Le point de vue de Benjamin

« Voir la ville » – Marges, Limites, Frontières

Val d’Isère, photo X DR

Que m’inspire le séminaire « Voir la ville » – Marges, Limites, Frontières ?

Ces trois mots, souvent fréquents dans notre vocabulaire, sont très complexes dans leurs significations. L’interprétation de ce sujet a laissé place à deux approches.

Tout d’abord, il y a l’approche scientifique: l’huile ne se mélange pas à l’eau car leur densité diffère. Ainsi, les deux fluides forment un mélange hétérogène : l’eau au fond et l’huile à la surface. Ici, la frontière formée entre l’huile est l’eau s’explique par un procédé scientifique.

Puis, les études d’architecture donnent naissances à une approche plus subjective, presque naïve, des corrélations. Le paysagiste Michel Corajoud dit: « Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent » 1. Cette citation exprime le paysage comme une limite entre le ciel et la terre. La limite n’est pas seulement un trait qui divise le ciel et la terre, elle est un élément à part entière, c’est le paysage.

Une limite, une marge ou une frontière peut être nette ou diffuse et  incertaine. Si je dessine un cercle, l’intérieur du cercle sera clairement identifiable, de même pour son extérieur. Cependant, si je dessine une série de 10 points tous les 10 mètres, puis une série de 10 points tous les 9,99m et ainsi de suite, le dessin se terminera en une ligne continue. Le passage des points en une ligne s’opère très progressivement, sur une très longue distance. Il devient ainsi difficile de déterminer l’endroit exact où les points forment une ligne. Et pourtant, l’approche scientifique permet de savoir qu’au bout du 10000ème points, une ligne se forme.

Val d’Isère, dessin BL

Le séminaire « Voir la ville » a pour but de nous faire rédiger un mémoire de recherche sur le lieu d’étude de notre choix, en relation avec la notion de « Marges, limites, frontières ». J’ai depuis longtemps étais très intrigué par l’entrée de mon village d’origine, Val d’Isère. En fond de vallée, l’entrée est pratiquée essentiellement que d’un coté du village. J’ai toujours eu le sentiment que cette entrée n’était ni adaptée, ni à l’échelle de sa fréquentation. Elle n’a pas suivi l’évolution du village. Après une longue route sinueuse traversants tous les villages alpins concurrents, on fini à Val d’Isère ! On peut admirer le panneau blanc bordé de rouge qui nous indique notre arrivée. Les jours de grande fréquentation, des flammes scintillent à ses côtés.

Puis, quelques mètres plus loin, la fête est finie. Le rouge barre le nom « Val d’Isère » et annonce un long kilomètres délaissé de vie. Des parkings sur la droite, un squelette de bâtiment en béton sur la gauche. Comme une série de points au milieu d’une ligne continue, ils n’y ont pas leur place. On y roule vite pour retrouver la magie que les agences de vacances nous avaient promise.

 

1Texte publié dans Mort du paysage ? Philosophie et esthétique du paysage (acte du colloque de Lyon, décembre 1981), sous la direction de François Dadognet, « Milieux », Champ Vallon, Seyssel, 1982

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