La réforme des statistiques monétaires au Maroc

La réforme des statistiques monétaires

Depuis juin 2010, Bank Al-Maghrib publie les statistiques monétaires conformément aux prescriptions du Manuel des statistiques monétaires et financières (MSMF) du FMI de 2000. L’adoption de cette méthodologie s’est traduite par un accroissement de la masse monétaire, suite principalement à la prise en compte de nouveaux agents économiques au niveau des secteurs émetteur et détenteur de la monnaie.

Ainsi, le secteur émetteur de la monnaie, composé des sociétés financières dont certains éléments du passif sont inclus dans la définition de la masse monétaire, comprend désormais, outre Bank Al-Maghrib et les banques commerciales, les OPCVM monétaires. En effet, selon la nouvelle méthodologie, les titres émis par ces derniers répondent aux critères de choix des actifs monétaires, dans la mesure où ils sont rapidement et facilement transformés en moyens de paiement sans risque important de perte en capital. Quant au secteur détenteur de la monnaie, il a été élargi à l’ensemble des secteurs institutionnels résidents, autres que les institutions de dépôts et l’administration centrale.

L’adoption de la nouvelle méthodologie des statistiques monétaires a également engendré un écart entre l’agrégat de monnaie M3 et ses contreparties, en raison de l’exclusion, conformément aux principes du

MSMF, de la contrepartie des dépôts auprès de la Trésorerie Générale du Royaume et de la Poste (CCP et CEN). Ces deux unités institutionnelles ne font pas partie du secteur des sociétés financières suivant le Système de Comptabilité Nationale 1993. Toutefois, comme leurs dépôts répondent à la définition de la monnaie au sens large, ils sont inclus dans l’agrégat de monnaie M3. Ainsi, l’écart entre M3 et ses contreparties s’établit, à fin décembre 2010, à 72 milliards de dirhams. Celui-ci devrait se réduire d’un montant correspondant aux dépôts auprès du CCP et de la CEN, une fois que la situation comptable de la banque postale sera prise en compte dans les statistiques monétaires.

Il convient de rappeler qu’avant le déploiement de la nouvelle méthodologie des statistiques monétaires et financières du FMI, les contreparties des dépôts auprès de la TGR et de la Poste étaient affectées de manière approximative (créances sur l’administration centrale pour la TGR et les CCP, créances indéterminées pour la CEN), dans la mesure où elles ne provenaient pas des situations comptables (actif/ passif) de chacun de ces organismes.

Source : Rapport Bank Al-Maghrib / Exercice 2010

Le prix Nobel d’économie 2012

Alvin Roth et Lloyd Shapley ont été récompensés pour leurs travaux sur la théorie des jeux et la façon d’ajuster les agents économiques.

Les Américains Alvin Roth et Lloyd Shapley ont obtenu le Prix Nobel 2012 d’Économie pour leurs travaux sur la meilleure manière d’accorder offre et demande sur un marché, avec des applications dans le don d’organes et l’éducation. « Cette année le prix récompense un problème économique central : comment associer différents agents le mieux possible », a indiqué l’Académie royale suédoise des sciences.

Lloyd Shapley, 89 ans, professeur à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), est un pionnier de la théorie des jeux. Celle-ci étudie mathématiquement la façon dont des acteurs prennent des décisions stratégiques pour servir leur intérêt propre et anticiper les réactions des autres, sans toujours y parvenir. Vu son âge, il était considéré comme l’un des « nobélisables » qui risquaient d’être oubliés dans le palmarès, même si son champ de recherche n’est pas le plus populaire chez les chercheurs en sciences économiques. Il a « utilisé ce qu’on appelle la théorie des jeux coopératifs pour étudier et comparer diverses méthodes » destinées à faire concorder offre et demande, a expliqué l’Académie royale suédoise des sciences. Et il est parti de l’exemple des mariages, donnant un algorithme qui permettrait (en théorie) de donner à chaque célibataire dans un groupe donné le meilleur conjoint.

Concrètement, l’une des applications est « l’affectation de nouveaux docteurs dans les hôpitaux, d’étudiants dans les écoles, des organes à transplanter avec les receveurs ». « Lloyd Shapley a su démontrer comment la conception spécifique d’une méthode (devant accorder offre et demande, NDLR) peut systématiquement bénéficier à l’une ou l’autre partie d’un marché », a-t-elle ajouté.

Domination américaine

Après ces découvertes théoriques, Alvin Roth est passé aux applications pratiques. Ce professeur à l’université de Harvard de 60 ans « a reconnu que les résultats théoriques de Shapley pouvaient élucider le fonctionnement pratique de marchés importants ». Pour les applications dans le don d’organes, il s’est servi de l’algorithme conçu par Lloyd Shapley et un autre économiste et mathématicien américain aujourd’hui décédé, David Gale, « combiné à des modifications qui prennent en compte les circonstances spécifiques et les restrictions éthiques ».

Ils succèdent à deux autres Américains, Thomas Sargent et Christopher Sims, récompensés en 2011 pour leurs travaux sur les causes et effets en macroéconomie. La domination américaine sur ce prix a été confirmée, avec 17 Américains (dont deux Israélo-Américains) sur les 20 lauréats des dix dernières années.

Le « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel » est doté de 8 milliards de couronnes suédoises (923.000 euros). Il clôt une saison qui a récompensé pour la Médecine un Britannique et un Japonais, pour la Physique un Français et un Américain, pour la Chimie deux Américains, pour la Littérature un Chinois, et pour la Paix l’Union européenne. Ces lauréats doivent recevoir leur prix lors d’une cérémonie le 10 décembre, jour anniversaire de la mort de l’industriel suédois Alfred Nobel.

Source : Le point.fr, 15/10/2012

La théorie de jeu : dilemme du prisonnier

L’enquête Diorh sur les salaires au Maroc

Les résultats de la dernière enquête Diorh sur les rémunérations montrent que les salaires devraient augmenter de 5% en 2013.

salaires au maroc

Des prévisions de révision globalement alignées

Les entreprises ne sont pas totalement fixées sur le niveau des augmentations de salaires en raison de la conjoncture internationale et locale, même si elles affichent un taux conventionnel de 5% en 2013.
Ceci dit, certaines entreprises ont été pro-actives en 2011 et elles ont revu à la hausse les enveloppes des augmentations, ce qui permettait à la fois d’élever les niveaux des salaires mais aussi de récompenser par le mérite.
Par contre, d’autres qui avaient prévu des taux fixés entre 4 à 5% sont passées à 6 ou 7% dans le but de maintenir un climat social apaisé.
En termes de positionnement, elles se fixaient essentiellement sur la médiane des salaires pratiqués sur le marché ou bien la tranche supérieure (c’est à dire le troisième quartile) pour attirer les meilleurs profils.
A noter aussi qu’en 2010, près de 70% des entreprises sondées dans le cadre de l’enquête étaient fixées sur la médiane, alors qu’en 2011 elles ont été plus de 80%.

