Premières rencontres littéraires du Prix des accros livres

Au lycée Saint-Cricq :

Vendredi 02 décembre 2011 : rendez-vous à 13h au CDI pour parler du « cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » de Mary Ann Shaffer & Annie Barrows

et des « brèves amours éternelles » de Andreï Makine.

 

Au lycée Barthou :

Mardi 13 décembre 2011 : rendez-vous à 12h au CDI pour parler de « Magnitude 7.3 » de Tinan Leroy et « Du domaine des Murmures » de Carole Martinez.

 

 

La sélection 2011-2012 du Prix des accros livres

Sélection du Lycée Barthou :

-  Rosa Candida / Audur Ava Olafsdottr. Zulma, 2010.

-  Tu verras / Nicolas Fargues. P.O.L, 2011.

-  D’acier / Silvia Avallone. Liana Levi, 2011.

-  Du domaine des murmures / Carole Martinez. Gallimard, 2011.

-  Un été sans les hommes / Siri Hustvedt. Actes Sud, 2011.

-  Magnitude 7.3 / Tinan Leroy. Alma éditeur, 2011.

+ En option :

-  Sommeil / Haruki Murakami. 10/18, 2011.


Sélection du lycée Saint-Cricq :

-  Les brèves amours éternelles / Andreï Makine. Seuil, 2011.

-  Le premier amour / Anne Percin. Rouergue, 2011.

-  La belle amour humaine / Lyonel Trouillot. Actes Sud, 2011.

-  Le Turquetto / Metin Arditi. Actes Sud, 2011.

-  Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates / Mary Ann Shaffer & Annie Barrows. 10/18, 2011.

- Dans les forêts de Sibérie / Sylvain Tesson. Gallimard, 2011

+ En option :

-  Désolations / David Vann. Gallmeister, 2011.

 

Prix des accros livres : pré-sélection et vote

La 6ème saison du Prix des accros livres a démarré mercredi 05 octobre 2011 avec une trentaine d’élèves de Barthou et de Saint-Cricq accompagnés par une dizaine d’adultes, documentalistes, professeurs, bibliothécaires et libraires.

Sur les 32 ouvrages proposés, 23 ont été défendus par les membres du comité. Tous les participants ont ensuite indiqué les livres qu’ils souhaitent voir figurer dans la sélection 2011-2012 de l’un ou l’autre lycée.

Si vous aussi, vous souhaitez prendre part au vote, consultez la pré-sélection ci-dessous (au format.pdf) puis indiquez sur papier libre les 6 livres que vous aimeriez voir dans la sélection.

Vous déposerez les bulletins de vote avec votre nom et classe si vous êtes élèves lundi 10 octobre (avant 17h) dans l’un des deux CDI.

Le vote est ouvert à tous, que vous soyez élèves ou membres de la communauté éducative des lycées Barthou et Saint-Cricq.

Pré-sélection du comité 2011-2012 

 

 

David Vann à la librairie Le Parvis3 de Pau : lundi 03 octobre 2011

Lundi 03 octobre 2011, venez rencontrer David Vann, l’auteur de Sukwan Island et de Désolations, son dernier roman.

Son roman Sukwan Island qui figurait dans la sélection du Prix des accros livres de l’an dernier, était arrivé en tête de la sélection du lycée Barthou. Il avait profondément marqué les membres du comité et avait suscité de très nombreux débats aux deux dernières rencontres littéraires.

Les élèves et autres membres du comité qui ont apprécié ce premier roman sont invités à venir le faire dédicacer lundi 03 octobre, à 18h, à la librairie du Parvis3. David Vann espère vivement y rencontrer les élèves qui ont soutenu, défendu et aimé cette terrible histoire …

Ce sera l’occasion de découvrir son second roman Désolations , qui confirme le talent de cet auteur américain à « explorer les faiblesses et les vérités de l’âme humaine » au fond d’une île perdue d’Alaska en prise à un hiver précoce et violent…

Une rencontre qui sera déterminante pour savoir qui, de Saint-Cricq ou de Barthou, verra figurer ce nouveau roman dans sa sélection.

Sandrine Riou, documentaliste

« Prix des accros livres » : première rencontre mercredi 05 octobre 2011

Notre première rencontre aura lieu mercredi 05 octobre 2011 au CDI de Saint-Cricq.

Pour les élèves du lycée Barthou, rendez-vous au CDI de Barthou pour un départ du lycée à midi.

Au menu de notre première rencontre nous présenterons les membres du Comité puis chacun proposera le ou les livres qu’il souhaite voir figurer dans la sélection 2011-2012.

Pensez à apporter les livres que vous avez lus et aimés cet été !

Soyez fidèles au rendez-vous, nous vous attendons nombreux !

Sandrine Riou et Dominique Gehanne, documentalistes

Une sixième saison pour le Prix des accros livres !

