Grec: le sacrifice d’Iphigénie: textes et illustrations

Iphigénie à Aulis, Euripide

La prière d’Iphigénie: Vers 1210 à 1252

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Iphigénie à Aulis, mise en scène Ariane Mnouchkine, Théâtre du Soleil, 1990

IPHIGÉNIE.

Si j’avais, ô mon père, la voix d’Orphée, pour gagner les coeurs en chantant, pour me faire suivre des rochers et attendrir par mes paroles qui je voudrais, c’est à ce moyen que j’aurais recours. Mais, pour toute science, je t’apporte mes larmes : c’est tout ce que je puis. Le rameau de suppliante que je dépose à tes pieds, c’est moi-même, c’est le faible corps que celle-ci a mis au monde pour toi. Ne me fais pas mourir avant le temps : la lumière est si douce! ne me force pas de voir les ténèbres souterraines. Je suis la première qui t’aie appelé père, que tu aies appelée ta fille; la première, assise avec abandon sur tes genoux, je t’ai donné et j’ai reçu de toi de tendres caresses. Et tu me disais alors : « Te verrai-je, ma fille, heureuse au foyer d’un époux, vivre et briller dans un rang digne de moi? » Et je te répondais, suspendue à ton cou, pressant ta barbe, que ma main touche encore : « Et moi, que ferai-je pour toi? pourrai-je offrir à ta vieillesse, ô mon père, la douce hospitalité de ma maison, et te rendre les peines, les tendres soins que t’a coûtés mon enfance? » J’ai gardé le souvenir de ces paroles; mais toi, tu les as oubliées, et tu veux me faire mourir. Oh! non, par Pélops, par Atrée, ton père, par cette mère qui m’a jadis enfantée dans la douleur, et qui pour la deuxième fois aujourd’hui souffre pour moi la même torture! Suis-je pour quelque chose dans les amours de Pâris et d’Hélène? et parce que ce Pâris est venu en Grèce, faut-il donc que je meure, ô mon père? Tourne les yeux vers moi : donne-moi un regard et un baiser, pour que j’emporte au moins ce souvenir de toi en mourant, si tu ne te laisses pas fléchir par mes prières. Et toi, mon frère, tu n’es encore qu’un faible soutien pour ceux qui t’aiment; pleure cependant avec moi, et supplie notre père de ne pas faire mourir ta soeur : les petits enfants eux-mêmes ont quelque sentiment de nos misères. Vois comme, sans parler, il t’implore, ô mon père. Eh bien! épargne-moi : pitié pour ma vie ! Oui, par ce menton que je touche, nous t’en supplions, nous deux que tu aimes, lui, petit oiseau encore, et moi déjà grande. Je résume ma prière en ce seul mot, plus fort que tout ce qu’on pourrait dire :  la lumière est bien douce à voir, la nuit souterraine ne l’est pas. Insensé qui souhaite de mourir! Mieux vaut une misérable vie qu’une mort glorieuse.

La mort d’Iphigénie

Fresque retrouvée à Pompei dans la maison du poète tragique. Inspirée par un tableau du peintre Timanthe.

Cette fresque met en évidence la violence de la scène: Ulysse et Diomède entraînent Iphigénie de force vers le sacrifice. Agamemnon se cache la tête sous un voile et n’ose regarder la scène. Calchas (le vieillard barbu sur la droite) lui-même semble hésiter. Cependant l’apparition dans le ciel accompagnée de la biche présage l’intervention de la déesse et la substitution de l’animal à la jeune fille. Ainsi la divinité est finalement dégagée de toute responsabilité sanglante vis à vis d’Iphigénie

LA MORT D IPHIGENIE

I Eschyle, Agammemnon

Le Chœur : Alors, le Chef, l’aîné des Atréides, parla ainsi : il y a un danger terrible à ne point obéir, mais il est terrible aussi de tuer cette enfant, ornement de mes demeures, de souiller mes mains paternelles du sang de la vierge égorgée devant l’autel. Malheurs des deux côtés! Comment pourrais-je abandonner la flotte et mes alliés? Il leur est permis de désirer que ce sacrifice, le sang d’une vierge, apaise les vents et la colère de la Déesse, car tout serait pour le mieux.

Ayant ainsi soumis son esprit au joug de la nécessité, changeant de dessein, sans pitié, furieux, impie, il prit la résolution d’agir jusqu’au bout. Ainsi, la démence, misérable conseillère, source de la discorde, rend les mortels plus audacieux. Et il osa égorger sa fille afin de dégager ses nefs et de poursuivre une guerre entreprise pour une femme.

Et les chefs, avides de combats, n’écoutèrent ni les prières de la vierge, ni ses tendres supplications à son père, et ils ne furent point touchés de sa jeunesse. Et le père ordonna aux sacrificateurs, après l’invocation, d’étendre la jeune fille sur l’autel, comme une chèvre, enveloppée de ses vêtements et la tête pendante, et de comprimer sa belle bouche, afin d’étouffer ses imprécations funestes contre sa famille.

Mais, tandis qu’elle versait sur la terre son sang couleur de safran, d’un trait de ses yeux elle saisit de pitié les sacrificateurs, belle comme dans les peintures, et voulant leur parler, ainsi qu’elle avait souvent charme de ses douces paroles les riches festins paternels, quand, chaste et vierge, elle honorait de sa voix la vie trois fois heureuse de son cher père.