Forte progression des salaires pour la fonction relations publiques

En ce qui concerne les salaires des cadres supérieurs, le salaire du directeur d’usine est celui qui a connu la plus forte progression entre 2011 et 2012 (+7%). Une fonction qui devient de plus en plus stratégique avec celle de «directeur production» pour la simple raison que les entreprises ont compris qu’elles ne peuvent jouer uniquement sur les marges des chiffres d’affaires mais aussi sur les marges en intrants.

La rémunération variable combine des critères de plus en plus complexes

La partie variable du salaire commence à prendre de l’importance pour toutes les catégories socioprofessionnelles. A cet effet, la combinaison de plusieurs critères vient en premier lieu dans le variable. A noter que la performance de la division ou de l’entreprise occupe une part importante dans le variable surtout pour les dirigeants, directeurs d’organisation/division ou cadres supérieurs.
Toutefois, les entreprises structurées fidélisent de plus en plus par des programmes d’assurance vie complémentaire. La majorité des entreprises sondées ont mis en place cet avantage qui est accordé à toutes les catégories.
Parmi les avantages qui reviennent le plus souvent, on note la voiture de fonction (91%), le téléphone mobile (89 %), les prêts (40%), les réductions sur les produits d’entreprise (36%), les clubs de sport (36%) et les plans d’actionnariat salarié (16%).

Directeurs financier, commercial… les fonctions qui ont le plus augmenté

L’enquête analyse également l’évolution des salaires sur une période de six ans. La palme revient au directeur financier, le responsable production, l’acheteur et le responsable planification/production dont les salaires ont augmenté de 11% sur cette période. Le chef de marque les talonne avec une évolution de 10%.
Bizarrement, c’est la fonction commerciale qui semble accuser le coup puisque les salaires des directeurs commerciaux (+3%) et responsables commerciaux (+3%) n’ont pas beaucoup évolué.
Enfin, le salaire des directeurs qualité sont également dans la traîne avec une timide progression de 1%.

Source : La vie éco, 31/10/2012

Pierre Bourdieu : La télévision peut-elle critiquer la télévision ?

