Un parcours semé d’embûches

Source : https://www.livredepoche.com / livre/nickel-boys-9782253935025

Nickel Boys est un roman écrit par Colson Whitehead en 2019, traduit de l’anglais par Charles Recoursé. C’est en 2017 que l’auteur remporte son premier prix Pulitzer pour The Underground Railroad, puis son second en 2020 pour Nickel Boys. Il est important de souligner qu’il est l’un des rares écrivains à détenir deux prix Pulitzer, en plus du National Book Award et du prix Arthur C.Clarke. De plus, The Underground Railroad a bénéficié d’une adaptation télévisuelle par Barry Jenkins, qui a contribué à faire connaître l’auteur. Pour avoir déjà lu Harlem Shuffle, un roman écrit par ce même auteur qui m’avait beaucoup plu, mon choix s’est naturellement porté sur Nickel Boys. Une fois de plus, je n’ai pas été déçue par son écriture qui contribue à faire vivre une histoire basée sur des faits aussi réels que révoltants.

Nous sommes en pleine Amérique ségrégationniste dans les années 1960. Plus précisément dans la communauté afro-américaine de la Floride où le jeune Elwood Curtis vit en compagnie de sa grand-mère, Harriet. Abandonné dès le plus jeune âge par ses parents, notamment son père qui était trop ambitieux à son retour de l’armée et pour qui Tallahassee n’était plus à la hauteur de ses attentes. Elwood est un garçon très intelligent, poussé par Harriet qui pense que le travail est une valeur essentielle. Ainsi, elle espère que l’assiduité ne lui laissera pas le temps de participer à des manifestations qui pourraient le mettre en danger en raison de sa couleur de peau. Cependant, le jeune garçon est totalement absorbé par les discours de Martin Luther King qui lui ont ouvert les yeux. Sa fascination pour les discours de ce dernier pour la lutte des droits civiques le pousse à vouloir partager via l’écriture son combat sur la question raciale. Il fait plusieurs tentatives dans ce sens, mais aucun journal n’accepte de partager ses lettres. Lorsque son professeur d’Histoire lui suggère de rejoindre Melvin Griggs, une université réservée aux élèves méritants, Elwood comprend que son avenir est tout tracé. Jusqu’au jour où ses rêves sont brutalement interrompus. Envoyé, suite à une erreur judiciaire, à la Nickel Academy, un établissement de correction pour mineurs, sa vie prend un tournant brutal. Rien n’est simple à Nickel ! Entre les pires sévices perpétrés dans l’ombre et la terreur qui y règne, tout est une question de survie quand le destin vous joue des tours. Elwood devra surmonter toutes ces épreuves pour espérer, un jour, quitter Nickel et regagner sa liberté…

Un roman puissant de vérité

En s’inspirant d’une histoire vraie de la Dozier School for Boys, Colson Whitehead nous relate la réalité la plus juste de la ségrégation aux États-Unis des années 60. Dès le début nous sommes plongés au cœur du sujet : un cimetière clandestin est découvert au sommet de la grande colline du campus de Nickel. Une enquête est ouverte après la découverte de plusieurs corps d’élèves noirs. La parole se libère et les anciens élèves de Nickel parlent des visites nocturnes dans les dortoirs, des cris camouflés par un ventilateur industriel provenant d’une pièce que les élèves noirs surnomment la Maison-Blanche. Nickel aurait dû offrir une nouvelle chance à ces garçons, dont la plupart n’avaient pas une vie facile avant de rejoindre l’école. Au lieu de cela, si ils en ressortent, ce n’est jamais sans séquelles. Depuis son arrestation, Elwood pleure la nuit quand il pense à ce que lui réserve Nickel. C’est au bout du deuxième jour qu’il fait la connaissance de Turner, l’un de ses semblables. Ces deux-là se lient d’amitié. Cette amitié est ce qui permet à l’adolescent de rester fidèle à ses convictions. La violence est au cœur du roman, reflétant la cruauté de la ségrégation. «Vous êtes des Noirs dans un monde de Blancs », voilà ce que leur apprend Nickel ! Dès lors nous avons très vite ce sentiment de rage qui grandit en nous à mesure que l’on avance dans le roman. On lit avec appréhension, angoissé par une menace grandissante, ce qui maintient le suspense. Mais lorsqu’elle frappe, elle est déchirante. C’est tout le brio de l’écriture de l’auteur, une écriture qui a la capacité de nous saisir au bon moment ! Nous suivons la vie brisée d’Elwood, et celle de beaucoup d’autres noirs avant lui. C’est un rappel d’une face les plus sombres de l’Amérique, d’autant plus lorsque l’on sait que la Dozier School for Boys n’a été fermée qu’en… 2011 ! Oui, vous avez bien lu, 2011. Cela montre le racisme persistant dans certains États, encore aujourd’hui malheureusement. Et que le simple fait d’être noir et d’être au mauvais endroit, au mauvais moment, suffit pour que votre vie bascule du tout au tout.

Colson Whitehead Source : https://buechermenschen.de/ lesenswert/10-fragen-an/colson-whitehead/

Deux façons de voir le monde

L’amitié entre Elwood et Turner oppose deux visions différentes. De l’une, Elwood est conscient qu’il est coincé à Nickel, mais il veut en tirer son parti et tout faire pour que ça dure le moins longtemps possible, motivé par les discours de paix du révérend Martin Luther King. De l’autre, Turner semble s’être résigné à son sort. On ne peut pas s’empêcher d’éprouver de la compassion pour Elwood auquel on s’attache immédiatement. En revanche, j’avais un doute quant aux intentions de Turner, du moins au début. Il m’a donné l’impression d’être absent et à l’écart, un être en marge où qu’il soit. Mais rapidement leur relation se concrétise. Elle est un pilier dans leur reconstruction mais aussi dans le schéma narratif du roman. En effet, tout au long du récit les bonds dans le temps – on passe des années 60 aux années 80 – agissent comme une coupure à la violence. Une situation paisible, qui va à l’encontre de ce que nous venons de lire et atténue l’horreur de Nickel. Cependant une tension semble persister. Ces passages m’ont un peu troublée mais ce n’est qu’une fois le roman terminé que nous nous rendons compte de tout l’intérêt de ces allées et venues dans le temps et du génie de l’auteur ! L’épilogue est un revirement de situation insoupçonnable ! Quel talent ! C’est d’ailleurs cette fin qui m’a beaucoup plu et marquée. J’ai également beaucoup aimé la façon d’écrire de Colson Whitehead qui dépeint tant les jours ordinaires que la violence la plus abjecte, suggérant des scènes trop violentes plutôt que de les décrire dans le menu détail ce qui rend ce roman accessible à un large public mais n’en atténue pas la portée. Un roman toutefois dur à lire pour ses scènes puissantes et marquantes qui vous laisseront le cœur plein d’émotions.

J’attribue cinq étoiles à ce roman qui a été un véritable coup de cœur pour moi !

Je vous souhaite une très bonne lecture !

Whitehead, Colson. Nickel Boys. Librairie Générale Française, 05/2022. 264p. Le Livre de Poche, ISBN-9782226449788

 

 

Lucie LEGAY,  1ERE2

Une fugue pour se retrouver

Un roman intemporel

JD Salinger pose pour un portrait alors qu’il lit son roman américain classique « The Catcher in the Rye » en 1952 à New York. source: https://www.today.com/ books/biography-j-d-salinger -didnt-want-public-see-auction -2D11632738

          L’attrape-cœurs (The Catcher in the Rye) est un roman étatsunien publié en 1951. Son auteur, J.D Salinger, commence à écrire dès son plus jeune âge. Plus tard, alors que ses œuvres commencent à avoir du succès, il supporte mal la célébrité et s’isole. Emmuré dans un profond silence, il suscite la curiosité des lecteurs du monde entier ! Son roman L’attrape-cœurs est devenu un livre culte sur la jeunesse et a connu un succès immédiat. Témoignage poignant et réaliste des années cinquante, les aventures d’Holden Caulfield explorent des thèmes universels qui questionnent toujours aujourd’hui. Il n’est donc pas étonnant que ce roman eu un énorme succès qui est,  selon moi, amplement mérité ! En effet, en abordant la difficile période de l’adolescence et la dépression, ce livre me semble avoir une portée intemporelle. Je peux vous assurer que, même soixante-douze ans après sa publication, cette œuvre newyorkaise n’a pas pris une ride ! Si vous ne me croyez pas je vous invite à le lire. 

