Le plan numérique : le grand gâchis !

L’école française est malade. Les enseignants sont en sous-nombre, on manque de matériel de base, on envoie inexorablement toute une partie de nos élèves vers l’échec… Mais pendant ce temps-là, le gouvernement décide de poser un gros chèque sur la table pour mettre des tablettes dans les mains de tous nos élèves : un énorme gâchis ! Donner des outils spécialisés, c’est bien, mais penser que cela va tout changer et en faire l’alpha et l’oméga d’une politique éducative, c’est se tromper lourdement. Toutes les études ont montré que la mise à disposition de tablettes n’améliorait en rien le taux de réussite des élèves, et puis cet outil n’apporte aucune aide à l’apprentissage du numérique et de la programmation. Et pendant que l’état français laisse ses derniers sous filer dans la poche des constructeurs, ceux-ci envoient volontairement leurs enfants dans des écoles sans écran… Est-ce que l’on ne serait pas en train de se faire complètement arnaquer ?

les tablettes à l'écoleEn pleine période de restriction budgétaire, nos écoles souffrent. Crise des moyens, crise des vocations, mais surtout crise des résultats. Dans tous les classement internationaux, la France recule et il est impératif de remettre la maison École sur les rails. La solution ? Un grand plan numérique annoncé le 2 septembre dernier pour faire changer l’école de siècle et de millénaire. La mesure phare ? Mettre une tablette numérique dans les mains de chacun de nos petits élèves.

 

Rien de neuf sous le soleil

Déjà, alors qu’il présidait la Corrèze, François Hollande avait distribué des tablettes à tour de bras aux petits élèves de sa circonscription. Malgré un jugement sévère de la Cour des comptes sur cette politique dépensière et profondément inefficace, le président de la République récidive aujourd’hui à l’échelle de la France. En voulant passer pour moderne, le gouvernement passe surtout pour incompétent.

Les tablettes n’ont aucun effet positif pour les élèves

En effet, cette politique n’est pas nouvelle et elle a déjà eu le temps d’être évaluée à de nombreuses reprises. Les résultats sont toujours les mêmes : la mise à disposition de tablettes n’apporte aucune amélioration du niveau des élèves. Un élève éduqué à l’école avec tablette et un élève éduqué sans tablette auront exactement le même niveau à la sortie du cursus scolaire. La seule différence, c’est que pour l’un des deux, on aura jeté beaucoup d’argent par la fenêtre !

Les tablettes, ce casse-tête logistique

Et puis, c’est bien beau de donner des tablettes à tous le monde, mais qui va assurer le service après-vente ? Une tablette ça se casse, ça doit se recharger, ça prend du temps à réparer et ça coûte cher. Avec des enseignements reposant fortement sur le travail en autonomie sur tablette, que fait-on de ceux qui l’auront oublié à la maison, de ceux en panne de batterie, de ceux qui seront en réparation ? Un élève, ça va, mais 10% d’une classe, ça devient très handicapant. Et puis payer une tablette une fois, ça va, mais il en faudra chaque année pour les nouveaux élèves, et il faudra remplacer toutes celles arrivées en fin de vie (le taux de casse va faire mal). L’état aura-t-il les moyens d’assurer cette politique dans le temps ?

Les tablette, oui, mais pour faire quoi ?

La tablette est un bel objet, personnellement, je suis fan, mais que va-t-on mettre dessus ? Si vous distribuez des tablettes juste pour numériser les manuels et alléger les cartables, c’est que vous n’avez rien compris du tout au numérique ! Et s’il y a bien un élément qui fait consensus, c’est que ce n’est pas le contenant, mais le contenu qui fera la différence, hors là-dessus, nous sommes complètement à la ramasse. L’offre est très pauvre, mais, en plus, il va falloir encore payer des applications. Avec quels moyens ?

Et puis les tablettes sont une source très importante de distraction. Tenir une classe était déjà difficile, mais avec ces objets qui permettent mille usages, cela va devenir l’enfer. Déjà qu’un grand nombre d’enseignants a du mal à gérer des classes sur-équipées en smartphones, qui « sms » et naviguent à longueurs de temps… Cette fois, c’est nous qui leur mettons l’arme du crime entre les mains. La tentation du clic sur le jeu, sur le tchat, sur le web sera forte et difficile à surveiller.

La tablette ne permet pas d’apprendre le numérique

Un enfant de deux ans, si on l’assoit devant une tablette, saura l’utiliser au bout de 10 minutes. L’objet est fait pour être facile à s’approprier, donc son utilisation n’éduque en rien. Comprendre et maîtriser le numérique, c’est comprendre la logique itérative, c’est comprendre comment communiquer avec la machine et comment elle comprend et exécute les ordres. Un tel apprentissage ne nécessite pas l’ombre d’une tablette, même pas un écran ; juste de la logique. Il y a encore 60 ans, nous formions nos informaticiens sans machine. Il y avait un ordinateur (de la taille d’une pièce entière) et les étudiants n’y avait quasiment aucun accès. Eux codaient sur papier et, une fois de temps en temps, ils pouvaient tester leur code (imprimé sur des cartes perforées) sur la machine. C’est donc sans écran que nous avons formé notre première génération d’ingénieurs informaticiens. Au lycée, les geeks développent leurs premiers programmes sur leur calculatrice. En Nouvelle Zélande, des chercheurs éduquent les jeunes enfants au numérique avec des cartes magnétiques, pour seulement 3€ de matériel. Dans cet apprentissage, à quoi va servir la tablette ? On se le demande encore…

Il faut faire tout le contraire

Pendant ce temps là, dans la Silicon Valley, au cœur de la révolution numérique, on fait exactement l’inverse. Les petits génies de l’informatique, devenus les géants du numérique que nous connaissons tous, envoient leurs enfants dans des écoles sans écran. Pas de télévision, pas d’ordinateur, pas de tablette dans l’éducation. Pourquoi ces riches informaticiens font ce choix extrême ? Peut-être parce que, pour le moment, tout semble indiquer que l’exposition anticipée aux écrans n’a que des effets négatifs sur l’évolution de nos enfants. Quoi qu’ils apprennent devant ces écrans, ils l’apprendront mieux et plus vite un peu plus tard, donc rien ne sert de se presser. Au contraire, pour bien comprendre les machines, il faut d’abord bien comprendre le monde réel dont elles s’inspirent davantage qu’on ne le pense. Une machine, ce n’est que de la logique, et la logique ne s’expérimente jamais mieux qu’en 3D physique. C’est une grande aisance dans le monde physique qui permet d’élever son niveau d’abstraction et donc de mieux appréhender l’univers du numérique. Une preuve ? Tous ces petits génies qui ont choisi ces écoles pour leurs enfants sont devenus de grands informaticiens, alors qu’ils n’avaient ni tablette ni PC à l’école !

 

Et vous, les tablettes pour tous les collégiens, vous y croyez ?

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