La télévision peut-elle critiquer la télévision ?
Analyse d’un passage à l’antenne
En France, plusieurs émissions de télévision se proposent de décrypter les images que reçoivent les téléspectateurs. Se fondant sur l’idée que la télévision peut critiquer la télévision,elles tentent de combattre la méfiance grandissante du public à l’égard de ce média. Pierre Bourdieu,qui a, en janvier dernier, participé à la principale de ces émissions, « Arrêt sur images », livre ici son témoignage.
Par Pierre Bourdieu, avril 1996
J’ai écrit ces notes dans les jours qui ont suivi mon passage à l’émission « Arrêt sur images ». J’avais, dès ce moment-là, le sentiment que ma confiance avait été abusée, mais je n’envisageais pas de les rendre publiques, pensant qu’il y aurait eu là quelque chose de déloyal. Or voilà qu’une nouvelle émission de la même série revient à quatre reprises — quel acharnement ! — sur des extraits de mes interventions, et présente ce règlement de comptes rétrospectif comme un audacieux retour critique de l’émission sur elle-même. Beau courage en effet : on ne s’est guère inquiété, en ce cas, d’opposer des « contradicteurs » aux trois spadassins chargés de l’exécution critique des propos présentés.
La récidive a valeur d’aveu : devant une rupture aussi évidente du contrat de confiance qui devrait unir l’invitant et l’invité, je me sens libre de publier ces observations, que chacun pourra aisément vérifier en visionnant l’enregistrement des deux émissions (1). Ceux qui auraient encore pu douter, après avoir vu la première, que la télévision est un formidable instrument de domination devraient, cette fois, être convaincus : Daniel Schneidermann, producteur de l’émission, en a fait la preuve, malgré lui, en donnant à voir que la télévision est le lieu où deux présentateurs peuvent triompher sans peine de tous les critiques de l’ordre télévisuel.
« Arrêt sur images », La Cinquième, 23 janvier 1996. L’émission illustrera parfaitement ce que j’avais l’intention de démontrer : l’impossibilité de tenir à la télévision un discours cohérent et critique sur la télévision. Prévoyant que je ne pourrais pas déployer mon argumentation, je m’étais donné pour projet, comme pis-aller, de laisser les journalistes jouer leur jeu habituel (coupures, interruptions, détournements, etc.) et de dire, après un moment, qu’ils illustraient parfaitement mon propos. Il aurait fallu que j’aie la force et la présence d’esprit de le dire en conclusion (au lieu de faire des concessions polies au « dialogue », imposées par le sentiment d’avoir été trop violent et d’avoir inutilement blessé mes interlocuteurs).
Daniel Schneidermann m’avait proposé à plusieurs reprises de participer à son émission. J’avais toujours refusé. Début janvier, il réitère sa demande, avec beaucoup d’insistance, pour une émission sur le thème : « La télévision peut-elle parler des mouvements sociaux ? » J’hésite beaucoup, craignant de laisser passer une occasion de faire, à propos d’un cas exemplaire, une analyse critique de la télévision à la télévision.
Après avoir donné un accord de principe subordonné à une discussion préalable sur le dispositif, je rappelle Daniel Schneidermann, qui pose d’emblée, comme allant de soi, qu’il faut qu’il y ait un « contradicteur ». Je ne me rappelle pas bien les arguments employés, si tant est qu’il y ait eu arguments, tellement cela allait de soi pour lui. J’ai cédé par une sorte de respect de la bienséance : ne pas accepter le débat, dans n’importe quelles conditions et avec n’importe qui, c’est manquer d’esprit démocratique. Daniel Schneidermann évoque des interlocuteurs possibles, notamment un député RPR qui a pris position contre la manière dont les télévisions ont rendu compte de la grève. Ce qui suppose qu’il attend de moi que je prenne la position opposée (alors qu’il me demande une analyse — ce qui tend à montrer que, comme la plupart des journalistes, il identifie l’analyse à la critique).
Je propose alors Jean-Marie Cavada, parce qu’il est le patron de la chaîne où passera l’émission, et aussi parce qu’il m’est apparu comme typique d’une violence plus douce et moins visible : Jean-Marie Cavada donne toutes les apparences de l’équité formelle, tout en se servant de toutes les ressources de sa position pour exercer une contrainte qui oriente fortement les débats ; mes analyses vaudront ainsi a fortiori. Tout en proclamant que le fait que je mette en question le directeur de la chaîne ne le gênait en rien et que je n’avais pas à me limiter dans mes « critiques », Daniel Schneidermann exclut Jean-Marie Cavada au profit de Guillaume Durand. Il me demande de proposer des extraits d’émissions qui pourraient être présentés à l’appui de mes analyses. Je donne une première liste (comportant plusieurs références à Jean-Marie Cavada et à Guillaume Durand), ce qui m’amène, pour justifier mes choix, à livrer mes intentions.
Dans une seconde conversation, je m’aperçois que plusieurs de mes propositions d’extraits ont été remplacées par d’autres. Dans le « conducteur » final, je verrai apparaître un long « micro-trottoir » sans intérêt visant à montrer que les spectateurs peuvent dire les choses les plus opposées sur la représentation télévisuelle des grèves, donc à relativiser d’avance les « critiques » que je pourrais faire (cela sous prétexte de rappeler l’éternelle première leçon de tout enseignement sur les médias : le montage peut faire dire n’importe quoi à des images). Lors d’une nouvelle conversation, on m’apprend que Jean-Marie Cavada a finalement décidé de venir et qu’on ne peut pas lui refuser ce droit de réponse, puisqu’il est « mis en question ».
Dès la première conversation, j’avais demandé expressément que mes prises de position pendant les grèves de décembre ne soient pas mentionnées. Parce que ce n’était pas le sujet et que ce rappel ne pourrait que faire apparaître comme des critiques de parti pris les analyses que la sociologie peut proposer. Or, dès le début de l’émission, la journaliste, Pascale Clark, annonce que j’ai pris position en faveur de la grève et que je me suis montré « très critique de la représentation que les médias [en] ont donnée », alors que je n’avais rien dit, publiquement, sur ce sujet. Elle récidive avec la première question, sur les raisons pour lesquelles je ne me suis pas exprimé à la télévision pendant les grèves.
Devant ce nouveau manquement à la promesse qui m’avait été faite pour obtenir ma participation, j’hésite longuement, me demandant si je dois partir ou répondre. En fait, à travers cette intervention qui me plaçait d’emblée devant l’alternative de la soumission résignée à la manipulation ou de l’esclandre, contraire aux règles du débat « démocratique », le thème que les deux « contradicteurs » ne cesseront de rabâcher pendant toute l’émission était lancé : comment peut-il prétendre à la science objective de la représentation d’un événement à propos duquel il a pris une position partisane ?
Au cours des discussions téléphoniques, j’avais aussi fait observer que les « contradicteurs » étaient maintenant deux, et deux professionnels (il apparaîtra, dès que je ferai une brève tentative pour analyser la situation dans laquelle je me trouvais, qu’ils étaient quatre) ; j’avais exprimé le souhait qu’ils n’abusent pas de l’avantage qui leur serait ainsi donné. En fait, emportés par l’arrogance et la certitude de leur bon droit, ils n’ont pas cessé de me prendre la parole, de me couper, tout en proférant d’ostentatoires flatteries : je pense que dans cette émission où j’étais censé présenter une analyse sociologique d’un débat télévisé en tant qu’invité principal, j’ai dû avoir la parole, au plus, pendant vingt minutes, moins pour exposer des idées que pour ferrailler avec des interlocuteurs qui refusaient tous le travail d’analyse.
Daniel Schneidermann m’a appelé plusieurs fois, jusqu’au jour de l’émission, et je lui ai parlé avec la confiance la plus entière (qui est la condition tacite, au moins pour moi, de la participation à un dialogue public), livrant ainsi toutes mes intentions. Il ne m’a rien dit, à aucun moment, des intentions de mes « contradicteurs ». Lorsque je lui ai demandé s’il comptait leur montrer, au préalable, les extraits que j’avais choisis — ce qui revenait à leur dévoiler toutes mes batteries —, il m’a dit que s’ils les lui demandaient il ne pourrait pas les leur refuser… Il m’a parlé vaguement d’un micro-trottoir au sujet mal défini tourné à Marseille. Après l’émission, il me dira sa satisfaction et combien il était content qu’un « grand intellectuel » — pommade — ait pris la peine de regarder de près et de discuter la télévision, mais aussi et surtout combien il admirait mes « contradicteurs » d’avoir « joué le jeu » et d’avoir accepté courageusement la critique… Le jour de l’émission, les « contradicteurs » et les présentateurs, avant l’enregistrement, me laissent seul sur le plateau pendant près d’une heure. Guillaume Durand vient s’asseoir en face de moi et m’entreprend bille en tête sur ce qu’il croit être ma complicité avec les socialistes (il est mal informé…). Exaspéré, je lui réponds vertement. Il reste longtemps silencieux et très gêné. La présentatrice, Pascale Clark, essaie de détendre l’atmosphère. « Vous aimez la télévision ? — Je déteste. » On en reste là. Je me demande si je ne dois pas partir.