          Holden Caulfield, adolescent perturbé de 17 ans, étudie à Pencey. Il se fait renvoyer de cette université peu de temps avant Noël. Jeune homme à l’esprit  troublé,  il erre durant trois jours dans les rues de New-York. Effrayé par la réaction de ses parents à l’annonce de son renvoi, il décide en effet de ne pas rentrer chez lui. Même le froid glacial de décembre,  dans lequel il est plongé, ne le décide pas à réintégrer son foyer. Ne sachant jamais où aller, il laisse le destin le guider dans un monde où il ne trouve pas sa place. Une errance qui symbolise bien la période de l’adolescence pendant laquelle nous nous « cherchons ».  Aucun de ses déplacement dans la Big Apple n’est réfléchis, il ne métrise rien. « Tellement seul et mal foutu », le jeune homme entame alors une profonde réflexion sur lui-même. Il nous dépeint une critique de la société avec le regard perspicace d’un ado coincé entre deux âges.

Intriguant et original au premier regard

Soure : https://www.abebooks.fr/ rechercher-livre/titre/ attrape-coeurs/auteur/ salinger/

          Je voudrais maintenant vous poser une question essentielle : quelle est la première chose que vous faites lorsque vous choisissez un livre ? Naturellement, il me semble que vous me répondrez que vous retournez le roman et que vous lisez le résumé de la quatrième de couverture. Ou encore, que vous cherchez une inspiration en scrutant l’illustration. Ici, rien de cela. C’est bien ce qui m’a intrigué au premier abord. Cette couverture rouge vive m’a tapée dans l’œil parmi les autres œuvres proposées dans le cadre du Prix littéraire Carnot. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle pouvait représenter. Puis j’ai retourné le livre pour avoir des réponses à mes questions. Mais il n’y avait rien, absolument rien, même pas l’ombre d’une phrase ou d’un mot ! Original non ? En ce qui me concerne, c’est cette accumulation de questionnements qui m’a incitée à lire ce roman. Je trouve cette stratégie de l’éditeur très bien trouvée et innovante, mais sans nul doute qu’elle puisse en laisser quelques-uns perplexes…

Un surplus de sous-entendus

          La  seule chose qui m’a déplu dans L’attrape-cœurs,  c’est l’impression de nécessité de relecture pour comprendre chaque sous-entendu. En effet, j’ai pu remarquer que derrière de nombreuses phrases se cachaient des réflexions plus profondes. Un exemple précis me vient alors à l’esprit. Je peux citer le métier d’attrape-cœurs que voudrait exercer Holden, qui est décrit ainsi par ses soins : «Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est d’attraper les mômes s’ils approchent trop près du bord. […] moi je réplique et je les attrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serai juste l’attrape-cœurs et tout.» La vocation du personnage principal serait de remettre dans le droit chemin tous les ados qui, comme lui, ont des difficultés à entrer dans le monde des adultes. Mais cela reste mon interprétation, chacun peut en avoir une autre.

Une identification et un attachement profond au personnage

          Je ne suis pas une grande lectrice, je vous l’avoue. Mais s’il y a bien une chose qui m’a fait aimer ce livre, c’est ce sentiment de proximité avec le personnage. Le fait que la narration soit à la première personne du singulier et qu’elle soit omnisciente (on a accès aux pensées et réflexions du personnage) nous donne l’impression d’être dans la tête d’Holden, voire parfois de prendre sa place. De plus, l’auteur utilise un style oral et  familier comme le souligne des expressions telles que « et tout, et tout » et des accumulations de tics de langages. Ce sont de telles expressions que nous utilisons dans notre quotidien et à mon sens ces procédés nous aident à nous identifier au protagoniste. Si je devais comparer ce roman à une attraction – je sais cela peut paraître absurde – je l’associerais aux montagnes russes. Plus précisément à des montagnes russes émotionnelles. Au cours de ma lecture, j’ai constaté que ce récit pouvait faire mal. Tour à tour, je ressentais de la mélancolie, un sentiment de solitude lorsque l’adolescent Caulfield recherchait désespérément sa place. Ne vous êtes vous jamais retrouvé comme lui pris entre deux mondes ? Vous trouvant exclu du groupe des enfants à cause d’une maturité plus développée que la leur et rejeté par les adultes qui peinent à vous considérer ? C’est vrai qu’il est difficile, alors  assis à la table des  » mômes » lors un anniversaire, d’écouter la conversation voisine des adultes !

        Et puis dans ce fleuve d’ondes négatives, arrive tout à coup une note de légèreté. L’insouciance d’Holden tombe à pic et apporte une pointe d’humour ! Il en devient touchant. L’adolescent n’est pas conscient de l’importance de ses actions sur son futur. En effet, il répond au père Spencer, soucieux de l’avenir de son élève : « Oh si bien sûr. Bien sûr que je me fais du souci pour mon avenir. J’ai réfléchi une minute. Mais pas trop quand même. Non pas trop quand même ». Je me suis donc particulièrement attachée à ce personnage ayant trouvé une petite part de moi même en lui.

          Finalement, si je devais donner trois adjectifs pour caractériser ce roman ils seraient : intemporel, original et touchant !

       Bonne lecture à tous, j’espère que ma critique vous aura permise de découvrir L’attrape-cœurs, ou même pour certains de le redécouvrir !

Selon moi ce roman mérite bien 4 étoiles !

4 Étoiles Sur 5

Salinger, J.D. L’attrape-cœurs. Pocket, 06/1994. 252 p

SENCE Clara 1ere2 

Découverte de la vie d’un artiste

 

Première de couverture de la BD « Piscine Molitor »

Piscine Molitor, dessinée et scénarisée par Christian Cailleaux et Hervé Bourhis, est parue en 2009. C’est une histoire vraie puisqu’elle relate la vie de Boris Vian. J’ai découvert cet artiste grâce à mon professeur de Français et mon professeur documentaliste dans le cadre du Prix Littéraire du Lycée Carnot. Boris Vian ne m’était donc pas inconnu au moment de cette lecture puisque mes professeurs nous avaient montré des vidéos sur lui en classe. Nous avons également eu la chance de visiter son appartement le 29 novembre ce qui m’a permis d’en savoir encore plus sur cet artiste. Nous sommes entrés dans son intimité, puis nous avons pu échanger avec Nicole Bertolt qui gère son patrimoine. Cette dame nous a expliqué qui était Boris Vian, elle nous a confirmé qu’il n’avait pas peur de l’avis des autres, d’autant plus qu’il savait qu’il allait mourir jeune ! Je lui ai donc demandé son avis sur cette bande dessinée. Elle m’a répondu qu’elle ne l’avait pas appréciée. Selon elle, cet ouvrage ne représente pas exactement la vie de Vian et présente beaucoup d’erreurs. Il faut en effet savoir que Cailleaux et Bourhis n’ont pas demandé l’accord à Nicole Bertolt pour écrire sur l’artiste. Après tout, c’est elle qui représente Boris Vian ! Avant cela j’avais pu me faire mon propre avis et je vais vous le présenter.

