Un homme mystérieux

L’homme invisible !

Portrait de Marcel Aymé
source: https://www.babelio.com/users/ AVT_ Marcel-Ayme_3789.jpg

Marcel Aymé est un grand écrivain du 20ème siècle. Il a notamment écrit plusieurs romans et pièces de théâtre comme par exemple Le Chemin des écoliers en 1946, Uranus en 1948 Clérambard en 1950… Ses recueils de nouvelles Les Contes du chat perché en 1939 et Le Passe-muraille en 1943 ont connu un succès auprès d’un large public ! Marcel Aymé a également remporté le prix Théophraste-Renaudot pour La Table aux Crevés qui le fait connaître au grand publics en 1929. Pour lui rendre hommage, une statue et une plaque ont été élevées en sa mémoire place Marcel-Aymé dans le quartier de Montmartre à Paris. Lors d’une sortie scolaire avec le lycée, nous avons visité Paris, découvert son côté artistique avec ses statues et ses monuments incontournables qui font de la capitale un endroit touristique. Lors de cette visite, nous sommes passés devant Le Passe-muraille, la statue qui se situe au 75 bis rue d’Orchampt, là où habitait l’auteur. Elle a été réalisée en 1989 par l’acteur et sculpteur Jean Marais et évoque le personnage de la nouvelle du même nom. Cette statue a par contre le visage de Marcel Aymé !

Le Sacré-Coeur à Montmartre. 
source https://www.viator.com/fr-FR/tours/Paris/Montmartre-Walking-Tour-Paris-Best-Art-Culture-and-Food/d479-47475P6

L’intrigue du passe-muraille a lieu à Montmartre, au troisième étage du 75bis de la rue d’Orchampt. Dutilleul est employé de troisième classe au ministère de l’Enregistrement. En hiver, il se rend à son bureau par l’autobus, et, à la belle saison, il fait le trajet à pied, sous son chapeau melon. Cependant, un beau jour il  se rend compte qu’il a un pouvoir : celui de traverser les murs. Il va alors commettre des vols. Il dérobera par exemple le diamant de Burdigala et signera son méfait sous le nom de « Garou-Garou ». La police n’arrive pas à le démasquer jusqu’à ce qu’un homme se déclare coupable de ces cambriolages ! Mais qui est cet homme ?

J’ai adoré Le Passe-muraille parce que le suspense y est très présent, notamment lorsqu’il commet ses méfaits dans Paris. Il fait alors la une de la presse et la police n’arrive pas à élucider ces vols. On éprouve cependant une sensation d’angoisse en se mettant à la place des policiers qui vont et viennent sans jamais parvenir à trouver le coupable. De plus Dutilleul écrit son pseudonyme  » garou garou  » sur les lieux des cambriolages qu’il commet. Selon moi, le personnage principal apprécie tellement son pouvoir qu’il en profite pour narguer la police ! Ses cambriolages sont médiatisés et provoquent un véritable intérêt dans l’opinion comme le montre l’extrait suivant l’ « enthousiasme de la foule atteignit au délire ».

Ce récit est simple à lire, ce qui est une qualité. Je trouve que le personnage est attachant car j’aurais bien aimé, moi aussi, passer à travers les murs. C’est pour cela que j’ai adoré lire cette  nouvelle et, de manière générale, ce recueil à l’ imagination débordante.

On est emporté par cet ouvrage surprenant et étrange !

Le passe-muraille (75bis de la rue d’Orchampt)
source:https://www.parisladouce.com/ 2020/09/passe-muraille-sculpture-place-marcel.html

Ce recueil propose plusieurs nouvelles, notamment  Les sabines, l’histoire d’une femme qui se multiplie autant de fois qu’elle le souhaite et qui peut avoir autant d’amants que de multiplications d’elle-même. Il y a aussi Le décret qui m’a énormément plu. Ce  récit aborde le voyage dans le temps, sujet que j’aime particulièrement. 

Un pouvoir sortie tout droit de l’imagination !

J’ai aimé lire ce recueil de nouvelles qui nous montre un Paris qui peut paraître parfois terrifiant. Les styles d’écriture varient d’un texte à l’autre. On a par moments l’impression de lire une sorte de journal et à d’autres un roman. On peut penser que Marcel Aymé a voulu jouer sur le style d’écriture pour faire parler son recueil et donner davantage vie à ses personnages, ce qui favorise notre attention de lecteur. Ce recueil met en scène des personnages aux pouvoirs irréels qui nous montrent à quel point l’imagination de Marcel Aymé est débordante ! Si les nouvelles sont courtes, elles ont un point commun car chaque histoire présente un personnage qui a un don. Dans l’ensemble ce recueil offre de fabuleuses nouvelles qui vont vous permettre de plonger dans l’univers étrange et fantastique de Marcel Aymé !

Si vous voulez connaître la suite de ces nouvelles sortie tout droit d’une imagination délirante  et étrang j’ invite toutes celles et ceux qui aiment les aventures remplies de mystère à lire avec enthousiasme ce fameux recueil,  étrange et surréaliste !

Bonne lecture à vous !

Aymé, Marcel. Le passe-muraille. Gallimard, 2000. 222p. Folio, 961.
ISBN 2070369617

Evan PLAYOULT, 1ST2S2

Découverte de la vie d’un artiste

 

Première de couverture de la BD « Piscine Molitor »

Piscine Molitor, dessinée et scénarisée par Christian Cailleaux et Hervé Bourhis, est parue en 2009. C’est une histoire vraie puisqu’elle relate la vie de Boris Vian. J’ai découvert cet artiste grâce à mon professeur de Français et mon professeur documentaliste dans le cadre du Prix Littéraire du Lycée Carnot. Boris Vian ne m’était donc pas inconnu au moment de cette lecture puisque mes professeurs nous avaient montré des vidéos sur lui en classe. Nous avons également eu la chance de visiter son appartement le 29 novembre ce qui m’a permis d’en savoir encore plus sur cet artiste. Nous sommes entrés dans son intimité, puis nous avons pu échanger avec Nicole Bertolt qui gère son patrimoine. Cette dame nous a expliqué qui était Boris Vian, elle nous a confirmé qu’il n’avait pas peur de l’avis des autres, d’autant plus qu’il savait qu’il allait mourir jeune ! Je lui ai donc demandé son avis sur cette bande dessinée. Elle m’a répondu qu’elle ne l’avait pas appréciée. Selon elle, cet ouvrage ne représente pas exactement la vie de Vian et présente beaucoup d’erreurs. Il faut en effet savoir que Cailleaux et Bourhis n’ont pas demandé l’accord à Nicole Bertolt pour écrire sur l’artiste. Après tout, c’est elle qui représente Boris Vian ! Avant cela j’avais pu me faire mon propre avis et je vais vous le présenter.