Si au moins je parvenais à croire que ce que je suis en train de faire peut avoir une quelconque utilité et que je parviendrai à convaincre que je suis venu là pour essayer de faire passer quelque chose à propos de ce nouvel instrument de manipulation… En fait, j’ai surtout l’impression d’avoir seulement réussi à me mettre dans la situation du poisson soluble (et conscient de l’être) qui se serait jeté à l’eau.
La disposition sur le plateau : les deux « contradicteurs » sont assis, en chiens de faïence (et de garde), de part et d’autre du présentateur, je suis sur le côté, face à la présentatrice. On m’apporte le « conducteur » de l’émission : quatre seulement de mes propositions ont été retenues et quatre « sujets » ont été ajoutés, dont deux très longs « micro-trottoirs » et reportages, qui passeront, tous destinés à faire apparaître la relativité de toutes les « critiques » et l’objectivité de la télévision. Les deux qui ne passeront pas, et que j’avais vus, avaient pour fin de montrer la violence des grévistes contre la télévision.
Conclusion (que j’avais écrite avant l’émission) : on ne peut pas critiquer la télévision à la télévision parce que les dispositifs de la télévision s’imposent même aux émissions de critique du petit écran. L’émission sur le traitement des grèves à la télévision a reproduit la structure même des émissions à propos des grèves à la télévision.
Ce que j’aurais voulu dire
La télévision, instrument de communication, est un instrument de censure (elle cache en montrant) soumis à une très forte censure. On aimerait s’en servir pour dire le monopole de la télévision, des instruments de diffusion (la télévision est l’instrument qui permet de parler au plus grand nombre, au-delà des limites du champ des professionnels). Mais, dans cette tentative, on peut apparaître comme se servant de la télévision, comme les « médiatiques », pour agir dans ce champ, pour y conquérir du pouvoir symbolique à la faveur de la célébrité (mal) acquise auprès des profanes, c’est-à-dire hors du champ. Il faudrait toujours vérifier qu’on va à la télévision pour (et seulement pour) tirer parti de la caractéristique spécifique de cet instrument — le fait qu’il permet de s’adresser au plus grand nombre —, donc pour dire des choses qui méritent d’être dites au plus grand nombre (par exemple qu’on ne peut rien dire à la télévision).
Faire la critique de la télévision à la télévision, c’est tenter de retourner le pouvoir symbolique de la télévision contre lui-même cela en payant de sa personne, c’est le cas de le dire : en acceptant de paraître sacrifier au narcissisme, d’être suspect de tirer des profits symboliques de cette dénonciation et de tomber dans les compromissions de ceux qui en tirent des profits symboliques, c’est-à-dire les « médiatiques ».
Le dispositif : du plus visible au plus caché
Le rôle du présentateur :
— Il impose la problématique, au nom du respect de règles formelles à géométrie variable et au nom du public, par des sommations (« C’est quoi… », « Soyons précis… », « Répondez à ma question », « Expliquez-vous… », « Vous n’avez toujours pas répondu… », « Vous ne dites toujours pas quelle réforme vous souhaitez… ») qui sont de véritables sommations à comparaître mettant l’interlocuteur sur la sellette. Pour donner de l’autorité à sa parole, il se fait porte-parole des auditeurs : « La question que tout le monde se pose », « C’est important pour les Français… » Il peut même invoquer le « service public » pour se placer du point de vue des « usagers » dans la description de la grève.
— Il distribue la parole et les signes d’importance (ton respectueux ou dédaigneux, attentionné ou impatient, titres, ordre de parole, en premier ou en dernier, etc).
— Il crée l’urgence (et s’en sert pour imposer la censure), coupe la parole, ne laisse pas parler (cela au nom des attentes supposées du public c’est-à-dire de l’idée que les auditeurs ne comprendront pas, ou, plus simplement, de son inconscient politique ou social).
— Ces interventions sont toujours différenciées : par exemple, les injonctions s’adressent toujours aux syndicalistes (« Qu’est-ce que vous proposez, vous ? ») sur un ton péremptoire, et en martelant les syllabes ; même attitude pour les coupures : « On va en parler… Merci, madame, merci… » — remerciement qui congédie, par rapport au remerciement empressé adressé à un personnage important. C’est tout le comportement global qui diffère, selon qu’il s’adresse à un « important » (M. Alain Peyrefitte) ou à un invité quelconque : posture du corps, regard, ton de la voix, mots inducteurs (« oui… oui… oui… » impatient, « ouais » sceptique, qui presse et décourage), termes dans lesquels on s’adresse à l’interlocuteur, titres, ordre de parole, temps de parole (le délégué CGT parlera en tout cinq minutes sur une heure et demie à l’émission « La Marche du siècle »).
— Le présentateur agit en maître après Dieu de son plateau (« mon émission », « mes invités » : l’interpellation brutale qu’il adresse à ceux qui contestent sa manière de mener le débat est applaudie par les gens présents sur le plateau et qui font une sorte de claque).
La composition du plateau :
— Elle résulte de tout un travail préalable d’invitation sélective (et de refus). La pire censure est l’absence ; les paroles des absents sont exclues de manière invisible. D’où le dilemme : le refus invisible (vertueux) ou le piège.
— Elle obéit à un souci d’équilibre formel (avec, par exemple, l’égalité des temps de parole dans les « face-à-face ») qui sert de masque à des inégalités réelles : dans les émissions sur la grève de décembre 1995, d’un côté un petit nombre d’acteurs perçus et présentés comme engagés, de parti pris, et de l’autre des observateurs présentés comme des arbitres, parfaitement neutres et convenables, c’est-à-dire les présumés coupables (de nuire aux usagers), qui sont sommés de s’expliquer, et les arbitres impartiaux ou les experts qui ont à juger et à expliquer. L’apparence de l’objectivité est assurée par le fait que les positions partisanes de certains participants sont déguisées (à travers le jeu avec les titres ou la mise en avant de fonctions d’expertise : par exemple, M. Alain Peyrefitte est présenté comme « écrivain » et non comme « sénateur RPR » et « président du comité éditorial du Figaro », M. Guy Sorman comme « économiste » et non comme « conseiller de M. Juppé ».)
La logique du jeu de langage :
— Le jeu joue en faveur des professionnels de la parole, de la parole autorisée.
— Le débat démocratique conçu sur le modèle du combat de catch permet de présenter un ressort d’Audimat (le « face-à-face ») comme un modèle de l’échange démocratique.
— Les affinités entre une partie des participants : les « médiatiques » sont du même monde (entre eux et avec les présentateurs). Familiers des médias et des hommes des médias, ils offrent toutes les garanties : non seulement on sait qu’ils passent bien (ce sont, comme disent les professionnels, de « bons clients »), mais on sait surtout qu’ils seront sans surprises. La censure la plus réussie consiste à mettre à des places où l’on parle des gens qui n’ont à dire que ce que l’on attend qu’ils disent ou, mieux, qui n’ont rien à dire. Les titres qui leur sont donnés contribuent à donner autorité à leur parole.
Les différents participants ne sont pas égaux devant ces situations : d’un côté des professionnels de la parole, dotés de l’aptitude à manipuler le langage soutenu qui convient ; de l’autre des gens moins armés et peu habitués aux situations de prise de parole publique (les syndicalistes et, a fortiori, les travailleurs interrogés, qui, devant la caméra, bafouillent, parlent avec précipitation, s’emmêlent ou, pour échapper au trac, font les marioles, alors que, quelques minutes avant, en situation normale, ils pouvaient dire des choses justes et fortes). Pour assurer l’égalité, il faudrait favoriser les défavorisés (les aider du geste et du regard, leur laisser le temps, etc.), alors que tout est fait pour favoriser les favorisés.
— L’inconscient des présentateurs, leurs habitudes professionnelles. Par exemple, leur soumission culturelle d’intermédiaires culturels demi-savants ou autodidactes, enclins à reconnaître les signes académiques, convenus, de reconnaissance. Ils sont le dispositif (c’est-à-dire l’Audimat) fait hommes : lorsqu’ils coupent des propos qu’ils craignent trop difficiles, ils sont sans doute de bonne foi, sincères. Ils sont les relais parfaits de la structure, et, s’ils ne l’étaient pas, ils seraient virés.
Dans leur vision de la grève et des grévistes, ils engagent leur inconscient de privilégiés : des uns, ils attendent des justifications ou des craintes (« Dites vos craintes », « De quoi vous plaignez-vous ? »), des autres des explications ou des jugements (« Qu’en pensez-vous ? »).
Pierre Bourdieu
Sociologue, professeur au Collège de France.
(1) «  Arrêt sur images  », La Cinquième, 23 janvier 1996 et 13 mars 1996.