Un dernier plongeon avant la mort

Piscine Molitor-Paris Source: www.bing.com

Ce récit retrace les derniers moments, les dernières heures de cet artiste polyvalent puisqu’il jouait de la trompette, il chantait, il écrivait… Pour comprendre cette bande dessinée, il faut préciser que la piscine Molitor est un lieu qui se situe à Paris. Vian s’y rendait pour y faire de l’apnée car il souffrait d’une maladie cardiaque et, pour lui, retenir le plus longtemps possible sa respiration était bon pour son cœur. D’ailleurs, dès les premières planches nous pouvons constater la maladie de l’artiste. Il sait qu’il va mourir, il se sait condamné. C’est donc pour cela que la bande dessinée porte ce nom.

Nous comprenons aussi qu’il se rend dans cette piscine avant de partir pour la projection cinématographique de l’adaptation de son roman, J’irai cracher sur vos tombes, projection pendant laquelle il va mourir. Cela dit, la présentation de son existence est chronologique. On a juste des aller-retours entre les dernières heures de sa vie et les grandes étapes de son existence, autrement dit une construction en flashbacks. Cela crée une tension dans la lecture car on ne sait pas quand l’épisode de sa mort va nous être relaté. Dès le début on sait qu’il va mourir mais l’attente est longue. 

Dans ce récit, vous pourrez ainsi découvrir les différentes étapes de sa vie, ses femmes, son procès pour atteinte aux bonnes mœurs à la suite de la sortie de son roman J’irai cracher sur vos tombes. Bref, vous allez découvrir sa vie, une vie à mille à l’heure ! Le rythme de la bande dessinée est comme son existence, très rapide ! Cette qualité est en même temps le petit bémol que j’apporterai à cette bande dessinée. En effet, je trouve que les auteurs ne parlent pas assez de sa jeunesse… signe qu’ils ne se sont pas assez documentés, notamment auprès de Madame Bertolt. L’étape de l’enfance passe trop vite, notamment le fait qu’il ait appris à lire et écrire très jeune. Vous le découvrirez durant votre lecture. Je trouve aussi qu’il manque une transition entre sa vie avec sa première épouse, Michelle Léglise, et celle avec sa seconde femme, Ursula Kubler. Il n’y a que l’étape de la séparation ! Cependant l’accent est bien mis sur sa vie de Jazzman car Boris Vian a écrit des chansons et il jouait de la trompette. J’ai donc écouté Le Déserteur suite à ma lecture, mais j’avoue que ce n’est pas mon style de musique !

Une palette de couleurs en lien avec les émotions

Planche de la BD. Page 6. Source: www.bdtheque.com

Concernant l’aspect graphique, les planches sont colorées avec des couleurs assez froides par moment et plus chaudes à d’autres. Chaque couleur correspond à une émotion. Le style de Christian Cailleaux rappelle un peu la ligne claire comme chez Tintin, les traits sont fins. Je trouve que les personnages sont très bien représentés. Par exemple, sur les dessins où il se trouve à la piscine, Boris Vian est dessiné avec des traits émaciés pour faire comprendre qu’il est malade et proche de la fin. Sur la planche ci-contre, l’illustrateur utilise de nombreuses nuances de bleu pour transmettre la gravité de la situation.

Pour découvrir l’artiste, c’est par ici !

Malgré ses manques, j’ai bien aimé ce récit, il explique les grandes étapes de l’existence  de Boris Vian même si je connaissais déjà un peu sa vie. L’artiste était très occupé, nous le comprenons bien. La bande dessinée est très facile à lire et compréhensible. C’est une bonne entrée en matière pour connaître les grandes lignes de la vie de l’auteur. Si vous voulez découvrir l’artiste, voir à quel point il avait une vie mouvementée et comment il en a profité, je vous invite à découvrir cette bande dessinée. Personnellement je lui attribue la note de quatre étoiles. J’enlève une étoile puisque les auteurs ne parlent pas assez de son enfance.

Bonne lecture à vous !

Cailleaux, Christian / Bourhis, Hervé. Piscine Molitor. Dupuis, 03/2020. 74 p. Aire Libre.

SECEMBER Ketty, 1ST2S1

La sauveuse du Palais des femmes

Source : https://www.livredepoche.com/livre/les-victorieuses-9782253934639

Vous connaissez peut-être Laetitia Colombani, une très grande écrivaine, actrice, scénariste et réalisatrice française née en 1976 à Bordeaux. Elle est connue pour ses romans La tresse, Les Victorieuses ou encore Le Cerf-volant. Dès sa parution, Les Victorieuses s’est classé dans les meilleures ventes. L’intrigue se développe autour du Palais de la Femme à Paris, dans le 11e arrondissement. L’idée d’écrire ce roman est venue à Laetitia Colombani quand elle est passée devant ce lieu. Elle a commencé à se renseigner, à recueillir des témoignages et autres informations pour écrire son récit. 

Quand les femmes s’entraident

Les Victorieuses nous raconte l’histoire de Solène, une avocate qui est en burn-out car Arthur Saint-Clair, l’un de ses clients, s’est suicidé après son audience. Elle n’arrive plus à aller travailler et tombe en dépression. Elle consulte alors un psychiatre qui lui propose de faire du bénévolat au lieu de prendre des médicaments. Elle devient bénévole pour les femmes qui ont été violées, qui sont battues ou celles qui vivent dans la pauvreté… aux Palais de la Femme. Pour Solène c’est une vraie thérapie. Au début, elle est accueillie par la directrice chaleureusement. Elle commence sa première permanence et ne se sent pas utile pour ces femmes. Seulement elle va se rendre compte que soutenir les femmes dans le besoin l’aide beaucoup et va prend conscience que c’est le métier la qu’elle veut faire

Dans son récit, Laetitia Colombani retourne dans le passé pour nous parler de Blanche Peyron, une femme de 53 ans atteinte d’une grave infection aux poumons mais qui veut accomplir sa mission « Soupe. Savon. Salut » pour venir en aide aux plus démunis. Blanche Peyron n’est pas n’importe qui. Ancienne mondaine, elle quitte tout pour s’engager au service des autres et entre à l’Armée du Salut. Elle est aussi et surtout la fondatrice de ce Palais de la femme en 1926 ! Le lien qui la relie à Solène est leur volonté commune d’aider les femmes. Blanche Peyron a vraiment existé et selon moi cela ajoute plus d’émotions au récit car c’est une femme qui a fait beaucoup pour ses semblables.

Palais de la femme en 2019. Source : Sortiraparis.com

J’ai beaucoup aimé ce roman ! Je l’ai lu très rapidement car il met en scène des personnes en difficulté et je trouve ça très bien que des femmes s’entraident, c’est émouvant. A un moment du récit, Cynthia, une des résidentes du Palais, se suicide car elle souffre trop et se dit qu’elle ne sert à rien. J’ai trouvé ce passage très touchant car beaucoup de femmes se rabaissent et Laetitia Colombani aborde un sujet d’actualité. En effet beaucoup de femmes se sous-estiment tout le temps et je pense que c’est tout à fait vrai car je connais plein de monde dans ce cas. J’ai beaucoup aimé le personnage de Solène car elle aide beaucoup de personnes même si elle est elle-même au plus mal. Elle est très courageuse, je trouve qu’elle parvient à donner beaucoup de force aux résidentes du Palais qui ont un passé très douloureux. Je trouve le style d’écriture de Laetitia Colombani fluide et intéressant et j’ai apprécié le retour vers le passé avec Blanche Peyron. C’est très intéressant car on veut toujours connaître la suite, on n’arrive pas à s’arrêter de lire. Je vous conseille fortement de lire cette histoire, si vous êtes une femme et surtout si vous êtes un homme, pour mieux comprendre ce que les femmes peuvent vivre. Son récit est basé sur des histoires vraies. L’auteure s’est appuyée sur des témoignages et anecdotes pour alimenter son livre, notamment ceux de Blanche Peyron. Je trouve cela fantastique que Laetitia Colombani ait parlé de Blanche Peyron car c’est une personne importante dans l’histoire des femmes. 