Un dernier plongeon avant la mort

Piscine Molitor-Paris Source: www.bing.com

Ce récit retrace les derniers moments, les dernières heures de cet artiste polyvalent puisqu’il jouait de la trompette, il chantait, il écrivait… Pour comprendre cette bande dessinée, il faut préciser que la piscine Molitor est un lieu qui se situe à Paris. Vian s’y rendait pour y faire de l’apnée car il souffrait d’une maladie cardiaque et, pour lui, retenir le plus longtemps possible sa respiration était bon pour son cœur. D’ailleurs, dès les premières planches nous pouvons constater la maladie de l’artiste. Il sait qu’il va mourir, il se sait condamné. C’est donc pour cela que la bande dessinée porte ce nom.

Nous comprenons aussi qu’il se rend dans cette piscine avant de partir pour la projection cinématographique de l’adaptation de son roman, J’irai cracher sur vos tombes, projection pendant laquelle il va mourir. Cela dit, la présentation de son existence est chronologique. On a juste des aller-retours entre les dernières heures de sa vie et les grandes étapes de son existence, autrement dit une construction en flashbacks. Cela crée une tension dans la lecture car on ne sait pas quand l’épisode de sa mort va nous être relaté. Dès le début on sait qu’il va mourir mais l’attente est longue. 

Dans ce récit, vous pourrez ainsi découvrir les différentes étapes de sa vie, ses femmes, son procès pour atteinte aux bonnes mœurs à la suite de la sortie de son roman J’irai cracher sur vos tombes. Bref, vous allez découvrir sa vie, une vie à mille à l’heure ! Le rythme de la bande dessinée est comme son existence, très rapide ! Cette qualité est en même temps le petit bémol que j’apporterai à cette bande dessinée. En effet, je trouve que les auteurs ne parlent pas assez de sa jeunesse… signe qu’ils ne se sont pas assez documentés, notamment auprès de Madame Bertolt. L’étape de l’enfance passe trop vite, notamment le fait qu’il ait appris à lire et écrire très jeune. Vous le découvrirez durant votre lecture. Je trouve aussi qu’il manque une transition entre sa vie avec sa première épouse, Michelle Léglise, et celle avec sa seconde femme, Ursula Kubler. Il n’y a que l’étape de la séparation ! Cependant l’accent est bien mis sur sa vie de Jazzman car Boris Vian a écrit des chansons et il jouait de la trompette. J’ai donc écouté Le Déserteur suite à ma lecture, mais j’avoue que ce n’est pas mon style de musique !

Une palette de couleurs en lien avec les émotions

Planche de la BD. Page 6. Source: www.bdtheque.com

Concernant l’aspect graphique, les planches sont colorées avec des couleurs assez froides par moment et plus chaudes à d’autres. Chaque couleur correspond à une émotion. Le style de Christian Cailleaux rappelle un peu la ligne claire comme chez Tintin, les traits sont fins. Je trouve que les personnages sont très bien représentés. Par exemple, sur les dessins où il se trouve à la piscine, Boris Vian est dessiné avec des traits émaciés pour faire comprendre qu’il est malade et proche de la fin. Sur la planche ci-contre, l’illustrateur utilise de nombreuses nuances de bleu pour transmettre la gravité de la situation.

Pour découvrir l’artiste, c’est par ici !

Malgré ses manques, j’ai bien aimé ce récit, il explique les grandes étapes de l’existence  de Boris Vian même si je connaissais déjà un peu sa vie. L’artiste était très occupé, nous le comprenons bien. La bande dessinée est très facile à lire et compréhensible. C’est une bonne entrée en matière pour connaître les grandes lignes de la vie de l’auteur. Si vous voulez découvrir l’artiste, voir à quel point il avait une vie mouvementée et comment il en a profité, je vous invite à découvrir cette bande dessinée. Personnellement je lui attribue la note de quatre étoiles. J’enlève une étoile puisque les auteurs ne parlent pas assez de son enfance.

Bonne lecture à vous !

Cailleaux, Christian / Bourhis, Hervé. Piscine Molitor. Dupuis, 03/2020. 74 p. Aire Libre.

SECEMBER Ketty, 1ST2S1

La sauveuse du Palais des femmes

Source : https://www.livredepoche.com/livre/les-victorieuses-9782253934639

Vous connaissez peut-être Laetitia Colombani, une très grande écrivaine, actrice, scénariste et réalisatrice française née en 1976 à Bordeaux. Elle est connue pour ses romans La tresse, Les Victorieuses ou encore Le Cerf-volant. Dès sa parution, Les Victorieuses s’est classé dans les meilleures ventes. L’intrigue se développe autour du Palais de la Femme à Paris, dans le 11e arrondissement. L’idée d’écrire ce roman est venue à Laetitia Colombani quand elle est passée devant ce lieu. Elle a commencé à se renseigner, à recueillir des témoignages et autres informations pour écrire son récit. 

Quand les femmes s’entraident

Les Victorieuses nous raconte l’histoire de Solène, une avocate qui est en burn-out car Arthur Saint-Clair, l’un de ses clients, s’est suicidé après son audience. Elle n’arrive plus à aller travailler et tombe en dépression. Elle consulte alors un psychiatre qui lui propose de faire du bénévolat au lieu de prendre des médicaments. Elle devient bénévole pour les femmes qui ont été violées, qui sont battues ou celles qui vivent dans la pauvreté… aux Palais de la Femme. Pour Solène c’est une vraie thérapie. Au début, elle est accueillie par la directrice chaleureusement. Elle commence sa première permanence et ne se sent pas utile pour ces femmes. Seulement elle va se rendre compte que soutenir les femmes dans le besoin l’aide beaucoup et va prend conscience que c’est le métier la qu’elle veut faire

Dans son récit, Laetitia Colombani retourne dans le passé pour nous parler de Blanche Peyron, une femme de 53 ans atteinte d’une grave infection aux poumons mais qui veut accomplir sa mission « Soupe. Savon. Salut » pour venir en aide aux plus démunis. Blanche Peyron n’est pas n’importe qui. Ancienne mondaine, elle quitte tout pour s’engager au service des autres et entre à l’Armée du Salut. Elle est aussi et surtout la fondatrice de ce Palais de la femme en 1926 ! Le lien qui la relie à Solène est leur volonté commune d’aider les femmes. Blanche Peyron a vraiment existé et selon moi cela ajoute plus d’émotions au récit car c’est une femme qui a fait beaucoup pour ses semblables.

