Nous formulons l’hypothèse que les innovations socio-techniques du techno-capitalisme peuvent conduire à réinterroger en profondeur ce qui défini un mouvement d’émancipation sociale et son rapport avec l’humanisme moderne.

1) Première étape des mouvements d’émancipation : Contre le tyran.

L’émancipation est comprise comme la revendication d’hommes blancs propriétaires à ne pas subir l’autorité d’un tyran et à pouvoir se gouverner eux-mêmes.

2) Deuxième étape des mouvements d’émancipation : Contre les rapports sociaux de pouvoir.

a) L’émancipation est le fait pour les prolétaires de s’émanciper du joug des propriétaires.

b) L’émancipation des esclaves et des colonisés contre leurs oppresseurs.

c) L’émancipation des femmes contre l’oppression du groupe social des hommes.

d) La lutte des personnes handicapées contre le système validiste dont tirent privilèges les valides.

e) La lutte des personnes LGBTQI+ contre les oppressions qu’elles subissent.

Ces mouvements d’émancipation sont pensés à partir d’une structure commune :

– un rapport d’oppression entre deux groupes sociaux.

– la revendication d’un groupe social à s’émanciper par lui-même.

3) Les cas limites :

a) La lutte contre l’adultisme : Peut-on penser la lutte contre la domination adulte sur le modèle d’une lutte d’émancipation menée par des adultes ?

b) Le handicap: Cette situation peut-constituer un cas limite aussi dans le cas de personnes qui sont placées sous tutelle. La société dans ce cas leur déni, dans une certaine mesure, la capacité à revendiquer par elles-mêmes.

c) L’anti-spécisme : Peut-on penser les luttes animalistes sur le modèle de l’auto-émancipation ?

d) L’écologie : Peut-on penser les luttes écologiques comme un rapport social d’oppression ?

4) Cas fictionnel : Le robot.

Le robot vient interroger la possibilité de l’existence d’un non-humain qui revendique son auto-émancipation et une personnalité juridique ?

Un problème se pose relativement à une telle revendication nous ne savons pas prouver ce qu’est la conscience. Peut-on distinguer une simulation de conscience et une conscience véritable ?

5) Problème philosophique :

a) Il est possible de dire que la première modernité est celle de la proclamation de droits de l’homme (mais qui ne sont pas réellement des droits humains).

b) La deuxième étape est celle de l’élargissement des droits de l’homme aux droits humains. On peut parler de deuxième modernité ou modernité critique.

c) Il s’agit de savoir si nous devons dépasser cette deuxième étape en luttant contre l’exceptionnalisme humain.

Position 1 : Les droits humains ont été difficiles à conquérir  et ne sont pas encore toujours concrétisés. Leur remise en cause pourrait conduire à fragiliser les groupes humains les plus opprimés.

Position 2 : Il faut combattre l’exceptionnalisme pour intégrer les droits des non-humains (animaux, écosystèmes, robots…). La Position 2 peut-être qualifiée de posthumanisme.

Se pose dans ce cas le problème de savoir sur quelle base philosophique et juridique peut être combattu l’exceptionnalisme humain. Les positions 1 et 2 posent soulèvent beaucoup de problèmes. L’objet de cette recherche sera de les explorer.

6) Cartographie des positions :

– On peut trouver des partisans de l’humanisme moderne comme du posthumanisme du côté des technocapitalistes.

– On peut trouver des partisans de l’humanisme moderne comme des posthumanistes du côté des opposant*s aux technocapitalistes.

De ce fait, cette question de la détermination des opprimés entre humains, non-humains et post-humains pourraient devenir un enjeux prépondérant des mouvements d’émancipation.