Ce roman nous apporte beaucoup d’émotions. Ce n’est pas facile de se battre pour les femmes, et ce encore actuellement. Il y a encore trop d’inégalités. Si on met une jupe on nous insulte, si on est ronde on se fait critiquer, alors que pour les hommes ce n’est pas le cas – et ce ne sont que deux exemples ! Je pense que de nombreuses femmes n’ont pas assez confiance en elles et ne sont pas rassurées, même s’il commence à y avoir des petits changements. Je trouve que c’est injuste et je pense que beaucoup de mes semblables ne sont pas assez solidaires, elles se critiquent beaucoup trop elles-mêmes. Pour cela le roman de Laetitia Colombani est salutaire ; il est utile pour les femmes, pour qu’elles se sentent mieux, physiquement ou moralement. Qu’elles aient confiance en elles et qu’elles se donnent une seconde chance dans leur vie.

Pour ces raisons je mets cinq étoiles à ce roman. Je vous le recommande fortement !  

 

Colombani, Laëtitia. Les victorieuses. Librairie Générale Française, 05/2020. 233 p. Le Livre de poche, 35741. ISBN 978-2-253-93463-9

Sarah VERIN, 1ST2S2

Une vengeance brutale qui fait froid dans le dos !

J’irai cracher sur vos tombes a été écrit par Boris Vian et publié en novembre 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Il utilise ce pseudonyme lorsqu’il écrit des romans noirs dont les histoires sont souvent provocantes. En effet, ce roman a fait un véritable scandale à sa sortie à cause du caractère sexuel trop explicite de certaines scènes qui ont pu choquer à l’époque, et peuvent encore choquer actuellement …

Photographie de Boris Vian. Source : http://e-sushi.fr/actualites/boris-vian

J’irai cracher sur vos tombes raconte l’histoire de Lee Anderson, un métis à la peau blanche qui quitte sa ville natale pour se rendre à Buckton venger la mort de son frère noir, lynché car il était amoureux d’une femme blanche. Arrivé à Buckton où règne la ségrégation raciale, Lee se revendique blanc aux yeux de tous et obtient un poste d’employé dans une librairie. Le jeune homme s’intègre très rapidement et devient ami avec une bande de jeunes qui ne vivent que par le sexe, l’alcool et la violence. Par la suite, Lee se rapproche des sœurs Asquith, deux jeunes femmes blanches racistes qui vivent dans un milieu aisé. L’une s’appelle Lou et l’autre Jean. Lee a des rapports sexuels avec les deux sœurs et met enceinte Jean. Heureux événement, me diriez-vous ! Eh bien non ! N’oublions pas que Lee veut venger la mort de son frère et pour cela il va commencer par avouer aux deux sœurs qu’il n’est pas blanc ! Dès lors, que fera-t-il pour venger la mort de son frère ?

Le récit attractif et surprenant  d’un antihéros !

         J’ai apprécié ce récit de Boris Vian car il n’a pas peur de dire les choses telles qu’elles sont, il n’essaie pas d’atténuer les actes de Lee, lesquels peuvent être assez choquants, voire même très choquants. Prenons l’exemple du passage dans lequel Lee et Dexter, l’héritier d’une famille riche, violent deux jeunes filles effrayées qui crient au secours tellement elles souffrent. J’ai également beaucoup aimé le fait que, tout au long de son roman, Boris Vian crée une montée d’adrénaline en répétant à plusieurs reprises « je me rappelais tout de même le gosse » sans qu’on sache qu’il parle de la mort du frère de Lee. Le fait de toujours répéter cette phrase installe le suspense ce qui va créer chez le lecteur un sentiment d’attente et d’impatience pour découvrir de qui et de quoi il s’agit.

Source : https://www.decitre.fr/livres/j-irai-cracher-sur-vos-tombes-9782253141433.html

On peut utiliser le terme « d’antihéros » pour qualifier le personnage principal de Lee Anderson. En effet ce dernier ne présente pas les caractéristiques d’un héros traditionnel, ce qui rend ce récit, pour moi, encore plus intéressant. Au diable les bons sentiments ! Nous avons un personnage principal qui ne respecte pas les femmes et va même jusqu’à les violer pour venger son frère ce qui, à mon sens, n’est pas tout de même pas une excuse valable. Cependant, les femmes qui subissent ces actes sont elles-mêmes méprisables tant elles font preuve d’inhumanité quand s’exprime leur racisme. Personne n’est tout blanc ou tout noir en fin de compte !

Malgré cela ce n’est pas un récit que je recommande à tout le monde parce qu’il peut choquer les âmes sensibles et, après l’avoir lu, je comprends pourquoi il a fait scandale à sa parution. Si ce roman était publié à l’heure actuelle, il ne ferait sans doute pas autant scandale, voire pas du tout, car parler de rapports sexuels n’est plus un sujet tabou si ce n’est peut-être encore dans certains milieux. Notre société a évolué depuis l’époque de Boris Vian. Attention cependant, certaines personnes peuvent toujours être en désaccord avec ce récit car il dénigre beaucoup la femme qui passe avant tout pour un objet sexuel.  Prenons pour exemple cette phrase : « Tais toi, je te donnerai cinq dollars de plus«  lorsqu’une jeune fille d’environ 12 ans refuse d’avoir des rapports sexuels avec Lee qui ne lui laisse pas le choix et pense qu’en la payant plus elle va accepter.

J’irai cracher sur vos tombes est un roman très violent dans lequel certains protagonistes connaissent une mort brutale. Il ne faut pas oublier que ce roman a été écrit pour dénoncer le racisme envers les personnes de couleur aux Etats-Unis mais sous une forme peu conventionnelle. Habituellement pour défendre ce genre de cause les gens font des manifestations. Ici Boris Vian utilise le viol et le meurtre à travers le personnage de Lee  pour dénoncer le racisme et se faire entendre.

Pour moi la vengeance de Lee fait froid dans le dos mais est proportionnelle à l’acte qu’à subit son frère. C’est choquant mais au moins le message est bien passé, et peut-être que par ces actes Vian désirait interpeller ses lecteurs et faire en sorte que certaines choses concernant le racisme changent. Malheureusement aux Etats-Unis le racisme envers les personnes de couleur est toujours présent actuellement. Prenons un fait d’actualité qui s’est passé il y a  deux ans : George Floyd a été tué par un policier blanc car il était noir ce qui montre que, même de nos jours, le racisme est toujours bien présent. Faut-il écrire à nouveau un roman qui fasse scandale pour changer véritablement les choses ?

Bonne lecture à vous 🙂

Boris Vian. J’irai cracher sur vos tombes. Livre de poche. 220 p.

PRESSE Laly, 1ST2S2

Une infiltration sous haute tension

https://i.pinimg.com/originals/e4/d8/e8/e4d8e877795bdb2892b87ae1e0d94129.jpg

source : https://0620056z.esidoc.fr /document/ id_0620056z_66707.html

Flic, un journaliste à infiltré la police a été écrit par Valentin Gendrot et publié en septembre 2020. Cette histoire qui se déroule en plein cœur de Paris, dans le 19e arrondissement, relate l’enquête de l’auteur, infiltré dans la police. Valentin Gendrot nous invite littéralement à intégrer son investigation ! Il nous donne l’impression d’être avec lui et de suivre son évolution dans cette infiltration.