Palais de la femme en 2019. Source : Sortiraparis.com

J’ai beaucoup aimé ce roman ! Je l’ai lu très rapidement car il met en scène des personnes en difficulté et je trouve ça très bien que des femmes s’entraident, c’est émouvant. A un moment du récit, Cynthia, une des résidentes du Palais, se suicide car elle souffre trop et se dit qu’elle ne sert à rien. J’ai trouvé ce passage très touchant car beaucoup de femmes se rabaissent et Laetitia Colombani aborde un sujet d’actualité. En effet beaucoup de femmes se sous-estiment tout le temps et je pense que c’est tout à fait vrai car je connais plein de monde dans ce cas. J’ai beaucoup aimé le personnage de Solène car elle aide beaucoup de personnes même si elle est elle-même au plus mal. Elle est très courageuse, je trouve qu’elle parvient à donner beaucoup de force aux résidentes du Palais qui ont un passé très douloureux. Je trouve le style d’écriture de Laetitia Colombani fluide et intéressant et j’ai apprécié le retour vers le passé avec Blanche Peyron. C’est très intéressant car on veut toujours connaître la suite, on n’arrive pas à s’arrêter de lire. Je vous conseille fortement de lire cette histoire, si vous êtes une femme et surtout si vous êtes un homme, pour mieux comprendre ce que les femmes peuvent vivre. Son récit est basé sur des histoires vraies. L’auteure s’est appuyée sur des témoignages et anecdotes pour alimenter son livre, notamment ceux de Blanche Peyron. Je trouve cela fantastique que Laetitia Colombani ait parlé de Blanche Peyron car c’est une personne importante dans l’histoire des femmes. 

Ce roman nous apporte beaucoup d’émotions. Ce n’est pas facile de se battre pour les femmes, et ce encore actuellement. Il y a encore trop d’inégalités. Si on met une jupe on nous insulte, si on est ronde on se fait critiquer, alors que pour les hommes ce n’est pas le cas – et ce ne sont que deux exemples ! Je pense que de nombreuses femmes n’ont pas assez confiance en elles et ne sont pas rassurées, même s’il commence à y avoir des petits changements. Je trouve que c’est injuste et je pense que beaucoup de mes semblables ne sont pas assez solidaires, elles se critiquent beaucoup trop elles-mêmes. Pour cela le roman de Laetitia Colombani est salutaire ; il est utile pour les femmes, pour qu’elles se sentent mieux, physiquement ou moralement. Qu’elles aient confiance en elles et qu’elles se donnent une seconde chance dans leur vie.

Pour ces raisons je mets cinq étoiles à ce roman. Je vous le recommande fortement !  

 

Colombani, Laëtitia. Les victorieuses. Librairie Générale Française, 05/2020. 233 p. Le Livre de poche, 35741. ISBN 978-2-253-93463-9

Sarah VERIN, 1ST2S2

Une enquête minutieuse

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dora_Bruder

Dora Bruder est un roman à la fois biographique et autobiographique de Patrick Modiano. Ce dernier en est l’auteur mais également le narrateur. Cette œuvre est présentée comme une enquête où l’écrivain va s’impliquer pour retrouver les traces de Dora Bruder, une parisienne de confession juive disparue pendant l’hiver 1941. Pourquoi fait-il ce travail d’investigation? Tout simplement car il se reconnait dans  l’histoire de cette jeune femme ! 

Dora Bruder raconte ainsi l’histoire de Patrick Modiano qui, un peu plus de 20 ans après la disparition d’une jeune fille de 15 ans, lit dans Paris-Soir, un ancien journal de 1941, l’avis de recherche concernant cette dernière : « ON RECHERCHE une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m. 55, visage ovale, yeux gris marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder. 41, boulevard Orano, Paris. ». Suite à cette découverte

L’avis de recherche de 1941 qui a déclenché l’enquête de Modiano Source: https://lereseaumodiano.blogspot.com/2015/06/une-promenade-dora-bruder-inauguree.html

Modiano essaie de trouver des informations sur l’adolescente en cherchant dans les archives, en visitant le quartier où elle habitait au 41,boulevard Orano près de la porte de Clignancourt ou encore en parlant avec des témoins. Tout au long de ce récit le narrateur retrace minutieusement l’histoire de Dora,  détails après détails. Il finit par retrouver les traces de de ses parents, Ernest et Cécile Bruder, tous deux morts à Auschwitz. Cependant l’auteur n’a pas encore les réponses à toutes les questions qu’il se pose mais grâce à son histoire personnelle il va en déduire les réponses manquantes. Et si Dora Bruder était également morte à Auschwitz comme ses parents ?

Un mélange qui vire au flou

Je n’ai pas apprécié ce roman car je trouve qu’il est ennuyant et difficile à comprendre. En effet, on a du mal à se repérer dans l’espace et dans le temps. Prenons l’exemple du début du roman. Dès les premières pages Patrick Modiano nous « bombarde » en quelque sorte de dates, de lieux et d’événements « Clignancourt » , « hiver 1965 » , « Ornano 49-20 » , « rue Championnet », «41 boulevard Ornano » ce qui va directement nous donner du mal à assimiler autant d’informations en si peu de temps et va impacter la compréhension du récit.
Ensuite je n’ai pas apprécié le lien entre l’auteur et Dora Bruder car, selon moi, ce récit n’aurait dû être consacré qu’à l’histoire de Dora et non pas à celle de l’auteur. Tout au long de ce roman le narrateur se reconnait à travers l’histoire de cette jeune fille et cherche minutieusement des indices pour trouver ce qui lui est arrivé. Comme Patrick Modiano ne parvient pas à retracer totalement l’histoire de Dora pendant l’Occupation, il va mélanger son histoire à la sienne ce qui va créer le doute et le flou. En fin de compte, on ne sait toujours pas exactement ce qui est arrivé à Dora, même si on suppose que certaines hypothèses évoquées par l’écrivain soient probables. Je ne vous conseille donc pas ce récit trop complexe et trop flou à mon goût car vous ne connaitrez jamais réellement la vérité et je pense qu’il aurait été mieux si Modiano s’était concentré uniquement sur l’histoire de cette jeune fille.

