ECD A.el-Sadate à la Knesset.

Après quatre guerres perdues contre Israël ( 1949,1956,1967 et 1973) , l’Egypte du président Sadate cherche une voie vers la paix qui rencontre cependant de nombreux écueils  comme en témoignent ces documents.
Le premier est un texte extrait du discours prononcé à la Knesset, le parlement israélien réuni à Jérusalem, par Sadate, successeur de Nasser et président égyptien depuis 1970. Ce dernier tend la mains aux Israéliens et avance les conditions d’une paix durable alors que les pays arabes sont profondément divisés sur la stratégie à suivre et que l’Egypte cherche à se rapprocher des Etats-Unis. Le second document est une photographie prise le jour de l’attentat perpétré par le Djihad Islamique contre Sadate, le 6 octobre 1981, à l’occasion d’une parade militaire commémorant la « Victoire d’octobre » de 1973.  

Nous présenterons tout d’abord les propositions de paix du président Sadate puis les conséquences et les obstacles qui jalonnent  cette initiatives de paix.

Le président égyptien replace son initiative dans le cadre du multilatéralisme et rappelle dans un premier temps les objectifs fixés par la  résolution 242 de l’ONU en 1967 à l’issue de la guerre des Six jours : tous les pays de la région doivent pouvoir vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues. Cela concerne autant Israël que les pays arabes et c’est en soi un pas considérable que franchit Sadate car c’est une reconnaissance implicite de l’Etat d’Israël. Pour autant, le président égyptien rappelle qu’il s’agit d’un objectif à atteindre et que les conditions d’un succès incombe d’abord aux Israéliens. En effet, les conditions  » élémentaires et non négociables » d’une entente passent par « le retrait total de la terre occupée après 1967 « . Il s’agit des territoires occupés par Israël après la guerre des Six Jours de juin 1967, à savoir, le plateau du Golan ( Syrie), la Cisjordanie et Jérusalem Est ( Jordanie) ainsi que la Bande de Gaza et le Sinaï ( Egypte).  Sadate insiste tout particulièrement sur le statut de Jérusalem. Déclarée internationalisée par l’ONU en 1947, la ville avait été occupée à l’ouest par les Israéliens et à l’est par les Jordaniens après la 1ére guerre de 1948-1949. En 1967, Tsahal, l’armée israélienne, conquière la partie ouest et occupe l’ensemble de la ville. Pour Sadate, Jérusalem doit retrouver sa vocation de « ville libre, ouverte à tous les fidèles ». C’est de fait un lieu saint pour les trois religions monothéistes, Islam, Christianisme et Judaïsme. Ainsi la ville doit -elle redevenir ce qu’elle a toujours été :  » l’incarnation vivante de la coexistence entre les fidèles des trois religions ». Autre condition à la paix avancée par A. El-Sadate, « la réalisation des droits fondamentaux du peuple palestinien et de son droit à l’autodétermination ». Les Palestiniens, comme l’ensemble des pays arabes, ont refusé le Plan de partage présenté par l’ONU en novembre 1947 et la guerre de 1948-49 a contraint nombre d’entre eux à l’exil hors de Palestine après cette « Nakba ». les guerres suivantes de 1967 et 1973 n’ont fait que réduire encore davantage les chances de création d’un Etat palestinien. Certes, depuis 1964 l’OLP et son leader Y. Arafat, à sa tête depuis 1969, ont su relancer la cause palestinienne mais la radicalité de la Charte de 1968 qui exige la destruction de l’Etat d’Israël est un obstacle à toute avancée vers un règlement pacifique. Ainsi, selon Sadate,  le retrait des territoires occupés doit d’abord profiter aux Palestiniens. Le président égyptien se fait alors le chantre du multilatéralisme et prône le « règlement des conflits par des moyens pacifiques ». Il est vrai aussi que Sadate fait le constat de l’échec de la stratégie guerrière qui depuis 1948 n’a été qu’une succession d’échecs. Non seulement les pays arabes n’ont pu vaincre Israël depuis 1948, mais encore ces pays sont ils à présent profondément divisés depuis l’échec du Kippour en 1973.

le discours du président Sadate est un tournant dans les relations israélo-arabe parce qu’il ouvre un dialogue jusque là fermé .Cependant cette initiative suscite de nombreuses oppositions.

La main tendue de Sadate permet la signature des Accords de camp David en 1978. Le premier ministre israélien, M.Bégin et le président égyptien, sous le parrainage du président américain, J.Carter, s’entendent sur la reconnaissance de l’Etat d’Israël et l’évacuation du Sinaï, occupé depuis 1967 et qui sera effective en 1982. Pour cet accord les deux responsables obtiendront le prix Nobel de la Paix en en 1978. Cependant l’initiative de Sadate d’un dialogue direct avec l’Etat israélien isole l’Egypte du camp arabe et le pays est exclu temporairement de la Ligue des pays Arabes dès 1979. Mais c’est en Egypte même que les oppositions s’expriment avec le plus de virulence. Elles viennent en particulier des fondamentalistes musulmans et notamment de la Confrérie des Frères Musulmans. Crée en 1928 , ce mouvement refuse tout autant l’occidentalisation, la volonté moderniste de Sadate que la sécularisation de la société. L’échec du Nassérisme et du nationalisme arabe renforce ce courant traditionnaliste qui peut apparaitre comme une alternative et le radicalise en même temps. C’est un groupe armée, le Djihad Islamique qui assassine Sadate en 1981 à l’occasion d’une parade militaire commémorant la « Victoire d’octobre » comme le montre le document 2.

La mort du Président Sadate ne mettra pas un terme aux accords de Camp David et le Sinaï sera évacué par les Israéliens en 1982. Pour autant les Palestiniens n’en tirent pas de bénéfices immédiat. Il faut attendre l’abandon de la Charte de l’OLP par Arafat en 1989 et l’ouverture des négociations de Madrid en 1991 pour relancer des négociations dont  Sadate fut, en 1977, le premier initiateur.


 

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