Ce récit raconte comment se déroule le service dans la police mais également les faces cachées de ce métier, les coulisses, ce qu’on ne peut pas vraiment voir quand on n’en fait pas partie. Tout au long de ce travail d’investigation, nous sommes témoins des différentes étapes que Valentin Gendrot a dû passer avant de réellement infiltrer la police. Tout d’abord il travaille en tant qu’ADS – adjoint de sécurité ; c’est un peu comme un « jeune » policier. Son rôle est d’assister un agent titulaire dans ses missions. Ensuite, il continue son service d’ADS mais cette fois dans une infirmerie psychiatrique. Il ne va d’ailleurs pas trop apprécier y travailler car ce n’est pas du tout ce qu’il espère en tant que policier. Lorsqu’il devient conducteur d’ambulance de l’infirmerie, une routine va s’installer. Tout au long de son périple Valentin va parfois se mettre dans des positions délicates puisque il a à plusieurs reprises failli se faire démasquer. En effet, un  jour, les autres « apprentis policiers » vont regarder un reportage réalisé par… Valentin Gendrot !  Il va nier et n’avouera jamais que c’est bien de lui qu’il s’agit. Heureusement personne ne demande plus d’explications.

Il va découvrir durant sont infiltration un racisme banalisé. Par exemple pendant une intervention sur le terrain, un policier roue de coups un jeune migrant car il estime que ce qu’il a fait ne sera pas assez puni par la loi ! Il décide donc de rendre justice lui-même ! Ce qui a le plus choqValentin Gendrot – et moi-même – c’est de voir que ses collègues n’y prêtent aucune attention, comme si c’était normal. Il y a aussi la violence envers les femmes. La plupart des policiers ne veulent pas travailler sur ces affaires car pour eux « ce n’est pas ça la police » ! Ils ne veulent pas gérer ces affaires qui sont pour eux trop banales. Valentin Gendrot ne fera rien et va rester de marbre. Cependant pour dénoncer cela, il écrira ce livre où il racontera en détail ce qui se passe réellement dans la police.

Un récit d’utilité publique

Ce récit nous permet de voir comment, encore maintenant, le racisme ainsi que les violences faites aux femmes ne sont pas pris en considération alors que cela peut avoir de très lourdes conséquences !

Valentin Gendrot journaliste https://s1.ibtimes.com/sites/www.ibtimes.com/files/styles/embed/public/2020/09/03/valentin-gendrot-says-his-book-is-not-against.jpg

J’ai adoré lire ce travail d’investigation car on suit son aventure comme une série qui nous pousse à regarder l’épisode suivant. On ne peut pas s’arrêter, on désire connaître la suite de l’histoire. On entre alors au cœur de la police et on est embarqué dans tous ces événements qui s’enchaînent avec rapidité, sans aucun moment de répit, comme par exemple quand il est appelé à se rendre sur le terrain avec d’autres de ses collègues pour intervenir sur des affaires de trafics de drogue ou de bagarres de rue. Des interventions souvent très mouvementées et très violentes .

On sait que Valentin Gendrot est journaliste et cela se ressent dans son écriture. Il utilise un style et un vocabulaire journalistique qui nous font entrer au cœur de l’action. On peut même dire qu’il enlève ses habits de journaliste pour se mettre dans la peau d’un véritable policier pour mieux comprendre ce qu’il vit. Quand on lit son livre on en oublie presque qu’il est journaliste.

Un récit remplit d’adrénaline et de stress !

Pour moi ce récit nous apprend la vraie vie, c’est-à-dire comment est la société de nos jours : cruelle, sans pitié. Il nous montre tout ce qu’elle essaye de nous cacher, notamment dans la police. Cette enquête nous fait prendre conscience des actes barbares des hommes dans la société en général, et dans la police en particulier où les violences envers les migrants et les personnes défavorisées – souvent ignorées et marginalisées –  sont courantes. La société a fait le choix de ne pas montrer la cruauté qui peut malheureusement surgir dans ces milieux pour éviter de choquer la population. Il y a peut-être aussi une réelle volonté d’orienter les discours dans les médias où les coupables sont toujours les mêmes, où tout est blanc ou noir, sans nuance. Mais Valentin Gendrot a lui décidé que cela ne devait pas rester dans l’ombre, que ça devait être exposé aux yeux de toutes et tous.

Si vous voulez vraiment comprendre comment il analyse toutes ces bavures policières qui sont pour moi d’une haute gravité, je vous invite à lire son enquête. Peut-être n’aurez-vous pas le même avis que moi mais je pense que ce travail d’investigation ne vous laissera pas indifférent et vous fera réfléchir. Pour cette raison, je vous laisse vous faire votre propre opinion et vous invite à vous plonger dans cette enquête. Ce récit entraînant et authentique mérite une note de quatre étoiles !

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Bonne lecture à vous !

GENDROT, Valentin. Flic : un journaliste a infiltré la police. Editions Goutte d’or, 09/2020. 293p

Laure WESTFALEWSKI – MISSAYE, 1èreST2S1

La quête du bonheur

Source: https://0620056z.esidoc.fr/ document/id_0620056z_445.html

LHerbe rouge est un roman écrit par Boris Vian en 1947, juste après L’écume des jours. Le jazzman emblématique de Saint-Germain-des-Prés nous y offre une autobiographie. Si son récit ne connaît pas un très grand succès lors de sa parution, cest en 1985, grâce à l’adaptation télévisée de Pierre Kast, que le public redécouvrira son ouvrage, lui apportant reconnaissance et faisant (re)découvrir la modernité de son œuvre. J’ai personnellement découvert cette œuvre grâce au Prix littéraire Carnot, œuvre qui m’a plu grâce aux thèmes que Boris Vian y aborde.

LHerbe rouge nous raconte lhistoire de deux couples, celui de Wolf et son épouse Lil, et celui de Saphir Lazuli et de son amie Folavril. Le personnage principal, Wolf, est atteint dune profonde tristesse dont il aimerait se débarrasser. Persuadé que cette source de mal-être et dangoisses multiples provient de son passé, il décide de construire une machine capable d’effacer les souvenirs qui lont traumatisé. N’avez-vous jamais rêvé vous-même d’effacer vos mauvais souvenirs ? Mais, pour pouvoir les effacer à tout jamais de sa mémoire, Wolf va devoir revivre ses souvenirs avec les sentiments qu’il a refoulés durant son enfance et expliquer devant un jury imaginaire les raisons de son souhait de les oublier ! Il devra alors refaire face à des parents trop protecteurs, des études trop longues, des relations amoureuses compliquées et bien d’autres problèmes qui ne lui ont pas facilité la vie…

Un surréalisme abondant et complexe

Malgré l’entrée difficile dans cette œuvre par son côté surréaliste, j’en ai tout de même apprécié la lecture. Il y a également de nombreuses descriptions et le fait que le roman soit structuré en plusieurs chapitres peut paradoxalement compliquer la lecture et la perception du bon déroulement de lhistoire. Jai moi-même rencontré des problèmes dans certains passages du récit. Cependant, j’ai beaucoup apprécié les thèmes abordés, les trouvant très intéressants. En effet, nous, les lecteurs et lectrices, avons limpression d’être le psy de Wolf qui nous raconte ses traumatismes denfance. On peut avoir limpression que le jeune homme nous fait directement part de son mal-être, ce qui ma particulièrement plu. On éprouve des sentiments envers ce personnage, on a l’impression d’avoir une sorte d’échange avec lui, on peut le comprendre sur certains points comme lorsqu’il revient sur ses études trop longues et épuisantes. Par ces retours, Boris Vian rend la lecture moins monotone et plus divertissante. De plus, on se rend compte que Wolf crée sa machine dans le but de trouver le bonheur et d’être épanoui dans sa vie. Or, nous cherchons – voire nous rêvons – toutes et tous de trouver le remède miracle pour être heureux lorsque nous avons « le moral dans les chaussettes ».

