premieres ES l’inflation en Chine

 


La banque centrale chinoise a surpris les marchés en décidant une hausse inattendue de ses taux directeurs, afin d’enrayer la hausse des prix. Dans un communiqué publié dans la soirée du mardi 19 octobre, la Banque populaire de Chine a annoncé une hausse à effet immédiat de son taux de rémunération des dépôts sur un an, passant de 2,25 % à 2,50 %, ainsi que de son taux de crédit sur la même période, qui grimpe de 5,31 % à 5,56 %.

Ce raidissement du crédit est un nouveau signe de la préoccupation des autorités monétaires chinoises au sujet de l’inflation et des risques de surchauffe de la deuxième économie de la planète, et notamment de son marché immobilier. Une semaine plus tôt, celles-ci avaient déjà exigé des grandes banques qu’elles augmentent le niveau minimum de leurs réserves, une manière de réduire la masse de liquidités en circulation.

Les banquiers centraux chinois n’avaient plus procédé à une telle hausse des taux d’intérêt depuis décembre 2007 de peur de casser le dynamisme de l’économie nationale dans un contexte de crise mondiale. Mais cette politique de crédit bon marché se traduit par un afflux d’argent frais dans l’économie, ce qui fait grimper les prix et incite à la spéculation. L’indice des prix à la consommation a augmenté, en septembre, de 3,5 % sur un an, atteignant son plus haut niveau depuis vingt-deux mois.

Un membre du comité de politique monétaire de la Banque populaire de Chine a argué auprès de l’agence de presse Chine nouvelle de la nécessité de chercher un équilibre entre croissance et stabilité des prix. « Les craintes liées à la hausse des prix l’ont emporté sur les appréhensions sur la croissance économique, c’est la principale raison de cette hausse », a expliqué Li Daokui au groupe de presse étatique.

Les prix des logements en Chine, qui mécontentent une population peinant à accéder à la propriété – et tracassent son gouvernement -, ont repris en septembre leur vertigineuse ascension. Nourris par la spéculation, ils ont augmenté de 9,1 % par rapport à l’an dernier. Ils avaient auparavant baissé pendant quatre mois à la suite de mesures de contrôle des crédits immobiliers dont le succès semble n’avoir duré qu’un temps.

« Le taux de rémunération réel des dépôts est déjà en territoire négatif depuis quelques mois du fait d’une plus forte inflation, ce qui décourage les foyers de mettre leur argent à la banque et encourage la spéculation immobilière, qui génère des retours supérieurs », relève Ren Xianfang, économiste d’IHS Global Insight à Pékin.

Pour certains analystes, le signal envoyé par la banque centrale chinoise témoigne, en outre, d’un dialogue renoué entre Pékin et Washington sur les questions monétaires à l’approche du G20 de Séoul, les 11 et 12 novembre. Le relèvement des taux ne devrait pourtant pas avoir d’effet direct sur la valeur du yuan, la devise chinoise étant non convertible.

Mercredi, au lendemain de l’annonce, l’institut d’émission chinois a d’ailleurs établi le taux de change référence du yuan 0,3 % plus bas que la veille, à 6,67 yuans pour 1 dollar. Depuis que Pékin s’est engagé, en juillet, à assouplir les règles de fluctuation de sa monnaie, le renminbi (ou yuan) s’est apprécié de 2,5 % face au billet vert.

Confiance insolente

Les marchés se demandent désormais jusqu’où la Chine compte durcir sa politique monétaire. Pour Stephen Green, économiste en chef de la banque Standard Chartered à Shanghaï, les autorités chinoises vont d’abord observer les réactions.

« Tous les arguments contre une hausse des taux d’intérêt restent valables : cela crée par exemple des difficultés pour les compagnies étatiques dans les infrastructures, qui fonctionnent avec de forts leviers de crédit. Mais quelque chose semble avoir finalement changé dans l’évaluation des risques par les autorités, constate M. Green. Nous nous attendons donc à ce que les taux soient à nouveau relevés à un moment, probablement en fonction de ce qui se passera sur les prix intérieurs. Pékin va attendre et regarder avant de bouger davantage. »

Plusieurs économistes partagent l’avis de M. Green : il ne s’agit pas d’une hausse isolée mais du début d’une nouvelle phase au cours de laquelle les autorités monétaires chinoises feront preuve de davantage de rigueur contre l’inflation.

L’annonce illustre néanmoins une confiance insolente de la Chine en son économie, qu’elle se permet de freiner. Le premier ministre, Wen Jiabao, avait assuré cet été que son ralentissement était essentiellement le résultat de mesures volontaires. Selon les derniers chiffres publiés par la Banque mondiale, elle devrait malgré tout croître de 9,5 % cette année.

Harold Thibault

Article paru dans l’édition du 21.10.10



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prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

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