Le droit de vote des étrangers-comparaison européenne

Article issu du site Francetvinfo.fr

La législation sur le droit de vote des étrangers est très variable d’un État à l’autre. Précisions qu’il s’agit du droit de vote des étrangers non communautaires, c’est-à-dire qui ne sont pas ressortissants d’un pays de l’Union européenne. C’est de cela dont parle précisément Benoît Hamon.

Rappelons que depuis 1998, les étrangers communautaires qui habitent en France peuvent voter aux élections locales. C’est comme cela dans les autres pays de l’Union.

Pour les non communautaires, on trouve trois grandes catégories de pays. Ceux qui n’accordent pas le droit de vote, ceux qui le font sous certaines conditions et ceux qui accordent ce droit sans condition.

Ceux qui ne donnent pas le droit de vote aux étrangers

Onze pays ne donnent pas le droit de vote aux élections locales. Allemagne, Autriche, Italie, Bulgarie, Lettonie, Pologne, Roumanie, République tchèque, Grèce, Chypre et Malte.

En Allemagne, par exemple, les élections locales dépendent des Länder. Et aucun Land n’accorde ce droit. La loi fondamentale allemande l’interdit.

Ceux qui donnent le droit de vote sous conditions

Il y a ensuite les pays qui donnent ce droit aux étrangers qui résident continuellement depuis plusieurs années dans le pays (entre deux et cinq ans, selon les pays). Ces pays sont onze, surtout dans le nord de l’Europe : Suède, Danemark, Finlande, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Estonie, Lituanie, Slovénie, Hongrie et Slovaquie.

Et puis, on peut trouver d’autres conditions. L’Espagne et le Portugal donnent le droit de vote à condition qu’il y ait une réciprocité avec le pays du résident. Cela concerne des pays d’Amérique latine où l’on parle espagnol ou portugais, d’anciennes colonies.

Au Royaume-Uni, pour pourvoir voter, l’étranger non communautaire doit faire partie du Commonwealth, les anciens territoires de l’Empire Britannique, d’anciennes colonies là-aussi.

Cette catégorie d’étrangers peut voter aux élections locales et même législatives. Par exemple, un Indien qui vit en Grande-Bretagne avec une autorisation de résidence peut voter à une élection locale et aux législatives.

Ceux qui donnent le droit de vote sans condition

Le dernier groupe ne rassemble qu’un seul pays. Il s’agit de l’Irlande, où tous les étrangers peuvent voter aux élections locales depuis 1963.

le droit de vote des étrangers

Article issu du site leparisien.fr

Seuls les citoyens français peuvent voter à l’élection présidentielle.

Il faut être citoyen français pour voter à l’élection présidentielle, comme à la majorité des scrutins en France. Les citoyens membres de l’Union Européenne résidant en France peuvent néanmoins voter aux élections européennes et aux municipales.

 

Au sein de l’UE, les résidents dans un Etat membre dont ils ne sont pas ressortissants peuvent en effet désormais exercer dans cet Etat leur droit de vote et d’éligibilité uniquement aux élections au Parlement européen et aux élections municipales. Il leur faut pour cela s’inscrire sur des listes complémentaires, propres à chacune de ces deux élections.

 

Il existe un débat en France sur la possibilité d’accorder le droit de vote aux étrangers non communautaires aux élections locales. En l’absence de majorité constitutionnelle, aucune réforme en ce sens n’a pour l’heure abouti.

lien : http://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/pratique/presidentielle-les-etrangers-peuvent-ils-voter-28-12-2016-6460575.php

accorder Le droit de vote aux etrangers?

Accorder le droit de vote aux étrangers ou ne pas l’accorder, telle est la question qui agite le monde politique ces derniers jours, comme depuis plus de 30 ans. Mais que contient réellement la mesure et à qui s’adresse-t-elle? L’Express vous répond.

Qui est concerné par la mesure?
Les étrangers extracommunautaires, c’est-à-dire issus d’un pays extérieur à l’Union européenne, et habitant en France depuis au moins 5 ans. Pour rappel, les ressortissants européens ont déjà le droit de voter aux élections locales -les municipales- depuis 1998 et l’application dans le droit français du traité de Maastricht. En revanche, ils ne peuvent être ni maire ni adjoint, et ne peuvent participer à l’élection sénatoriale.