Un récit aux échos autobiographiques

Boris Vian en 1948 Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/ Boris_Vian#/media/Fichier:Boris_Vian .jpg

Pour moi, cette œuvre a une part autobiographique. En effet, Boris Vian y fait des références à sa séparation avec sa première femme, Michelle Léglise, à travers Wolf et Lil. Par exemple, lorsque Wolf casse volontairement le saladier de cristal de Lil en lui disant qu’il ne ressent plus rien et qu’il est temps qu’il parte : c’est ce que Michelle aurait dit à Vian lors de leur séparation. Il fait aussi référence à son parcours d’ingénieur avec linvention de la machine de Wolf. Par ailleurs je trouve qu’au début de lœuvre, Lil et Folavril sont caricaturées. Leurs personnalités sont stéréotypées et renvoient à des images de femmes amoureuses, obéissantes et méprisables comme lorsque Lil veut dormir avec Wolf et qu’elle ne le fait pas, ce dernier étant occupé avec son ami Saphir, ce qui la renvoie à l’image d’une femme obéissante qui n’ose pas déranger son mari. Cependant, plus nous avançons dans le récit, plus elles deviennent indépendantes et même féministes ce qui m’a, personnellement, beaucoup plu et marqué. N’oublions pas que Boris Vian a écrit ce roman dans les années 50, années où les femmes sont perçues – et sont – comme des mères au foyer qui s’occupent des tâches ménagères, des enfants et de leur mari. Il fait donc preuve d’une grande modernité dans son approche de la psychologie féminine ! Je pense aussi que le titre que Boris Vian a donné à son roman rappelle, par son surréalisme, que tout peut être inventé. Vian s’inspire du monde qui l’entoure pour créer le sien et c’est là que résident la force et la singularité de son œuvre !

Pour ces raisons, j’attribue trois étoiles à ce roman qui, très captivant, nous « retourne un peu le cerveau » par l’écriture surréaliste de notre cher Boris Vian !

Bonne lecture à vous !

Vian, Boris. L’herbe rouge. Librairie Générale Française, 03/2021. 188 p. Le Livre de poche, 2622. ISBN 978-2-253-00135-5

 

SAIMPOL Lucie, 1ST2S1

La femme répudiée par l’Homme !

Pourriez-vous consentir à aimer une personne où l’union est si forte que vous pourriez mourir pour elle, puis devoir la répudier car votre religion vous y oblige ? Cela vous paraît probablement absurde mais ceci est vrai dans certaines religions… La Répudiée est un roman écrit par Eliette Abécassis, écrivaine française qui a grandi au sein d’une famille juive orthodoxe très pratiquante. Dans ce roman elle nous fait part des contraintes que fait peser cette religion sur les femmes.

Eliette Abécassis Source : https://fr.m.wikipedia.org/ wiki/ Fichier:ABECASSIS_Eliette-24×30-2006.jpg

Ce récit nous immerge au cœur de la communauté juive orthodoxe, à Jérusalem, où Rachel et Nathan ont été mariés de force sans même se connaître. Très étonnamment, ces deux jeunes gens tombent amoureux et sont très heureux de cette union tout au long de leur vie. Malheureusement, et c’est là le drame, Rachel ne peut avoir d’enfant… Dans cette religion, un couple doit avoir une progéniture aussi « nombreuse que les étoiles du ciel » comme le rappelle l’autrice, et l’amour physique existe uniquement pour procréer. C’est pour cela que Nathan a la possibilité de répudier Rachel car, au-delà des dix ans de mariage, si la femme n’est pas en capacité de pouvoir donner la vie, elle peut être répudiée par son conjoint, qu’elle le veuille ou non !

Malheureusement, après dix années de vie commune Rachel n’a toujours pas été en capacité de donner un seul enfant à Nathan, malgré ses multiples efforts pour remédier à cela. Elle est donc déclarée stérile sans même que la fertilité de son mari ne soit remise en question ! D’après la Torah, la stérilité est une chose abominable car elle est signe de malédiction. Mais l’amour intense de Nathan pour Rachel suffira-t-il à repousser le choix fatal qui pourrait mettre fin à leur union ?

 

Source:https://therapeuteboulogne billancourt.fr/la-manipulation-psychique-therapie/

Malgré quelques difficultés rencontrées pour comprendre certains passages, notamment au niveau des explications sur la religion juive, j’ai beaucoup apprécié ce roman car il m’a permis d’ouvrir les yeux sur la vision et la considération de la femme dans cette religion. En effet, les femmes ne possèdent pas le droit de disposer de leur corps, voire de leurs droits dans leur globalité. Par exemple elles ne doivent pas plaire à d’autres hommes que leur mari et doivent porter un foulard, s’habiller avec des vêtements amples pour cacher leurs formes. Elles ne peuvent même pas avoir les bras dénudés ! Une femme non mariée ne peut se trouver seule avec un homme dans une pièce isolée. Selon Dieu, je cite : « Le seul but de la vie d’une fille d’Israël est de porter des enfants juifs et de permettre à son mari d’étudier » ! Dans n’importe quelle situation, la faute est toujours rejetée sur la femme. Les femmes sont contraintes de faire certaines choses et d’en croire d’autres. Selon les lois religieuses, lors de leurs menstruations elles sont traitées comme des pestiférées « C’est pourquoi chaque mois, elles s’élèvent en se purifiant« , en allant au bain après leurs menstruations. 

Cette lecture m’a fait prendre conscience des principes religieux insensés qui pèsent sur les femmes juives, notamment l’asservissement de la femme face à l’homme encore très fréquent, même à notre époque ! C’est un roman émouvant et bouleversant à la fois. Le problème ici n’est pas uniquement la religion en elle-même, mais plutôt cette façon de traiter les êtres humains différemment. Une femme se trouve être impure à certaines périodes, elle ne peut exprimer ses idées ou ses opinions. Elle n’est même pas autorisée à choisir son propre médecin, vous imaginez ?! Tout est choisi, imposé, dicté. Chaque religion a ses avantages et ses limites, et si une personne est en accord avec ses croyances, c’est une bénédiction. Dans ce cas présent, le personnage de Rachel aime être une femme, nourrir son mari, lui préparer des repas et prendre soin de lui tout au long de leur union. Mais elle n’aime pas être la femme « soumise » et « prisonnière » de sa propre religion. Son opinion en tant que femme doit être considérée, au même titre que celle d’un homme.

J’ai beaucoup apprécié l’écriture d’Éliette Abécassis car son style qui est tourné de façon un peu philosophique si je puis dire, nous permet d’avoir une plus large ouverture d’esprit, de nous faire réfléchir et nous invite à une véritable émancipation intellectuelle. De plus, la maîtrise qu’elle a de son sujet font de ce court récit une lecture marquante et très instructive. Il mérite pour moi la note de 4 étoiles.

Ainsi je vous recommande grandement de lire ce roman, il vous permettra de réfléchir à l’égalité Femme-Homme !

Il est bien évidemment disponible au CDI !

Éliette Abécassis, La Répudiée. Librairie Générale Française. n°15288Editeur. 124 p. Le Livre de poche ISBN 978-2-253-15288-0

 

CUEGNIET Lizzie, 1ST2S1 

Des femmes comme vous n’en avez jamais vues !

Pouvez-vous me citer cinq grand hommes de l’Histoire ? Bien. Vous avez pu constater que c’était assez simple. Maintenant citez-moi cinq grandes femmes de l’Histoire… Vous voyez, c’est exactement ça que Pénélope Bagieu a voulu faire comprendre dans sa bande dessinée Culottées. Elle veut nous montrer que les femmes sont aussi importantes que les hommes, qu’elles accomplissent autant de choses qu’eux et méritent d’être connues tout autant que les hommes. On a tous appris en cours des grandes figures telles que Voltaire, Albert Camus, Emile Zola… Pénélope Bagieu veut nous montrer l’importance de ces femmes que nous n’avons pas eu – ou moins – l’occasion de connaitre à l’école.

https://www.babelio.com/auteur/Penelope-Bagieu/25599/videos

Pénélope Bagieu.

