Et si ce n’était que des préjugés ?

 

Eliette Abecassis Source : https://www.franceinter.fr/emissions/par-jupiter/par-jupiter-04-avril-2019

              Un bébé rallonge les jours, raccourcit les nuits et multiplie le bonheur… Eh bien, Eliette Abecassis, célèbre romancière, nous montre le contraire dans son roman Un heureux événement.

Dans ce roman, nous rencontrons Barbara, jeune femme de 33 ans qui profite de sa jeunesse dans les soirées, ainsi que son conjoint, Nicolas, lui aussi fêtard. Un matin, Barbara ne se sent pas comme les autres jours, elle ne peut plus bouger de son lit et se sent nauséeuse. Cela se répète les jours suivants. Elle décide alors de passer en pharmacie pour acheter un test de grossesse. Elle le fait et à sa grande surprise une croix s’affiche… Elle est enceinte !

Elle comprend de suite que sa vie va changer et que désormais rien ne sera comme avant. Plus les jours passent, plus elle déprime, se pose beaucoup de questions sur sa grossesse, son accouchement et l’avenir de sa famille. Son premier choix sera d’allaiter, ce qui par la suite lui causera des problèmes. Un jour, ses contractions sont si fortes qu’elle décide de partir à l’hôpital où elle accouchera. Les premiers instants avec sa fille, Léa, sont très courts car elle doit subir une épisiotomie. Pendant ce temps son mari est pris en charge par les infirmières du service car il s’est évanouit en voyant le déroulement de l’accouchement… quand on dit que les hommes sont plus fragiles que les femmes, ce n’est pas faux ! En voici la preuve ! La première impression sur sa fille est instantanée et différente de ce qu’on entend habituellement sur les bébés comme « c’est les plus beaux moments d’une vie », « c’est beau un bébé »… Elle, non ! Elle se dit : « C’est laid un bébé, tout violet, et recouvert de sang » !

Les jours passent et Barbara réalise de plus en plus qu’à présent elle est maman et cela pour le reste de sa vie. Sa relation avec sa fille est plutôt étrange, je trouve, car elle-même ne se rend pas compte de ce qu’est vraiment un bébé, comment s’en occuper et tous les soins qu’on doit lui apporter. Le premier allaitement de Léa ne se passe pas comme prévu. Si le bébé aime forcément se faire nourrir par sa maman, Barbara trouve cela assez désagréable et compare sa fille avec un animal qui lèche sa mère. Lorsque j’ai découvert son point de vue je l’ai trouvé vraiment intéressant car ça change de ce qu’on peut entendre habituellement en société sur la maternité, la grossesse et tout ce qui suit. On nous dit souvent que tout ça est beau et simple, mais en lisant ce roman, les mots crus qu’Eliette Abecassis utilise nous font découvrir une autre vision des choses et on peut vraiment prendre conscience à quel point ce changement de vie peut être compliqué à vivre. Elle découvre de jours en jours son nouveau rôle.

Un rôle qui en remplacera un autre. En effet, Barbara et Nicolas habitent dans un petit studio, en banlieue parisienne. Ce studio est, bien évidemment, trop petit pour accueillir le bébé. Ils décident alors de louer une maison. Mais à partir de là les ennuis commencent ! Les jeunes parents ne sont pas d’accord dans leurs choix. La fatigue d’être parents, le travail, se réveiller la nuit pour nourrir l’enfant, la changer, l’endormir, l’occuper… Cet enchaînement est très compliqué à vivre. Leur mental est affaibli et favorise souvent les disputes au sein du couple. Suite à cela Barbara décide de consulter un médecin qui doit l’aider pour sa santé mentale, mais cet homme ne va pas du tout avoir la réaction qu’elle attendait. Il va l’accueillir en lui répondant très sèchement que tous ces problèmes sont uniquement sa faute, que c’est elle qui les provoque et non son mari ! Or un couple c’est bien deux personnes et non une ! Ce passage m’a extrêmement mise en colère car elle cherchait de l’aide et il n’a rien fait pour lui enlever ce sentiment de culpabilité. De plus, étant féministe, j’ai trouvé très sexiste de penser que c’est obligatoirement la femme qui est fautive ! Comme toujours…

Cette œuvre m’a particulièrement choquée car les mots qu’Eliette Abecassis emploie peuvent être très violents. Elle parle avec des mots crus, ce qui peut heurter certains lecteurs sensibles. Mais avait-elle le choix pour faire comprendre le ressenti de Barbara ? De plus, le style d’écriture de l’autrice est particulier car, comparée à d’autres romans, il ne contient pas de chapitres. Cependant cela ne nuit pas au récit qui se déroule de manière chronologique, depuis le début de la grossesse. Le rythme est plutôt rapide et les événements sont bien décrits ce qui nous aide comprendre le sens de ce roman. On comprend qu’Eliette Abecassis a voulu briser les stéréotypes de la maternité, de la grossesse, afin de faire réagir les femmes sur ce qui les attend réellement si, un jour, elles tombent enceintes. Je dis les femmes, mais aussi les hommes, car comme j’ai pu le signifier plus haut, dans un couple il y a deux personnes.

Dans ce roman c’est Barbara qui parle. On peut donc vite se mettre à sa place et ressentir de l’empathie pour toutes les complications qu’elle rencontre car, oui, son début d’aventure de maman n’est vraiment pas facile !

Je reste tout de même surprise par la suite des événements et la fin en particulier ! Mais je n’en dirais pas plus et je vous invite sérieusement à le découvrir par vous-même en lisant ce roman 🙂

Abecassis, Éliette. Un heureux événement. Albin Michel, 2007. 152 p. Le Livre de poche, 30731. ISBN 978-2-253-12004-9

Océane HARLEIN,1ère ST2S1

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