Bonne lecture à vous !

Modiano, Patrick. Dora bruder. Belin / Gallimard, 05/2020. 207 p. Classicolycée, 169. ISBN 979-10-358-1018-4

Laly PRESSE 1ST2S2Spécial Alsace | Petite Pincée de Sucre

Libre comme l’air…

 

Source : https://livre.fnac.com/a9007320/Le-vol-du-corbeau-L-integrale-Tome-0-Le-vol-du-corbeau-L-integrale-Le-vol-du-corbeau-L-integrale-definitive-Jean-Pierre-Gibrat

Le vol du corbeau est une bande dessinée réalisée par Jean-Pierre Gibrat qui en est à la fois le dessinateur le scénariste. Il est donc ce que l’on appelle un auteur complet. Pour cette œuvre, Jean-Pierre Gibrat a obtenu le prix du dessin au festival international de la bande dessinée d’Angoulême en 2006 ! Un prix que je trouve parfaitement mérité vue la qualité des albums ! J’ai lu cette bande dessinée dans sa version intégrale qui regroupe les deux tomes initiales. Cela est pratique car nous ne somme pas coupés dans l’histoire d’autant plus qu’on a envie de savoir ce qui va suivre.

Concernant l’histoire on se retrouve au cœur de la Seconde Guerre mondiale et plus précisément sous l’occupation allemande à Paris. Nous allons suivre la vie éprouvante de Jeanne, une jeune résistante communiste qui vient de se faire arrêter par la police française. Elle a été dénoncée dans une lettre anonyme pour détention d’armes à son domicile. Elle sera très vite rejoint dans sa cellule par un voleur prénommé François avec lequel elle va s’évader. D’ailleurs, elle ne le quittera plus et commencera alors sa grande aventure pour retrouver son ami Julien qui fait également partie de la résistance. La plupart de son temps Jeanne se cache pour éviter les autorités allemandes. Sans ses papiers elle risque de se refaire arrêter et directement emmener par la Gestapo !

Une découverte surprenante

Durant toute cette aventure Jeanne et François auront des différents qui vont parfois les inciter à se séparer car ils ont tous deux un très gros caractère. On peut même dire dire qu’ils sont assez têtus ! Au début du récit ils vont se disputer pour des futilités qui pousseront François à partir… mais comme il ne change pas ses habitudes, en très bon voleur qu’il est, il lui dérobe son portefeuille ! Cependant, ce qu’il va trouver à l’intérieur le poussera à revenir sur ces pas… De quoi s’agit-il ? A vous de le découvrir en lisant Le vol du corbeau.

On en redemande

Paris sous l’occupation allemandes. Source : https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2017/06/Image20-1024×662.jpg

J’ai beaucoup aimé lire cette bande dessinée, je trouve qu’elle nous explique de façon assez délicate cette période historique remplie d’horreur et de violence qu’était l’Occupation. Ce n’était pas une période facile à vivre et pourtant l’auteur nous la fait découvrir dans une atmosphère particulière, celle du « Paris des amoureux ».

En effet, les couleurs que Jean-Pierre Gibrat utilise pour ses planches nous font penser à la délicatesse et à l’amour que renvoie la capitale et plus précisément quand nos deux personnages sont amenés à se rendre sur les toits de Paris. Une vue en plongée qui rend cette histoire encore plus incroyable. Que  ce soit Paris la nuit quand tout est éclairé ou encore en pleine journée avec ces merveilleux paysages urbains, les dessins nous transportent. Pour ce qui est du récit on se retrouve dans une histoire de plus en plus palpitante. Les événements s’enchainent et s’accélèrent au fil du temps, c’est pourquoi on est tout de suite entrainé dans cette aventure. Je trouve que l’on peut même s’attacher à Jeanne, on a de la compassion pour tout ce qui lui arrive, notamment les attouchements. Cela m’a même un peu choqué puisque la scène est aussi bien détaillée à l’écrit qu’à l’image et je n’avais jamais vu ça auparavant dans une bande dessinée. Mais Jeanne est tout de même une femme forte avec, comme je l’ai déjà dis, un très fort caractère, qui va continuer à se battre jusqu’au bout pour retrouver son ami. Elle ne lâche rien, elle n’est pas du genre à abandonner à la moindre difficulté qu’elle rencontre. C’est d’ailleurs rare de voir une femme aussi sur d’elle dans des livres sur la guerre. Sa détermination lui coûtera tout de même la perte d’un être cher à son cœur.

Les toits de Paris

Sur les toits de Paris ! Source : https://www.bedetheque.com/serie-4135-BD-Vol-du-corbeau.html

Je vous recommande de lire cette bande dessinée si vous êtes un fan d’histoire ou juste si vous voulez en apprendre un peu plus sur l’Occupation allemande, comment se sont déroulées les rafles et les raisons qui ont poussé les allemands à emmener des gens innocents dans des camps ou en prison. C’est une histoire remplie d’adrénaline, on a même envie qu’elle ne s’arrête pas, qu’il y ait une suite. Je vous laisse découvrir comment va se terminer le périple de Jeanne au cœur de Paris occupée, je ne vous en dis pas plus…

J’accorde à cette bande dessinée une note de quatre étoiles, notamment pour tout l’amour qui se dégage des personnages qu’elle met en scène !

Bonne lecture a vous !

Maupassant, Guy de. La parure et autres nouvelles à chute . Hatier, 09/ ...

Gibrat. Le vol du corbeau. Dupuis, 30/10/2015. 118 p. Aire Libre. ISBN 978-2-8001-5781-8

Laure WESTFALEWSKI – MISSAYE, 1èreST2S1

Morphine, Souris et Travestis 

Paru en 1950, Elles se rendent pas compte de Vernon Sullivan, soi-disant traduit par Boris Vian, alors qu’il en est l’auteur, raconte les péripéties de deux frères, Francis et Richie, au milieu d’une bande de bandits trafiquants de drogue. Avec humour, il caricature le roman noir américain des années 50 qui est à prendre au quatrième, voire cinquième degré !

source : https://0620056z.esidoc.fr/ document/id_0620056z _6256.html

Nous sommes à Washington dans les années 50. Francis Deacon est très occupé à se déguiser en femme car, ce soir, son amie d’enfance, Gaya, fête ses 17 ans et son entrée dans le monde à l’occasion d’un bal costumé. Durant cette fête, Francis surprend Gaya, montée dans sa chambre, en compagnie d’un homme qu’il ne connaît pas. L’homme redescend et Francis trouve son amie quelques minutes plus tard dans sa salle de bain dans un état lamentable : elle s’est droguée ! Oui mais voilà, Gaya annonce son intention de se marier avec un certain Richard, qui se met du maquillage sur le visage, et qui se trouve être son approvisionneur de drogue, autrement-dit, son dealer. Quoi qu’il en soit, Francis décide de mener l’enquête, et quand il s’avère que c’est un clan de lesbiennes et d’homosexuels qui revend sa came à Gaya, il appelle son frère Richard à la rescousse. Francis ne désarme pas, il se demande pourquoi Gaya accepte un mariage contre nature, comment elle en est arrivée à se droguer, et pourquoi autant de lesbiennes et d’homosexuels gravitent autour d’elle? Ils auront besoin d’être deux pour remettre tout ce petit monde dans le droit chemin…

Non mais, elles se rendent pas compte, les souris ! 