Dans ce livre vous verrez des personnalités féminines que vous ne connaissez peut-être pas. Vous découvrirez alors les parcours de quinze femmes de nationalités différentes qui ont toutes existé ! Certaines sont encore en vie aujourd’hui et elles ont toutes vraiment accompli quelque chose d’important pour la société. Cette bande dessinée met en avant le rôle de ces femmes et leurs exploits. Ces femmes nous montrent ce dont elles sont capables, que certains métiers ne peuvent être réservés UNIQUEMENT aux hommes. Si certaines histoires connaissent un dénouement joyeux, d’autres sont dramatiques ! Ainsi l’auteure nous apprend que la plupart d’entre elles ont mené une vie horrible au point que certaines iront jusqu’au suicide…

On arrive facilement à se mettre dans la peau de ces héroïnes et une histoire m’a particulièrement marquée. Celle de Phulan Devi qui vivait en Inde et qui, à 10 ans, a été contrainte d’épouser un homme dont elle ne voulait pas ! Un jour ses parents lui annoncent qu’ils lui ont trouvé un mari, mais qu’ils ne se marieraient que quand elle aura 16 ans. Son mari refuse et l’emmène. A partir de là Phulan est violée et battue tous les jours dans une étable. L’un des passages qui m’a vraiment fait mal au cœur est le suivant : 

« Phulan : Mais en fait c’est quoi exactement un mari ? Son mari : je vais t’apprendre. A partir de là tous les jours pendant des heures, la petite fille est enfermée dans une étable avec son nouveau mari, battue et violée. Les villageois entendent ses hurlements quotidiens et s’en indignent, mais pas au point de bouger le petit doigt. Phulan : au secours !!! aidez-moi !!! Il a un serpent caché dans son pantalon il va me dévorer !!! »

La petite n’avait que 10 ans, elle a été mariée de force à un homme beaucoup plus vieux et a dû subir des viols répétés. L’horreur ! Elle n’a jamais vu de sexe masculin et confond celui-ci a un « serpent qui veut la dévorer ». Et son calvaire ne s’arrête pas là ! Jusqu’à l’âge de 16 ans Phulan sera sans cesse battue et violée. Finalement elle est sauvée par un dacoït. Les dacoïts sont considérés comme des bandits qui tuent les gens mais en réalité ce sont de bonnes personnes. Ils ne sont en réalité pas mauvais et agissent pour l’égalité entre les pauvres et les riches. Le dacoït qui l’a sauvé se nomme Vikram et tombera complétement amoureux d’elle. Ils se marieront par la suite. Phulan décide de rejoindre les dacoïts et se rend compte qu’ils se fichent qu’elle soit une fille. Maintenant elle se sent en sécurité avec eux. Dès lors elle raconte TOUT à son mari, qui lui promet de se venger des horreurs que son ancien mari lui a fait subir. Mais un jour un gang rival dirigé par le chef Sri Ram, furieux de voir un groupe dacoïts dirigé par une femme, décide de commettre un acte qui changera le cours de leur histoire… Excusez-moi mais je ne peux pas vous spoiler la suite ! Si vous souhaitez la connaître je vous invite à lire cette histoire 🙂 C’est d’ailleurs mon histoire préférée, elle m’a vraiment touchée. Toutes ces atrocités ont finalement forgé la personnalité de Phulan, et c’est comme ça qu’elle est devenue plus forte. Malgré ce qu’elle a vécu, c’est une héroïne, elle a accompli de grandes choses en n’ayant aucune épaule sur laquelle pleurer…

Qu’elles soient athlètes, rappeuses, astronautes, volcanologues, journalistes, auteures compositrices, collectionneuses d’art, miniaturistes du crime, activistes, actrices et inventrices, avocates, rock stars… toutes leurs actions ont permis à la société d’avancer. Cette diversité de profils est très intéressante, il y en a vraiment pour tous les goûts dans cette bande dessinée ! Toutes ces histoires suscitent différentes émotions chez le lecteur. De la colère, notamment devant les épreuves endurées par certaines juste parce qu’elles sont nées femme, d’autres à cause de leur religion, leur couleur de peau ou leurs origines. On ressent une immense tristesse car ces femmes sont rabaissées toute leur vie, violées et torturées. Elles sont utilisées comme de vulgaires objets ou même vendues. Heureusement Pénélope Bagieu nous donne envie de nous battre pour réaliser nos rêves, particulièrement avec l’histoire de Cheryl Bridges que je vous recommande fortement de découvrir ! C’est une femme qui a appris à avoir confiance en elle et a gérer ses problèmes grâce à la course. D’ailleurs, il y a une citation qui m’a vraiment plu dans cette histoire :

 « Un soir où elle n’a vraiment pas hâte de rentrer, après que tout le monde a déserté le stade de l’école, sans trop savoir pourquoi Cheryl se met à courir. Un tour de piste. Puis deux. Toute seule. Dans le noir. En cachette. Elle a mal aux pieds. D’ailleurs elle a mal partout. Ses poumons sont en feu. Mais quelque chose se déclenche. Alors elle commence à discuter toute seule dans sa tête, prend ses problèmes un par un, froidement, et analyse les situations dans lesquelles elles se sent coincée. Et tous les nœuds se défont, comme par magie. Soudain chaque problème a une solution. Tout vient de devenir surmontable. Ce sera son secret, son truc rien qu’à elle. »

Jusqu’à aujourd’hui on ne peut pas dire que le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes mais aussi contre le racisme soit terminé. Ce point est bien montré dans l’histoire de Jesselyn Radack. L’une de mes phrases préférées d’ailleurs à ce sujet est : « Si moi je suis Américaine, éduquée et blanche on peut me nuire à ce point, je n’ose même pas imaginer ce que ce gouvernement peut faire subir à d’autres dans ce pays ! » 

Bref vous lirez des portraits de femmes qui ont bravé tous les obstacles qui se sont dressés en travers de leur chemin pour mener la vie de leur choix.

J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée parce qu’elle reprend des sujets d’actualité parfois complétement ignorés.

 

https://mondedulivre.hypotheses.org/6154

Première de couverture de la bande dessinée. Source : https://0620056z.esidoc.fr/document/id_0620056z_22042.html

En effet cette bande dessinée dénonce les inégalités hommes femmes sous toutes ses formes : salaire, maltraitance, droit à l’avortement, droit de vote des femmes… De plus, nous pouvons remarquer que les personnages, en fonction de leur histoire (pour nous montrer les différentes formes des problèmes sociaux dans le monde) sont très bien choisis. En effet, nous ne retrouvons pas que des figures françaises, ce sont des femmes de pays différents. Elles méritent autant les unes que les autres d’être mises en avant comme d’autres grandes figures emblématiques telles que Marie Curie, Simone Veil, Marguerite Yourcenar, Rosa Parks… Le format et les couleurs du livre sont parfaits et c’est surtout la première de couverture qui m’a directement attirée avec cette couleur orange fluo en fond et les portraits de visages féminins de couleur bleu foncé, tous plus différents les uns des autres. C’est ce jeu de couleurs qui m’a immédiatement interpellée. Les couleurs sont très vives et les dessins magnifiquement bien réalisés, on reconnaît parfaitement les femmes illustrées. L’écriture et le vocabulaire de la BD sont accessibles à tout le monde, Pénélope Bagieu utilise un vocabulaire proche de celui utilisé par nos professeurs au lycée pour qu’il soit facile d’accès et qu’on n’ait pas de difficulté à lire sa BD.

https://www.bfmtv.com/culture/penelope-bagieu-je-ne-suis-pas-la-que-pour-faire-de-jolis-dessins_AN-201703250032.html

Extrait du livre Culottées 2 Source : https://www.letournepage.com/livre/culottees-2/

Par rapport au dessin, tous ne sont pas forcément beaux et attirants. On a des scènes horribles, des dessins qu’on peut qualifier de dégoutants mais qui illustrent bien les scènes  notamment aux pages 75 et 78 par exemple. Les dessins représentent parfois des scènes choquantes, l’auteure utilise des traits de crayon plutôt droits et durs en parfait accord avec ce qu’ont pu subir ces femmesElle a souligné ce choix dans une interview pour BFM TV: « Je ne suis pas là pour ne faire que de jolis dessins« .

