Comment améliorer l’enseignement des maths au collège ?

Faut-il changer la méthode d’enseignement des mathématiques au collège ? Oui, répond le ministre de l’Éducation nationale, qui vient de lancer une réflexion sur leur enseignement. Il souhaite les rendre plus concrètes en s’inspirant notamment de la fameuse méthode Singapour.

Maths au collège : des résultats « calamiteux »

C’est un paradoxe : alors que nos mathématiciens raflent régulièrement les médailles Fields – l’équivalent du prix Nobel de mathématiques – nos élèves seraient les moins bons d’Europe dans cette matière, selon les études internationales.

« Ces résultats sont en effet calamiteux » déplorait, il y a tout juste un an[1], le mathématicien Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields. Désormais député de l’Essonne, il est chargé par le gouvernement d’améliorer l’enseignement des mathématiques.

Ainsi, selon les résultats d’une étude récente[2] portant sur le niveau de 8 000 collégiens de 3e, un cinquième d’entre eux serait incapable de résoudre des problèmes de niveau CM2 ou début de 6e ! Pire, leur niveau régresse d’année en année puisque la proportion d’élèves très faibles est passée de 15 % à 20 % en six ans. Au-delà du collège, c’est tout un ensemble qu’il faut revoir puisque les écoliers français seraient également les plus mauvais de l’Union européenne en mathématiques[3].

Bien décidé à réagir, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, souhaite généraliser la méthode Singapour en primaire, mais aussi s’en inspirer au collège.

Cédric Villani

Rendre les pédagogies plus concrètes

Depuis quelques années, il existe un véritable engouement pour cette méthode qui prouve son efficacité à chaque nouvelle publication des résultats des évaluations internationales, Singapour se classant régulièrement aux premières places depuis 1995.

Dans les années 1980, la cité-État avait fait de l’enseignement des mathématiques une priorité nationale car elle avait besoin d’ingénieurs. Cette méthode est le fruit d’une recherche synthétisant tout ce qui fonctionne en didactique des mathématiques.

L’idée principale est de rendre les mathématiques plus concrètes afin que les élèves donnent davantage de sens à leurs apprentissages. L’utilisation de la fameuse corde à 13 nœuds, permettant d’obtenir des angles droits parfaits, ses applications en maçonnerie, constituent par exemple une entrée pour l’étude du théorème de Pythagore.

En France, l’enseignement des mathématiques est jugé trop théorique, comme si on apprenait le solfège à des élèves sans jamais leur faire écouter ni jouer de musique. Au contraire, la méthode Singapour associe les dimensions techniques et concrètes pour apprendre aux élèves à raisonner. Il s’agit de montrer que les mathématiques sont présentes dans la vie quotidienne pour retenir leur attention, en insistant sur la dimension visuelle pour favoriser une meilleure compréhension.

Ces pédagogies dites explicites constituent-elles pour autant une panacée ? Sans doute pas si, comme le précise Cédric Villani, leur mise en place ne s’accompagne pas d’une véritable formation des enseignants et, chez les élèves, d’une valorisation des études et de l’idée que s’améliorer est possible en travaillant. Sur ce point, différentes études ont montré que la méthode Singapour permet aux élèves de réellement progresser quel que soit leur niveau. C’est encourageant.

Et pour Cédric Villani, impossible de faire l’impasse sur les mathématiques dans notre société actuelle. « L’importance des mathématiques ne cesse de croître, analysait-il pour Sciences et Avenir. Cette tendance a été décuplée par l’invention des ordinateurs, machines permettant de réaliser n’importe quelle opération et mettre ainsi en œuvre une infinité de constructions mathématiques. »

[1] Sciences et Avenir, janvier 2017.

[2] Le Parisien, mai 2015.

[3] Étude internationale Timss, fin 2016.

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