Elles sont liées à vie

 

Julius Lester.  source : https://www.babelio.com/auteur/Julius-Lester/22064

« Si l’esclavage n’est pas mauvais, rien n’est mauvais » Abraham Lincoln. Si on considère l’esclavage comme quelque chose qui n’est pas malsain alors cela veut dire que, peu importe le crime qu’on fait, on est pardonné ? Ça n’a pas d’importance ? NON ! Etre traité comme quelqu’un sans aucune valeur, sans aucune importance, vivre dans des conditions désastreuses est inacceptable !

Les larmes noires, est une pièce de théâtre sur l’esclavage écrite par Julius Lester. Nous suivons l’histoire d’Emma, esclave dans une plantation. Elle vit avec ses parents car les maitres ne séparent jamais (enfin normalement) les familles. Le maitre, Pierce Butler, a deux filles, Sarah et Frances, dont la mère est partie car elle était contre l’esclavage. Lui a toujours donné plus d’amour et d’attention à ses filles et s’est donc retrouvée seule. Emma était chargée de s’occuper des filles et Sarah a trouvé une seconde figure maternelle auprès d’elle, ce qui les a rendus très proches, voire fusionnelles. Le maitre a toujours dit qu’il ne vendrait jamais Emma, pour son bien-être, mais aussi pour celui de sa fille. Mais un jour le maitre part à un marché aux esclaves, plus précisément une vente. Là il décide finalement de vendre Emma à une femme. Lors de son retour à la maison, Sarah voit bien qu’Emma est absente, vendue par son père. Les parents d’Emma aussi ont été séparés de leur fille. Je pense tout de même qu’être séparé comme cela n’est pas quelque chose qu’un humain peut supporter, ce doit être un sentiment déchirant. Sarah et Emma seront toujours liées et se souviendront toujours l’une de l’autre.

Laissez-moi vous convaincre de lire cette pièce !

Les larmes noires, est une pièce de théâtre qui nous  fait découvrir l’esclavage, un sujet sur lequel je ne savais rien, du moins peu de choses. Malheureusement on retrouve quotidiennement, dans la rue, à l’école, au travail, encore la même discrimination : le racisme. Nous voyons cela en permanence dans nos vies. J’ai donc choisi ce livre car j’étais peu informée sur un sujet aussi grave et qui fait toujours partie de nos vies, même sous une autre forme. J’ai pu découvrir le déroulement des ventes d’esclaves et aussi les arrangements pour de l’argent malgré les promesses.

J’ai aimé ce livre. Le fait d’avoir des interludes où on lit les pensées des personnages, leurs ressentis quelques années après les événements est vraiment très intéressant. On y apprend par exemple que le maître regrette son geste, que Sarah ne lui pardonnera jamais, qu’Emma et Sarah se manqueront mutuellement. Ce type de procédé est très original dans l’écriture d’une pièce de théâtre. On pourrait croire à des monologues, eh bien oui, mais plus précisément des monologues intérieures, c’est à dire sous forme de pensées, comme si nous étions dans la tête du personnage. C’est donc un procédé intéressant. Si parfois écouter une personne parler sans cesse peut être ennuyant, si un long monologue dans un livre est aussi assommant, lire sur quelques pages les pensées, les regrets, les sentiments des personnages après des événements troublants est captivant. Cela dynamise la pièce et nous donne envie de la poursuivre.

Cette aventure m’a fait ressentir de la mélancolie. Un moment m’a vraiment glacé :

« Winnie : Emma ? Emma : Qu’est-ce qui se passe ? Winnie : Mon bébé… Emma : Qu’est-ce qu’elle a ? Winnie: Elle ne bouge plus. » Ils ont perdu leur bébé…

Source : Lester, Julius. Les larmes noires. Le livre de poche jeunesse, 09/2008. 153 p. Contemporain, 1363. ISBN 978-2-01-322725-4

Nous avons un rythme plutôt soutenu dans cette histoire ponctuée d’évènements importants qui créent le suspense. Cela m’a donné envie de connaître la suite même si ces évènements étaient tristes ou choquants, c’est une histoire où l’on ne s’ennuie pas !

Ce qui peut également être attractif d’un point de vue visuelle sur la couverture, c’est la larme sur le visage qui est blanche, et que le titre soit Les larmes noires. Cela met l’accent sur cette contradiction, ce contraste entre le noir et blanc attire l’œil.

J’ai aussi beaucoup aimé cette pièce car en lisant des commentaires, en consultant les forums sur Julius Lester, tous les lecteurs écrivaient « mars 1859 en Géorgie ». Je ne comprenais pas exactement pourquoi et finalement à la fin du livre on nous explique ce drame. J’ai vu qu’à cette date là, une immense vente aux enchères d’esclaves a eu lieu, le maître avait vendu des centaines d’esclaves pour rembourser ses dettes. Julius Lester a retranscrit brillamment ce drame historique à travers son livre.

Je pense qu’on a tous vécu une séparation. S’intégrer dans une nouvelle école, partir quelque part, une séparation définitive liée à la mort d’un proche… on peut alors tous être sensible au drame qu’Emma et Sarah vivent. De plus, prendre conscience de l’esclavage, en apprendre davantage sur ce sujet est aussi important. C’est quelque chose de très grave. N’ayez pas peur d’éprouver des sentiments de révolte par rapport à un livre. Si le sujet vous intrigue, lancez-vous et vous verrez bien ! Mieux vaut essayer que de mourir ignorant, non ? Qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ? Alors allez- y, faites-moi confiance vous n’avez rien a y perdre.

Je vous souhaite une bonne lecture !

Lester, Julius. Les larmes noires. Le livre de poche jeunesse, 09/2008. 153 p. Contemporain, 1363. ISBN 978-2-01-322725-4

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