L’euthanasie, un acte de compassion

Je m’adresse à vous aujourd’hui dans un ton grave en réprimande à une société indigne et immorale afin de retrouver osmose et bienséance. Qui n’a pas dans son entourage parmi ses amis, sa famille, ses collègues, un proche frappé par une maladie incurable qui le condamne de toute façon à une fin douloureuse et tragique?

Qu’est-ce que l’euthanasie humaine ? Le préfixe « eu » = “bien” et le mot « thanos » = “mort” littéralement “bonne mort” désigne l’acte médical consistant à provoquer intentionnellement la mort d’un patient afin de soulager ses souffrances physiques ou morales considérées comme insupportables. 

Quel est le statut légal en vigueur ?

La loi Claeys-Leonetti a été adoptée début 2016, après près d’un an de débats parlementaires. Elle a eu pour ambition de renforcer les droits du patient face à sa fin de vie. Elle a ouvert la possibilité pour les patients de demander l’accès, sous certaines conditions restreintes, à la sédation profonde et continue jusqu’au décès, afin de s’opposer à l’acharnement thérapeutique. Mais il semble qu’elle ait plutôt eu l’effet inverse. La loi a confié la mise en œuvre de la sédation profonde aux experts en soins palliatifs. Or un certain nombre d’entre eux ne sont pas trop favorables à cette pratique, estimant qu’elle n’est pas la plus conforme à l’accompagnement qu’ils souhaitent apporter aux patients en fin de vie et donc ils ne la pratiquent pas. Pour eux, atténuer les souffrances est primordial et ils constatent souvent que lorsque le patient ne souffre plus, il ne demande plus à mourir. De plus, la procédure que le médecin doit suivre  s’il veut respecter les recommandations de la loi est très lourde ! Rien n’a été fait pour donner aux médecins généralistes les moyens que ce droit puisse devenir efficace en ville : médicaments non disponibles et insuffisance de moyens logistiques.

Plusieurs personnes étant contre l’euthanasie, ou bien favorables à d’autres approches pour traiter la souffrance et la fin de vie avec qui j’ai pu échanger m’ont dit : “La fin de vie est très bien encadrée et les soins palliatifs servent à cela, en évitant  de souffrir mais aussi en faisant partir plus vite le patient”. Que puis-je leur répondre ?

Certes les douleurs disparaissent, mais qu’en est-il de la souffrance ? Les sensations d’étouffement persistent, la déformation du corps persiste, la perte progressive du contrôle de lui-même persiste et ce pour combien de temps ? Plusieurs jours, plusieurs semaines et même parfois plusieurs mois ! Alors que l’euthanasie en quelques instants prépare à une mort sereine !

Plusieurs pays dans le monde ont d’ores et déjà légalisé l’euthanasie et le suicide assisté. Par exemple en Europe, les Pays-Bas ou le Luxembourg ont recours à l’aide active à mourir, c’est-à-dire par injection d’un produit létal qui conduit le patient à s’éteindre rapidement, sans douleur et conscient auprès de ses proches. Il s’agit d’une mort bien plus apaisée. La douleur d’un décès dans une famille est très dure, évitons de la compliquer davantage en offrant à ses proches comme dernière image du malade la souffrance à l’état pur !

Une vision qui tient compte de la dignité et des droits de chaque individu.

Imaginez un monde où personne n’aurait besoin de pleurer d’exister avant de s’envoler. Où chacun pourrait choisir dans quelle condition finir sa vie. La situation ne serait-elle pas mieux que maintenant ? Ne vaut-il pas la peine d’essayer de le rendre réalité ? La vie passe par le plaisir de vivre et non par sa durée s’il est question de souffrance.

Énormément de gens meurent dans des conditions atroces, y compris à l’hôpital, sans aucun espoir de retour à la santé !

Aujourd’hui, les patients sont soumis à la sédation profonde et continue jusqu’au décès. Il s’agit d’une technique médicale qui consiste à administrer des médicaments pour réduire l’agitation et la conscience d’un patient en phase terminale et en très grande souffrance au pronostic vital engagé à court terme. Mais aucun délai n’est indiqué pour la prise de décision et rien n’est prévu pour abréger la vie si la sédation profonde doit durer, avec les souffrances que malgré l’endormissement, on sait exister.

L’Euthanasie clandestine

Le fait de légaliser l’euthanasie ne sous-entend pas  tuer à tort et à travers mais simplement d’offrir un choix supplémentaire à ceux qui le désirent, et j’insiste sur le fait que cela serait bien évidemment un choix et non pas une contrainte ! 