Ce fut ma première lecture d’un roman noir « américain », et quand on se rend compte que Boris Vian a écrit cette œuvre sans aller en Amérique, on comprend qu’il s’est fait une très bonne et très précise représentation des États Unis. Que ce soit les noms des personnages, la description des lieux, on a vraiment l’impression qu’il a seulement traduit ce roman ! Cela dit, ma première impression est très mitigée. En effet, les sujets que l’on peut retrouver sont parfois choquants, mais j’ai trouvé la lecture plus facile car le surréalisme de Vian n’est pas au rendez-vous. On retrouve dans cette œuvre des passages où l’on parle de sexe, de drogue, de machisme et d’homophobie, ce qui m’a énormément étonné. Par contre, pour les lecteurs/lectrices qui aiment les histoires où l’on retrouve beaucoup d’action, ce roman est pour vous ! L’histoire est très violente, il n’y a pas un seul moment de répit, ce qui m’a un peu embêté. 

Cependant, j’ai tout de même apprécié cette lecture par les thèmes que Boris Vian a choisi d’y aborder. En effet, dans ce roman noir il dénonce le machisme et l’homophobie, des sujets tabous et/ou dont on ne parlait pas vraiment dans les années 50. Encore une fois, Boris Vian fait preuve de modernité pour son époque. On identifie le machisme et l’homophobie à travers les différentes remarques que peut faire sans aucune gène Francis, le personnage principal. La phrase la plus machiste qui sort de sa bouche apparaît lorsqu’il sauve Sally de la noyade. En lui demandant pourquoi son bateau a coulé, il affirme : « Sur qu’elle n’entend rien à la mécanique, y a pas une souris qui y comprenne quoi que ce soit, elles confondent l’admission avec l’échappement et prennent les bougies pour un éclairage de secours. »  Cette phrase sous entend clairement que comme elle est une femme, elle n’y connaît rien en mécanique, tout simplement parce que c’est un passe temps d’hommes. En ce qui concerne les expressions homophobes, celle qui m’a le plus marquée est prononcée quand Francis est piégé par Gaya dans une sorte de cave fréquentée par des lesbiennes et homosexuels: « Si une seule des bonnes femmes qui sont ici a jamais couché avec un homme, alors moi je suis une méduse ; et si ces gars-là taquinent le sexe opposé, Washington vendait du popcorn. Des gouines et des tatas, voilà le public… ». Francis insulte ouvertement ces personnes, ce qui nous montre clairement qu’il est homophobe. Grâce à ce passage, nous pouvons constater que Boris Vian s’exprime ouvertement sur ce sujet qui était très mal vu dans les années 50. On y voit les préjugés que la population pouvait avoir envers les homosexuelles à cette période. Il critique donc l’homophobie, en la mettant en scène à travers des personnages comme Francis, homophobe et sexiste. Il s’en moque même à travers certaines situations, comme lorsque Francis se travestit en femme pour draguer Sally et Donna Watson. Il fait complètement l’inverse de ce qu’il « déteste » ! Cela nous laisse penser que Vian fait une dénonciation, et que la modernité réside alors dans sa façon de parler et de pointer cette discrimination, ce que j’admire beaucoup car c’était très osé pour l’époque ! 

Boris Vian et son double en plâtre. Il avait aussi de nombreux doubles littéraires. Source : https://www.nouvelobs.com/bibliobs/ 20200310.OBS25833/ma-vie-avec-boris-vian-par-michelle-vian.html

On retrouve également le style d’écriture particulier de Vian dans le récit, avec des phrases typiques telles que : « Je me réveille un beau matin de printemps, en plein mois de juillet, et ceci n’est pas si invraisemblable que ça en a l’air, car le printemps est aussi une qualité et il n’y a pas de raison pour qu’un jour de printemps ne prenne pas place à n’importe quel moment de l’année ». Ici, il se fiche des codes et laisse place à ses propres saisons tel le pataphysicien qu’il était. Certes, comme j’ai pu l’affirmer plus haut ce roman n’est pas  surréaliste, mais Vian y met quand quelques notes de poésie dadaïste.  

Ici contrairement à beaucoup d’œuvres de Vian, le titre a un lien avec son histoire. En effet, nous lecteurs, pouvons en conclure que Francis et Richie se déguisent en femme pour piéger les lesbiennes dans le but qu’elles (re)deviennent hétérosexuelles : elles devraient avoir des relations avec les hommes et non entre elles …  ce qui est encore une fois plutôt misogyne et homophobe ! Mais Vian pousse sans doute jusqu’au bout la charge pour mieux la dénoncer. Il ne faut pas oublier que pour piéger les souris, Richie et Francis se déguisent en femmes pour courir après les filles, alors qu’ils sont homophobes et sexistes ! 

Je mets donc 4 étoiles à ce roman noir pas si Américain justement !

Bonne lecture !

 

 Vian B, Elles se rendent pas compte. Librairie Générale Française, 10/2020. 126 p. Le Livre de poche, 14921. ISBN 978-2-253-14921-7

Lucie SAIMPOL, 1ST2S1

Une nouvelle espèce d’individus

Boris Vian est né en 1920 et a connu la maladie très jeune. Il décède en 1959 à l’âge de 39 ans, mais conscient de la courte vie qu’il va avoir, il profite de chaque instant grâce à ses multiples talents puisqu’il est écrivain, poète, parolier, chanteur, critique musical, jazzman (trompettiste) ou encore directeur artistique français.

