Une fugue pour se retrouver

Un roman intemporel

JD Salinger pose pour un portrait alors qu’il lit son roman américain classique « The Catcher in the Rye » en 1952 à New York. source: https://www.today.com/ books/biography-j-d-salinger -didnt-want-public-see-auction -2D11632738

          L’attrape-cœurs (The Catcher in the Rye) est un roman étasunien publié en 1951. Son auteur, J.D Salinger, commence à écrire dès son plus jeune âge. Plus tard, alors que ses œuvres commencent à avoir du succès, il supporte mal la célébrité et s’isole. Emmuré dans un profond silence, il suscite la curiosité des lecteurs du monde entier ! Son roman L’attrape-cœurs est devenu un livre culte sur la jeunesse et a connu un succès immédiat. Témoignage poignant et réaliste des années cinquante, le récit des aventures d’Holden Caulfield explore des thèmes universels qui questionnent toujours aujourd’hui. Il n’est donc pas étonnant que ce roman eu un énorme succès qui est,  selon moi, amplement mérité ! En effet, en abordant la difficile période de l’adolescence et la dépression, ce livre me semble avoir une portée intemporelle. Je peux vous assurer que, même soixante-douze ans après sa publication, cette œuvre new-yorkaise n’a pas pris une ride ! Si vous ne me croyez pas je vous invite à le lire. 

          Holden Caulfield, adolescent perturbé de 17 ans, étudie à Pencey. Il est renvoyé de cette université peu de temps avant Noël. Jeune homme à l’esprit  troublé,  il erre durant trois jours dans les rues de New-York. Effrayé par la réaction de ses parents à l’annonce de son renvoi, il décide en effet de ne pas rentrer chez lui. Même le froid glacial de décembre,  dans lequel il est plongé, ne le décide pas à réintégrer son foyer. Ne sachant jamais où aller, il laisse le destin le guider dans un monde où il ne trouve pas sa place. Une errance qui symbolise bien la période de l’adolescence pendant laquelle nous nous « cherchons ».  Aucun de ses déplacement dans la Big Apple n’est réfléchi, il ne maîtrise rien. « Tellement seul et mal foutu », le jeune homme entame alors une profonde réflexion sur lui-même. Il nous dépeint une critique de la société avec le regard perspicace d’un ado coincé entre deux âges.

Intriguant et original au premier regard

Soure : https://www.abebooks.fr/ rechercher-livre/titre/ attrape-coeurs/auteur/ salinger/

          Je voudrais maintenant vous poser une question essentielle : quelle est la première chose que vous faites lorsque vous choisissez un livre ? Naturellement, il me semble que vous me répondrez que vous retournez le roman et que vous lisez le résumé de la quatrième de couverture. Ou encore, que vous cherchez une inspiration en scrutant l’illustration. Ici, rien de cela. C’est bien ce qui m’a intriguée au premier abord. Cette couverture rouge vive m’a tapé dans l’œil parmi les autres œuvres proposées dans le cadre du Prix littéraire Carnot. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle pouvait représenter. Puis j’ai retourné le livre pour avoir des réponses à mes questions. Mais il n’y avait rien, absolument rien, même pas l’ombre d’une phrase ou d’un mot ! Original non ? En ce qui me concerne, c’est cette accumulation de questionnements qui m’a incitée à lire ce roman. Je trouve cette stratégie de l’éditeur très bien trouvée et innovante, mais sans nul doute qu’elle puisse en laisser quelques-uns perplexes…

Un surplus de sous-entendus

          La  seule chose qui m’a déplu dans L’attrape-cœurs,  c’est l’impression de nécessité de relecture pour comprendre chaque sous-entendu. En effet, j’ai pu remarquer que derrière de nombreuses phrases se cachaient des réflexions plus profondes. Un exemple précis me vient à l’esprit. Je peux citer le métier d’attrape-cœurs que voudrait exercer Holden, qui est décrit ainsi par ses soins : «Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est d’attraper les mômes s’ils approchent trop près du bord. […] moi je réplique et je les attrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serai juste l’attrape-cœurs et tout.» La vocation du personnage principal serait de remettre dans le droit chemin tous les ados qui, comme lui, ont des difficultés à entrer dans le monde des adultes. Mais cela reste mon interprétation, chacun peut en avoir une autre.

Une identification et un attachement profond au personnage

          Je ne suis pas une grande lectrice, je vous l’avoue. Mais s’il y a bien une chose qui m’a fait aimer ce livre, c’est ce sentiment de proximité avec le personnage. Le fait que la narration soit à la première personne du singulier et qu’elle soit omnisciente (on a accès aux pensées et réflexions du personnage) nous donne l’impression d’être dans la tête d’Holden, voire parfois de prendre sa place. De plus, l’auteur utilise un style oral et  familier comme le souligne des expressions telles que « et tout, et tout » et des accumulations de tics de langage. Ce sont de telles expressions que nous utilisons dans notre quotidien et à mon sens ces procédés nous aident à nous identifier au protagoniste. Si je devais comparer ce roman à une attraction – je sais, cela peut paraître absurde – je l’associerais aux montagnes russes. Plus précisément à des montagnes russes émotionnelles. Au cours de ma lecture, j’ai constaté que ce récit pouvait faire mal. Tour à tour, je ressentais de la mélancolie, un sentiment de solitude lorsque l’adolescent Caulfield recherche désespérément sa place. Ne vous êtes-vous jamais retrouvé comme lui pris entre deux mondes ? Vous trouvant exclu du groupe des enfants à cause d’une maturité plus développée que la leur et rejeté par les adultes qui peinent à vous considérer ? C’est vrai qu’il est difficile, alors  assis à la table des  » mômes » lors d’un anniversaire, d’écouter la conversation voisine des adultes !

        Et puis dans ce fleuve d’ondes négatives, arrive tout à coup une note de légèreté. L’insouciance d’Holden tombe à pic et apporte une pointe d’humour ! Il en devient touchant. L’adolescent n’est pas conscient de l’importance de ses actions sur son futur. En effet, il répond au père Spencer, soucieux de l’avenir de son élève : « Oh si bien sûr. Bien sûr que je me fais du souci pour mon avenir. J’ai réfléchi une minute. Mais pas trop quand même. Non pas trop quand même ». Je me suis donc particulièrement attachée à ce personnage ayant trouvé une petite part de moi-même en lui.

          Finalement, si je devais donner trois adjectifs pour caractériser ce roman ils seraient : intemporel, original et touchant !

       Bonne lecture à tous, j’espère que ma critique vous aura permis de découvrir L’attrape-cœurs, ou même pour certains de le redécouvrir !

Selon moi ce roman mérite bien 4 étoiles !

4 Étoiles Sur 5

Salinger, J.D. L’attrape-cœurs. Pocket, 06/1994. 252 p

Clara SENCE, 1ere2 

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