Cette BD qui allie humour et tristesse vous fera ressentir plein de sentiments grâce aux différentes histoires proposées. J’ai surtout aimé cette BD parce que Pénélope Bagieu fait bien plus que recopier des bibliographies bien documentées ! Elle les illustre, elle apporte sa touche personnelle en mettant à l’honneur toute ces figures et pas seulement en leur rendant hommage mais en illustrant parfaitement leur parcours ! Elle reprend des figures peu, voire pas du tout connues, certainement pour nous faire partager « leurs exploits » et leur parcours complétement atypiques. Ce qui m’a aussi beaucoup plu c’est le fait que la plupart des lecteurs qui liront cette BD se retrouveront à un moment ou un autre dans le comportement de ces héroïnes déterminées qui, par le sport, l’activisme politique, la musique, les sciences ou l’art, sont parvenues à faire ce qu’elles voulaient, sans tenir compte de la réprobation des hommes et de la société.

Je vous conseille vraiment cette BD que je note avec 5 étoiles et j’espère que comme moi vous aurez pris du plaisir à la lire !

 

Bagieu, Pénélope. Culottées : Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent Tome 2. Gallimard Jeunesse, 01/2017. 168p

Sophia KOUCH, 1st2s1

 

À la fois Ange et Démon…

Eliette Abécassis en 2009. Source : https://fr.wikipedia.org/ wiki/ % C3%89liette_Ab%C3%A9cassis

Etre une femme c’est difficile ! C’est ce que nous fait comprendre ce roman d’Eliette Abécassis. L’écrivaine est engagée dans des associations de lutte pour les droits et la liberté des Femmes, et notamment l’association SOS les Mamans. Dans ce roman nous pouvons percevoir son engagement car l’autrice centre son récit sur des personnages féminins et leurs relations compliquées.

Dans ce roman, Eliette Abécassis a écrit des chapitres bien détaillés avec beaucoup de suspense ce qui nous permet de bien analyser le thème principal. Elle nous raconte principalement la relation entre une mère, Sonia, et sa fille Nathalie.  Sonia est créatrice dans le monde de la mode. Elle aimerait que sa fille en fasse de même, mais celle-ci n’est pas convaincue, ça ne l’intéresse pas. Finalement surprise par ses capacités dans ce domaine, Nathalie se laisse tout de même emportée par la mode et devient même meilleure que sa mère ! Dès que Sonia se rend compte de la popularité de sa fille, une jalousie extrême apparaît puisque plus personne ne s’intéresse à elle, plus aucun regard ne se pose sur elle.  A travers la jeunesse de sa fille elle se rend compte que lorsqu’une femme prend de l’âge les gens ont tendance à ne plus la trouver belle, intéressante… attirante !

Personnellement, j’ai aimé lire ce livre alors que généralement la lecture n’est pas vraiment mon point fort. Les chapitres sont très longs et très détaillés mais le style est fluide avec beaucoup de finesse, ce qui rend la lecture facile. Chapitre après chapitre, page après page, je n’arrivais pas à m’arrêter car je me sentais tellement concernée par cette relation mère-fille que je me suis accrochée à l’histoire. J’ai ressenti les douleurs, par exemple lorsque la mère dénigre sa fille, et l’amour, lorsqu’elles s’entraident pour affronter leurs problèmes de femmes.

Dans un des passages du roman, l’autrice nous explique que Sonia peut être soit l’ange gardien de sa fille, soit son démon, sa pire ennemie. Au début de sa carrière, Nathalie a participé à un défilé de mode devant toutes les personnes de la ville. Sonia était fière d’elle, émue de la voir si belle et de voir que sa fille était comme elle. Malheureusement la jalousie a fait surface et Sonia s’est mise à rêver d’être à la place de sa fille. Dès lors nous pouvons voir que la mère peut complimenter sa fille puis, en deux minutes, changer d’attitude et la rabaisser. Une relation complexe, faite d’amour, de conflits, de possession et d’admiration se met en place. Je trouve ce passage important car il représente le noyau de l’histoire, toute leur vie tourne autour de la jalousie et de l’amour.

En lisant ce roman on se rend compte que c’est tellement réaliste que nous pouvons nous mettre à la place des personnages principaux. En tant qu’adolescente il m’arrive les mêmes problèmes avec ma mère. J’ai donc eu tendance à m’identifier au personnage de Nathalie. J’ai les mêmes pensées et réactions qu’elle envers sa mère lors des conflits. J’ai l’impression qu’Eliette Abécassis a écrit ce roman en s’inspirant de sa propre vie et veut nous faire comprendre quelque chose… Que veut-elle nous faire comprendre, allez-vous me demander ? Elle veut nous faire réaliser qu’être une Femme est EXTRÊMEMENT compliqué, et cela malgré l’évolution de l’égalité entre les hommes et les femmes. Finalement les femmes sont toujours « inférieures » aux hommes dans certains domaines. L’autrice montre toutes les « galères » des femmes. Elles doivent par exemple obligatoirement prendre soin d’elles au risque que les hommes ne s’intéressent plus à elles. Quand une femme prend de l’âge on la trouve tout de suite moins attirante alors qu’un homme qui prend de l’âge pourra souvent être complimenté. On dira c’est un « bel homme »… Je trouve ça injuste, nous sommes tous pareils mais nous, les femmes, nous subissons ce que les hommes ne subissent pas !

De plus Eliette Abécassis nous montre à quel point les femmes sont fortes : «les femmes sont des chefs d’orchestre qui dirigent des deux mains de multiples d’instruments.»  Les femmes sont capables faire plusieurs choses à la fois ! Au début du livre, nous nous posons énormément de questions. Mais qui est vraiment la narratrice ? Qui sont toutes ces femmes ? En effet des noms féminins sont cités mais nous n’avons pas d’explication sur leurs personnalités. Et ce n’est qu’à la fin que nous avons les réponses à nos questions, une fin qui est d’ailleurs très surprenante ! Pendant la lecture, nous nous demandons si la possessivité va être plus forte que l’amour et va détruire complètement leur relation ou, à l’inverse, si l’amour va être plus puissant et qu’elles vont se retrouver face aux problèmes qu’elles rencontrent dans leur vie.

https://www.albin-michel.fr/mere-et-fille-un-roman-9782226186683

Source : https://www.albin-michel.fr/mere-et-fille-un-roman-9782226186683

Cela m’a marqué puisque pour la plupart d’entre nous, les adolescentes, c’est réel ! Nous avons tendance à faire une crise d’adolescence, et cela crée des conflits entre notre mère et nous. C’est exactement ce qui ce passe dans certains chapitres entre Sonia et Nathalie. De ce fait certains chapitres jouent sur nos sentiments, surtout la fin qui m’a beaucoup émue… mais je ne vous dirai pas pourquoi, à vous de le découvrir !

C’est donc pour cela que je vous conseille fortement de lire ce roman Mère et fille, un roman !

Abecassis, Éliette. Mère et fille, un roman. Librairie Générale Française, 04/2010. 123 p. Le Livre de poche, 31739. ISBN 978-2-253-12812-0

 

Madyson BIEGANSKI, 1ère ST2S1

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