Boris Vian en 1948, photo Studio Harcourt rognée. Source : https://www.babelio.com/auteur/ Boris -Vian/2053/photos

Dans sa carrière d’écrivain, en 1948, Boris Vian a écrit le roman Et on tuera tous les affreux dans lequel il mélange enlèvement, histoire criminelle et enquête. Dans ce récit l’auteur présente Rock Bailey, jeune homme âgé de 19 ans voulant préserver sa virginité jusqu’à ses 20 ans ! Lors d’une soirée il se fait droguer et enlever pour être emmené dans un endroit très étrange où ses ravisseurs vont tenter de le forcer à avoir des relations sexuelles avec une très jolie femme ! Au même instant un crime est commis. Libéré, Rock confie son histoire à son ami Gary Kilian et ensemble ils vont mener l’enquête qui va aboutir à la découverte de photos chirurgicales qui vont bouleverser nos deux amis. Ils vont être confronté à des meurtres, des conflits, de nombreuses femmes… au grand désespoir de Rock. Le point d’orgue de cette histoire sera une découverte glaçante : un docteur nommé Schutz qui n’aime pas les gens laids et veut créer une nouvelle race d’individus tous aussi parfaits les uns que les autres… d’où cette phrase tirée du roman et prononcée par le docteur : « Chez moi, un slogan : On tuera tous les affreux…C’est amusant n’est-ce pas ? »

Le récit commence avec une histoire d’enlèvement et la tentative d’une relation sexuelle forcée ce qui nous plonge instantanément dans l’intrigue puisqu’on se pose plein de questions. Mais au moment où l’enquête débute, cela devient très, voire trop, détaillée pour moi. Il y a énormément de prénoms qui se rajoutent au fils de l’histoire ainsi que de nombreux événements et déplacements et on finit par perdre le fil. Cependant, ce livre pose la question de l’eugénisme, c’est à dire essayer d’améliorer l’espèce humaine. Il ne faut pas oublier que ce roman a été écrit en 1948, soit trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et les expériences des nazis ! Ce roman pose aussi une autre question : pensez-vous que la beauté n’est que physique ? Et pourquoi devrions nous toutes et tous être beaux ou belles ? 

Source : https://www.livredepoche .com/livre/et-tuera-tous-les-affreux-9782253146162

Grâce au travail réalisé dans le cadre du prix littéraire Carnot, je sais que Boris Vian à un style d’écriture particulier. Dans ce roman, par exemple, il reprend les caractéristiques du « roman noir ». En effet, l’histoire nous donne une vision pessimiste de la société, des meurtres sont commis et la violence et très présente. Cela nous ouvre les yeux sur la société des années 1950 qui pourrait nous sembler idéale.

J’ai trouvé le début du roman intéressant, mais le dénouement m’a moins satisfaite malgré l’humour noir qu’insère l’auteur. Cependant Boris Vian y est visionnaire puisque le culte de la beauté est au cœur de son récit, culte qui est encore très présent dans notre société actuelle !

Pour ces raisons, j’attribue la note de deux étoiles à ce livre.

Bonne lecture à vous !

Vian, Boris. Et on tuera tous les affreux. Librairie Générale Française, 03/2021. 221 p. Le Livre de poche, 14616. ISBN 978-2-253-14616-2

TOURSEL Rachel 1ST2S1

Une vengeance brutale qui fait froid dans le dos !

J’irai cracher sur vos tombes a été écrit par Boris Vian et publié en novembre 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Il utilise ce pseudonyme lorsqu’il écrit des romans noirs dont les histoires sont souvent provocantes. En effet, ce roman a fait un véritable scandale à sa sortie à cause du caractère sexuel trop explicite de certaines scènes qui ont pu choquer à l’époque, et peuvent encore choquer actuellement …

Photographie de Boris Vian. Source : http://e-sushi.fr/actualites/boris-vian

J’irai cracher sur vos tombes raconte l’histoire de Lee Anderson, un métis à la peau blanche qui quitte sa ville natale pour se rendre à Buckton venger la mort de son frère noir, lynché car il était amoureux d’une femme blanche. Arrivé à Buckton où règne la ségrégation raciale, Lee se revendique blanc aux yeux de tous et obtient un poste d’employé dans une librairie. Le jeune homme s’intègre très rapidement et devient ami avec une bande de jeunes qui ne vivent que par le sexe, l’alcool et la violence. Par la suite, Lee se rapproche des sœurs Asquith, deux jeunes femmes blanches racistes qui vivent dans un milieu aisé. L’une s’appelle Lou et l’autre Jean. Lee a des rapports sexuels avec les deux sœurs et met enceinte Jean. Heureux événement, me diriez-vous ! Eh bien non ! N’oublions pas que Lee veut venger la mort de son frère et pour cela il va commencer par avouer aux deux sœurs qu’il n’est pas blanc ! Dès lors, que fera-t-il pour venger la mort de son frère ?

Le récit attractif et surprenant  d’un antihéros !

         J’ai apprécié ce récit de Boris Vian car il n’a pas peur de dire les choses telles qu’elles sont, il n’essaie pas d’atténuer les actes de Lee, lesquels peuvent être assez choquants, voire même très choquants. Prenons l’exemple du passage dans lequel Lee et Dexter, l’héritier d’une famille riche, violent deux jeunes filles effrayées qui crient au secours tellement elles souffrent. J’ai également beaucoup aimé le fait que, tout au long de son roman, Boris Vian crée une montée d’adrénaline en répétant à plusieurs reprises « je me rappelais tout de même le gosse » sans qu’on sache qu’il parle de la mort du frère de Lee. Le fait de toujours répéter cette phrase installe le suspense ce qui va créer chez le lecteur un sentiment d’attente et d’impatience pour découvrir de qui et de quoi il s’agit.

Source : https://www.decitre.fr/livres/j-irai-cracher-sur-vos-tombes-9782253141433.html

On peut utiliser le terme « d’antihéros » pour qualifier le personnage principal de Lee Anderson. En effet ce dernier ne présente pas les caractéristiques d’un héros traditionnel, ce qui rend ce récit, pour moi, encore plus intéressant. Au diable les bons sentiments ! Nous avons un personnage principal qui ne respecte pas les femmes et va même jusqu’à les violer pour venger son frère ce qui, à mon sens, n’est pas tout de même pas une excuse valable. Cependant, les femmes qui subissent ces actes sont elles-mêmes méprisables tant elles font preuve d’inhumanité quand s’exprime leur racisme. Personne n’est tout blanc ou tout noir en fin de compte !

