zone euro pour calculer le solde de ses échanges ? Le commerce extérieur est surtout important par ses conséquences monétaires et la zone euro est à l’équilibre.
Cependant, si ce déficit devenait une habitude, il devrait entraîner une migration d’emplois de la région France vers d’autres régions d’Europe ou une politique d’aménagement du territoire à l’échelle européenne ; comme c’est le cas à l’échelle nationale. Autrefois, un déficit entraînait la baisse du taux de change, ramenant la compétitivité et l’équilibre. Puis, dans les années 1970, la France est entrée dans un processus de construction de l’Europe monétaire qui a empêché ce mécanisme équilibrant de jouer. L’achèvement de la construction monétaire supprime la contrainte extérieure, mais doit s’accompagner d’autres politiques. Bref, une fois de plus, le caractère bancal de la construction européenne apparaît.
Egalement préoccupante est la vision du déficit qui domine : l’excédent est vertueux (vision mercantiliste), il faut produire et non dépenser. Face à ces pré-notions, rappelons que le déficit américain est la seule chose qui sauve la planète de la récession (voir mon post sur le sujet). Comme ce déficit a atteint ses limites, seule l’Europe peut prendre le relais, ce qui l’aiderait d’ailleurs à faire de l’euro une monnaie internationale, car il faut bien qu’un monnaie circule si on veut qu’elle serve à payer. Mais les Européens ne semblent pas comprendre la situation. Ce ne sont pas les commentaires sur notre balance commerciale qui vont améliorer les choses.

A Parienty 7 02 08

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

Category(s): ARTICLE DE PRESSE

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