“La shrinkflation : Payer plus pour acheter moins ?”
C’est le mot présent sur toutes les lèvres en cette rentrée 2022 : la shrinkflation. Mais vous vous demandez peut-être, qu’est-ce que c’est au juste la shrinkflation? Contraction de l’anglais “to shrink” (réduire) et du mot “inflation” (augmentation durable du prix des biens et des services)1, la shrinkflation ou inflation masquée est une stratégie commerciale visant à baisser les quantités des produits et à ne pas diminuer voire à augmenter leur prix. Tout le but est que cela soit fait dans la plus grande discrétion envers le consommateur, car en effet le seul moyen de vraiment s’en rendre compte serait de regarder le prix au kilo (ce que la plupart des consommateurs font plutôt rarement).
Mais certains consommateurs à l’œil aiguisé l’ont remarqué et ont alerté Foodwatch, ONG française “qui se bat pour une alimentation sans risques, saine et abordable pour tous et toutes”, d’après leur site internet.
Des dizaines de produits seraient touchés par ce moyen d’augmenter les profits au dépend des consommateurs. Selon John Plassard, analyste financier spécialisé dans l’agro-alimentaire, un produit sur 50 vendu en grandes surfaces aurait vu ses quantités se réduire et son prix stagner depuis deux ans. Foodwatch a réussi à récupérer quelques produits, ce qui n’a pas été une tâche facile car les anciens produits ont disparu des rayons. Que ce soit le paquet de sucre qui voit sa quantité diminuer de 13% et son prix au kilo augmenter de 29%, ou encore le sirop de grenadine, le beurre ou l’eau gazeuse, une large gamme de produits sont concernés.
Mais comment les marques justifient-elles cette inflation masquée ? L’argument principal reste l’augmentation du coût des matières premières et la raréfaction de celles-ci à cause de la guerre en Ukraine. Certaines évoquent aussi un changement de recette ou d’emballage.
Une autre question se pose : cette pratique est-elle légale ? Théoriquement, oui. En effet, du moment que l’étiquette avec les nouveaux prix et les nouvelles quantités est bien présente, il n’y aucune loi qui peut protéger le consommateur. Cependant, le gouvernement commence à s’intéresser à cette affaire dans une période où l’inflation se fait sentir auprès des français : la ministre déléguée chargée du Commerce Olivia Grégoire a saisi le 2 septembre 2022 la répression des fraudes, ce qui signifie qu’une enquête va être ouverte afin de défendre les intérêts du consommateur.
Les entreprises induisent-elles les consommateurs en erreur ? Pour Camille Dorioz, directeur des campagnes de Foodwatch, c’est une certitude car “le consommateur est perdant et il n’y voit rien, parce que qui arrive à voir qu’il manque 2 grammes à son kiri ? Personne.”
Dans une période où l’inflation atteint des records de plus de 6% et dans un contexte socio-économique tendu, la grande question est de savoir pendant combien de temps les entreprises du secteur agro-alimentaire pourront-elles continuer à occulter la vérité aux consommateurs, et que faire pour s’en protéger ?
Sources :
Par Victoire Treillou
