Retour sur la SAM Bagatelle

Centre aéré du quartier de Bagatelle, photo NJ

La SAM Bagatelle n’est pas encore terminée, mais nos étudiants ont participé aux quatre interventions mercredi matin. Lors de cette Semaine Architecturale de Médiation, il a beaucoup été question de frontières, de détournement des règles et par conséquent des limites. Des pays de l’Est, de Bristol à Toulouse, en passant par Nantes, ces questions en ont soulevé d’autres. De l’esprit de la règle à la lecture de la règle, nos quatre intervenants ont abordé la question du point de vue, ou plutôt des points de vue.

Les étudiants de l’atelier Cracker la Ville et du séminaire Voir la Ville réunis pour l’occasion, photo NJ

Merci à Clara Sandrini pour l’organisation de cette séance. Et merci aussi aux intervenants.

Actuellement, les étudiants ont tous défini des thèmes de recherche et parfois même des sujets assez précis. Ils vont poursuivre cette voie par des lectures, à travers la recherche bibliographique, et en se focalisant petit à petit sur leur sujet. La bonne focale est le titre du dernier ouvrage d’Howard Becker qui arrive à point nommé.

Dans son dernier ouvrage, Howard S. Becker, sociologue américain proche de l’école de Chicago, fait l’éloge de l’analogie comme source d’analyse du terrain. En fait, il dresse un bilan de son activité de chercheur et ce livre est pour lui l’occasion de revenir sur différentes études, qui vont de la musique à la consommation de drogue, en passant par les œuvres d’art, ses thèmes de prédilection. Il aborde ses terrains à travers une démarche de sociologie compréhensive, très éloignée dans le raisonnement de la sociologie critique bourdieusienne, mais néanmoins orientée selon une démarche holistique qui permettrait, éventuellement, de croiser ces deux approches.

Il aborde la question des enjeux (sociologie critique) sous une forme différente : « on ne remarque pas toujours ce qui est en jeu dans une situaiton étudiée, parce que certains éléments opèrent à l’arrière-plan » (p. 27). Le raisonnement par analogie ou comparaison est sans doute l’apport le plus intéressant d’Howard Becker et de sa méthode, assez proche de l’ethnologie. Il commence par collecter de manière large et sans savoir a-priori quoi chercher tout en ayant en tête que « ce que l’on a trouvé dans un cas, quoi que ce soit, doit se trouver ailleurs sous une forme voisine » (p. 31).

Il définit ainsi sa méthode : « raisonner par analogie, c’est donc utiliser ce que l’on sait d’une situation pour savoir quoi chercher dans une autre, en partant du principe que ces deux cas doivent avoir d’autres aspects en commun » (p. 65). C’est précisément cette définition qui peut être mise à profit dans cette journée d’étude. Comment les éléments entendus ce mercredi vont-ils raisonner dans la tête de chaque étudiant pour ouvrir sur de nouvelles idées ? En quelque sorte, il s’agit de repousser les limites de la connaissance, et de croiser par analogie de nouveaux apports qui viendront enrichir un état des lieux en train de se faire.

Les étudiants du séminaires arrivent, photo NJ

« Quand j’enquête, je suis à la recherche d’éléments qui semblent avoir de nombreux points communs, mais dont je tâche de voir en quoi ils différent, différences à partir desquelles je découvre de nouvelles variables et de nouvelles dimensions explicatives » (p. 238).

Le côté le plus iconoclaste d’Howard Becker vient de sa démarche qui le positionne davantage du côté des ethnologues que des sociologues. « Lorsque je réunis des données, je renonce au confort d’une problématique ou d’un plan de recherche balisés, au profit de méthodes de travail maximisant les chances de tomber sur des éléments auxquels je n’avais pas pensé, suscitant la prise de conscience de nouvelles possibilités à traiter de manière systématiques » (p. 238).

Tout chercheur est animé d’une insatiable grande curiosité, de même que toute recherche entamée demande une disponibilité constante. Parce que les idées viennent à tout moment et que les déductions ne sont ni prévisibles ni contrôlables, le chercheur doit conserver une attention flottante continuelle.

 

Howard S. Becker, La bonne focale. De l’utilité des cas particuliers en sciences sociales, Paris: La Découverte, 2016

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