« Un peuple est libre quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l’homme, mais l’organe de la loi. »

30 mars 2011 0 Par Caroline Sarroul

« Il n’y a donc point de liberté sans lois, ni où quelqu’un est au-dessus des lois (dans l’état même de nature l’homme n’est libre qu’à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous). Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n’obéit qu’aux lois et c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu’on donne dans les républiques au pouvoir des magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l’enceinte sacrée des lois : ils en sont les ministres, non les arbitres, ils doivent les garder, non les enfreindre. Un peuple est libre, quelque forme que puisse avoir son gouvernement, quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l’homme, mais l’organe de la loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règne ou périt avec elles. »

Rousseau, Lettres écrites de la montagne

 

On a cependant reproché à Rousseau d’exiger le sacrifice de  l’individu au nom de la volonté générale dans son fameux contrat social, de penser la liberté comme un ancien négligeant les nouvelles aspirations des modernes.

Par exemple,  Benjamin Contant, auteur du discours De  la liberté des anciens comparée à celle des modernes   en 1819, écrivait : « je montrerai qu’en transportant dans nos temps modernes une étendue de pouvoir social, de souveraineté collective qui appartenait à d’autres siècles, ce génie sublime animé par l’amour le plus pur de la liberté, a fourni néanmoins de funestes prétextes à plus d’un genre de tyrannie »

 Mais est-ce une meilleure stratégie de sacrifier la volonté générale à l’individu et à l’égalité la liberté finalement ?

Benjamin Constant avait déjà pointé le danger:

« Le danger de la liberté antique était qu’attentifs uniquement à s’assurer le partage du pouvoir social, les hommes ne fissent trop bon marché des droits et des jouissances individuelles. Le danger de la liberté des modernes, c’est qu’absorbés dans la jouissance de nos intérêts particuliers , nous ne renoncions trop facilement à notre droit de partage dans le pouvoir politique »

Si on ajoute à cela la passion de l’égalité qui caractérise selon Tocqueville les sociétés démocratiques, alors la liberté est en danger!

C’est la question que posent  nos démocraties modernes et c’est cette mutation qui a changé notre  rapport au politique, son visage  et qui  pousse même à s’interroger sur  la possibibilité même d’une vie en commun.

Sur Arté au mois d’août 2009, le  documentaire La démocratie des mois  abordait  cette mutation du politique vu non plus comme celui qui occupe une fonction au nom de et pour tous,

mais

 comme un individu s’adressant à des individus leur parlant d’ individus,

comme un moi s’adressant à moi en parlant de toi.

En voici quelques  extraits éclairants:

 


La démocratie des moi [extraits] par clearsauldre


La démocratie des moi_2/3 par tchels0o


La démocratie des moi_3/3 par tchels0o