A l’heure où je vous parle, l’euthanasie clandestine, parfois non consentie par le patient, se pratique, la vie lui est ôtée sans que justement il n’ait eu le choix ! En d’autres termes en l’assassinant ! Et dans le meilleur des cas, même si le patient est consentant, le médecin risque une très lourde peine de prison. Si l’euthanasie était légale elle serait pratiquée avec les médicaments nécessaires et dans les conditions adéquates ! D’après plusieurs rapports parlementaires le nombre d’euthanasies clandestines ne se compte pas en dizaines, pas en centaines mais en milliers par an en France! 

Quel genre de personne peut regarder des gens souffrir sans rien faire? D’après l’INSEE environ 4 français sur 5 sont favorables à la légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté. Le peuple est pour mais malheureusement les grandes instances sont contre!

L’Église catholique

Pour la haute sphère religieuse l’euthanasie est perçue comme un suicide pour la personne qui veut la subir et un homicide pour le médecin qui la pratique car elle s’oppose directement au fait que Dieu est le seul maître de la vie et de la mort et donc que se faire euthanasier pour partir plus dignement constitue un rejet du don de la vie accordé par Dieu. Pourtant aussi surprenant que cela puisse paraître, d’après un sondage réalisé par le magazine “La Croix”, 72% des chrétiens pratiquants se montreraient favorables à cette ultime liberté.

Ces derniers ont bien compris que le contrôle de la mort permet d’assurer la paix quand l’espoir n’existe plus. La mort représente alors un répit bien mérité afin de rejoindre la lumière divine.

Le conseil de l’Ordre des Médecins

L’ensemble du corps médical se montre également favorable mais le problème réside auprès du conseil de l’Ordre des Médecins. En 400 avant JC, Hippocrate, l’un des pères fondateurs de la médecine, fait un serment qui portera son nom. Dans celui-ci il écrit : “Je ne prescrirai pas un médicament mortel pour plaire à quelqu’un, ni ne donnerai de conseils susceptibles de causer la mort.”. Chaque personne voulant pratiquer la médecine doit aujourd’hui encore jurer sur le serment d’Hippocrate un peu transformé. En voici un court extrait revu par le conseil de l’ordre des médecins “Au moment d’être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. […] Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque.” . Mais en contradiction par rapport à l’acharnement thérapeutique, Hippocrate a aussi écrit “Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies.”

Le gouvernement et la classe politique

Un texte de loi, celui de Monsieur Falorni, a été présenté à l’Assemblée Nationale le 1er avril 2021. La très grande majorité des 577 députés s’y montre favorable ! Or, d’après un article du journal “Le Monde”, seuls quatre députés contre ce projet de loi ont soumis pas moins de 5000 amendements, ce qui a rendu l’examen de tout le texte de loi impossible.

Les seuls qui auraient pu remettre cette loi à l’Assemblée Nationale sont le Président de la République et son  premier ministre de l’époque. Malheureusement ces derniers ne sont pas pressés à cette idée ! Mais que faudra t-il de plus pour les convaincre… ? N’ont-ils pas honte de réprimer la démocratie par crainte d’être bousculés par les opposants ? Par leur manque de courage politique, ils condamnent des centaines de gens à devoir s’exiler, quitter le pays où ils sont nés, où ils ont grandi, où ils ont vécu toute leur vie auprès de leur famille afin de pouvoir partir sans souffrir dans un pays voisin où cela est déjà légal. Ils disent que leur premier souci réside dans le bien-être de leurs compatriotes alors qu’ils sont en train de leur voler leur dignité.

Malgré tout, l’espoir de cette aspiration à une société plus digne réside dans l’annonce du Président de la tenue d’une convention citoyenne qui se déroulera de décembre 2022 à mars de l’année suivante. Elle aura pour but de définir, par le débat, si le cadre de l’accompagnement en fin de vie est adapté aux différentes situations ou s’il a besoin d’être modifié. Il s’agit d’une lueur d’espoir dans la pénombre de notre système qui pour l’heure est dépravé.

Unissons-nous !

Toi qui viens de lire mon texte, n’es-tu pas d’accord avec moi ? Je souhaite la légalisation de l’euthanasie humaine, pour ne pas souffrir, pour avoir une mort rapide, pour laisser un bon souvenir à ma famille. Tout simplement pour mourir dans ma dignité !

Cher camarade, cher professeur ou qui que vous soyez d’autre, j’en appelle à votre conscience, votre humanité, votre intégrité et votre sagesse afin de vous engager, de revendiquer ce droit inaliénable et de mettre un terme à cette situation de désordre et d’injustice. Il est de notre devoir en tant qu’être humain de venir en aide aux personnes souffrantes et de leur offrir la possibilité de mourir dignement et sans souffrance. J’aimerais enfin vous dire avec ma conviction la plus profonde et ma ferme détermination, qu’en nous unissant nous rendrons la mort digne légale et ainsi nous pourrons leur offrir une ultime bienveillance dans leur dernier voyage vers l’éternité.

Souche–Millet Marine

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