Latin, terminales: prologue de Phèdre (Sénèque)
samedi, février 27th, 2016Traduction et commentaire du prologue de Phèdre.
Tirade de Phèdre, vers 99 à 128.
Traduction et commentaire du prologue de Phèdre.
Tirade de Phèdre, vers 99 à 128.
Traduction
Sénèque, Entretiens, Lettres à Lucilius, édition établie par Paul Veyne, Collection Bouquin, Robert Laffont, 1993.
L’âme humaine est, en effet, par instinct active et portée au mouvement. Toute occasion de s’exciter et de sortir de soi lui est agréable, d’autant plus agréable que le caractère est mal en point et aime à se frotter à quelque chose qui l’occupe. Certains ulcères provoquent la main qui les envenimera et se font gratter avec délice; le galeux aime ce qui irrite la gale: on peut dire qu’il en est de même de ces âmes où les passions bourgeonnent comme de mauvais ulcères et qui trouvent une volupté à se tourmenter et à souffrir. N’y a-t-il pas pareillement des jouissances corporelles qui se doublent d’une sensation douloureuse, comme lorsqu’on se retourne sur le côté qui n’est pas encore fatigué et qu’on se remue sans cesse en cherchant une meilleure position? tel l’Achille d’Homère se couchant tantôt sur le ventre, tantôt sur le dos, et essayant successivement toutes les postures possibles. Et n’est-ce pas le propre de la maladie que de ne rien supporter très longtemps et de prendre le changement pour un remède? De là ces voyages que l’on entreprend sans but , ces allées et venues de rivage en rivage et cette mobilité toujours ennemie de l’état présent, qui tour à tour essaie de la terre et de la mer: « Vite! partons pour la Campanie ». Bientôt on en a assez des douceurs de la civilisation: « Visitons une région sauvage, explorons le Bruttium et les forêts de la Lucanie ». Mais dans ces solitudes, on soupire après quelque site riant, qui délasse un peu les yeux ravis du rude aspect de tant de lieux sans grâce: « En route pour Tarente, son port si vanté, son climat si doux l’hiver, et pour cette opulente contrée qui serait capable de nourrir sa population d’autrefois! Mais non, retournons à Rome: il y a trop longtemps que mes oreilles sont sevrées des applaudissements et du fracas de l’arène, et j’ai envie à présent de voir couler du sang humain ». Les déplacements succèdent aux déplacements, un spectacle en remplace un autre. Comme dit Lucrèce,
Ainsi chacun se fuit toujours
Mais à quoi bon, si on ne s’évite pas? On se suit soi-même, on ne se débarrasse pas de cette intolérable compagnie. Ainsi persuadons-nous bien que le mal dont nous souffrons ne vient pas des lieux, mais de nous, qui n’avons la force de rien supporter: travail, plaisir, nous-mêmes, toute chose au monde nous est à charge. Il y a des gens que cela mène au suicide: comme leurs perpétuelles variations les font tourner indéfiniment dans la même cercle et qu’ils se sont rendu toute nouveauté impossible, ils prennent en dégoût la vie et l’univers et sentent monter en eux le cri des coeurs que pourrit la jouissance: Eh quoi! toujours la même chose! ».
Nathaniel Dance Holland (1766)
La rencontre de Didon et d’Enée
Londres, Tate Gallery
Commentaire
Avec l’Enéide, Virgile inscrit la littérature latine dans la continuité d’Homère et crée la grande épopée fondatrice de Rome: sur le conseil des Dieux, le troyen Enée abandonne la ville détruite, pour fonder une autre cité, appelée à dominer le monde méditerranéen, Rome. Les six premiers livres, à l’imitation de l’Odyssée, évoquent ses errances, tandis que les six derniers décrivent ses combats pour s’installer dans le Latium, combats qui rappelent l’Iliade. Quant à l’escale du héros à Carthage et à la passion de Didon à son égard, elles permettent d’expliquer de façon mythique la longue rivalité historique qui a opposé les deux états. L’arrivée d’Enée est donc un moment essentiel et les quatre vers proposés ici mettent en présence les protagonistes dans une perspective originale où le héros ne semble pas celui qu’on croit.