Devoir à domicile en économie d’entreprise (2 SGC)

Ce sujet comporte deux dossiers indépendants qui peuvent être traités dans l’ordre de votre choix, en précisant le numéro de chaque dossier traité. Des documents vous sont fournis. Vous devrez vous y reporter, soit comme documentation de base, soit pour répondre à une question précise.

Dossier 1 : L’organisation de l’approvisionnement et de la production

Cas d’entreprise : CENTRALE LAITIERE, Filiale du Groupe ONA à 51%

Document 1

L’approvisionnement

Parce qu’il n’y a pas de bons produits sans les meilleures matières premières, Centrale Laitière veille à la qualité des divers ingrédients entrant dans leur production. Principale matière première, le lait subit pour cela des centaines de contrôles à toutes les étapes de sa transformation. En amont, Centrale Laitière sélectionne et accompagne les producteurs pour qu’ils appliquent strictement les exigences de qualité fixées par les centres de collecte.

Pour les fruits et les emballages, Centrale Laitière sélectionne ses fournisseurs sur la base de critères très stricts, dont l’application est régulièrement vérifiée par des audits sur sites.

Centrale Laitière fédère et soutient 850 centres de collecte regroupant 112 000 éleveurs laitiers à travers tout le Maroc. Notre flotte de camions citernes sillonne chaque jour six grandes zones de collecte : Tadla, Haouz, Doukkala, Chaouia, Gharb – Loukkos et Saiss – Zemmour.

Profondément ancrée dans la réalité rurale, Centrale Laitière maintient une relation étroite avec les éleveurs partenaires, leur apportant un soutien important et une formation permanente.

Source : www.centralelaitière.com (texte adapté)

Document 2

La qualité est le mot d’ordre de la production

Dès 1997, tous les sites de production de Centrale Laitière s’engageaient dans une logique de recherche de qualité et d’améliorations continues, à travers plusieurs démarches  de certification ISO 9001. Le site de production de Salé fut le premier à obtenir cette certification en 1998, suivi de celui de Meknes en 2003. La certification de l’ensemble des sites de production selon la norme ISO 9001 version 2000 a été achevée début 2006.

Plusieurs millions d’analyses sont effectuées chaque année sur les produits de Centrale Laitière, selon des normes qui vont au-delà de la réglementation en vigueur. Ces produits font également l’objet de dégustations régulières, destinées à en vérifier les goûts et les textures. Enfin, des tests consommateurs permettent de recueillir les perceptions sensorielles sur lesquelles se basent les équipes de Centrale Laitière pour optimiser les produits ou lancer de nouvelles marques.

Les multiples contrôles effectués sur chaque produit sont tous enregistrés, offrant une traçabilité sans faille qui permet de répondre avec une grande réactivité aux éventuelles défaillances décelées. Afin de garantir la sécurité alimentaire des produits mis sur le marché, Centrale Laitière a mis en place une organisation de gestion des risques (méthode HACCP) sur l’ensemble de ses sites de production. Cette organisation s’appuie sur la traçabilité, sur la maîtrise de la chaîne du froid, sur la multiplication des contrôles et analyses et sur l’investissement dans des outils de production toujours plus sûrs et plus performants.

Source : www.centralelaitière.com (texte adapté)

Consignes :

1)  Relever le principal objectif  de la politique d’approvisionnement de cette entreprise. (1 pt)

2)  Quels sont les articles achetés par  Centrale Laitière ? (1 pt)

3)  Proposer trois critères de sélection des fournisseurs. (1,5 pt)

4)  Caractériser la relation entre Centrale laitière et ses fournisseurs de lait. (2 pts)

5)  Expliquer la phrase soulignée dans le deuxième document. (1 pt)

6)  Pourquoi Centrale Laitière a-t-elle certifié l’ensemble de ses sites de production selon la norme ISO 9001 version 2000 ? (1,5 pt)

7)  Expliquer la démarche qualité de cette entreprise. (2 pts)

8)  En quoi consiste la méthode HACCP selon le document ? (1 pt)

9)  A votre avis, dans quelles mesures une bonne organisation de l’approvisionnement favorise-t-elle l’efficacité de l’appareil de production ? (2 pts)

Dossier 2 : L’organisation de la production chez KIA MOTORS

Document 1

KIA Motors en Europe

Depuis 1995, KIA investit durablement en Europe. En moins de 10 ans, la marque coréenne a installé et développé en Allemagne son siège européen ainsi que un de ses Centres de Recherche & Développement, une de ses usines de production, et un centre de Design dédié aux véhicules des marchés européens.

Depuis janvier 2010, KIA propose une garantie automobile de 7 ans sur l’ensemble de sa gamme soit 10 modèles en France. Cette offre unique sur le marché est le résultat d’un investissement massif et durable de KIA sur le marché automobile européen.

Source : Site web de KIA Motors (texte adapté)

Document 2

Usine de Production Européenne

Après deux ans de construction, cette usine ouvre ses portes en 2006 à cinq kilomètres du centre de la ville de Zilina, en Slovaquie. Elle produit les véhicules de la gamme KIA cee’d (5 et 3 portes, SW) ainsi que le SUV KIA Sportage.

Sa capacité de production a passé les 300.000 unités par an et occupe une surface de 1 680 000 m²

Avec l’installation d’une dizaine de fournisseurs à proximité de l’usine, le site de production de Zilina emploie un total de près de six mille travailleurs.

Outre le fait qu’elle respecte les normes environnementales les plus sévères de l’Union Européenne, elle bénéficie du coup de l’intégration des plus récentes évolutions techniques et technologiques en matière d’efficacité et de productivité. Cela permet dès lors de construire des voitures selon les standards mondiaux les plus élevés dans le domaine de la qualité, l’une des priorités principales de KIA. À Zilina, par exemple, un travailleur sur quinze, vêtu d’une combinaison jaune pour être identifié directement, est d’ailleurs responsable du contrôle de la qualité du travail de ses collègues et des produits !

Dernier point non négligeable, KIA contrôle tout le processus de fabrication, depuis le traitement des matières premières jusqu’à l’assemblage final en passant par toutes les étapes intermédiaires et en offrant une ambiance de travail agréable. Un exemple : le personnel de ses usines bénéficie d’espaces de repos et de détente parfaitement équipés avec des meubles design, des télévisions et des consoles de jeux dernier cri !

