La quête du bonheur

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LHerbe rouge est un roman écrit par Boris Vian en 1947, juste après L’écume des jours. Le jazzman emblématique de Saint-Germain-des-Prés nous y offre une autobiographie. Si son récit ne connaît pas un très grand succès lors de sa parution, cest en 1985, grâce à l’adaptation télévisée de Pierre Kast, que le public redécouvrira son ouvrage, lui apportant reconnaissance et faisant (re)découvrir la modernité de son œuvre. J’ai personnellement découvert cette œuvre grâce au Prix littéraire Carnot, œuvre qui m’a plu grâce aux thèmes que Boris Vian y aborde.

LHerbe rouge nous raconte lhistoire de deux couples, celui de Wolf et son épouse Lil, et celui de Saphir Lazuli et de son amie Folavril. Le personnage principal, Wolf, est atteint dune profonde tristesse dont il aimerait se débarrasser. Persuadé que cette source de mal-être et dangoisses multiples provient de son passé, il décide de construire une machine capable d’effacer les souvenirs qui lont traumatisé. N’avez-vous jamais rêvé vous-même d’effacer vos mauvais souvenirs ? Mais, pour pouvoir les effacer à tout jamais de sa mémoire, Wolf va devoir revivre ses souvenirs avec les sentiments qu’il a refoulés durant son enfance et expliquer devant un jury imaginaire les raisons de son souhait de les oublier ! Il devra alors refaire face à des parents trop protecteurs, des études trop longues, des relations amoureuses compliquées et bien d’autres problèmes qui ne lui ont pas facilité la vie…

Un surréalisme abondant et complexe

Malgré l’entrée difficile dans cette œuvre par son côté surréaliste, j’en ai tout de même apprécié la lecture. Il y a également de nombreuses descriptions et le fait que le roman soit structuré en plusieurs chapitres peut paradoxalement compliquer la lecture et la perception du bon déroulement de lhistoire. Jai moi-même rencontré des problèmes dans certains passages du récit. Cependant, j’ai beaucoup apprécié les thèmes abordés, les trouvant très intéressants. En effet, nous, les lecteurs et lectrices, avons limpression d’être le psy de Wolf qui nous raconte ses traumatismes denfance. On peut avoir limpression que le jeune homme nous fait directement part de son mal-être, ce qui ma particulièrement plu. On éprouve des sentiments envers ce personnage, on a l’impression d’avoir une sorte d’échange avec lui, on peut le comprendre sur certains points comme lorsqu’il revient sur ses études trop longues et épuisantes. Par ces retours, Boris Vian rend la lecture moins monotone et plus divertissante. De plus, on se rend compte que Wolf crée sa machine dans le but de trouver le bonheur et d’être épanoui dans sa vie. Or, nous cherchons – voire nous rêvons – toutes et tous de trouver le remède miracle pour être heureux lorsque nous avons « le moral dans les chaussettes ».

Un récit aux échos autobiographiques

Boris Vian en 1948 Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/ Boris_Vian#/media/Fichier:Boris_Vian .jpg

Pour moi, cette œuvre a une part autobiographique. En effet, Boris Vian y fait des références à sa séparation avec sa première femme, Michelle Léglise, à travers Wolf et Lil. Par exemple, lorsque Wolf casse volontairement le saladier de cristal de Lil en lui disant qu’il ne ressent plus rien et qu’il est temps qu’il parte : c’est ce que Michelle aurait dit à Vian lors de leur séparation. Il fait aussi référence à son parcours d’ingénieur avec linvention de la machine de Wolf. Par ailleurs je trouve qu’au début de lœuvre, Lil et Folavril sont caricaturées. Leurs personnalités sont stéréotypées et renvoient à des images de femmes amoureuses, obéissantes et méprisables comme lorsque Lil veut dormir avec Wolf et qu’elle ne le fait pas, ce dernier étant occupé avec son ami Saphir, ce qui la renvoie à l’image d’une femme obéissante qui n’ose pas déranger son mari. Cependant, plus nous avançons dans le récit, plus elles deviennent indépendantes et même féministes ce qui m’a, personnellement, beaucoup plu et marqué. N’oublions pas que Boris Vian a écrit ce roman dans les années 50, années où les femmes sont perçues – et sont – comme des mères au foyer qui s’occupent des tâches ménagères, des enfants et de leur mari. Il fait donc preuve d’une grande modernité dans son approche de la psychologie féminine ! Je pense aussi que le titre que Boris Vian a donné à son roman rappelle, par son surréalisme, que tout peut être inventé. Vian s’inspire du monde qui l’entoure pour créer le sien et c’est là que résident la force et la singularité de son œuvre !

Pour ces raisons, j’attribue trois étoiles à ce roman qui, très captivant, nous « retourne un peu le cerveau » par l’écriture surréaliste de notre cher Boris Vian !

Bonne lecture à vous !

Vian, Boris. L’herbe rouge. Librairie Générale Française, 03/2021. 188 p. Le Livre de poche, 2622. ISBN 978-2-253-00135-5

 

SAIMPOL Lucie, 1ST2S1

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