ARBRE DE VIE ET DE LIVRES

Je suis née en région parisienne, le 27 juillet 2004.

Ma mère et ma grand mère décidèrent de me donner un prénom qu’elles trouvaient simple, sans chichi, pour ne pas subir de moquerie à l’école. Mon père lui ne s’est jamais occupé de moi, il est retourné en Tunisie après ma naissance, en laissant ma mère seul, sans emploi, sans aucun revenu financier, et avec 2 enfants à charge.

Je mon prénomme donc Lea, fille de libraire, petite fille de professeurs des écoles et cinéaste.

J’ai grandi seule avec mes grands parents les 8 premières années de ma vie, maman ne pouvait pas s’occuper de moi, néanmoins elle prenait toujours le temps de m’envoyer des lettres, toutes les semaines, où elle me racontait ses journées. Je n’ai pas grandi avec mon frère Guillaume, ni avec le reste de ma famille, il est vrai que maman m’a eu un petit peu tard.  J’ai toujours été considérée comme “l’imprévu” ou “le cadeau” comme disait mamie.  Étant une enfant solitaire, il est vrai que je me suis dès mon plus jeune âge plongée dans la lecture, cela a commencé avec les histoires du soir que me lisait papy, avant que j’aille me coucher. Je me souviens tout particulièrement des albums de Claude Ponti, qui m’ont suivie toute mon enfance, ils m’ont notamment appris à compter.

Très vite, j’ai voulu devenir indépendante et lire seul, je voulais piquer les livres que mamie lisait, des énormes blocs de feuilles remplis d’histoire qui me fascinaient tant. C’est donc comme ça qu’un jour ma grand-mère, Annick m’appris la lecture. J’ai appris à lire toute seule, comme une grande, les lettres que maman m’envoyait, et j’en étais très fière, je me souviens ramener mes lettres à l’école afin de les lire à mes copines.

Ma passion pour la lecture est arrivée alors très tôt, dès l’entrée en classe de moyenne section.

Maman était ravi, elle même étant fan de roman, de contes et d’histoire, elle commença à m’envoyer toutes les semaines des livres à lire, mon but était de lui faire des résumés au téléphone. Toutes les semaines j’attendais ce moment avec impatience.

Plus les années passaient plus je dévorais les romans, c’était mon échappatoire.

En 2012 maman fut mutée à la Fnac de Rosny, elle avait trouvé un petit studio à Aulnay-sous-Bois dans le 93, avec 1 chambre. C’est donc à l’âge de 8 ans que j’ai du être contrainte de quitter la petite bourgade de Saint Pierre de Plesguen, pour arriver en région parisienne et vivre avec maman. Ce fut un réel choc pour une petite fille aussi fragile, mon quotidien fut bouleversé, j’ai notamment dû changer d’école. Ce fut la pire année de ma vie, je n’arrivais pas à me faire de copains.

La lecture m’a aidée à combattre cette solitude à l’école, ça me permettait de me changer les idées et de ne pas penser à mon mal être. Pendant les temps de récréation, je m’asseyais toujours sur le même banc, celui qui était sous le grand chêne pour lire, seul.

C’est à cette même époque de ma vie que j’ai découvert une saga culte, La guerre des clans d’Erin Hunter. Je suis tombée éperdument amoureuse de ses romans et ceux durant de nombreuses années.

Je me souviens d’un jour particulièrement douloureux, mes camarades de classes m’avait enfermée dans une cage de toilette pour y jeter mon livre et me frapper avec une corde à sauter, “l’intello sans père” qu’ils m’appelait.  Étant de nature réservée je n’osais pas expliquer ce traumatisme à ma mère. J’étais triste que mon livre ait été abimé, je n’en avais presque rien à faire des blessures.

J’ai inventé une histoire tordue afin que maman me rachète des lunettes (qui avaient été cassés) ainsi que mon livre, que j’avais soit disant perdue à l’école.

Maman constata qu’il y avait un problème à l’école, elle avait remarqué que j’étais discrète a ce sujet.

Dès qu’elle comprit, nous partîmes immédiatement pour la Bretagne, nous rapprocher de papy et mamie. Elle fut donc mutée en tant que responsable du rayon librairie à la Fnac de Quimper. Ma mère, et ce encore aujourd’hui, réussit à vivre de sa plus grande passion, les livres. 

