Frontières invisibles

Frontières invisibles, Toulouse, photo NJ

Le plus souvent les frontières sont invisibles. Pourtant ce que l’on perçoit en premier sont les frontières physiques : potelets, bornes, plots et variations du sol qui marquent les séparations d’usage ou plutôt d’utilisateurs de la voie publique. Ici la route, là le trottoir.

Dans cette image, le cycliste circule à contre-sens sur la chaussée et se trouve face au véhicule pour qui cette voie a été aménagée. Son allure et sa posture en font un agent social différent des piétons qui restent en contact avec le sol. L’automobiliste est lui aussi hors-sol au sens où ses pieds ne touchent pas la chaussée. A côté d’eux, les passants se dirigent vers leurs destinations en évitant les conflits entre automobiles et bicyclettes. Le cycliste évite les conflits entre piétons et automobile, et ainsi de suite. En cherchant à s’éviter, chacun évite le contact en créant une mini-frontière autour de lui. Entre chaque groupes existe donc des frontières invisibles, où chacun prend conscience de l’autre mais reste à bonne distance, replié dans son habitacle ou surmontant la scène de la rue d’une quinzaine de centimètres. Ou bien encore plongé dans sa sphère intérieure, volontairement ou non d’ailleurs.

Frontières invisibles 2, Toulouse, photo NJ

Ne faisons pas ici l’éloge de la bicyclette (Auger), mais remarquons que chaque agent social (Bourdieu) participe dans sa logique propre à une action soumise à une rationalité en finalité (Weber), du haut de son objet technique (Warnier), dans la pleine maîtrise des techniques du corps (Mauss); corps physique et corps social dissociés volontairement pour mieux appréhender la notion de frontière que suggère ces images.

Ainsi, le cycliste aurait-il la volonté de s’adresser aux piétons qu’il ne pourrait le faire, déjà éloigné par son allure à la poursuite de sa destination. Voudrait-il s’adresser à l’automobiliste qu’il se heurterait au mur de la carapace elle-même mue par un autre but (la climatisation permet désormais de s’enfermer été comme hiver). Les piétons s’adressent-ils pour autant la parole ou bien restent-ils enfermés dans leur « bulle » ? Au-delà des frontières sociales et culturelles qui séparent les individus entre eux, les premiers paravents sont d’ordres psychologiques, entretenus par un climat d’insécurité (Garnier) permanent.

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