Assiste-t-on à un retour de l’impérialisme russe ?

L’impérialisme est une politique de conquête et de domination territoriale et comprend les doctrines et les pratiques pour établir cette domination. Il peut être directe (politique, militaire, colonisation) ou indirecte (économie, influence) et s’étend sur d’autres territoires. Assiste-t-on à un retour de l’impérialisme russe, notamment depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir ?

Pourquoi parle-t-on d’un « retour » ?

Après l’effondrement du tsarisme en 1917 en Russie, Lénine prend le pouvoir et installe un régime communiste en URSS. Il se dit profondément anti-impérialiste car, pour lui, le concept d’« impérialisme » viendrait directement du capitalisme. Or, l’URSS à cette époque est un pays communiste qui s’oppose aux idéaux capitalistes.

Cependant nous pouvons contester cet anti-impérialisme en nous appuyant sur plusieurs exemples.

Tout d’abord, quand le gouvernement tchécoslovaque tente de s’écarter du modèle soviétique dans la construction du socialisme en 1968, l’URSS occupe son pays et le contraint à revenir en arrière.

Ensuite, le pays lance une campagne de propagande et apporte une aide aux différents peuples colonisés en Afrique et en Asie dans leur lutte pour l’émancipation et l’indépendance dans les 1950-1970. En effet, le mouvement communiste prend position contre l’impérialisme et le colonialisme européen.

Enfin, le 12 avril 1961, Youri Gagarine devient le premier homme à aller dans l’espace. L’URSS montre alors sa supériorité technologique et économique en particulier aux Etats-Unis.

Ainsi nous constatons que l’URSS, malgré le fait qu’elle soit communiste et « anti-impérialiste », mène une politique de conquête et de domination territoriale directe et indirecte.

L’impérialisme russe de nos jours

Au niveau politique, la Russie mène une campagne de propagande contre l’Union Européenne qui a été dénoncée par le Parlement Européen en novembre 2016.

Du côté militaire, elle lance une intervention en Syrie en 2015 qui, officiellement, doit lutter contre Daech. En réalité, les missiles envoyés sont ciblés sur les groupes rebelles opposés au régime de Bachar-Al-Assad, alors aidés par les États-Unis. Plus récemment, la Russie envahit l’Ukraine en l’accusant de commettre un génocide. Nous pouvons également parler d’une tentative de colonisation avec cette invasion en Ukraine.

Toutes ces doctrines et pratiques pour établir une domination sont directes car elles relèvent du domaine politique, militaire ou encore de la colonisation.

© Chappatte dans Le Temps, Genève. 16/08/2022.

La Russie tente d’exercer une domination indirecte notamment sur le plan économique. En effet, elle est le premier fournisseur en gaz naturel des pays de l’Union Européenne car elle possède une économie de rente. Une économie de rente désigne une économie basée sur une entrée de revenus liée à l’exportation d’une ou de plusieurs ressources. Celle de la Russie se base principalement sur ses exportations de ressources fossiles comme le gaz et les minerais. Ainsi, la Russie possède un moyen de pression sur les pays qui lui achètent le gaz et peut également menacer de couper son gaz. On appelle cela la « guerre du gaz ».

Enfin, la Russie cherche à avoir une certaine influence culturelle. Par exemple, en 2018, le pays organise la coupe du monde de football et peut donc montrer son « soft power ». Le « soft power » est le principe de l’imposition d’un modèle à suivre par des moyens non coercitifs, mais culturels, idéologiques ou diplomatiques.

Tous ces exemples nous amènent à penser que nous nous assistons à un retour de l’impérialisme russe.

Zareena