KIA réalise aujourd’hui près de 25% de ses ventes mondiales en Europe et affiche en 4 ans une croissance de près de 50%. Ces bons résultats et ces investissements durables permettent à KIA de s’assurer de la qualité et de la fiabilité de ses véhicules.

Cette confiance permet ainsi à KIA d’offrir depuis le début de l’année 2010 une garantie de 7 ans sur l’ensemble des modèles de sa gamme.

Source : Site web de KIA Motors (texte adapté)

Consignes :

1)   Montrez à partir des documents ci-dessus que KIA Motors combine deux facteurs de production pour fabriquer ses véhicules. (1 pt)

2)   Calculez la productivité de l’usine de KIA en Slovaquie. (1 pt)

3)   KIA fait-elle recours au progrès technique ? Justifiez votre réponse. (1 pt)

4)   Relevez les effets du progrès technique sur la production de KIA Motors. (1 pt)

5)   Montrez que KIA opte pour la qualité totale. (1 pt)

6)   Peut-on dire que KIA opte pour la flexibilité technique ? Justifiez votre réponse. (2 pts)

2011 © Pr. OUBEJJA Mohamed


Devoir d’économie générale et statistique, 2 S.ECO (A.S: 2011/2012)

L’usage de la calculatrice est autorisé.

Ce sujet comporte deux dossiers indépendants qui peuvent être traités dans l’ordre de votre choix, en précisant le numéro de chaque dossier traité. Des documents vous sont fournis. Vous devrez vous y reporter, soit comme documentation de base, soit pour répondre à une question précise.

Dossier 1 : Le marché : structure et fonctionnement (10 pts)

Travail à faire :

1. Identifier les marchés traités dans les documents 1 et 2. (1 pt)

2. Déterminer le type, l’objet et les composantes de chaque marché. (3 pts)

3. Le marché, traité dans le document 2, respecte-t-il la loi de l’offre et de la demande ? Est-il un marché de concurrence pure et parfaite ? Justifier votre réponse. (2 pts)

4. D’après le document 2, quels sont les facteurs qui influencent la formation des prix ? (2 pts)

5. Résoudre le problème soulevé dans le document 3. (2 pts)

Ressources documentaires

Document 1

Le Trésor accélère ses levées sur le marché intérieur des capitaux

Le Trésor a entamé le mois de novembre avec un fort appétit pour l’endettement sur le marché local. En une seule séance d’adjudication, celle du 1er novembre, il a émis pour 6,8 milliards de DH de bons du Trésor, sachant que les remboursements auxquels il doit faire face tout au long du mois ne dépassent pas 5 milliards de DH. Les opérateurs financiers expliquent qu’après avoir passé les dix premiers mois de l’année dans une situation relativement confortable, en raison de charges différées à la fin de l’année (arriérés de compensation notamment) et de l’encaissement de 5,3 milliards de DH de recettes de privatisations, le Trésor revient avec force sur le marché intérieur de la dette pour faire face à ses charges budgétaires de fin d’année.

Source : La vie éco, 07/11/2011 (texte adapté)

Document 2

Comment se forment les prix des fruits et légumes ?

Malgré la spéculation, c’est la loi de l’offre et de la demande qui conditionne véritablement les prix. La courbe des prix peut subitement changer, à la hausse ou à la baisse, en cours de journée.

Depuis plusieurs années, des polémiques sur les prix des fruits et légumes frais occupent régulièrement les colonnes de la presse.  Et chacun y va de ses propres explications. De fait, toute tentative de cerner (mathématiquement parlant) la problématique des prix de produits quasi dépendants des aléas climatiques et rapidement périssables, s’avère difficile.

 Le premier facteur de la hausse imprévisible auquel on pense est la spéculation. Elle existe certes lors d’occasions jugées trop opportunes (Ramadan, grandes vacances, fêtes…), mais son impact reste limité. Il y a ensuite le stockage en attendant des conditions de marché plus favorables, mais emmagasiner est souvent un acte à haut risque et le gain potentiel sur le prix peut vite être effacé par pertes en quantité et les frais de conservation au froid. D’ailleurs, seules la pomme de terre, l’orange et la pomme se prêtent véritablement à stockage sur plusieurs mois.

Dans l’équation du prix intervient aussi l’entente entre les vendeurs au détail au sein des marchés municipaux. Où que l’on aille pour s’approvisionner en fruits et légumes, on trouvera un alignement des prix pour tous les produits et le consommateur croira logiquement que ce sont les prix réels et que c’est une conséquence de la hausse provenant du marché de gros. Les difficultés de transport sont aussi de nature à entraîner une baisse de l’offre dans les marchés de gros et par conséquent une hausse des prix qui peut atteindre 30 %.

Enfin, il y a la rareté de certains produits engendrée par la hausse fulgurante des températures en août, ce qui retarde les récoltes automnales, en particulier les tomates, ou alors les éventuelles intempéries entre novembre et février qui risquent de bouleverser tout le processus de production à n’importe quel moment.

Source : La vie éco, 14/10/2011 (texte adapté)

Document 3

Nous supposons que le marché de la pomme est un marché de concurrence pure et parfaite. Mr. Ahmed, après son échec au baccalauréat, a décidé avec enthousiasme de se lancer dans la vente des pommes au marché municipal de Tiznit. Il vous fait appel pour l’aider à déterminer la quantité à vendre d’équilibre. Il met à votre disposition le tableau suivant :(Le prix d’équilibre sur le marché est de 10 DH).

Quantités vendues 200 400 600 800 1000 1200
Coût total 2320 3360 4800 6400 8400 10560

 

 Dossier 2 : Le comportement de l’économie à travers le circuit et les agrégats (10 pts)

Travail à faire :

1. Calculer le PIB et ses indices de variation. Interpréter les résultats obtenus. (2 pts)

2. Calculer le taux d’investissement et commenter son évolution. (1 pt)

3. Calculer le RNBD et commenter l’évolution de son affectation. (le calcul de l’ENB est nécessaire). (2 pts)

4. Calculer la demande finale intérieure et le déficit en ressources. (2 pts) 

5.  Représenter les opérations économiques du document 5 dans un circuit économique. (considérer uniquement les flux monétaires et intégrer le marché des biens et services). (3 pts)

Ressources documentaires

  • Document 1 : Equilibre ressources-emplois de biens et services en valeur

(En millions de DH)

2008

2009

2010*

Ressources

1 039 252

1 023 174

1 092 310

Produit intérieur brut

?

?

?

Importations de biens et services

350 409

290 725

328 008

Emplois

1 039 252

1 023 174

1 092 310

Dépenses de consommation finale

518 527

551 858

571 653

–     Ménages

400 395

418 461

437 715

–     Administrations publiques

118 132

133 397

133 938

Formation brute de capital fixe

227 465

226 177

234 407

Variation de stocks

+ 35 095

+ 34 898

+ 34 027

Exportations de biens et services

258 165

210 241

252 223

(*) Chiffres provisoires.