Pour sa sixième année consécutive, le Prix des accros livres des élèves de Barthou et Saint-Cricq redémarre…

Vous êtes élève, professeur, membre d’un des deux lycées, parent d’élève, partenaire culturel et vous souhaitez découvrir, lire, partager, débattre dans une ambiance sympathique et chaleureuse ?

Alors n’hésitez plus : venez vite nous rejoindre !

Inscrivez-vous dans chaque lycée auprès de vos documentalistes : Dominique Gehanne pour le lycée Saint-Cricq et Sandrine Riou pour le lycée Barthou.

D’ores et déjà vous pouvez déposer vos différentes propositions de livres pour la sélection de chaque lycée.

Nous vous attendons nombreuses et nombreux pour cette nouvelle saison !

 

Un Ouragan de voix ….

Une nouvelle fois, le vote qui opposait les deux romans Sukkwan island de David Vann et Ouragan de Laurent Gaudé s’est joué à très peu de voix. Et une nouvelle fois, le débat a failli faire basculer le vote.

Mais au final, c’est la dernière oeuvre de Laurent Gaudé qui l’emporte à 14 voix contre 10 et 3 votes blancs.

Le Prix des accros livres 2010-2011 est donc attribué à Ouragan de Laurent Gaudé, publié chez Actes Sud.

Un roman aussi puissant que touchant qui nous entraîne dans les profondeurs d’une Louisianne dévastée par l’ouragan Katrina. De ce roman s’élève la voix de personnages bouleversants comme un chant incantatoire, véritable hommage à la force des Noirs du bayou et aux hommes qui restent debout.

Un livre lumineux, émouvant, profond, de ceux qui nous rappellent que la nature a tous les droits, y compris celui de reprendre à ceux qui n’ont déjà rien…

Cette rencontre étant notre dernière rencontre de l’année, des remerciements s’imposent …

Un très grand merci donc à tous les élèves qui ont participé à chacune des rencontres littéraires, qui ont lu, beaucoup parfois, qui ont débatu, nous ont fait partager leur point de vue et ont fait vivre, véritablement, le Comité de lecture.

Un grand merci à nos deux partenaires privilégiés, la librairie du Parvis3 et la Bibliothèque Intercommunale Pau-Pyrénées avec une mention particulière pour Marianne Coutrix du Parvis3 et Marie-Claude Pilloix de la BIPP qui nous ont su nous faire partager pendant trois ans leur passion des livres.

Un grand merci aux professeurs (pas seulement de lettres !) fidèles aux rendez-vous qui viennent débattre d’égal à égal avec nos élèves dans une ambiance toujours sympathique.

Un grand merci, enfin, aux cuisiniers du lycée Barthou et à leur chef Octavio Ribaudo qui, chaque année, non seulement s’adaptent à nos demandes mais nous apportent surtout de quoi nous sustenter à chaque rencontre.

Merci à tous

Ouragan ou Sukkwan Island ?

Ouragan de Laurent Gaudé (aux éditions Actes Sud) ou Sukkwan Island de David Vann (aux éditions Gallmeister) ?

Début mai 2011, les membres du Comité de lecture de Barthou et de Saint-Cricq procédaient à leur premier tour de vote.

Au Lycée Barthou, c’est Sukkwan Island de David Vann qui l’avait emporté à 7 voix contre 6 pour Les Racines déchirées de Petina Gappah.

Au lycée Saint-Cricq, après un vote très serré qui avait nécessité un second tour avec trois livres obtenant le même score, La vie en sourdine de David Lodge, Le cœur régulier de Olivier Adam et Ouragan de Laurent Gaudé, les élèves avaient finalement plébiscité Ouragan de Laurent Gaudé.

Lequel de ces deux ouvrages recevra le « Prix des accros-livres 2011 ?

Vous le saurez mardi 07 juin 2011 à 12h au CDI du lycée Barthou après l’élection de celui qui remportera le plus grand nombre de voix …

Jeudi 17 mars 2011 : 3ème rencontre Barthou

La prochaine rencontre littéraire du lycée Barthou aura lieu le  jeudi 17 mars, de 12h à 13h, au CDI.

Nous parlerons de la terrifiante histoire de « Sukkwan Island » de David Vann, publié chez Gallmeister, 2010 et du roman « Les Assoiffées«  de Bernard Quiriny, édité chez Seuil, 2010.

Axel Maybon, élève de terminale 713, nous fera le plaisir d’animer la partie sur « Les Assoiffées », un roman ubuesque sur la fascination du pouvoir …

S.Riou

« Le Wagon » d’Arnaud Rykner : « Ceci est un roman » …

Le Wagon choisit un drame extrême pour sujet : cette intrigue aux confins, historiques, de l’humanité, nous dit, avec une acuité remarquable, à quel point c’est la littérature qui permet de « parler » le réel. L’exergue « Et tout le reste est littérature » choisie par A. Rykner, prend certes une distance avec le jeu littéraire, mais rappelle surtout qu’il n’y a peut-être que la littérature qui permette de dire le réel, qu’on l’appelle l’Histoire ou l’humanité. L’expérience monstrueuse du « wagon », vécue par la fiction – car fiction il y a bien à partir du moment où se construit une voix, et par là un sujet – « forme une image » en « fai[sant] parler l’autre en [soi] ». Et dans le récit, l’autre, c’est le narrateur à « la place » duquel on prend corps, mais c’est aussi son camarade d’horreur qui tente de l’assassiner, ou le Nazi qui « éclate en imprécations » à la vue des hommes devenus « porcs ».