Combien de personnes cela représente-t-il? Dans leur tribune, les députés PS estiment que les étrangers participant aux scrutins municipaux représenteraient alors « seulement 6% du corps électoral », en incluant les ressortissants de l’Union européenne – un chiffre confirmé par le rapport de Sandrine Mazetier, secrétaire national PS à l’immigration, transmis à l’Assemblée nationale en 2010. Le quotidien Libération évalue, lui, à 1,8 millions le nombre de potentiels électeurs non-communautaires.

Comment voter la loi?
L’instauration du droit de vote aux étrangers nécessite une modification de la Constitution. La formule concernée: « Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques. » L’expression « Tous les nationaux français » devrait alors être changée. Pour cela, le gouvernement doit obtenir la majorité des 3/5e au Congrès -Assemblée nationale et Sénat réunis. Le PS détient 523 voix sur 925; il a besoin de 555 voix pour obtenir cette majorité des 3/5.

Les arguments pour
La gauche avance de nombreux arguments moraux: égalité entre tous, reconnaissance du rôle des étrangers dans la construction de la société, facilité d’intégration des étrangers via le vote pour lutter contre le communautarisme. Le fait de travailler en France, donc de payer des impôts et de participer au budget de l’Etat, est aussi avancé. Autre argument, plus pragmatique: un sondage de 2011 indiquait à l’époque que 61% des Français était favorable au droit de vote pour les étrangers.

Les arguments contre
La droite base son argumentaire sur deux points. D’abord, l’opposition lie droit de vote et nationalité française. L’UMP redoute que la mesure renforce le communautarisme. Un exemple avec Claude Guéant le 2 mars 2012: « Accepter le vote des étrangers, c’est la porte ouverte au communautarisme. Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la nourriture halal dans les repas des cantines, ou réglementent les piscines à l’encontre des principes de mixité ». Deuxième pilier, le recours au référendum. En invoquant la perte de souveraineté, la droite assure que c’est aux Français et à personne d’autre de trancher la question. Cette demande a peu de chances d’aboutir.

Une question très souvent lancée, jamais tranchée
Le premier à avoir abordé la question est François Mitterrand en 1981. Accorder le droit de vote aux étrangers « vivant depuis plus de 5 ans sur le sol français » est la 80e proposition sur les 101. Réélu en 1988, Mitterrand capitule, regrettant que « l’état de nos moeurs ne nous (…) permette pas » de voter cette mesure.

En 2000, sous la houlette de Lionel Jospin, l’Assemblée nationale adopte un projet de loi, mais le Premier ministre renonce à le transférer au Sénat. La mesure est une nouvelle fois oubliée. En 2011, c’est l’inverse qui se produit. Le Sénat, qui vient de basculer à gauche, adopte le même texte présenté en 2000. Mais le texte n’est jamais mis à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.

Le contexte actuel
Pendant la campagne, François Hollande annonce son intention d’octroyer le droit de vote aux étrangers pendant son quinquennat. Nicolas Sarkozy s’y oppose fermement, après l’avoir défendu dans sa jeunesse. Le 17 septembre, 77 députés PS signent une tribune pressant le président de tenir sa promesse, la 50e. Ils réagissaient à la publication d’un article dans le Canard Enchainé indiquant que la mesure pourrait être enterrée. En Europe, 15 pays ont accordé le droit de vote aux étrangers.

Source: L’express

Le Vote des étrangers

Article issu du site  https://ledrenche.fr/

Pour ou contre le droit de vote des étrangers non communautaires ?

D’après un sondage fait par « LE DRENCHE : le journal de tous les débats  » 

  •  19148 votes 58%  Pour ceux qui sont pour le droit de vote des étrangers 

    La participation des étrangers aux élections permettrait une meilleure intégration sociale des populations immigrées vivant de façon régulière dans notre pays, qui contribuent au dynamisme de notre société, payent des impôts et sont impliquées dans l’économie nationale et locale, même si elles tiennent à conserver leur nationalité d’origine pour des raisons symboliques ou techniques. Leur soumission continue aux règles du pays devrait avoir pour compensation leur droit de participer directement ou indirectement aux décisions les concernant. La France de la Révolution permettait ainsi aux étrangers vivant sur le territoire de pouvoir voter et être élus. Les élections universitaires et du CROUS, par exemple, ne sont pas réservées aux seuls étudiants français mais bien à tout étudiant inscrit à l’université, même étranger. Les élections locales devraient donc être ouvertes à tous les habitants administrés de la collectivité, quelle que soit leur nationalité, et sans même avoir besoin de justifier une certaine durée de résidence qui ferait alors une distinction entre habitants français et étrangers. Ce principe devrait d’ailleurs valoir pour toutes les élections locales (rappelons que les étrangers communautaires sont étrangement exclus des élections départementales et régionales), et pour toutes les consultations locales décisoires ou non (réservées aux seuls nationaux, et aux européens pour les référendums municipaux). Droit de vote et d’éligibilité pour tous, au nom de la cohérence juridique. Par contre bien sûr, les actes qui engagent la souveraineté nationale (désignation des sénateurs, organisation des élections, actes comme officier d’état civil ou de police judiciaire) ne sauraient être ouverts aux étrangers élus, comme c’est d’ailleurs la règle pour les ressortissants européens.