Ma passion des livres à donc continué de grandir avec moi. Que ce soit de la poésie, avec les fameuses Fables de La fontaine,  Les histoires du chat assassin d’Anne Finne, ou encore les fabuleuses histoires de Cathy Cassidy, je nageais à travers les pages.

Habiter à Quimper à été pour moi la meilleure chose qui puisse m’arriver, je voyais mamie de manière régulière puis j’ai pu faire des rencontres inoubliables. J’ai notamment rencontré celui qui partage ma vie depuis maintenant plus de 5 ans.

Monsieur est un grand fan de manga, surtout One Pièce d’Oda , je me suis donc initié en le rencontrant à ce type de lecture. Je me suis notamment rapproché de ma famille.

 Je me souviens encore des longues après midi vélo avec mon oncle Titou, ou encore quand nous nous arrêtions au bord du lac de Saint Pierre pour lire et résoudre des enquêtes dans les livres policiers interactifs que m’achetait maman, je découvris même grâce à cela, une adoration pour les romans policiers.

J’ai de très bon souvenirs de mes années collèges, j’ai pu rencontrer des gens qui sont encore à l’heure actuelle des personnes importantes pour moi, Quentin, Thomas ou encore Ninnog.

Avec Ninnog nous avons toujours partagé cette passion pour la lecture. Nous passions des heures au CDI à lire les BD Légendaires que nous aimions tant, ou encore les différents tomes d’Harry Potter de JK Rowling. En revanche mes années aux lycée ont été désastreuses, de la seconde à la terminale. Les livres proposés pour mes années de première et terminale ne m’ont jamais intéressée. Je me souviens de la Princesse de Clèves, qui pour moi a été un réel cauchemar à étudier.

En revanche, j’avais particulièrement aimé, aussi étonnant soit-il, La ferme des animaux de Georges Orwell, qui m’a fait découvrir un nouveau genre de lecture, l’un des rares livres que j’avais réellement lu et aimé durant ma scolarité. Ce fut 3 années compliquées psychologiquement parlant, 3 années qui ont aussi été impactées par la crise sanitaire.

Le 28 avril dernier, j’apprenais le décès soudain de mon tonton Titou, ce fut un choc. Je n’avais jamais vécu de deuil auparavant.

Le deuil fut d’autant plus compliqué que c’était lui, et lui seul, qui avait décidé de s’enlever la vie.

Voir mes grands parents perdre leur fils, voir mon tonton partir, et voir ma famille tomber dans ce que j’appellerai “l’enfer” fut l’épreuve la plus la plus compliquée que j’ai eu à vivre en 18 ans d’existence. Après son décès, j’ai essayer de me reprendre en main, il est vrai que depuis sa mort tragique, plus grand chose me semble vraiment grave, tout ce qui se passe me semble minime.

Maman, sombra aussi, elle ne s’est jamais vraiment remise du suicide de son petit frère. Son décès m’a permise de me poser des questions essentielles et aussi de me reprendre en main. Je voulais rendre fière ma mère, ma famille, mes amis, mais surtout le rendre fière, étant persuadée qu’il veille sur moi. J’ai repris la lecture après les épreuves du baccalauréat, épreuves qui auront été assez compliquées pour moi mais que j’ai tout de même réussi.

J’ai découvert récemment les romans policiers de Joel Dicker, qui me rappelaient les livres que je lisais avec mon tonton, et je les adore. J’ai dévoré d’une traite La vérité sur l’affaire Harry Québert, qui a été l’un de mes plus gros coups de cœur livresques (même si la fin m’a légèrement déçue entre nous). J’ai notamment découvert les textes très fort de Victor Hugo, notamment son recueil Les Contemplations ou encore Le dernier jour d’un condamné, qui ont totalement changé ma vision de la lecture. 

Aujourd’hui je me considère comme une grande lectrice, pour la fierté de maman. 

La lecture prend pour moi place intégrale dans mes occupations et une place importante dans ma vie. J’ai toujours un livre dans mon sac qui m’accompagne dans mes aventures, et une bibliothèque toujours bien remplie, triée par genre et par couleurs

Joel Dicker

Source dessin L‘arbre sans fin – Claude Ponti