Car au fond tout tourne autour de l’horreur que l’on porte en soi : une horreur familiale tue pour l’auteur, l’horreur, pour le narrateur, de se savoir capable de haine lorsqu’une carotte lui est ravie par un autre, l’horreur de la barbarie du Nazi qui n’a « plus de père ». Et, pour tous comme pour celui qui sombre brutalement dans la folie violente et tâche d’étrangler le narrateur, il s’agit de « rejeter » sur l’autre ce qui nous « menac[e] » : « comme s’il avait voulu faire sortir de moi cette horreur qui était en lui, et que cette horreur lui revenait désespérément dans la gorge » pense le narrateur de son agresseur. Le roman nous prend en permanence dans des jeux de miroirs, où soi et l’autre se parlent. Le narrateur prend conscience que « la mort des autres [lui] est plus atroce que la [s]ienne » ; collectivement, les déportés reviennent à l’humanité en regardant l’inhumanité face à eux. Lorsque les portes du wagon s’ouvrent enfin pour un moment, le jeune homme songe : « Nous retrouvons devant vous notre dignité », et lorsque la masse ne tue pas l’ennemi en son sein, il se répète comme une rengaine : « Nous ne sommes pas eux. Nous ne sommes pas eux. […] je veux être ce qui leur résiste, même mort. ».

Ce récit est un récit du corps : c’est dans le corps de son auteur qu’a vécu un non-dit terrifiant, c’est dans le corps du sujet de la fiction que le lecteur vit le voyage, et par là, dans son corps. Le tour de force du roman est, par la langue, de parvenir à demeurer comme en amont du langage. À un moment, le narrateur se lance dans une tentative désespérée d’évasion, et il se dit : « Je suis ma main […] je suis dans mon geste. » Son corps se vit souvent comme se « consum[ant] de l’intérieur », « par le dedans ». Ce « wagon » devient une sorte de monstrueux ventre maternel où les déportés revenus en deçà de l’humanité, vivent une régression comme à l’envers, et, comme des « enfants assoiffés », « tètent consciencieusement ». Le narrateur se dit d’ailleurs souvent bercé par le train.

Dans cette écriture du corps, on reconnaît bien la théâtralité dont est pétri le style d’A. Rykner. Ce huis-clos tragique, où « nous regardons celui qui nous regardait » alors que « tout avait commencé à finir », est empli de chants : musique des cahots / du chaos du train, devenu « étrangement amical », « musique irréelle » de la succion nocturne et collective d’un « chiffon » imbibé d’eau, chant d’honneur, chant funèbre du chœur de déportés qui clame une Marseillaise « comme un seul homme », nouvelle berceuse de la comptine yiddish « Wejn nischt, wejn nischt, klejner josem »… Sa langue s’épure jusqu’au rythme poétique, comme infra-langagier, d’un chant d’anniversaire pour celui qui n’est « pas tout à fait mort ».

Le rire surgit plusieurs fois : lorsque le jeune étudiant en pharmacie raconte la risible méprise allemande qui fait traquer une femme au lieu du réseau de résistance « La Baronne », sourire du lecteur lorsqu’un cafetier parisien qui répète qu’ « il n’est pas un rigolo », évoque ses aventures sexuelles, rire « à l’intérieur de [s]oi » pour le narrateur, à regarder la « grimace » de l’Allemand qui lui regarde les déportés.

Si le rire est le propre de l’homme, c’est surtout la parole qui vit dans son corps : le personnage, comme l’auteur, est habité de « voix », la voix qui « chuchote : « Par moi l’on va dans la cité dolente » », la voix de ses proches, « partis » pour les uns, « morte » pour l’autre. Ce sont les mots qui font « survivre » le narrateur : le « Vi » qu’il aperçoit à une gare, le « rêve » qu’il entend dans une autre, à Révigny, et les mots de la littérature qu’il évoque très vite, au début du voyage : « Même si ça pue ici, même si ça suinte de partout, si ça fait mal, si loin qu’on soit de tout ça qui m’a fait vivre, il faut qu’il y en ait parmi nous qui aient dit vrai lorsqu’ils disaient que notre survie à nous passait par tous ces mots échangés, par tous ces livres lus, par ce pouvoir de la pensée, par ce pouvoir des mots, ce pouvoir de nos regards chargés de tous ces mots. » « Ici », au-delà de l’expérience limite du wagon, c’est peut-être simplement dans ce monde, et surtout dans notre corps, et assurément A. Rykner est de ceux qui permettent de croire en « ce pouvoir de nos regards chargés de tous ces mots. »

Sophie Pariente