L’étrange crime et le dilemme

L’auberge rouge est une nouvelle d’Honoré Balzac parue en 1831 et incluse dans les « Etudes philosophiques » de la Comédie Humaine.

L'Auberge rouge, 1831

Source: https://www.leslibraires.fr/livre/1220050-l-auberge-rouge-1831-honore-de-balzac-nathan

Un repas est organisé par un banquier de Paris en l’honneur d’un ami allemand, monsieur Hermann. Le narrateur est assis à côté de la fille du banquier, en face d’un personnage étrange qui semble d’ailleurs, à plusieurs reprises, au bord de la crise de nerfs. Durant le repas, une fois l’atmosphère détendue, la fille du banquier demande à monsieur Hermann de leur raconter une histoire de son pays qui pourrait les faire frissonner. Il choisit de raconter une histoire vraie dans laquelle deux jeunes chirurgiens militaires, enrôlés dans l’armée lors de l’occupation par les armées françaises des bords du Rhin, le 20 octobre 1799, font un soir escale dans une auberge. Cette nuit sera mémorable puisqu’un riche marchand sera retrouvé mort et l’un des deux français se retrouvera dans une situation que l’on peut qualifier de délicate. Lorsque le récit de monsieur Hermann se termine, le narrateur fera une découverte et celui-ci, ayant un faible pour la fille du banquier de Paris, sera face à un dilemme moral qu’il pourra lui seul trancher. Il devra en effet choisir entre la femme qu’il aime et l’éthique et la justice !

Un vrai coup de cœur !

J’ai vraiment apprécié le fait que, même si l’on se doute assez rapidement de l’identité de la personne ayant commis le crime, l’histoire reste tout de même passionnante. En effet, dans le récit de monsieur Hermann, les personnages sont dans l’incompréhension la plus totale mais un parallèle avec le repas va se faire et cela va devenir très intéressant.

J’ai aussi énormément aimé le style d’écriture de Balzac qui lui est très propre et qui permet au lecteur d’être pris par un réalisme saisissant. A cela s’ajoute un néologisme que l’on peut retrouver dans les œuvres de Balzac. Ici il n’y en a qu’un et c’est « l’inexpériente » qui veut dire « sans espérance de vie » –  mais cet unique mot m’a suffit pour être intrigué. En effet, ce mot m’a donné envie de continuer à lire L’Auberge rouge puisque, comme évoqué précédemment, ce néologisme appartient à Balzac et nous ne pourrons retrouver un mot pareil que dans ce bouquin. Il y a aussi le fait qu’il décrive beaucoup et n’hésite pas à pousser les descriptions pour les rendre les plus réalistes possibles comme dans la scène du crime: « La tête du pauvre Allemand gisait à terre, le corps était resté dans le lit. Tout le sang avait jaillit par le cou […] en voyant le sang qui avait taché ses draps et même ses mains... ». De plus, ce livre est avant tout un exercice d’écriture puisque c’est en quelque sorte le narrateur qui parle de lui tout en racontant l’histoire qu’Hermann lui a narrée, pour au final que cette histoire ait des conséquences sur sa propre vie.

Cette nouvelle « philosophique » permet de se poser bien des questions et nous montre que l’argent peut nous pousser à faire des choses immorales, même les plus doux agneaux sont capables de devenir des loups ! Elle montre également que même si la valeur de l’argent, au sens économique du terme, est dans nos mains la même, elle ne l’est pas forcément du point de vu moral et de l’éthique. Ayant eu l’occasion auparavant de lire Eugénie Grandet qu’a également écrit Balzac, j’ai pu retrouvé le même rapport à l’argent dans ce livre puisque, encore une fois, l’argent influence les gens ainsi que la société et révèle au grand jour les comportements humains, que ce soit chez les classes sociales riches ou pauvres – oui, et ce n’est pas beau !

                                                                                                                                                                                                          Bonne lecture !         

Balzac, Honoré de. L’auberge rouge. Nathan, 2010. 95p. Carrés classiques. ISBN 978-209-188156-0                                                                             5stars - Linguaphone         

 Thibaut SCHULZ, 1ère1 

 

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