plurilinguisme à l’école ?

Le plurilinguisme des élèves est-il pris en compte de la même façon suivant les contextes ? L’étude « Lire-écrire au CP, 2013-2014 » (Goigoux, Jarlégan, Piquée, 2015) met en évidence des disparités, et particulièrement la différence de perception des élèves plurilingues par les enseignants suivant que l’école se situe en milieu d’éducation prioritaire (EP) ou non. Véronique Miguel Addisu et Marie-Odile Maire Sandoz (2015, 68) en concluent ainsi :

« En EP, les élèves perçus comme plus fragiles sont donc plus souvent aussi connus comme plurilingues alors que hors EP, les élèves perçus comme les plus fragiles sont le plus souvent identifiés comme monolingues. » (« Apprendre à lire au CP dans une classe multilingue : le plurilinguisme des élèves comme ressource didactique ? », Repères, 52, 2015, p. 59-76)

Ça en dit long sur la hiérarchisation des langues notamment… Et en Amérique du Nord, quelles sont les perceptions au sujet du plurilinguisme des élèves ? Est-ce identique ? différent ? Pouvez-vous donner un exemple dans la classe où vous enseignez cette année ?

Une réflexion sur « plurilinguisme à l’école ? »

  1. Le plurilinguisme
    J’enseigne à l’école franco-américaine du Puget Sound à Seattle en tant qu’enseignante de Français Langue de Scolarité depuis 3 ans.
    Notre mission est de former nos élèves à exceller académiquement et à s’épanouir dans un environnement multiculturel français, américain et international.
    J’enseigne les élèves de la Grande section et de CP qui ne parlent pas français.
    Je travaille avec des petits groupes d’élèves (maximum 6) que je sors des classes sur des créneaux d’une heure par jour.
    La majorité des élèves qui sont à l’école sont issues de familles aisées et la majorité des parents ne parlent pas français.
    Certains des élèves avec lesquels je travaille sont bilingues, voir trilingues. J’ai l’exemple d’une élève qui parle anglais, espagnol et qui a commencé le français l’année dernière en grande section. A la maison, elle parle espagnol avec ses parents. Aujourd’hui, elle est parfaitement trilingue et n’a plus besoin de travailler avec moi puisqu’elle comprend et parle français. J’ai ainsi 3 autres élèves qui sont dans la même situation.
    Cependant, j’ai également des élèves qui sont à l’école depuis la petite section et qui sont aujourd’hui en grande section qui n’arrivent toujours pas à parler français.
    Mon constat pour ces élèves est qu’ils ne comprennent pas vraiment pourquoi ils doivent apprendre le français. Je pense qu’ils n’ont pas été intègre dans le « projet » des parents de les mettre dans une école française. J’incite souvent les parler à leur partager la raison du choix du français. L’école est donc le seul lieu où ils parlent français.
    J’ai l’exemple d’une élève qui n’arrivait pas à accrocher au français, elle ne parlait pas après 2 ans a l’école. J’avais alors proposé aux parents s’ils avaient la possibilité de visiter un pays francophone, ce serait peut-être déclencheur. Effectivement, l’opportunité s’est présentée à eu et ils sont allés 2 semaines en France. A son retour, je l’ai sorti de ma classe au bout d’un mois puisqu’elle commença enfin à parler français !
    Certains élèves qui sont en difficulté d’apprentissage le sont aussi bien en français qu’en anglais qui est leur langue maternelle. Il m’est déjà arrivée de recommander à certains parents de sortir leurs enfants du système au double curriculum qui semblait trop difficile pour eux et qu’ils aient l’opportunité de se consacrer uniquement à un seul curriculum.
    Voilà quelques pistes de discussions sur le plurilinguisme….

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