Commentaire-méditation philosophique:

Le selfie renvoie à une pratique, apparue au début du XXIe siècle, qui consiste à se prendre soi-même en photographie avec un smartphone. Certains y voient la marque de la superficialité et du narcissisme individualiste propre à notre société de la modernité tardive, d’autres y voient au contraire une pratique de nos contemporains relatifs à la production de soi par soi de son identité propre. Pourtant l’image qui nous est présenté, n’est pas un selfie. Mais elle interroge indirectement la pratique du selfie comme réflexion sur l’identité du sujet.

Dans le collage Selfie, il existe une mise en abyme. Le personnage semble être une touriste qui prend une photo dans un décors urbain pittoresque évoquant une ville touristique de style italien.

Or ce n’est pas ce qui est pris en photo par le personnage qui constitue l’objet de la photographie, mais la personne qui prend la photographie. Mais, ici cette personne est elle-même perçue à travers des photographies de smartphones qui constituent une sorte de portrait cubiste de la personne qui est prise en photographie.

La photographie revisite le thème du portrait de l’artiste en train de produire une image. Là le sujet est photographié en train de photographier. Mais cette mise en abyme est elle même reprise à travers le contraste entre l’appareil photographique traditionnel du personnage et le smartphone qui l’a désormais supplanté.

Le personnage est présent dans la photographie, mais caché derrière d’autres photographies qui sont celles de plusieurs smartphones qui permettent de reconstituer par association l’image du sujet.

Ce qui est donné à voir ici à travers la thématique moderne du portrait qui réfère à l’identité d’un sujet stable, c’est la pluralité des images, qui réfèrent à l’éclatement postmoderne du sujet qui est saisi et reconstitué à travers plusieurs perspectives, mais n’est jamais donné directement dans sa réalité matérielle. Nous n’avons plus à faire à la réalité, mais à des représentation iconiques de la réalité (Baudrillard)

Commentaire-méditation philosophique:

Le collage Vanité repart de la base de la mise en abyme du portrait de la photographe qui est photographiée en train de se photographiée. De nouveau, cette image est médiatisée par la présence de smartphones. Mais cette fois, le contraste n’est pas seulement entre l’appareil photographique et les smartphones, mais aussi entre la couleur de l’image et le noir et blanc des smartphones.

Le sujet de l’image, la photographe, n’apparaît qu’à travers son image dans le smartphone. C’est celui de l’image d’une jeune femme.

Les autres images de smartphone reprennent la thématique de la peinture classique du XVIIe siècle, de la vanité, qui rappelle au moi qu’il est mortel. L’ensemble compose un quadriptyque classique : l’enfant, la jeune fille, la vieille femme et la mort. Ces éléments rappellent le temps, les âges de la vie avec l’innocence de l’enfance, avec le rappel du temps qui s’écoule inexorablement vers la vieillesse et de la mort.

La thématique de la vanité constitue à l’époque classique un rappel face aux divertissements et à un attachement trop grand à l’amour propre et à la beauté éphémère de la jeunesse.

Ici la photographie du selfie n’apparaît plus comme une réflexion sur l’éclatement postmoderne de l’identité, mais comme un rappel des thématiques des anciens, s’inscrivant dans une tradition stoicienne, face à l’émergence du moi moderne tel qu’il apparaît dans Les essais de Montaigne.