Dans cette représentation (un vase en provenance d’Apulie conservé au British Museum), le sacrificateur est ici Agamemnon, reconnaissable au sceptre qu’il porte. Apollon et Artémis sont figurés au dessus de la scène, comme figures protectrices.  Le peintre de ce vase a choisi ici une représentation clairement inspirée d’Euripide, représentation qui s’oppose absolument à la version précédente: Ici Iphigénie, debout, va d’elle-même vers l’autel, prête au sacrifice, ainsi que le fait l’héroïne d’Euripide qui affirme accepter la mort au nom de la lutte nécessaire des Grecs contre les Barbares (l’expédition vers Troie). La biche figurée derrière elle comme une sorte de double annonce le miracle du dénouement.

(Image extraite de l’ouvrage de Louis Séchan, Etude sur la tragédie grecque dans ses rapports avec la céramique, Honoré Champion, 1926)

II Euripide, Iphigénie à Aulis

LE MESSAGER.

Eh bien! chère maîtresse, tu sauras tout exactement. Je vais reprendre les faits à l’origine, à moins que ma mémoire ne se trouble et ne jette quelque confusion dans mon récit. Nous étions arrivés au bois sacré d’Artémis, fille de Zeus, au pré fleuri où l’armée achéenne était rassemblée. Aussitôt les Grecs accourent en foule. Au moment où Agamemnon voit sa fille s’avancer dans le bois pour y être immolée, il gémit, détourne la tête, [1550] et, pour cacher ses larmes, se voile le visage. Mais elle, s’approchant de son père, lui dit : « Mon père, me voici; je viens de mon plein gré, pour ma patrie et pour toute l’Hellade, m’offrir comme victime : conduisez-moi à l’autel de la déesse, puisqu’elle le veut ainsi. Puisse, grâce à moi, la fortune vous sourire, assurer la victoire à vos armes, et vous ramener au pays natal! Que nul Argien ne porte donc la main sur moi : je présenterai ma gorge en silence, et mon coeur ne faiblira pas. Elle dit, et tous, en l’écoutant, admirent sa grande âme et sa vaillance. Debout au milieu de l’assemblée, Talthybios, qui est chargé de cet office, commande à l’armée le recueillement et le silence. Le devin Calchas tire le glaive tranchant et le place dans la corbeille d’or au milieu des grains sacrés; puis il couronne le front de la jeune fille. Le fils de Pélée prend la corbeille en même temps que l’eau lustrale; il en arrose l’autel, dont il fait le tour, et s’écrie : « Fille de Zeus, divine chasseresse, toi qui roules dans la nuit ton astre brillant, reçois ce sacrifice que t’offrent les Grecs alliés et le roi Agamemnon; reçois le sang pur qui jaillira de la gorge de cette belle vierge, et accorde à nos vaisseaux une heureuse traversée, à nos armes la ruine de Troie! » Les Atrides et toute l’armée restent immobiles, les yeux baissés vers la terre. Le prêtre saisit le glaive, dit une prière, et examine l’endroit de la gorge où il doit frapper à coup sûr. Et moi, j’avais le coeur serré d’une poignante angoisse j’étais là, baissant la tête. Soudain, ô miracle! chacun entend distinctement le bruit du coup, et personne ne voit où a disparu la jeune fille. Le prêtre pousse un cri, que répète l’armée entière, au spectacle inattendu d’un prodige accompli par quelque dieu : on le voit, et l’on ne peut y croire. Sur le sol est étendue, palpitante, une biche de grande taille, d’une remarquable beauté, dont le sang arrosait à flots l’autel de la déesse. Alors Calchas s’écrie, je te laisse à penser avec quelle joie! « Chefs de cette grande armée achéenne, et vous, peuples, vous voyez la victime que la déesse a fait apparaître sur son autel, cette biche des montagnes. Elle l’agrée de préférence à la jeune vierge, pour ne pas souiller l’autel d’un sang généreux. C’en est la rançon, qu’elle accepte avec faveur; et maintenant elle nous accorde un vent propice et l’assaut d’Ilion. Que tous les matelots reprennent donc courage et courent à leurs navires. [1600] Il nous faut aujourd’hui quitter le golfe profond d’Aulis, et fendre les vagues de la mer Égée. Dès que la victime entière est consumée par la flamme d’Héphæstos, Calchas prie, comme il convient, pour l’heureux retour de l’armée. C’est le roi qui m’envoie pour te faire ce récit, et te dire quel sort ta fille a reçu des dieux en partage, quelle gloire impérissable parmi les Grecs. Pour moi, j’étais là, et je te le dis, parce que je l’ai vu : ta fille sûrement s’est envolée au séjour des dieux. Calme donc ta douleur et tes ressentiments contre ton époux. C’est quand les mortels s’y attendent le moins que les dieux leur manifestent leur volonté, et sauvent ceux qu’ils aiment. Ce jour a vu ta fille morte et vivante.

Agamemnon, d’ESCHYLE, mise en scène A. Mnouchkine, théâtre du Soleil, 1990, Le choeur

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