Malgré cela ce n’est pas un récit que je recommande à tout le monde parce qu’il peut choquer les âmes sensibles et, après l’avoir lu, je comprends pourquoi il a fait scandale à sa parution. Si ce roman était publié à l’heure actuelle, il ne ferait sans doute pas autant scandale, voire pas du tout, car parler de rapports sexuels n’est plus un sujet tabou si ce n’est peut-être encore dans certains milieux. Notre société a évolué depuis l’époque de Boris Vian. Attention cependant, certaines personnes peuvent toujours être en désaccord avec ce récit car il dénigre beaucoup la femme qui passe avant tout pour un objet sexuel.  Prenons pour exemple cette phrase : « Tais toi, je te donnerai cinq dollars de plus«  lorsqu’une jeune fille d’environ 12 ans refuse d’avoir des rapports sexuels avec Lee qui ne lui laisse pas le choix et pense qu’en la payant plus elle va accepter.

J’irai cracher sur vos tombes est un roman très violent dans lequel certains protagonistes connaissent une mort brutale. Il ne faut pas oublier que ce roman a été écrit pour dénoncer le racisme envers les personnes de couleur aux Etats-Unis mais sous une forme peu conventionnelle. Habituellement pour défendre ce genre de cause les gens font des manifestations. Ici Boris Vian utilise le viol et le meurtre à travers le personnage de Lee  pour dénoncer le racisme et se faire entendre.

Pour moi la vengeance de Lee fait froid dans le dos mais est proportionnelle à l’acte qu’à subit son frère. C’est choquant mais au moins le message est bien passé, et peut-être que par ces actes Vian désirait interpeller ses lecteurs et faire en sorte que certaines choses concernant le racisme changent. Malheureusement aux Etats-Unis le racisme envers les personnes de couleur est toujours présent actuellement. Prenons un fait d’actualité qui s’est passé il y a  deux ans : George Floyd a été tué par un policier blanc car il était noir ce qui montre que, même de nos jours, le racisme est toujours bien présent. Faut-il écrire à nouveau un roman qui fasse scandale pour changer véritablement les choses ?

Bonne lecture à vous 🙂

Boris Vian. J’irai cracher sur vos tombes. Livre de poche. 220 p.

PRESSE Laly, 1ST2S2

Une infiltration sous haute tension

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source : https://0620056z.esidoc.fr /document/ id_0620056z_66707.html

Flic, un journaliste à infiltré la police a été écrit par Valentin Gendrot et publié en septembre 2020. Cette histoire qui se déroule en plein cœur de Paris, dans le 19e arrondissement, relate l’enquête de l’auteur, infiltré dans la police. Valentin Gendrot nous invite littéralement à intégrer son investigation ! Il nous donne l’impression d’être avec lui et de suivre son évolution dans cette infiltration.

Ce récit raconte comment se déroule le service dans la police mais également les faces cachées de ce métier, les coulisses, ce qu’on ne peut pas vraiment voir quand on n’en fait pas partie. Tout au long de ce travail d’investigation, nous sommes témoins des différentes étapes que Valentin Gendrot a dû passer avant de réellement infiltrer la police. Tout d’abord il travaille en tant qu’ADS – adjoint de sécurité ; c’est un peu comme un « jeune » policier. Son rôle est d’assister un agent titulaire dans ses missions. Ensuite, il continue son service d’ADS mais cette fois dans une infirmerie psychiatrique. Il ne va d’ailleurs pas trop apprécier y travailler car ce n’est pas du tout ce qu’il espère en tant que policier. Lorsqu’il devient conducteur d’ambulance de l’infirmerie, une routine va s’installer. Tout au long de son périple Valentin va parfois se mettre dans des positions délicates puisque il a à plusieurs reprises failli se faire démasquer. En effet, un  jour, les autres « apprentis policiers » vont regarder un reportage réalisé par… Valentin Gendrot !  Il va nier et n’avouera jamais que c’est bien de lui qu’il s’agit. Heureusement personne ne demande plus d’explications.

Il va découvrir durant sont infiltration un racisme banalisé. Par exemple pendant une intervention sur le terrain, un policier roue de coups un jeune migrant car il estime que ce qu’il a fait ne sera pas assez puni par la loi ! Il décide donc de rendre justice lui-même ! Ce qui a le plus choqValentin Gendrot – et moi-même – c’est de voir que ses collègues n’y prêtent aucune attention, comme si c’était normal. Il y a aussi la violence envers les femmes. La plupart des policiers ne veulent pas travailler sur ces affaires car pour eux « ce n’est pas ça la police » ! Ils ne veulent pas gérer ces affaires qui sont pour eux trop banales. Valentin Gendrot ne fera rien et va rester de marbre. Cependant pour dénoncer cela, il écrira ce livre où il racontera en détail ce qui se passe réellement dans la police.

Un récit d’utilité publique

Ce récit nous permet de voir comment, encore maintenant, le racisme ainsi que les violences faites aux femmes ne sont pas pris en considération alors que cela peut avoir de très lourdes conséquences !

Valentin Gendrot journaliste https://s1.ibtimes.com/sites/www.ibtimes.com/files/styles/embed/public/2020/09/03/valentin-gendrot-says-his-book-is-not-against.jpg

J’ai adoré lire ce travail d’investigation car on suit son aventure comme une série qui nous pousse à regarder l’épisode suivant. On ne peut pas s’arrêter, on désire connaître la suite de l’histoire. On entre alors au cœur de la police et on est embarqué dans tous ces événements qui s’enchaînent avec rapidité, sans aucun moment de répit, comme par exemple quand il est appelé à se rendre sur le terrain avec d’autres de ses collègues pour intervenir sur des affaires de trafics de drogue ou de bagarres de rue. Des interventions souvent très mouvementées et très violentes .

On sait que Valentin Gendrot est journaliste et cela se ressent dans son écriture. Il utilise un style et un vocabulaire journalistique qui nous font entrer au cœur de l’action. On peut même dire qu’il enlève ses habits de journaliste pour se mettre dans la peau d’un véritable policier pour mieux comprendre ce qu’il vit. Quand on lit son livre on en oublie presque qu’il est journaliste.

Un récit remplit d’adrénaline et de stress !

