Chroniques d’un printemps perdu (4)

Marine confinée, © Marine Pradon, avril 2020

Lundi 20 avril 2020, Fer à cheval, Toulouse

par Marine Pradon

Eh oui ! notre vie « d’avant » ne reprendra pas tout de suite. Il reste encore beaucoup de questions sans réponses aujourd’hui, alors que nous entamons nos 5 semaines de confinement. Les semaines se ressemblent toutes, et elles vont continuer à se ressembler. Le télétravail me permet de maintenir un rythme qui m’est indispensable. Le télétravail ne cessera pas le 11 mai, ce sont encore de longues semaines de travail à la maison qui s’annoncent. Mais j’ai de la chance de pouvoir continuer mon stage durant cette période. Cette année pour moi était une année charnière. Avant d’entamer ma dernière année d’étude, et après être rentrée d’un an à l’étranger, il m’était indispensable de me rapprocher du métier qui va devenir le mien. Je voulais être sûre de mon choix, appréhender au mieux toutes les contraintes qui s’appliquent au métier d’Architecte. Je savais d’ores et déjà que cette année serait riche d’apprentissages.

Mais cela surpasse mon entendement. Il a fallu s’adapter, d’abord d’une structure à une autre, car j’avais fait le choix de scinder mon année en deux, dans deux entreprises différentes. Mais il a fallu s’adapter également à cette crise sanitaire. Il a fallu comprendre les mécanismes de l’entreprise et les répercussions qu’un tel confinement pouvait provoquer. L’économie du pays entier est touchée, et les petites entreprises sont, malgré les mesures mises en place par l’État, les plus fragiles. Il a fallu s’adapter et répondre présent. Le télétravail n’est pas une situation facile, bien que dans ce secteur cela reste plus adapté que dans d’autres. Mais le télétravail implique une communication parfois plus lente et plus difficile que d’habitude.

Pour ma part il est difficile de séparer le travail du privé, puisque depuis 3 semaines, les deux sont confondus. Je dors, je déjeune, je me douche, je me repose à mon lieu de travail. Inversement, je travaille, je téléphone, je participe à des visioconférences sur mon lieu de vie personnel. La limite n’existe plus, d’autant plus que mes relations sociales personnelles n’existent qu’au travers d’un écran. Cette situation nous rend davantage dépendants des nouvelles technologies, mais sans elles nous ferions face à une crise, il me semble, bien plus grave.

Même si de s’habituer à ces nouvelles méthodes de travail n’est pas facile, je sais que cela reste temporaire. Bien que cette situation puisse durer jusqu’à la fin de mon stage, ce qui correspondrait à 4 mois sur 5, je m’estime chanceuse d’avoir pu continuer cette activité. Je le prends comme une chance, une chance de pouvoir améliorer mes capacités d’adaptabilité, d’autonomie et de communication.

Et puis je pense à Mary Mallon qui a passé 26 ans de sa vie confinée de force, car porteuse saine d’une maladie contagieuse, et je me dis que nous sommes chanceux tout compte fait. Relativisons…

Il s’agit donc d’une année riche d’apprentissages, autant sur le plan professionnel, que personnel. Se retrouver seul et isolé nous permet aussi de ralentir nos vies l’espace d’un instant et de profiter des petites choses de la vie. Mais il ne faut pas se mentir, les moments de repos et les week-ends sont souvent propices à l’ennui. Dans moins de 20m2, les activités sont largement réduites, et il faut se le dire, on se lasse trés vite de ces 4 murs. Mais cela me laisse le temps aussi d’effectuer une petite rétrospective de ces 22 dernières années. Vous savez toutes ces (bonnes) résolutions qu’on prend chaque premier janvier, qu’on ne tient jamais. Alors j’ai décidé qu’après ce confinement, l’heure des vraies bonnes résolutions serait arrivée. C’est maintenant ou jamais. Mieux consommer, consommer local pour aider les producteurs de nos régions qui sont touchées de plein fouet. Marcher davantage et ne prendre les transports en commun qu’en cas de stricte nécessité. Avant je prenais le tramway tous les matins pour me rendre à mon stage, alors qu’il ne me faut que 5 minutes de plus pour faire ce même trajet à pied. Diminuer mon empreinte carbone et rationaliser mes trajets en voiture en faisant davantage de covoiturage (avec un masque tant que ce virus se ballade impunément, évidemment). Faire du sport en plein air. Profiter de mes amis, simplement et pleinement. Dire à mes proches que je les aime, sans avoir à le remettre à plus tard. Prendre des nouvelles des personnes à qui je tiens.

Lire. Dessiner. Profiter. Rire, oui rire, c’est important !

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