pour les 1 ES les classes moyennes un entretien avec L Chauvel

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paru dans le numéro de sciences humaines de décembre 07

un entretien avec Louis Chauvel à propos  de l’avenir des classes moyennes en France :

Quel avenir pour les classes moyennes ?

Entretien avec Louis Chauvel

Avec la génération des baby-boomers et la dynamique des trente glorieuses, les classes moyennes ont connu leur apogée. Confrontés à un contexte économique morose, leurs enfants risquent d’avoir du mal à connaître un destin aussi favorable.

Dans l’un de vos articles, vous évoquez «?l’entretien du mythe (de l’idéologie) de la moyennisation?». Pourquoi est-il si difficile de définir les classes moyennes??

Aujourd’hui, tant au niveau des données objectives qu’en termes de représentations, les «?classes moyennes?» sont l’un des objets les plus compliqués des sciences sociales. Avant de me concentrer sur elles, j’avais travaillé sur le système des classes dans son ensemble, et sur les classes populaires?: je constatais une restructuration des frontières objectives, alors même que les représentations et la conscience de classe disparaissaient. En 2005, la vision standard était celle héritée d’Alain Touraine (les «?nouvelles classes moyennes salariées?») et d’Henri Mendras (la «?constellation centrale?»), représentations figées vingt ans plus tôt et qui ne permettent plus de comprendre le changement. C’est pour cela que je me suis intéressé aux théories de Gustav Schmoller qui a écrit en 1897 «?Que connaissons-nous des classes moyennes???». C’est le premier à avoir repéré la multiplicité des pôles au sein des classes moyennes, c’est-à-dire à avoir repéré un axe vertical, opposant le bas des classes moyennes, autrement dit les professions intermédiaires, aux groupes qui forment l’antichambre des élites, comme les médecins libéraux, les avocats…?; et un second axe opposant le public au privé, autrement dit le marché à l’État, l’éducation à la propriété, le culturel à l’économique. En fait, ce modèle anticipe de plus de soixante-dix ans les travaux de Pierre Bourdieu sur les deux axes de la structure sociale, lesquels se retrouvent à l’identique au sein de ce noyau intermédiaire. Avec ces éléments, on peut reconstituer ce qui s’est passé durant la seconde moitié du xxe siècle en termes de dynamiques des classes moyennes. Ainsi, les nouvelles classes moyennes intermédiaires salariées ont connu une expansion générationnelle extraordinaire entre 1965 et 1980 mais, depuis, on assiste à des difficultés croissantes pour les nouvelles générations. Aujourd’hui, sur la moyenne française, on continue de repérer une croissance ralentie de ce noyau central, mais lorsque l’on dissocie par génération, ceux nés après 1955 connaissent de vraies difficultés.

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

Category(s): COURS PREMIERE ES, stratification sociale

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