Voici les documents qu’il convient d’imprimer et de ne pas oublier pour le voyage:
1) Visite du site d’Ostie: OSTIE
2) Visite du musée archéologique: Museo Massimo alle terme
3) Musées du Vatican, place Navone (Piazza Navona!)Jour1 et Jour 3
4) Visite du Forum, du Palatin et du Colisée Forum et palatin
5) Visite de l’Ara Pacis L’Ara pacis et cie
Les guerres puniques
I La première guerre punique:
Manger à Rome
Comment se déroule le repas ? On commence par la gustatio, qui correspond à nos hors-d’oeuvre ; elle est composée le plus souvent d’oeufs, de verdure, de légumes ou, dans les repas plus chics, de crustacés, d’huîtres et de coquillages. La « gustatio » est suivie de la prima mensa : celle-ci est constituée d’un ou plusieurs services selon l’importance du repas. Entre chaque service, on essuie le bois ou le marbre de la table ; sous l’Empire apparaît l’usage de la nappe (mappa). Enfin vient le dessert (secundae mensae) : fruits, sucreries ou patisseries confectionnées à la maison .
http://www.antiquite.ac-versailles.fr/aliment/alimen06.htm
Hérissons de mer (oursins)
La mort de Néron
de « Inter moras perlatos a cursore Phaonti codicillos » à usque ad horrorem formidinemque visentium ».
Traduction: (proche du texte, pas très élégante en français)
Au milieu de ces retards, il arracha la lettre apportée par son messager, Phaon, lut qu’il avait été déclaré ennemi public par le sénat et qu’il était recherché, afin d’être puni selon la coutume, et demanda quel était ce genre de châtiment. Et alors qu’il avait découvert que la nuque d’un homme était placée sur une fourche et que le corps était frappé par des fouets jusqu’à la mort, terrifié il saisit deux poignards qu’il avait apportés avec lui, et ayant essayé leur tranchant, il les cacha à nouveau, prétextant que l’heure fatale n’était pas encore là. Et tantôt il exhortait Sporus à commencer à se lamenter et à pleurer, tantôt il priait que quelqu’un par son exemple l’aide à accepter la mort. Parfois il blâmait sa lâcheté par ces paroles: “je vis indignement, honteusement, c’est indigne de Néron, c’est indigne; il faut du sang froid dans de pareils moments, allons, réveille-toi!”. Déjà approchaient les cavaliers à qui il avait été ordonné de s’en saisir vivant. Dès qu’il comprit cela, après avoir dit avec des tremblements “le galop des chevaux aux pieds rapides frappe mes oreilles”, il s’enfonça le fer dans la gorge, avec l’aide Epaphroditus, le maître des requêtes. A moitié vivant, comme un centurion faisait irruption jusque là et qu’il faisait semblant de lui porter secours, en ayant déposé un manteau sur la blessure, il ne répondit rien d’autre que “Trop tard”, et “Voilà de la loyauté”. Et il mourut à cette parole, les yeux exorbités et figés au point de susciter l’horreur et l’épouvante de ceux qui le voyaient.
Introduction:
Avec le soulèvement de Vindex en Gaule en mars 68, puis celui de Galba et d’Othon en Espagne et au Portugal, Néron se voit abandonné peu à peu. Si les armées de Vindex sont vaincues en mai, au mois de juin, le 8, le Sénat proclame Galba, empereur. Néron que Suétone jusque là nous avait présenté comme peu inquiet et enclin à prendre des résolutions contradictoires prend conscience de la gravité de la situation. Les appuis qu’il recherche à Rome cèdent: chacun le fuit et semble lui conseiller la mort. Il finit par se réfugier chez l’un de ses affranchis, Phaon.
