Mon année sans notes, un fiasco !

Evaluation compétences

Certains rejettent ce nouveau système d’évaluation en bloc, beaucoup restent dubitatifs, quelques-uns s’y sont lancés corps et âmes. Pour ma part, naturellement attirée par les innovations pédagogiques, j’ai fait disparaître les notes de mes pratiques l’année dernière. Depuis, j’ai fait marche arrière car malgré la meilleure volonté du monde, j’avoue faire preuve d’incompétence.

Retour sur un fiasco.

Evaluation compétences

Le changement c’est maintenant !

Notre « ancien » système avait ses limites en encourageant les élèves au bachotage plutôt qu’à une véritable réflexion ou en les stigmatisant lorsqu’ils étaient mal notés. Sans parler du ronron en classe. J’ai donc accueilli la réforme avec enthousiasme : l’évaluation positive va les motiver et dynamiser mes cours ! C’est décidé, j’intégrerai le fameux socle dans ma pratique.

J’établis donc une une feuille de route pour y parvenir :

  1. Me familiariser avec ce jargon officiel et apprendre par cœur (et oui…) l’intitulé et le contenu des fameuses compétences à évaluer ;
  2. Adapter ma progression et mes séances ;
  3. Intégrer les compétences dans ma pratique et mon discours aux élèves, aux parents et aux collègues (par ordre croissant de difficulté).

Chacune constitua un chemin de croix : comment évaluer 140 élèves sur « Raisonner », « Chercher », « Représenter », « Modéliser », etc. ? Pire : « Savoir faire appel à des outils variés pour améliorer son texte ». Et l’année fut la plus longue de ma carrière.

Marche arrière toute !

Après une année sans notes en 6e, et avec le recul, il faut bien l’avouer, je ne comprends rien à l’évaluation par compétences. Je repasse donc au système traditionnel qui, malgré ses défauts, présente l’avantage d’être juste, clair et compris de tous. Depuis, une certaine rigueur de travail s’est aussi réinstallée dans mes classes.

Côté élèves j’y vois deux avantages : ils repèrent mieux leur niveau et travaillent davantage.

Sans doute car l’évaluation par compétences n’incite pas à passer de 16 à 19 de moyenne, par exemple, car dans les deux cas les compétences sont acquises.

Mais aussi car les parents comprennent mieux les attentes. Sans caricaturer, certains venaient m’interroger : alors, il est bon en maths ou pas ? Il progresse ? Il a mérité sa tablette ? Au cours d’une rencontre un couple m’a expliqué très franchement que face à ce flou artistique « pour se rassurer », ils avaient préféré inscrire leur enfant au site de cours de soutien en ligne  Kartable .

Beaucoup d’énergie gaspillée

Finalement, au cours de cette année sans note, j’ai passé énormément de temps à faire de la pédagogie auprès des parents. Ou plutôt à me justifier. Ou plutôt à justifier un système défini par des têtes pensantes du ministère. Bref, beaucoup d’énergie gaspillée pour répondre aux lubies de l’institution, alors que j’en oubliais l’essence de mon métier : faire progresser mes élèves de 6ème en mathématiques.

Après tout, ce n’est pas parce qu’on ne met pas la moyenne à un élève qu’on est « malveillant ». Comment le faire progresser sans lui signifier clairement qu’il doit se retrousser les manches en pointant ce qui ne va pas ? On apprend surtout de ses erreurs.

La division en CE2 ?

Division au ce2

Une nouvelle fois, les programmes de mathématiques en école primaire risquent d’être chamboulés par le ministre de l’Education Nationale.

Dans un entretien à l’Express daté du 13 septembre 2017, le ministre revient sur un des éléments qu’il avait déjà souligné auparavant dans son livre (fort instructif au demeurant !) « L’Ecole de la Vie ».

Les mathématiques le plus tôt possible

Dans le souci de « lutter contre les inégalités », Jean-Michel Blanquer à la conviction qu’il faut pousser l’apprentissage des mathématiques « classiques » dès les classes primaires. En effet, le cerveau de l’enfant serait bien plus adapté à l’apprentissage à son plus jeune âge. L’objectif est donc d’arriver en fin de CE1 à la maîtrise des quatre opérations. L’enseignement des fondamentaux du calcul serait donc renforcé dès les deux premières années de scolarité. Ce qui revient à rajouter la division au programme du CE1, alors qu’elle n’est prévue actuellement qu’à partir du niveau CE2. Il semble que le ministre ne fasse pas la différence entre la résolution d’un énoncé de problème, et le fait de savoir poser des opérations en colonnes. D’après une universitaire réputée en mathématiques (Christine Chambris pour ne pas la nommer), cette réflexion paraît compliquée à acquérir pour des enfants de moins de huit ans.

division au ce2

La division complexe

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Michel Lussault, président du conseil supérieur des programmes, précise que « la division est une opération très complexe, qui suppose une parfaite maîtrise du dénombrement, du principe des autres opérations ». Il serait donc vraiment prématuré d’enseigner la division dès le CE2. Je crois que se préoccuper de la maîtrise des quatre opérations à la fin du CE2, c’est occulter la place d’un enseignement de sensibilisation globale à la réflexion mathématique. Il est possible de faire progresser l’apprentissage des maths en primaire en sensibilisant les classes à l’Histoire des Sciences, des découvertes fondamentales, sans se focaliser sur l’apprentissage systématique des phénomènes de calcul. Apprendre le mécanisme de calcul de la division ne créera pas une nouvelle génération de mathématicien.

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