     

  •    9409 votes 29% Pour contre le droit de vote des étrangers

    Cette question est un serpent de mer depuis 1977, et ne cesse de ressurgir à chaque échéance électorale, en 1981 par les « 110 propositions » de Mitterrand, en 2012 avec les « 60 propositions » de Hollande. 38 ans que ce sujet ponctue le débat public, avec pour vertu de donner vigueur aux extrémistes ! Force est de constater que cette proposition est en rupture flagrante avec notre tradition républicaine qui lie citoyenneté et droit de vote. Sur ce principe, la Déclaration des droits de l’Homme réserve le droit de vote aux seuls citoyens, seuls détenteurs de la souveraineté. En France, la citoyenneté vaut brevet de capacité électorale. Depuis que la nationalité existe dans notre Code civil, la citoyenneté en est indissociable. Du lien entre ces deux notions, découle le droit de vote. La citoyenneté est donc indivisible et ne peut être fractionnée par pure opportunisme politicien. Elle permet l’expression de la souveraineté nationale ! C’est dire que ce projet confiant un droit de vote à des étrangers est en parfaite contradiction avec les articles 3 et 88-3 de notre Constitution de 1958, qui sont d’une grande clarté : « (…). Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques. » et « sous réserve de réciprocité (…) le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales (sont reconnus) aux seuls citoyens de l’Union résidant en France. (…). » Permettre à des étrangers non-communautaires de jouir du droit de vote nécessite une modification substantielle de notre Constitution. C’est exactement ce que la Gauche a entrepris de faire par une initiative parlementaire d’octobre 1999, voilà 11 ans ! Et malgré les soubresauts de la gauche sénatoriale en 2011, il faut retenir qu’aucune modification constitutionnelle n’a pu aboutir suite à une initiative parlementaire : les 24 révisions adoptées depuis 1958 procèdent toute d’une volonté présidentielle. Au-delà des déclarations d’intention, une telle initiative est neutralisée et, compte tenu du contexte, F.Hollande ne pourra pas obtenir une majorité des 3/5ème du Parlement pour réformer la Constitution et je doute fort qu’une majorité de français se dégage d’un référendum pour reconnaître un droit de vote aux étrangers. Ce n’est pas une priorité ! 
    • Et Enfin 4445 votes 13% Pour les sans avis

      Nous pouvons remarquer que la majorité  penche pour le droit de vote des étrangers …

       

      Traore Makan

     

Le vote des étrangers

Article issu du site laviepublique .fr

Les droits des étrangers en France sont en partie les mêmes et en partie différents de ceux détenus par les citoyens français. On désigne ici par « étranger » toute personne ne possédant pas la nationalité française.

Les droits politiques (droit de vote et d’éligibilité) ne sont pas reconnus aux étrangers. Seuls les ressortissants des pays de l’Union européenne résidant en France ont le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et européennes. En France, ils ont pu participer au scrutin pour la première fois lors des élections européennes de 1999 et des élections municipales de 2001.

– Concernant l’accès à la fonction publique, les citoyens nationaux d’un pays membre de l’Union européenne et les ressortissants de la Norvège, de l’Islande et du Lichtenstein, des principautés d’Andorre et de Monaco et de la Suisse ont accès à l’ensemble des corps, cadres d’emplois et emplois de la fonction publique, à l’exception des emplois dits de souveraineté (diplomatie, défense…).

Les étrangers non européens ne peuvent pas, quant à eux, devenir fonctionnaires titulaires. Seuls les emplois de chercheurs des établissements de recherche, de professeurs de l’enseignement supérieur et de médecins des établissements hospitaliers leur sont ouverts.