  • Document 2 : La formation du PIB

(En millions de DH)

2 008

2 009

2 010*

Activités primaires

90 690

107 050

105 805

Activités secondaires

187 866

186 742

204 075

Activités tertiaires (1)

341 076

359 365

378 113

Impôts sur les produits nets de subventions

69 211

79 292

76 309

(1) Y compris les services non marchands fournis par les administrations publiques.

(*) Chiffres provisoires.

  • Document 3 : Revenus et transferts nets reçus de l’extérieur

(En millions de DH)

2008

2009

2010

Revenus et transferts nets de l’extérieur

56 307

40 610

42 595

Source : Haut commissariat au plan (Direction de la comptabilité nationale), documents 1 à3.

  • Document 5 : Les opérations économiques effectuées dans une économie fictive

Dans une économie très simplifiée, les opérations suivantes ont été réalisées (en unités monétaires du pays) :

Ménages : Dépenses de consommation : 8000, salaires reçus : 16000, épargne auprès des sociétés financières : 10000, impôts versés : 7200, cotisations : 1600 ;

Sociétés non financières : elles ont produit 22000, payé 8800 d’impôts aux administrations publiques, elles ont fait recours aux banques pour financer leurs besoins financiers, elles ont exporté 2000 de biens de consommation et importé 2000 de biens de production.

Sociétés financières : prêts : 10000 (5200 pour les administrations) ;

Administrations publiques : investissement : 7600, consommation : 4400, traitements versés : 6400, prestations aux ménages : 4000, subventions aux entreprises : 400.

L’automatisation de la production

  • L’atelier de production

  • Chaîne de production

Robots soudeurs (automobile)
Chaîne de production des avions: On constate que la fabrication d'un avion passe par plusieurs étapes. dans chaque étape on mobilise des ressources: machines, matériel, main d’œuvre...
  •  Machine-outil à commande numérique

Machine outil de coupe.
  • Exemple de Robot

Recueil de photos: Mohamed OUBEJJA

Contrôle 1 / S1 (Economie générale et statistique) / 1SEG4

Situation 1 (7 pts)

La méthodologie économique

John Stuart Mill est l’un des premiers à mener une réflexion sur les démarches et méthodes employées par les économistes, notamment dans le cadre de son ouvrage monumental d’épistémologie et de philosophie des sciences A System of Logic (1848). Dans ce dernier, ainsi que dans ses autres écrits méthodologiques, Mill développe une conception radicalement empiriste de la science puisqu’il défend l’idée que le raisonnement déductif n’a en fait aucune existence propre : les prémisses sur lesquels reposent tout syllogisme ont en effet une origine nécessairement empirique et inductive (raisonnement inductif). En d’autres termes, les scientifiques dérivent nécessairement leurs axiomes et postulats de généralisations partant de l’observation.

Cependant, dans le chapitre consacré aux sciences morales, dont l’économie fait partie, Mill montre que les sciences sociales se caractérisent par certaines spécificités : l’impossibilité de mener des expériences contrôlées en laboratoire et la nature de leur domaine d’étude, qui a trait au comportement humain. Ces particularités amènent Mill à caractériser l’économie comme une science déductive et a priori. Les économistes peuvent surmonter l’impossibilité d’isoler les facteurs causaux par des expériences en s’appuyant sur le fait que les sciences économiques étudient un aspect du comportement humain qui nous est compréhensible par introspection : le comportement rationnel.

Source : Wikipédia, encyclopédie libre (texte adapté).

Consignes :

1. En quoi consiste la méthodologie économique ?

2. Relever du document les méthodes utilisées en science économique. 

3. D’après le document, quelle est la particularité des sciences sociales ?

4. Distinguer les deux expressions soulignées.  

Situation 2 (6 pts)

La rareté chez les classiques

La question de la rareté est sous-jacente à toutes les analyses économiques, de façon implicite ou explicite, et particulièrement chez les classiques. Définie comme un écart entre les besoins et des ressources limitées, il est difficile de savoir si cette rareté est une hypothèse ou bien reflète une réalité incontournable.

Aborder cette question supposerait d’avoir résolu celle des besoins dont la définition n’est pas assurée ou est, en tout cas, sujette à plusieurs interprétations qui peuvent rejaillir sur la conception de la rareté.

Pour les classiques, véritables fondateurs de l’économie politique, la prise en compte de la rareté va se ressentir de la contradiction terrible qui traverse l’économie politique : l’économie est pensée comme résultant de lois naturelles, dont celle des rendements décroissants est le plus bel exemple, et pourtant elle est inscrite dans un contexte social et historique. Est-ce pour cette raison que la rareté reste assez souvent en filigrane chez les classiques ? Ce serait risqué de l’affirmer brutalement. Plus vraisemblable est l’hypothèse selon laquelle la révolution industrielle qui se déroula sous les yeux des classiques leur apparut comme pouvant faire reculer les limites de la rareté. Celle-ci ne reste plus alors que comme cadre dans lequel se déroule l’activité humaine  et comme condition de la valeur.

Source : J.M. Harribey, L’économie économe, édition L’Harmattan

Consignes :

1. En quoi consiste la rareté selon les classiques ?

2. Expliquez les expressions soulignées.

3. Selon le document, la rareté conditionne-t-elle toujours l’activité économique ?

Situation 3 (7 pts)

Dans une économie très simplifiée, les opérations suivantes ont été réalisées (en unités monétaires du pays) :

Ménages : Dépenses de consommation : 8000, salaires reçus : 16000, épargne auprès des sociétés financières : 10000, impôts versés : 7200, cotisations : 1600 ;

– Sociétés non financières : elles ont produit 20000, payé 8800 d’impôts aux administrations publiques, elles ont fait recours aux banques pour financer leurs besoins financiers ;

Sociétés financières : prêts : 10000 (5200 pour les administrations) ;

Administrations publiques : investissement : 7600, consommation : 4400, traitements versés : 6400, prestations aux ménages : 4400.

Consignes :

1. Distinguer, dans un tableau, les opérations économiques ci-dessus.

2. Elaborer le circuit économique (flux monétaires).

Contrôle n° 1/Semestre 1 (Economie générale et statistique) 1SEG1 (A.S : 2011/2012)

Situation 1 (7 pts)

Besoin et bien : quelle relation ?