Pour moi ce récit nous apprend la vraie vie, c’est-à-dire comment est la société de nos jours : cruelle, sans pitié. Il nous montre tout ce qu’elle essaye de nous cacher, notamment dans la police. Cette enquête nous fait prendre conscience des actes barbares des hommes dans la société en général, et dans la police en particulier où les violences envers les migrants et les personnes défavorisées – souvent ignorées et marginalisées –  sont courantes. La société a fait le choix de ne pas montrer la cruauté qui peut malheureusement surgir dans ces milieux pour éviter de choquer la population. Il y a peut-être aussi une réelle volonté d’orienter les discours dans les médias où les coupables sont toujours les mêmes, où tout est blanc ou noir, sans nuance. Mais Valentin Gendrot a lui décidé que cela ne devait pas rester dans l’ombre, que ça devait être exposé aux yeux de toutes et tous.

Si vous voulez vraiment comprendre comment il analyse toutes ces bavures policières qui sont pour moi d’une haute gravité, je vous invite à lire son enquête. Peut-être n’aurez-vous pas le même avis que moi mais je pense que ce travail d’investigation ne vous laissera pas indifférent et vous fera réfléchir. Pour cette raison, je vous laisse vous faire votre propre opinion et vous invite à vous plonger dans cette enquête. Ce récit entraînant et authentique mérite une note de quatre étoiles !

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Bonne lecture à vous !

GENDROT, Valentin. Flic : un journaliste a infiltré la police. Editions Goutte d’or, 09/2020. 293p

Laure WESTFALEWSKI – MISSAYE, 1èreST2S1

La quête du bonheur

Source: https://0620056z.esidoc.fr/ document/id_0620056z_445.html

LHerbe rouge est un roman écrit par Boris Vian en 1947, juste après L’écume des jours. Le jazzman emblématique de Saint-Germain-des-Prés nous y offre une autobiographie. Si son récit ne connaît pas un très grand succès lors de sa parution, cest en 1985, grâce à l’adaptation télévisée de Pierre Kast, que le public redécouvrira son ouvrage, lui apportant reconnaissance et faisant (re)découvrir la modernité de son œuvre. J’ai personnellement découvert cette œuvre grâce au Prix littéraire Carnot, œuvre qui m’a plu grâce aux thèmes que Boris Vian y aborde.

LHerbe rouge nous raconte lhistoire de deux couples, celui de Wolf et son épouse Lil, et celui de Saphir Lazuli et de son amie Folavril. Le personnage principal, Wolf, est atteint dune profonde tristesse dont il aimerait se débarrasser. Persuadé que cette source de mal-être et dangoisses multiples provient de son passé, il décide de construire une machine capable d’effacer les souvenirs qui lont traumatisé. N’avez-vous jamais rêvé vous-même d’effacer vos mauvais souvenirs ? Mais, pour pouvoir les effacer à tout jamais de sa mémoire, Wolf va devoir revivre ses souvenirs avec les sentiments qu’il a refoulés durant son enfance et expliquer devant un jury imaginaire les raisons de son souhait de les oublier ! Il devra alors refaire face à des parents trop protecteurs, des études trop longues, des relations amoureuses compliquées et bien d’autres problèmes qui ne lui ont pas facilité la vie…

Un surréalisme abondant et complexe

Malgré l’entrée difficile dans cette œuvre par son côté surréaliste, j’en ai tout de même apprécié la lecture. Il y a également de nombreuses descriptions et le fait que le roman soit structuré en plusieurs chapitres peut paradoxalement compliquer la lecture et la perception du bon déroulement de lhistoire. Jai moi-même rencontré des problèmes dans certains passages du récit. Cependant, j’ai beaucoup apprécié les thèmes abordés, les trouvant très intéressants. En effet, nous, les lecteurs et lectrices, avons limpression d’être le psy de Wolf qui nous raconte ses traumatismes denfance. On peut avoir limpression que le jeune homme nous fait directement part de son mal-être, ce qui ma particulièrement plu. On éprouve des sentiments envers ce personnage, on a l’impression d’avoir une sorte d’échange avec lui, on peut le comprendre sur certains points comme lorsqu’il revient sur ses études trop longues et épuisantes. Par ces retours, Boris Vian rend la lecture moins monotone et plus divertissante. De plus, on se rend compte que Wolf crée sa machine dans le but de trouver le bonheur et d’être épanoui dans sa vie. Or, nous cherchons – voire nous rêvons – toutes et tous de trouver le remède miracle pour être heureux lorsque nous avons « le moral dans les chaussettes ».

Un récit aux échos autobiographiques

Boris Vian en 1948 Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/ Boris_Vian#/media/Fichier:Boris_Vian .jpg

Pour moi, cette œuvre a une part autobiographique. En effet, Boris Vian y fait des références à sa séparation avec sa première femme, Michelle Léglise, à travers Wolf et Lil. Par exemple, lorsque Wolf casse volontairement le saladier de cristal de Lil en lui disant qu’il ne ressent plus rien et qu’il est temps qu’il parte : c’est ce que Michelle aurait dit à Vian lors de leur séparation. Il fait aussi référence à son parcours d’ingénieur avec linvention de la machine de Wolf. Par ailleurs je trouve qu’au début de lœuvre, Lil et Folavril sont caricaturées. Leurs personnalités sont stéréotypées et renvoient à des images de femmes amoureuses, obéissantes et méprisables comme lorsque Lil veut dormir avec Wolf et qu’elle ne le fait pas, ce dernier étant occupé avec son ami Saphir, ce qui la renvoie à l’image d’une femme obéissante qui n’ose pas déranger son mari. Cependant, plus nous avançons dans le récit, plus elles deviennent indépendantes et même féministes ce qui m’a, personnellement, beaucoup plu et marqué. N’oublions pas que Boris Vian a écrit ce roman dans les années 50, années où les femmes sont perçues – et sont – comme des mères au foyer qui s’occupent des tâches ménagères, des enfants et de leur mari. Il fait donc preuve d’une grande modernité dans son approche de la psychologie féminine ! Je pense aussi que le titre que Boris Vian a donné à son roman rappelle, par son surréalisme, que tout peut être inventé. Vian s’inspire du monde qui l’entoure pour créer le sien et c’est là que résident la force et la singularité de son œuvre !

Pour ces raisons, j’attribue trois étoiles à ce roman qui, très captivant, nous « retourne un peu le cerveau » par l’écriture surréaliste de notre cher Boris Vian !

Bonne lecture à vous !

Vian, Boris. L’herbe rouge. Librairie Générale Française, 03/2021. 188 p. Le Livre de poche, 2622. ISBN 978-2-253-00135-5

 

SAIMPOL Lucie, 1ST2S1