Pour l’exercice en France des professions de médecin, de chirurgien-dentiste, de pharmacien ou de sage-femme, les candidats doivent satisfaire à des conditions de diplôme, d’inscription à l’ordre correspondant, et de nationalité (ressortissant français, andorran, d’un Etat de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen, du Maroc ou de Tunisie). En outre, des conventions ou accords internationaux peuvent permettre l’exercice d’une profession en France par un ressortissant du pays signataire, sous réserve de réciprocité ; c’est par exemple le cas pour la médecine avec la Centrafrique, le Congo (Brazzaville), le Gabon, le Mali, le Sénégal, le Tchad, le Togo, ainsi que Monaco.

– Les étrangers ne disposent pas non plus d’un droit reconnu aux citoyens français : le droit d’entrer et de séjourner sans conditions sur le territoire. Cette disposition a été précisée par le Conseil constitutionnel (décisions de 1993). L’entrée et le séjour des étrangers en France sont réglementés par l’ordonnance du 2 novembre 1945, modifiée à de nombreuses reprises depuis.

Les ressortissants de l’Union européenne bénéficient de conditions plus souples, puisqu’ils peuvent circuler et séjourner librement sur le territoire des États membres de l’Union.

– Dans d’autres domaines, les étrangers jouissent des mêmes droits que les citoyens français.

Par exemple, sous réserve de travailler de manière déclarée, les étrangers bénéficient des prestations de la Sécurité sociale (assurance maladie, indemnisation des accidents du travail, congés de maternité pour les femmes…).

Les étrangers sont électeurs dans les instances représentatives du personnel. Ils peuvent être élus délégués syndicaux. Ils peuvent être membres des comités d’entreprises et délégués du personnel. Ils sont électeurs mais non éligibles aux conseils des prud’hommes. Ils sont électeurs et éligibles dans les conseils d’administration des caisses de Sécurité sociale, les conseils d’administration des établissements publics gérant des logements sociaux (OPAC, OPHLM).

Ils peuvent être élus parents délégués et, à ce titre, participer aux conseils des écoles maternelles et élémentaires, ainsi qu’aux conseils d’administration des collèges et des lycées. Ils peuvent aussi participer aux instances de gestion des universités (la présidence de l’Université restant monopole national).

Les ressortissants de l’Union européenne ont le droit de voter pour désigner les assesseurs des tribunaux paritaires des baux ruraux et dans d’autres organismes agricoles. Mais seuls des Français peuvent être membres des chambres de commerce et d’industrie, des chambres d’agriculture et des chambres de métier.

Election présidentielle , limitation des mandats .

Agoravox.fr, article du 2 janvier 2008

Quel intérêt à la limitation du nombre de mandats ?

L’objectif avoué de toute limitation du nombre de mandats électoraux est d’éviter une dérive oligarchique du pouvoir. En limitant le nombre de mandats électoraux, on assure (en théorie) un renouvellement des personnes (et donc en théorie des idées).

Mais, en dehors de toute analyse lapidaire, quelles seraient les conséquences de l’adoption de cette proposition de M. Nicolas Paul Stéphane Sarkozy de Nagy-Bocsa, président de la République Française ?

Des avantages indéniables

Dès lors qu’on limite le nombre de mandats présidentiels, on évite la tentation courante en politique qui consiste à s’accrocher à son poste. L’éventuelle représentation de Jacques Chirac n’a été évitée que par la mainmise de l’actuel président sur le parti majoritaire, l’UMP, et sur sa popularité croissante dans la population française, gagnée grâce à un sens de la communication exceptionnel.
La limitation du nombre de mandats devrait alors éviter des dérives clientélistes et des mesures à application différée (exemples : réforme Balladur des retraites, suppression de l’exonération de redevance pour les retraités…).