De quelle manière Suétone évoque-t-il les derniers instants de Néron? La noblesse d’un empereur et l’influence du stoïcisme feraient espérer un suicide courageux, « à la romaine » si l’on peut dire, dans la droite ligne des philosophes qui choisissent devant l’adversité une mort digne et héroïque. Il n’en est rien ici. Néron meurt comme un histrion, avec tout l’aspect péjoratif de ce terme, l’empereur joue ici son dernier spectacle, et sa lâcheté foncière n’en est que plus évidente.
Peter Ustinov dans le rôle de Néron, Quo vadis, 1951, Mervyn LeRoy
Chapitre 38
De « Sed nec populo aut moenibus patriae perpercit » à « census prope exhausit »
Traduction:
Mais il n’épargna ni le peuple ni les murailles de sa patrie; Quelqu’un disant dans une conversation banale “Qu’après ma mort la terre disparaisse dans le feu”, “mais non!”, dit-il, “que cela soit de mon vivant”, et il a complètement agi ainsi. Car presque offensé par la laideur des vieux édifices et par l’étroitesse et la sinuosité des rues, il incendia la ville si ouvertement que la plupart des consulaires ne touchèrent pas à ses serviteurs arrêtés sur leurs propriétés avec de l’étoupe et une torche, et que quelques magasins autour de la maison Dorée, dont il désirait très vivement l’espace,furent détruits et enflammés par des machines de guerre, parce qu’ils avaient été construits avec un mur de pierre. Pendant six jours et sept nuits, ce fléau fit rage,la plèbe ayant été poussée vers les abris des monuments et des tombeaux. Alors, outre un grand nombre d’immeubles, brûlèrent les demeures des anciens chefs, encore ornées des dépouilles prises aux ennemis, les temples des dieux voués et consacrés depuis les rois, et ensuite les guerres puniques et gauloises, et tous les glorieux monuments dignes d’être vus, qui avaient perduré depuis l’antiquité. Regardant cet incendie depuis la tour de Mécène, et réjoui par la beauté de la flamme comme il disait, il déclama la prise de Troie dans son costume de scène. Et de peur qu’à partir de là aussi il ne s’empare d’autant de butin et de profit qu’il pouvait, ayant promis l’enlèvement gratuit des corps et des débris, il ne permit à personne de s’approcher des restes de ses biens. Et des impôts ayant été non seulement reçus mais vivement sollicités, il épuisa presque les provinces et les fortunes des particuliers.
Introduction
L’évocation de l’incendie de Rome apparaît chez Suétone comme l’aboutissement des crimes néroniens. Après avoir mentionné la débauche de l’empereur, sa cupidité, après avoir raconté les meurtres de Claude, de Britannicus et d’Agrippine, après avoir mentionné la mort d’Octavie et de Poppée, et rappelé les autres personnages qu’il a fait mettre à mort, l’historien fait de cet incendie le plus grave des crimes commis, et de fait son texte a suffisamment marqué les esprits pour qu’aujourd’hui encore dans l’imagerie populaire l’incendie de juillet 64 soit imputé à Néron, alors même que les historiens s’accordent à dire que celui-ci fut accidentel.
Laocoon et ses fils (Musées du Vatican)
Sculpture retrouvée près de la Domus Aurea
L’incendie était un risque connu à Rome depuis longtemps et Auguste avait créé un corps de vigiles pour lutter contre ceux-ci. Cet été là, le feu qui s’était déclaré du côté du grand cirque se propagea d’abord pendant 7 jours. Une accalmie suivit, mais des foyers reprirent ensuite, et au final, Rome brûla pendant 9 jours. Sur les 14 « régions » que comptait la ville, 3 furent entièrement détruites et 7 subirent des dommages importants. Seules 4 de ces régions furent épargnées. 200 000 personnes se retrouvèrent sans logement. L’ampleur de la catastrophe a très vite conduit à chercher des « responsables ». Pour l’historien, la responsabilité de l’empereur n’est pas discutable.
Comment s’y prend-il pour appuyer cette thèse qui achève de donner à l’empereur l’image d’un véritable monstre ?
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