L’existence d’un bien économique répond toujours à un besoin d’un ou de plusieurs individus de l’économie. Dans ce cadre, on nomme l’individu consommateur ou son groupe ménage : l’assouvissement de ces besoins est procuré par la consommation d’un bien appelé simplement bien de consommation. Ce type de bien s’oppose à bien de production, utilisé dans un processus de fabrication, mais la distinction est parfois obscure (un composant électronique diffère selon qu’il est vendu à un consommateur ou à une entreprise d’électroménager, par exemple une ampoule LED). Le bien de consommation est souvent en quantité abondante ou au moins supérieure à 1. Dans le cas contraire, on parle de bien non-reproductible (ex: une œuvre d’art).

Il est également convenu que chaque bien économique constitue un marché propre, c’est-à-dire qu’il existe une demande et une offre pour ce bien équilibrée par un prix strictement supérieur à 0. Les biens économiques s’opposent en ce sens aux biens libres, que l’on trouve gratuitement et en abondance (comme le soleil, l’air, l’eau dans certaines régions). En réalité les biens libres ne répondent pas aux forces du marché car ils sont naturellement en équilibre (le soleil et la lune nous éclairent tour à tour sans contrainte). Mais un jour ils peuvent devenir biens de consommation et répondre à la logique d’un marché, à titre d’exemple pessimiste, l’air s’il devient trop pollué.

Source: Wikipédia, l’encyclopédie libre (texte adapté)

Consignes :

1. Identifier  la relation entre les biens et les besoins.

2. Relever du document deux types de biens économiques. Sont-ils facilement distinguables ?  

3. En partant du document, élaborez un paragraphe cohérent et logique à partir des trois concepts suivants : bien économique, bien libre et marché.  

4. Distinguer les deux expressions en gras.  

Situation 2 (6 pts)

ÉCONOMIE : Une science trop humaine ?

La science économique est loin d’être une science exacte, tant les divisions des économistes sont notoires et tant leurs prévisions font l’objet de contestations et de révisions. Par ailleurs, si la science économique évolue, on ne peut guère la créditer de découvertes majeures au cours de ces dernières années.

Les relations économiques n’en constituent pas moins une part importante des activités humaines, et un esprit scientifique ne peut que chercher à les comprendre. Des générations d’économistes, dont les plus connus ont eu souvent une solide formation scientifique, s’y sont essayés ; on ne peut donc ignorer leurs réflexions, ni l’influence éventuelle que celles-ci ont pu avoir sur l’évolution des sociétés. Faire le point sur les connaissances en économie, et sur les théories des économistes, relève, en soi, d’une démarche scientifique, même si, au bout du compte, les résultats  sont maigres ou sujets à caution. Savoir que l’on ne sait pas, ou que l’on sait peu, fait aussi partie de la connaissance scientifique.

Source : Encyclopédie Universalis (texte adapté)

Consignes :

1. Pourquoi l’économie n’est-elle pas une science exacte ?

2. Expliquez le titre du texte ci-dessus.

3. En quoi consiste la démarche scientifique en économie politique ? 

Situation 3 (7 pts)

Dans une économie très simplifiée, les opérations suivantes ont été réalisées (en unités monétaires du pays) :

– Ménages : Dépenses de consommation : 4000, salaires reçus : 8000, épargne auprès des sociétés financières : 5000, impôts versés : 3600, cotisations : 800 ;
– Sociétés non financières : elles ont produit 10000, payé 4400 d’impôts aux administrations publiques, elles ont fait recours aux banques pour financer leurs besoins financiers ;
– Sociétés financières : prêts : 5000 (2600 pour les administrations) ;
– Administrations publiques : investissement : 3800, consommation : 2200, traitements versés : 3200, prestations aux ménages : 2200.

Consignes :

1. Distinguer, dans un tableau, les opérations économiques ci-dessus.

2. Représenter ces opérations à l’aide d’un circuit économique (flux monétaires).

Exercices d’application : Les agrégats macroéconomiques

Exercices d’application

Matière : Economie générale et statistique

Chapitre 2 : La comptabilité nationale

Enseignant : OUBEJJA Mohamed

07/12/2011

Exercice 1

Composantes du PIB (Base 1998)

Le produit intérieur brut (PIB) est le résultat synthétique de l’activité nationale de production. Il représente la richesse créée au cours de la période considérée sur le territoire économique du pays. Il est obtenu selon trois optiques : production, demande et revenu. Selon l’optique production, le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées des branches (ou des secteurs institutionnels) augmenté du montant des impôts nets des subventions sur les produits. Il s’obtient, selon l’optique demande, par la différence entre le total de la demande finale et celui des importations exprimées aux prix CAF. Au niveau de l’optique revenu, il correspond à la somme de la rémunération des facteurs (rémunération des salariés, excédent brut d’exploitation et revenu mixte brut des entrepreneurs individuels) augmentée du montant total des impôts nets des subventions sur la production et les importations (c’est à dire ceux affectant les produits et ceux liés à l’activité).

Contribution sectorielle au PIB (en millions de dirhams)

Années

Valeur ajoutée

agricole (y compris pêche)

Valeur ajoutée

hors agricole

DTI nets

des subventions

PIB

1998

68917

271863

43605

?

1999

60289

284981

?

389569

2000

52241

?

43806

393381

2001

?

316021

47704

426402

2002

65457

330354

49615

?

2003

73933

353628

49460

?

2004

74131

380147

50737

?

2005

69565

404391

53723

?

2006

87482

430466

59396

?

2007

74928

470761

69684

?

2008

90690

528942

?

688843

2009

100757

?

79292

732449

2010

?

588731

76309

764302

Source : Direction de la comptabilité nationale (HCP°

Consignes

  1. Exposer les trois méthodes de calcul du PIB.
  2. Compléter le tableau ci-dessus.
  3. Calculer les indices de variation du PIB. (Année de base : 1998).
  4. Interpréter les résultats obtenus.

Exercice 2

Ratios économiques en pourcentage (Base 1998)

Années Taux d’invest. Taux d’épargne Dépenses de consommation finale des ménages /PIB Dépenses de consommation finale des Administrations Publiques /PIB Importations des biens et services/PIB Exportations des biens et services/PIB
2007 31,3 29,7 58,4 18,2 44,9 35,7
2008 33,1 30,4 58,1 17,1 50,9 37,5
2009 30,9 28,6 57,1 18,2 39,7 28,7
2010 30,7 29,2 57,3 17,5 42,9 33

Source : Direction de la comptabilité nationale (HCP)

NB: Exploiter les données de l’exercice précédent.

Consignes :

  1. Calculer le montant de l’investissement. justifier votre réponse.
  2. Déterminer les composantes de l’investissement.
  3. Calculer les DCFN.  Justifier votre réponse.
  4. Évaluer les échanges extérieurs du Maroc.
  5. Calculer la demande finale et apprécier son évolution.
  6. Vérifier l’équilibre ressources/emplois.