La limitation du nombre de mandats présidentiels pourrait aussi assurer une certaine émulation au sein d’un même courant politique. En effet, même lorsqu’une personnalité se dégage par sa popularité écrasante, cela n’empêcherait pas d’autres personnes de continuer à travailler sur des projets politiques différents, en conservant un espoir réel de voir leurs idées écoutées (en pariant sur l’avenir, et sur le renouvellement présidentiel).
La limitation du nombre de mandats devrait alors permettre l’émergence de pensées originales, et d’éviter la domination écrasante d’une pensée majoritaire.
Limiter le nombre de mandats présidentiels pourrait aussi permettre de recentrer les débats électoraux sur les programmes et plus sur les personnes. On a vu les « TSS » (« Tout Sauf Sarkozy » et « Tout Sauf Ségolène« ) focaliser leur rejet de « l’autre camp » sur les personnes, en critiquant leur vie privée et non leurs actes politiques. Empêcher la capitalisation médiatique issue de la multiplication des mandats permettrait de voter non plus pour un candidat « qui a une bonne bouille », ou pour un candidat servant d’alternative à un repoussoir, mais bien sûr un candidat porteur d’un projet cohérent. A ce titre, d’ailleurs, plusieurs critiques existent sur le fait que limiter le nombre de mandats reviendrait à priver les électeurs du droit à réélire la même personne aussi souvent qu’ils le veulent. L’argument principal étant « s’il fait un bon travail, on le garde ». Mais, à mon avis, nul n’est si indispensable, si exceptionnel qu’aucun autre représentant de son courant de pensée politique ne pourrait le remplacer sur la base d’un programme similaire (par exemple, c’est bien un président issu de l’UMP qui a succédé à Jacques Chirac, qui n’était donc pas irremplaçable, ou de manière plus ancienne, Pompidou qui a succcédé à de Gaulle).
La limitation du nombre de mandats devrait alors recentrer la politique sur les programmes, en dissociant la poursuite d’un programme et la réélection de la personne ayant jusqu’ici appliqué ce programme.
Il est donc évident que cette limitation de nombre de mandats présente des atouts sérieux et réels. Mais faut-il pour autant en conclure que la proposition de limiter à deux mandats successifs est idéale ?

Une portée insuffisante ?
La proposition de l’ex-candidat de l’UMP porte sur un nombre de mandats successifs. Rien n’empêche donc un candidat de rester maître de son parti (et c’est bien ce que fait le président de la République française en ayant refusé l’élection d’un nouveau chef unique à l’UMP), en prévoyant un basculement à l’opposition après la fin du dernier mandat « successif » autorisé, et en tablant sur un retour ultérieur à la présidence (et c’est bien ce que fait Vladimir Poutine en Russie). Cet inconvénient va à l’encontre de l’émergence de personnalités et d’idées nouvelles, et diminue la portée du bridage du clientélisme.

De plus, la proposition porte sur le nombre de mandats, pas sur le nombre de candidatures. Or, pour éviter les dérives de type « pensée majoritaire », plus que la limitation en nombre de mandats, c’est la limitation en nombre de candidatures qui assurerait un réel renouvellement des idées, et des réponses aux attentes des électeurs, y compris dans les partis « d’opposition ». En évitant la multiple présentation d’un candidat (Arlette Laguiller, Jean-Marie Le Pen, François Bayrou, Jacques Chirac, François Mitterrand…), on favorise encore plus l’émergence d’idées nouvelles, en évitant une « capitalisation médiatique » sur l’image d’une candidate ou d’un candidat, et en permettant éventuellement à un même programme politique d’être amélioré par de nouvelles personnes.

En outre, la limitation du nombre de mandat à deux successifs présente également un désavantage, certes contestable ou mineur, c’est celui de l’affaiblissement du pouvoir présidentiel en fin de second mandat. En effet, n’ayant plus « l’espoir » d’être réélu (ou le risque de ne pas l’être), le président n’aura plus le pouvoir d’être à l’origine de politiques audacieuses : les parlementaires, sans la « carotte » que constitue un potentiel poste ministériel, seraient alors plus rétifs. Mais s’il s’agit d’un inconvénient, c’est cependant la contrepartie à la limitation d’un clientélisme possible. L’un ne va pas sans l’autre.
De même, toutes les dérives clientélistes peuvent se retrouver au cours du premier mandat, afin d’assurer une réélection : c’est bien la limitation à deux mandats qui ferait du premier mandat celui de tous les abus clientélistes, et cette limitation ne solutionnerait donc que très imparfaitement cette tendance partagée par tous les politiciens au clientélisme.

Enfin, cette limitation à deux mandats aura de plus un effet pervers si on se place dans une optique purement carriériste des hommes et des femmes politiques. En effet, lorsqu’un président, en fin de dernier mandat, observe une victoire probable du « camp opposé » politiquement, il sera tenté, en tablant sur les deux mandats à passer dans l’opposition par son parti, d’initier des politiques désastreuses et longues à « réparer ».

