Lorsque la différence sera la norme, alors les hommes vivront en paix…

« J’ai senti l’effroi, là, juste derrière moi. C’est la peur basique de tous ceux ou celles pour qui la liberté n’est pas donné à la naissance»

Source : https://0620056z.esidoc.fr/ document/id_0620056z_48896.html

Dans ce livre Angela Davis raconte son histoire, de son enfance à son procès. A cinq ans, vivant à Birmingham aux États-Unis, Angela a vu plusieurs maisons de son quartier brûler car des personnes noires y habitaient. Son quartier était même surnommé « Dynamite Hill » car le racisme y était très présent. A ses 18 ans elle fuit pour la France, Paris… et notre devise : Liberté, Égalité , Fraternité, qui lui rappelle qu’elle n’avait pas le droit à la liberté à sa naissance à cause de sa couleur de peau ! C’est à Paris qu’elle organisera des manifestations.

Dans sa vie, Angela Davis connaît plusieurs chocs. D’abord la mort de certains de ses amis, suite à l’explosion d’une bombe dans une église : un meurtre avec préméditation qui a semé la panique et l’effroi. Puis l’assassinat de Martin Luther King, un véritable traumatisme ! « Tous ces éventements ont guidé mes pas et ma vie », dira-t-elle. En 1968 elle adhère au Che Lumumba Club (une section réservée aux noirs du parti communiste) et au Black Panther Party (mouvement révolutionnaire afro américain). Le 7 août 1970 une prise d’otage a lieu et vise à libérer George Jackson, membre des Black Panthers. Cette prise d’otage n’a pas été organisée par Angela. Malheureusement cela va mal tourner : elle est au mauvais endroit au mauvais moment. Etant en lien avec le jeune frère de George, Angela est accusée par le FBI de complicité de meurtre ! Elle devient alors la femme la plus recherchée des États-Unis, bien qu’elle soit innocente. Elle devient aussi un symbole contre l’oppression des personnes noires dans le monde entier. Il y aura même des chansons en son honneur comme Sweet Black Angel des Rolling Stones. Le 13 octobre 1970 elle sera arrêtée et, sans procès ni preuves, écopera de seize mois d’emprisonnement. Mais le 4 juin 1972 le verdict du procès tombe : « Non coupable » ! Angela est heureuse mais son combat n’était pas terminé…

Angela Davis, le 2 avril 1971. La militante lève le poing lors de sa première apparition à son procès. Source : https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/dans-les-archives-de-l-express-novembre-1971-a-la-rencontre-d-angela-davis-6-6_2130278.html

 Dire non à l’oppression, c’est veiller à nos valeurs !

J’ai adoré ce roman inspiré de sa vie. Sa façon de parler y est très franche et marquante, comme le prouve cet extrait : « A Birmingham, j’ai vu une élève frapper à mort une de ses copines ; une amie s’entailler le bras avec une lame de rasoir; une autre attraper la gorge d’une fille, ou lancer une chaise à la tête de la prof». J’ai aussi aimé le style d’écriture. Je trouve qu’il est détaillé quand il y a des événements importants, comme son procès, ou plus concis quand il le faut, par exemple quand Angela parle de sa famille. Grâce à ce style d’écriture le rythme est rapide et donc prenant. Certains passages m’ont aussi plu comme lorsqu’elle explique sa colère : « Ce  qui blesse le plus, ce n’est pas la violence, ce n’est pas la peur, ni même la faim, la véritable cruauté est de voir jusqu’à quel point nous sommes capables de nous attaquer à nous-mêmes, parce que nous ne savons pas contre qui nous battre, contre quoi.«  Ce passage m’a plu car, selon moi, le propos y est tellement vrai ! Parfois on s’énerve et on s’en prend aux mauvaises personnes car on ne sait pas à qui s’en prendre. Cela colle parfaitement aux personnes victimes de racisme décrites par Angela.

Ce que j’ai aussi apprécié dans cette lecture, c’est que l’on a l’impression qu’Angela Davis nous parle grâce à la structure de l’œuvre qui est différente de ce que j’ai pu lire jusqu’ici. En effet les « chapitres » font référence à des dates, des événements importants dans sa vie, de son enfance à son procès. L’autrice Elsa Solal se met dans la peau d’Angela Davis et donne à son récit un aspect autobiographie. Le fait d’écrire à la première personne du singulier m’a plongée dans l’histoire. J’ai aimé aussi la fin et le thème central du récit qui met en évidence que « les hommes se servent d’autres hommes pour avoir le pouvoir et le profit et pour cela ils utilisent le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc ».. Elle nous fait comprendre que dire non à l’oppression, c’est veiller à nos valeurs, notre dignité, et refuser la destruction de notre environnement. Je trouve que ce livre a sa place dans notre prix littéraire Carnot et sa thématique « Tout feu tout femme » car Angela Davis est une femme courageuse qui s’est battue pour que tout le monde ait les mêmes droits.

C’est pour toutes ces raisons que je vous conseille de lire ce livre. Vous allez y découvrir la vie prenante et intense de cette militante des droits humains, et notamment ceux des minorités !

Solal, Elsa. Angela Davis : non à l’oppression. Actes sud junior, 09/2017. 79 p. Ceux qui ont dit non. ISBN 978-2-330-08197-3

Magdalena DELATTRE , 1ST2S1

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