La limitation à deux mandats successifs présente donc des inconvénients équivalents en importance aux améliorations qu’elle apporterait.
Comment donc étendre les points positifs d’une telle proposition sans pour autant aggraver les points négatifs ?

Extensions possibles de la portée d’une telle réforme
NB : Ces extensions ne sont pas toutes compatibles entre elles.

  • Comme indiqué plus haut, l’un des inconvénients est que la limitation à deux mandats successifs est le fait qu’il ne change pas grand-chose à la situation actuelle si l’ex-président peut se représenter à nouveau en laissant un intervalle entre deux mandats. La limitation du nombre de mandats tout court (c’est-à-dire pas le nombre de mandats successifs) permet alors réellement le renouvellement des personnes et des idées.
  • De manière encore plus poussée, plus que la limitation des mandats, c’est la limitation du nombre de candidatures à une élection qui assure le renouvellement, pour l’ensemble des partis, des idées et des personnes, assurant ainsi une représentativité accrue.
  • Pourquoi limiter à deux ? Comme je l’ai indiqué dans la première partie, alors que certains disent que « si un dirigeant plaît au peuple qui veut le réélire, limiter le nombre de mandats prive le peuple de cette liberté de le réélire », je pense au contraire qu’aucun individu n’est si exceptionnel, si irremplaçable que personne, même dans son propre courant de pensée, ne serait capable de se faire élire en défendant les mêmes idées, pour peu que ces idées soient partagées par la majorité des électeurs. En fait, c’est bien là la tragédie de la politique française actuelle : l’identification d’une personne et d’un programme…
    Concrètement, il y a deux autres options possibles, à mon avis plus pertinentes que la limitation à deux mandats :

    • La limitation à un mandat unique. En effet, en limitant à un mandat unique, on conserve les avantages liés au principe de limitation du nombre de mandats. De plus, un président n’étant élu que pour un seul mandat n’aura jamais la tentation personnelle du clientélisme. Cependant, pour conserver les avantages liés à la continuité d’une politique cohérente, revenir sur un septennat pourrait accompagner cette limitation à un mandat (en conservant toutefois la durée de la députation inchangée) ;
    • Le statu quo (pas de limitation). Puisque la limitation à plusieurs (deux ou trois, ou autre) mandats, successifs ou non, ne permettrait pas forcément d’éviter les désavantages liés au système actuel « non limité », et que des inconvénients nouveaux pourraient apparaître, le statu quo « conservateur » (au sens du « principe de précaution ») reste une alternative crédible.
  • Les problèmes soulevés pour l’élection présidentielle sont en fait les mêmes pour tous les types d’élection. L’argument « s’il fait un bon travail, on le garde » est tout aussi peu pertinent dans le cas des autres mandats que dans le cas des mandats présidentiels. De fait, si on veut vraiment changer radicalement le système politique actuel, qui est de facto une oligarchie bureaucratique par cooptation, il faut assurer un renouvellement à tous les niveaux de ceux qui représentent les Français. Sans toucher à l’organisation du pouvoir en France, la simple limitation du nombre de mandats pour TOUS les mandats permettrait d’éviter les cumuls de mandats, permettrait le rajeunissement des responsables et des idées, permettrait de diminuer les possibilités de népotisme et de corruption.
    L’idée, donc, de limiter le nombre des mandats présidentiels va dans le bon sens, mais est insuffisante, et devrait être généralisée.

Une solution ?

Il est certes impossible d’envisager une réforme n’ayant que des avantages, mais il me semble que la proposition du président de la République est insuffisante en l’état, et que les avantages certains liés à l’idée même de limitation du nombre de mandats sont en fait annulés par la portée limitée de fait de la proposition telle que formulée.
La commission Balladur, en ne retenant pas cette limitation du nombre de mandats présidentiels successifs, a fait preuve de bon sens, et a donc avalisé le fait que cette proposition, pour courte qu’elle fût, nécessiterait une étude à part entière.

Il faudrait, pour bénéficier de tous les avantages de cette idée, étudier de manière approfondie, non partisane, non égoïste (i.e. disqualifie les cumulards, et les multiples réélus, souvent les mêmes d’ailleurs), la limitation de tous les mandats, la limitation du nombre de candidature. Une commission comme celle d’Edouard Balladur sur la réforme des institutions serait à même de le faire, mais, serait-ce vraiment l’intérêt des membres (de gauche comme de droite) de l’oligarchie bureaucratique par cooptation au pouvoir en France ?

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